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l'auteur

Michel Guigue, né à Paris, est familiarisé à la photographie depuis tout petit par son père, qui utilise une chambre folding 9x12 Voigtlander puis un reflex 6x6 Korelle et fait du cinéma 9,5 avec une grosse Pathé-Wébo. Il voit ensuite défiler un Iloca (24x36 à viseur collimaté), des Edixa (réflex 24x36 en 42 à vis) avec l'un desquels il fait ses premières armes. Puis il prend la relève avec un Asahi Pentax spotmatic II et un Rolleiflex 75/3,5 acheté d'occasion à Odéon Photo en mai 68. Un Leica M4 lui passe entre les mains ; il le revend et le regrette encore...
Aujourd'hui, entre autres appareils (X700, RB, Leica, Cambo 13x18, µ2, numérique Epson,…) un petit dernier, le Noblex panoramique, l'accompagne souvent et l'oblige à repenser la perception de l'espace et sa représentation
Contact : photo.guigue@free.fr

 

 

 

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Mon premier 20x25 (ou le temps d'une image)

par Michel Guigue

 

Le matériel

ll a fallu quelques mois pour rassembler l'ensemble nécessaire !

J'ai commencé par recevoir la chambre, une Eastman fabriquée de la fin des années 30 jusqu'en 1942 ; le magnésium étant ensuite utilisé à des fins militaires.

Quelques semaines plus tard, je recevais une boîte de Tri-X 320, puis deux châssis ; encore plus tard quatre cadres de développement qui iront bien dans mes cuves Kodak de 5 litres.
(voir www.galerie-photo.com/developpement-pf-nb.html  ).

L'optique était déjà là depuis 2-3 ans : Un Schneider G-Claron 9/305 que j'ai monté sur un obturateur Copal #1 ; un réétalonnage des diaphragmes ayant été nécessaire.

Eclairage, pied, accessoires, etc ; tout du matériel acheté au fur et à mesure, au gré d'annonces ici et là, de foires, d'opportunités sur internet, du forum occasion voisin. Bref, comme pour tout le monde.

J'avais déjà utilisé cette chambre avec du film Polaroid périmé, et des résultats peu encourageants ; jusqu'au moment où une petite lecture des caractéristiques de ces films (source de polaroid.com) me révèle un écart à la loi de réciprocité très important et une balance des couleurs non négligeable dès qu'on s'éloigne du 1/125ème de seconde et de la lumière naturelle ou de celle du flash électronique. Au prix du film, il vaut mieux bien lire avant ses caractéristiques...

J'ai reçu les cadres de développement pour les films 20x25 cm (8x10 pouces) il y a moins d'une semaine ; avec tous les ingrédients en main, restait à trouver non pas un sujet, mais LE sujet pour cette première !

Le sujet

Depuis deux mois déjà, trône en bonne place dans mon studio-salle à manger-living, un tronc d'arbre de deux mètres de haut qui au cours de sa croissance a "avalé" un robinet et son tuyau d'arrosage. Cet arbre d'une section de 18 cm me faisait de l'ombre dans un terrain de camping où j'avais une caravane en place à l'année. Le robinet était déjà incrusté à cette époque, une quinzaine d'années en arrière. Je m'étais déjà exercé sur ce sujet photographiquement intéressant avec un RB, photographies "in-vivo" si on peut s'exprimer ainsi. Un jour, je n'ai pas pu résister et ai scié discrètement ce végétal qui s'est trouvé remisé dans un coin de mon appartement pendant plus de dix ans avant de faire aujourd'hui le modèle.

Comme quoi, le temps n'est qu'une valeur à laquelle il ne faut pas trop attacher d'importance.

Ayant ce sujet en permanence sous les yeux, inévitablement je tourne souvent autour, cadre, cherche un point de vue intéressant ; rien de satisfaisant jusqu'à ce matin où j'ai tourné d'un quart de tour ce tronc généreux.

Tout étant à portée de main, la mise en place a pris peu de temps.

Mise en place

Une source unique de lumière :

800 Watts de lumière continue, à focalisation variable, volets coupe-flux et filtre bleu pour ramener la température de couleur (inutile ici en N&B).

Sans oublier un carton blanc réflecteur pour bien découper le côté droit du tronc sur fond noir.

La vue suivante montre l'installation générale ; à remarquer que l'arbre est ceinturé contre un établi portatif ; le tout étant bien stable.

Reste à cadrer, mettre au point, fignoler et exposer ; prendre la photo, quoi !

L'image finale étant déjà "dans la tête" (comme quoi les années précédentes n'étaient pas inutiles), le choix du cadrage et du point de vue se font sans hésiter. Le fond mi-noir et mi-blanc texturé est voulu. Le noir est un tissus noir en arrière plan ; le blanc est un papier froissé un peu plus en avant.

Allez hop, derrière le dépoli.

Avec un 300 mm et un sujet à 80 cm de la lentille frontale, la profondeur de champ est minime ; même à f/45. Il suffit de faire une simulation rapide à www.galerie-photo.com/profondeur_de_champ_calcul.html et constater un résultat de l'ordre de 12 cm à f/45.

Mais, derrière le dépoli à pleine ouverture (f/9 dans le cas présent), cette profondeur est ramenée à environ 25 mm.

Le sujet est en trois dimensions, ce n'est pas un tableau plan à reproduire ; le filetage du robinet n'est pas dans le même plan frontal que la sortie du tuyau.

Les bascules à notre disposition sur cette "vieille" chambre vont venir à bout de tout ça, la fermeture du diaphragme allant seulement harmoniser en final.

Cette vénérable Eastman toute en magnésium dispose des deux décentrements avant, des deux bascules arrière et a été modifiée pour une bascule verticale avant complémentaire.

Les deux décentrements avant sont utilisés : le vertical pour un point de vue en légère plongée, le latéral pour permettre à la poignée du robinet de sortir un peu plus de l'écorce, tout en permettant de voir ce qui se passe à la sortie du tuyau.

Le sujet de profil se présente ainsi :

Le trait vert montre un plan de profil qui sera net à l'aide de la bascule avant suivante :

Le plan du film (qui est resté vertical), le plan de la planchette de l'objectif et le plan vert précédent doivent se rejoindre quelques mètres plus haut, selon Scheimpflug. A remarquer un petit volet noir faisant de l'ombre à la lentille frontale.

Dans cette configuration, l'image est bien améliorée ; mais il reste encore une différence sensible de netteté entre le filetage du robinet et la partie la plus en avant de l'écorce ( 3,5 cm sur le sujet). Une bascule arrière selon un axe vertical (twist) en vient à bout, sans altérer le reste. Le dépoli malheureusement cassé ne gêne pas la manœuvre ; il va être changé très bientôt.

Une vue du dessus de l'ensemble montre bien bascule arrière et décentrement latéral avant.

Un châssis est chargé de Kodak TriX320 (un seul côté, pas la peine de gâcher).

Reste à déterminer le temps de pose !

J'ai fait au plus simple : une mesure incidente en plaçant la sphère tournée vers l'objectif et au niveau du robinet. Résultat : 1 s à f/45 pour 320 iso.

Coefficient de soufflet : la distance entre le centre de l'optique et le centre du dépoli étant mesurée à 475 mm et la focale de 305, cela nous donne 475/305 = 1.56 qui, élevé au carré = 2.43.

Soit donc un temps de pose corrigé de 2.43 secondes, toujours pour f/45.

Mais, ce serait sans compter sur cet effet particulier qu'ont les films d'en vouloir toujours plus quand on les expose longtemps. Effet Schwarzschild ou écart à la loi de réciprocité. Pour le film utilisé, cet effet est assez prononcé dès la seconde. Ici, selon les caractéristiques du fabricant, pour 2-3 secondes, il faut doubler.

C'est donc parti pour 5 secondes.

Au déclencheur pneumatique, en pose T.

Développement

Reste à développer ce film, sans oublier la correction de moins 10% en temps, à cause de la prolongation Schwarzschild ci-dessus (notice du film), la température et également une petite correction due à l'usure du bain. La routine !

Quel plaisir, déjà :

... sans oublier celui de la goutte !

Laissons sécher ...

Image finale

 


"Sève-service" - Michel GUIGUE - Déc 2005 -

 

 

   

dernière modification de cet article : 2006

 

 

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