Michel GRANIOU :
Palladium
Michel Graniou ©
Galerie-Photo : Michel, depuis combien de temps faites-vous du
palladium ?
Michel Graniou : Depuis presque vingt ans. Mon premier contact avec
le palladium remonte en 1984, à Chalon sur Saône lors d'un stage au
Musée Niepce avec Pierre Brochet J'ai découvert grâce à lui un autre
"monde". A cette époque, le tirage argentique, à cause du papier RC,
s'était terriblement uniformisé et j'étais alors en recherche
d'autres rendus.
Mais ce n'est qu'en 1994, à la suite
d'un stage avec Jean-Claude Mougin toujours au Musée Niepce, que
j'ai réellement commencé à tirer mes photos avec ce procédé pour
lequel j'avais eu un coup de foudre dix ans plus tôt. Mes premiers
essais étaient des contacts de négatifs 13X18 obtenus au moyen d'une
vieille chambre Ilko, puis j'ai continué en 20X25 avec une chambre
TOYO 810 M.
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Pensez-vous que chaque procédé convient à une sorte d'image en
particulier ?
Oui parce que je fonctionne comme cela. Lorsque mon œil est attiré
par un sujet, je le vois déjà sous forme d'une photographie
monochrome ou pigmentée dans un certain format et presque déjà
encadrée. Mon travail consiste à recréer cette image mentale. Il y a
des sujets palladium, des sujets sténopé-cyanotypie ou des sujets
gomme bichromatée comme il y a aussi des sujets pour tirages
argentiques à l'agrandisseur. Je n'ai jamais tiré un même négatif
avec deux procédés différents.
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Quelles sont les caractéristiques principales du tirage au palladium
?
Un ton très chaud. On passe du noir profond jusqu'au blanc du papier
par une infinité de gris. L'image est très fine pour peu que le
négatif le mérite. Et cerise sur le gâteau, ce procédé est considéré
comme inaltérable.
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Qu'appréciez-vous particulièrement dans le palladium, par rapport au
tirage de vos images ? J'apprécie le
rendu soyeux voire sensuel de l'image autant pour le regard que pour
le toucher. Cela est dû certainement à une troisième dimension que
lui donne la pénétration de la matière précieuse dans la fibre du
papier.
Lorsqu'un sujet demande de la
subtilité et de la finesse, une description minutieuse de la matière
et de la lumière, je sais que ce sera un palladium ou rien...
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Quels sont les inconvénients du palladium ?
Je n'en vois aucun, pas même le prix élevé qui ajoute au caractère
précieux du tirage. Nous parlons ici d'un procédé "noble".
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Votre galerie, la galerie Chave à Vence, vient de sortir un livre sur votre
travail. Quel était exactement le projet ?
Le projet est né de l'envie de Pierre Chave de créer une œuvre
commune. Le livre d'artiste "Chambre" était idéal car Pierre Chave
est aussi lithographe et réalise lui-même ses catalogues. Ce livre
en 10 exemplaires réunit 10 tirages originaux 20X25 au Palladium
précédés de trois beaux textes inédits qui ont été écrits
spécialement pour lui
Les négatifs servent d'intercalaires
et se superposent aux tirages donnant ainsi des images mystérieuses
presque noires avec un effet "bas relief". La page tournée, le
négatif et le positif se font face faisant référence au procédé
photographique lui-même.
Vous travaillez par ailleurs comme photographe à la conservation du
patrimoine. De
quelle façon cette activité influence-t-elle votre travail
artistique ? Quels ponts y a-t-il entre les deux ?
Mon travail au sein de la conservation du patrimoine me permet
d'avoir une pratique photographique quotidienne au contact des
œuvres d'art du passé (peinture, sculpture et architecture). On
trouvera certainement dans mes photos personnelles plus de
références à ces genres artistiques qu'à la photographie
contemporaine. Quand par exemple, je travaille à la chambre devant
un monument, j'aime à penser que je fais le même métier que mes
illustres prédécesseurs de la mission héliographique. Et lorsque je
suis dans mon atelier, j'éprouve peut-être les mêmes émotions,
désillusions ou plaisirs que Baldus, Gustave Legray ou encore
Demachy...(à mon humble niveau bien sûr !).
dernière modification de cet article
: 2013
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