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La lenteur selon Mougin :
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Vous êtes un amoureux du noir ? Comme tout le monde j'ai peur du noir, mais j'aime le noir, car l'obscurité est le lieu de l'apparaître. Et il n'y a pas de photographies sans apparitions, sans fantômes. Je recherche les valeurs limites de noirs et de gris où se distingue à peine ce qui est à la limite du visible et de l'invisible. Car ce qui m'intéresse dans la photographie, ce n'est pas tant ce qu'elle représente, que sa matière, ce qui en elle insiste et me regarde. Le sens ou le concept comme on dit maintenant m'importent peu. Comme le pensait Cézanne pour la peinture, ce qui importe ce sont les "sensations". Oui les images, celles que j'aime sont tactiles, elles me touchent. En cela je me considère comme un photographe inactuel, un photographe d'avant "l'art à l'état gazeux" comme l'appelle Yves Michaud, ou d'avant la mort de l'art qui pour Hegel n'arrive que lorsque celui-ci est complètement idéalisée, sans matière.
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l'auteur
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Au congrès vous avez montré beaucoup de détachement par rapport à ces très beaux tirages... c'est le côté imposé de l'exercice qui vous éloigne de leur paternité ? Oui c'est vrai. Je reconnais que ces images me paraissent comment dire, convenues, pesantes et pour de bons pédagogiques, mais en bon ex-professeur, j'ai voulu traiter le sujet. Je dois donc bien en admettre la paternité et j'y reconnais ma patte, mon savoir faire et quelque chose du mystère auquel je travaille. Mais comme il arrive dans la vie, où la question de la paternité reste toujours ouverte, aux images préconçues je préfère les images par accident, celles qui non prévues me sont données, comme des enfants que l'on m'aurait fait dans le dos. Par conséquent la commande ne me convient guère et je préfère les images de rencontre, celles qui dorment en négatif dans les albums et qui attendent leur heure et le hasard qui les feront réapparaître bien des années plus tard. Car j'appartiens encore à cette époque où les images latentes mettaient quelque temps à passer de l'invisible au visible. Toujours le miracle de ce qui apparaît, vient à naître comme dirait Hannah Arendt. Et puis mon goût en peinture m' a toujours fait préférer le classicisme au baroque, les minimalisme à l'abstraction lyrique. J'aime par dessus tout Le baptême de Piero della Francesca et le Carré Blanc sur Carré Blanc de Malévitch et bien sûr les noirs d'Ad Reinhardt.
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Quels sont les avantages comparés du platine, du palladium et du ziatype ? J'ai très peu pratiqué le platine si ce n'est au tout début de mes activités dans les tirages aux sels de fer, il y a plus de vingt ans. J'y ai renoncé pour des raisons de coût. Le premier gramme de platine que j'ai acheté devait coûter à l'époque 500 Fr. Et puis dès que j'ai commencé à utiliser le palladium, j'en ai tout de suite aimé les teintes chaudes. Il est possible d'obtenir une très grande variété de couleurs qui vont du très chaud, au froid très proche du platine. A ce qu'il me semble les noirs que l'on obtient avec le palladium sont plus intenses, plus veloutés qu'avec le platine. Le seul inconvénient que je reconnaisse au palladium est sa facilité de solariser à de trop fortes expositions. Mais même dans ce cas on peut avoir des surprises intéressantes comme ce fut le cas pour les tirages de Montreux. Le ziatype étant un procédé à noircissement direct est séduisant par sa rapidité d'exécution et son plus faible coût puisqu'il n'exige pas d'essais. Mais l'effet de masquage des noirs au moment du tirage empêche d'obtenir la densité des noirs que l'on obtient au palladium. Par contre il permet d'obtenir des nuances dans les valeurs claires sans bloquer les valeurs foncées. Enfin en utilisant une humidité maximum on peut vraiment obtenir l'intensité et la couleur froide des noirs et des gris du platine.
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Y a-t-il des sujets spécifiques à ces techniques, ou pensez-vous qu'on puisse tout traiter avec ?On peut tout traiter avec du palladium. J'ai fait des tirages à partir de 24x36, mais je n'irais pas jusqu'à la photo de reportage. De fait la pratique un peu continue de cette technique conduit à des choix plastiques qu'elle finit par imposer. Le palladium a pour moi quelque chose de caravagesque. Je dis bien pour moi, car par ailleurs le palladium convient très bien aux sujets et paysages très doux. Je pense même en faire un usage peu habituel, peut-être en raison des noirs que j'ai réussi techniquement à obtenir. Pour des sujets très clairs avec de très grandes surfaces uniformes je préfère utiliser le baryté, car ces sujets sont très difficiles à tirer en palladium.
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Dernière mise à jour : 2008
Voir aussi :
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