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Le plus grand Van Dyke

Ce Van Dyke est le plus grand du monde ?

A ma connaissance oui, mais je ne nie pas la possibilité d'en découvrir, un jour, un plus grand.

Le plus grand Van Dyke est tout d'abord l'intitulé d'une performance réalisée lors d'une manifestation (Les rencontres photo 2009) organisée par le CAES du CNRS dont j'anime régulièrement les actions photo.

Ici, le public était invité à prendre place pour une partie de foot de 5 minutes peu ordinaire. L'empreinte de ce match, un photogramme sur tissu, baptisée Le baby foot présente 26 personnes et mesure 4.6x2.7m soit une surface de 12.4 mètre carré.

Pouvez-vous expliquer un peu
comment marche le procédé ?

Le procédé Van Dyke est une déclinaison simplifiée de la callitypie, un procédé breveté par le chimiste Nicol en 1889. En fait, ces deux méthodologies rassemblent une multitude de formulations qui reposent toutes sur la photosensibilité de sels de fer et d'argent où, sous l'action lumineuse, les sels de fer se réduisent et favorisent grandement la réduction du sel d'argent à l'état de métal pour former l'image visible.

Le procédé Van Dyke ne fait appel à aucune étape de révélation et n'est sensible principalement qu'aux ultra-violets. Ce qui permet d'opérer aisément en lumière artificielle pour la préparation et le traitement de l'épreuve. En conséquence, le procédé Van Dyke est le procédé à noircissement direct (PND) argentique le plus simple et le plus utilisé sans compter que l'image résultante est métallique et donc résistante à de multiples agressions telles le lavage en machine dans le cas où l'on souhaiterait créer des photographies sur tee-shirt.

Sa dénomination, Van Dyke, provient de la tonalité des tirages obtenus ; une teinte brune foncée similaire à la teinte du pigment "brun Van Dyck" emprunté à une des caractéristiques des peintures du portraitiste flamand Van Dyck (1599-1641).

 


Le plus grand Van Dyke

 

l'auteur

Vincent Martin

Né en 1970 à Saint-Etienne
et domicilié à Lyon

Animateur et intervenant
pour différents club et événement photo
 Artiste photographe
au marché de la création de Lyon

http://photomavi.com
 mavi@photomavi.com

Quelques réalisations
"Le plus grand Van Dyke"
 "Le plus grand Cyano'
"Camera insolita"
 "Photographie de l'immatériel"
"Entre-Bleus"
"Immensément petit"

 

Interventions
Techniques photo (PND, virage)
Des pionniers à la quête de la photo
Le diaporama (POM)
langage, écriture et méthodologie
Lecture et décryptage de l'image
Performances collectives


Des auteurs qui le touchent
Sally Mann
Gustave Legray
Frantisek Drtikol
Arno Rafael Minkinnen
Michal Macku
James Nachtwey
et tant d'autres…

 

 

Vous aviez déjà fait une tentative proche auparavant en cyanotype. Pourquoi avez-vous changé de procédé ?

En effet, en 2004, avec les déclencheurs souples (photoclub du CAES) et lors des 30h de la photographie, nous avons réalisé le plus grand Cyano. Un photogramme sur tissu titré La danse mesurant plus de 15m2. Pour moi, cela a été aussi l'aboutissement de nombreuses recherches et réalisations dont celles pour Camera insolita, une installation très personnelle. Au vu de l'intitulé, je ne pouvais proposer un cyano plus grand. Je me devais de trouver autre chose pour créer l'événement participatif d’où l'idée de changer de procédé. Ainsi, même si cela a amené d'autres contraintes (techniques et financières), voila comment est né le plus grand Van Dyke.

Quel coût approximatif représente un tirage pareil ?

Le coût pour réaliser une épreuve de 12 mètres carrée revient au prix du support (tissu coton relativement épais : 80€) imprégné par près de 2.5l de solution "Van Dyke" (220€) fortement dépendant du prix du nitrate d'argent. Par comparaison, 2.5l de solution cyanotype coûte 40/50€.

Néanmoins, le prix réel peut-être bien différent. Le prix du tissu peut être révisé à la baisse en choisissant des tissus plus fins ou en utilisant d'anciens draps de grand-mère (parfaitement adaptés : matière d'origine végétale ayant perdu leur apprêt). En outre, le prix des substances (nitrate d'argent, citrate de fer ammoniacal et ferricyanure de potassium) est variable et surtout intéressant dès lors que l'on commande une certaine quantité. Autre solution pour jouer l'économie, utiliser des tissus semi-synthétiques qui absorbent moins de mélange. Dans tous les cas, les frais de commande, de livraison et les essais ne sont pas à négliger.

Comment avez-vous procédé ?
Pourquoi ce choix d'image ?

La réalisation d'une épreuve de cette taille se fait en plusieurs temps.
A commencer par l'étape délicate, l'imprégnation. Celle opération s'est effectuée au sein du photoclub du CAES, dans un labo photo adapté à la chimie et aux préparations des mélanges. Les 2.5l de solution Van Dyke sont préparés puis déversées dans un "petit" bac où le tissu est comprimé, déplié, replié jusqu'à l'imprégnation totale. Après un parfait séchage, le tissu peut être conservé pour plusieurs semaines et être transporté sans encombre jusqu'au lieu de la performance, 700km plus à l'ouest au centre de vacances de la Vieille Perrotine à Boyardville. A peine arrivé, premiers repérages : détermination du lieu (sol sec et ensoleillé) et consultation de la météo. Désormais, le plus grand Van Dyke est projeté et annoncé.

Le choix du motif tient presque au hasard… je suis passé à coté d'un baby foot. Une scène répondant parfaitement à un critère indispensable : intégrer un maximum de personnes sans compter que cela permettait d'illustrer différemment des éléments : le jeu de pieds des joueurs (placés debout) et un public du stade plus détaillé (placé couché). Dans cette scénographie, il y avait une prise de risque : est-ce que l'on verrait l'ombre des joueurs? J'ai croisé les doigts !

1er juillet - 35°C – 14h. Nous étendons sur le sol le Van Dyke montrant sa couleur jaune pale. En une fraction de seconde, chacun prend position selon les repérages fait peu avant durant la répétition, les enfants debout au centre et les "fans" couchés autour dans une immobilité irréprochable.


Maquette et répétition sur les positions du plus grand Van Dyke

 


Insolation du plus grand Van Dyke

Le soleil chauffe, les acteurs transpirent et l'épreuve vire vite, très vite, au jaune "chaud" puis vers l'orange jusqu'à une couleur rouille écarlate.

Cinq minutes plus tard, les acteurs se relèvent. Le Van Dyke est désormais plié et mis à l'abri de la lumière. Après 2h de traitement pour les opérations de fixage et de lavage, voilà le plus grand Van Dyke prêt à se révéler au public…. séquence émotion pour les acteurs, les spectateurs nombreux et les organisateurs! Great !


Etendage en public du plus grand Van Dyke

Quelles sont les principales difficultés rencontrées
et comment les avez-vous résolues ?

Il y a plusieurs difficultés à contourner, à commencer par le choix du tissu. Un premier choix est à faire pour obtenir les meilleures tonalités avec le maximum de contraste. Avoir un support le plus blanc possible capable d'accepter le maximum de matière photosensible. Pour cela, le coton ou le lin font très bien l'affaire devant les textiles synthétiques qui retiennent moins de liquide. Néanmoins, les semi-synthétiques, plus fins, plus solides, peuvent répondre à certains problèmes de solidité, de maniement et même d'économie vis-à-vis des quantités de liquides mises en jeu.

Vient ensuite une réelle inconnue, la compatibilité entre la chimie photographique et la chimie du support. Or, si la composition d'un tissu est renseignée, il nous est impossible de connaître la nature des apprêts même auprès des vendeurs spécialisés. Et les échecs ont été nombreux ! Certains Van Dyke sont devenus très sombres même après un fixage et un lavage intensif, des cyanotypes ont fourni une image rougeoyante non stable. Ainsi, il n'y a pas d'autre possibilité que d'éprouver plusieurs supports avant de déterminer une bonne référence.

Ensuite, s'il est possible de garder la surface photosensible humide pour la réalisation d'un photogramme sur tee-shirt par exemple, il était indispensable, afin d'accueillir un public, d'avoir un support parfaitement sec. Cela à été une difficulté majeure. Les imprégnations ne sèchent pas même après plusieurs jours sans compter qu'avec le temps le liquide absorbé gravite naturellement et se réparti d'une manière inhomogène. En fait, la réussite de ces photogrammes repose totalement sur le mode de séchage : en machine, dans un vieux séchoir à linge, la seule solution et de loin la plus simple.

La compatibilité des substances chimiques et le séchage ont vraiment ����té les deux points sensibles associés à la technique. Vient ensuite d'autres difficultés liées à la manipulation d'épreuves de grandes tailles de plus de 10m2 : imprégner d'une façon homogène, essorer sans étirer ou déchirer le support, travailler en sécurité, œuvrer proprement pour l'environnement en r�����������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������cupérant les bains de traitements sont autant d'opérations à adapter mais facilement réalisables avec un peu de patience, parfois de bricolage et d'attentions.

Qu'est-ce qui vous intéresse dans la photographie ?
L'idée de faire des records vous intéresse ?

La photographie est un terrain de découverte et de création infini. Chimiste instrumentiste de métier, j'ai commencé par associer la chimie et la photographie avec l'expérimentation de nombreuses techniques : de virage (technique de coloration chimique) jusqu'à la maitrise ou non de nouveaux supports et de multiples procédés photographiques dont les procédés à noircissements directs assez facile à mettre en œuvre.

Parallèlement, j'ai toujours partagé cette passion qu'est la photographie. Depuis 1998, j'anime de nombreux stages et ateliers dans divers festivals, organismes et photoclubs de la région lyonnaise sur différents sujets (procédés, histoire, POM, analyse d'image). Pour moi, l'animation est vraiment l'école d'une passion et l'école des possibles. Un milieu fantastique qui incite chaque jour à apprendre, à partager et à être novateur surtout pour l'événementiel. De ce fait, ce ne sont pas foncièrement les records qui m'intéressent mais le fait de pouvoir partager. J'ai l'habitude de dire "Pour qu'une image vive, elle doit être partagée". Si aujourd'hui, je parviens à inviter un public à prendre part à l'œuvre, alors c'est doublement partagé.

Mais, si l'animation amène à prodiguer des comments, n'oublions jamais que la photographie est un moyen d'expression qui se doit de toucher. Car c'est tout simplement là que je place la photographie entant qu'auteur et cela avant toute chose : celle de pouvoir créer de l'émotion!

Où est ce tirage aujourd'hui ?

Soigneusement rangé au photoclub du CAES du CNRS de Lyon. Si vous désirez l'admirer, n'hésitez pas à me le faire savoir, ce sera avec plaisir de partager un moment.

 

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dernière modification de cet article : 2010

 

 

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