Fabrication d’un support mural
pour agrandisseur Durst Laborator 1000
par Georges Giralt
1 : Pourquoi ?
Mon laboratoire est dans une cave située
sous la terrasse de ma maison. Il est petit et surtout, comme dit un
grand formiste de mes amis : « c’est un laboratoire fait pour les nains
»… en effet, pour ne pas creuser le sous-sol au delà du niveau des
fondations, la hauteur sous plafond est limitée, au point le plus haut,
à 2m04... et 1m98 ailleurs. Les 2m04 sont un compromis destiné à
accueillir le Laborator 1000 posé sur un élément de cuisine IKEA sans
ses pieds réglables…
Je suis l’heureux possesseur d’un margeur
4 lames Photon Beard 40x50.
Ce dernier permet de faire ce que l’on veut en termes de positionnement
de l’image sur une feuille de papier. Mais il vient très souvent buter
contre la colonne de l’agrandisseur ! Donc, tant que l’on travaille avec
des papiers de 24x30 cela fonctionne car on peut déplacer l’image pour
ne pas être obligé de scier la colonne… mais, si l’on augmente la taille
du papier, rien ne va plus.
L’idée consiste à fixer la colonne de
l’agrandisseur au mur afin de pouvoir passer le margeur dessous ! L’œuf
de Colomb !
Commence alors une longue traque sur Ebay
et chez les vendeurs de matériel d’occasion afin de trouver un support
d’origine Durst pour mon petit monstre. Cet ensemble répond au doux nom
d’UNIWAL dans la nomenclature Durst…
A mon avis, il est plus facile de gagner
au Loto que de dénicher cette chose. Et, comme pour le Loto, il faut
être chanceux : si un compatriote d’Irving Penn en a un à vendre, il
cassera les pinces en alliage d’alu au démontage, et, au final, refusera
de vous le vendre au futile prétexte que les services postaux de son
pays refusent les colis de plus de 1m70 de long…
Après 3 ans de recherches et de
réflexions, je me suis dit : "allez, au boulot, de toute façon il
t’aurait fallu adapter la chose pour arriver à le monter dans ton labo,
alors, fabrique-le toi-même ! "
2 Contraintes
Le plateau du meuble IKEA n’est pas
parfaitement horizontal (pas de réglage au niveau des pieds, et sol
légèrement en pente).
La colonne ne pourra être fixée qu’en haut
et en bas, en haut sur une poutre béton supportant le hourdis de la
terrasse, et en bas, sur un mur béton renfort des fondations.
Le support doit être réglable dans tout
les sens pour assurer le parallélisme porte négatif/plateau et porte
objectif/plateau. Le support doit tenir compte des faits suivants : La
colonne est de section triangulaire, l’agrandisseur pèse « comme un âne
mort »….
Et enfin, ne pas faire comme moi, penser
que le margeur s’ouvre pour pouvoir insérer la feuille de papier... il
faut donc que le dégagement soit suffisant pour pouvoir l’ouvrir SANS le
déplacer !
3 Réalisation
L’idée est de faire une étagère sur
laquelle sera posée la colonne. Cette colonne sera prise dans une «
boîte » qui sera boulonnée sur l’étagère. Des lumières sur 2 axes
permettront de déplacer la boite d’avant en arrière et de droite à
gauche pour le réglage du parallélisme.
En partie haute, une « boîte » similaire
sera fixée à une pièce en bois, cette pièce sera boulonnée au mur grâce
à des tiges filetées. Si l’on prévoit des boutonnières sur la tige en
bois la position de la colonne sera ajustable droite/gauche, et, avec
les tiges filetées, on ajustera la position avant/arrière.
La boite de fixation basse de la colonne
doit pouvoir présenter du jeu autour de la colonne et doit permettre de
serrer cette colonne fortement une fois le bon réglage atteint. En
effet, même si l’on travaille proprement, et soigne l’horizontalité de
l’étagère, le réglage fera que la colonne risque fort de ne pas être
totalement perpendiculaire à la planche de l’étagère, et donc « en biais
» dans la boite. Il faut donc pouvoir la mettre « en biais » et l’y
maintenir durant la vie de l’agrandisseur.
La boîte haute, elle, peut/doit être
ajustée car la planche de bois sera tenue par des tiges filetées.
Fixation souple capable d’encaisser des désaxages. L’ajustement
permettra un réglage par vis/écrou de la position de la boite,
facilitant le réglage fin des parallélismes.
Assez de discours, des images !
Voici une vue générale du support fini

On distingue, du bas vers le haut, le joli
margeur noir posé sur le meuble IKEA, le support bas de l’agrandisseur
taillé dans une chute du plan de travail de ma cuisine ( lamellé collé
de 40 mm d’épaisseur…). Cette étagère est faite en L, et au départ,
était plus basse de 5 centimètres et plus longue pour permettre de
positionner la colonne plus en avant. Mais dans cette position, je ne
pouvais pas ouvrir le margeur pour y glisser la feuille de papier. Donc,
la partie horizontale du L a été recoupée au plus court et l’ensemble a
été fixé 5 centimètres plus haut (voir à gauche les boîtes de papier
photocopie qui indiquent la base du muret de renfort sur laquelle le
support devait être aligné. On ne pense jamais à tout …)
On distingue la fixation haute de la
colonne réalisée avec une lame de bois lamellé collé fixée au mur
à l’aide des 2 tiges filetées (la gauche se détache sur le fond noir)
Voici le détail de la fixation basse de la
colonne :

Dans une chute du plan de travail en 40 mm
d’épaisseur, j’ai taillé un rectangle qui porte une découpe en V (à 90°)
destiné à recevoir la partie triangulaire de la colonne. On distingue le
jeu entre la partie plate de la colonne et la découpe du bois, à gauche.
La colonne est bridée dans cette pièce par le serrage de la pièce de
bois en face avant. Croyez-moi, quand les deux vis sont serrées,
impossible de retirer la colonne !
Une fois cette pièce installée sur la
colonne, on pose le tout sur le plateau du L qui porte deux «
boutonnières » taillées du fond vers l’avant (donc perpendiculaires à
celles que porte le boîtier qui enserre la colonne) ceci permet de
déplacer l’ensemble sur 2 axes, X et Y puis de verrouiller la position
grâce aux vis que l’on distingue (écrous noyés sous le support dans des
lamages)
Ce support permet de positionner la
colonne afin que l’axe optique de l’agrandisseur soit au centre du
plateau. Le jeu de la boîte non serrée permet de modifier la position de
la colonne par rapport à la verticale. Le réglage est assuré par la
fixation en partie haute. Le bas assure le positionnement général, et le
support, le haut assure le réglage de parallélisme et
l’anti-basculement.

Ici, on distingue mieux les jeux et le
serrage avec sa lumière (la défonceuse est un outil difficile à manier
sur d’aussi petites pièces, et sans outillage spécial…) La pièce de
blocage assure le bridage au serrage.

Voici la vue de la fixation haute : La
tige filetée est vissée dans une cheville de type « Molly » fixée au mur
et y est bloquée par un contre écrou. La planchette est calée en
position sur cette tige par un jeu écrous/rondelle coté mur, et un autre
jeu écrous/rondelle coté labo. Ceci permet le réglage en position
avant/arrière, modifiant la verticalité de la colonne sur le plan
avant/.arrière.
La colonne est prise dans une boite
similaire à celle du bas, mais ici la boite est très ajustée afin que
l’on puisse bouger la colonne même si les deux vis de bridage avec
rondelles sont desserrées.

Vue montrant les deux blocs percés avec
écrou rapporté (un de chaque coté de la colonne) permettant de déplacer
de façon fine la colonne de droite à gauche..
4 Réglage
Il est impératif que les 3 plans suivants
soient parfaitement parallèles : plan du négatif, plan du support de
l’optique et plan du margeur afin d’obtenir une image parfaitement au
point sur toute sa surface. Si cette condition est réalisée, une mise au
point au centre de l’image projetée sur le margeur assurera des coins
aussi nets que l’optique le permettra. Si ces plans ne sont pas
parallèles, nous aurons, au mieux une profondeur de champ modifiée avec
un coté plus net que l’autre, au pire une modification de la perspective
du tirage…
Le meuble porte margeur est calé
horizontalement au mieux (parfait sur une ligne gauche/droite, un peu en
pente sur une ligne avant/arrière) car le sol du labo est en pente
douce.
Le support en L de l’agrandisseur a été
posé de telle manière que son plateau soit parfaitement horizontal.
Dans un premier temps, on positionnera la
colonne verticalement grâce à un niveau à bulle. Ceci nous permet de ne
pas être trop loin du réglage final.
Pour mon Noël, on m’a offert un appareil
Versalab destiné au réglage de ce type et basé sur un laser. Le but est
d’émettre un faisceau de lumière Laser vers le haut perpendiculairement
à la base sur laquelle le dispositif est placé. Ce rayon est réfléchi,
dans un premier temps par un verre du passe vue, bien entendu sans
l’optique de l’agrandisseur. Si le plan du passe vue est parallèle au
plan du margeur, le rayon réfléchi sera confondu avec le rayon
d’origine. Si les deux plans ne sont pas parallèles, le rayon réfléchi
sera décalé d’un coté ou de l’autre de la source laser. Nous aurons donc
une indication visuelle pendant le réglage indiquant et le sens du
déplacement, et l’amplitude du réglage nécessaire.
J’ai procédé de la façon suivante :
a) positionnement du support bas, avec ses
vis très légèrement serrées pour permettre un léger déplacement autour
de la position prévue.
b) mise en place du dispositif Versalab sur le margeur. Comme l’on s’en
doute, le faisceau émergeant et le faisceau réfléchi ne coïncident pas.
L’écart sera à mesurer avec la tête en position la plus haute possible.
c) réglage des écrous sur les deux tiges filetées pour amener le
faisceau réfléchi sur la ligne parallèle au mur du fond passant par le
point d’émergence du laser.
d) Réglage droite gauche à l’aide des deux vis de pression sur la boite
de serrage de la colonne en partie haute afin d’amener le faisceau
réfléchi en coïncidence avec le faisceau émergeant.
e) Une fois ceci réalisé, on serre toutes les vis et écrous puis on
refait la mesure afin de s’assurer que le serrage n’a pas modifié la
position ainsi déterminée.
f) Si l’agrandisseur est correctement construit, la vérification du
parallélisme entre plan du porte négatif et plan du support de l’optique
ne sert qu’a rassurer notre paranoïa. Sinon, on réglera le parallélisme
entre le support d’objectif et le plateau du margeur. Pour ce faire, on
peut fixer une lamelle en verre au support d’optique afin de réfléchir
le faisceau laser. Il faudra employer une méthode similaire à b et c
ci-dessus. Dans le cas du Durst Laborator 1000 rien à faire. Mr Durst
sait fabriquer du matériel résistant à l’usure du temps !
Une fois ceci fini, il faut revenir aux
fondamentaux : regarder avec une optique un négatif et l’agrandir ! Si
vous avez la chance d’avoir un contrôleur de mise au point de type Peak
vous pourrez contrôler le point dans les coins, si possible à pleine
ouverture. Dans ce cas, les coins seront « mous » il faudra donc
contrôler que la « mollesse » soit identique aux 4 angles. Et puis, on
fera un tirage ; bien sur !
5 Coût
Si l’on excepte le dispositif laser
Versalab, le reste ne m’a pas coûté cher : les découpes dans du bois de
40 mm d’épaisseur on été réalisées dans la chute du plan de travail de
ma cuisine sous la plaque de cuisson. Il m’a fallu acheter les vis
destinées au blocage de la colonne sur le support bas (à cause de la
longueur nécessaire) les autre morceaux de bois sont coupés dans des
chutes des planches ayant servi à la construction de mes éviers, et
autres étagères. Vis à placo et chevilles Moly sont aussi des rescapées
de la construction du labo. La tige fileté inox et les écrous de 5 mm
ont aussi été achetées pour ce projet. Bref un coût très faible !
Le dispositif Versalab vaut cher, et est
très rare en occasion. Mais on peut fabriquer son équivalent facilement
à l’aide d’un pointeur laser.
Versalab :
http://www.versalab.com/server/photo/products/parallel.htm
Ralph Lambrecht et Chris Woodhouse (ARPS) dans leur livre "Way Beyond
Monochrome" ont décrit un dispositif d'alignement laser dont le coût est
une fraction de celui du Versalab. Même en ajoutant le coût du livre,
c'est une bonne affaire ! Surtout que ce fort volume est une mine
doublée d'une merveille.
dernière modification de cet article :
2008
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