Heidoscop 6x13
(à dos interchangeable Rollfilm)
par
Henri PEYRE
Découverte de l'Heidoscop 6x13
Ne boudons pas notre plaisir. Cet appareil
datant des années 1928 à 1932 est vraiment un appareil intéressant et
bien conçu. Pourtant je me crois difficile : je suis un grand admirateur
depuis toujours des appareils Rolleiflex bi-objectifs, lesquels m'ont
déjà servi à réaliser mes premières diapositives stéréoscopiques en
couleur. Evidemment au bout d'un certain temps, avec les Rolleiflex qui
ne sont pas des appareils stéréoscopiques mais des appareils pour la
photographie "plate", je me suis lassé de ne pouvoir faire que de la
photographie de choses inertes et il me tardait de passer à la
photographie de personnages ou d'objets en mouvement.
En stéréoscopie j'avais déjà, étant
étudiant, été séduit par le Nimslo. On était là dans une prise de vue
presse-bouton, avec un gros point vert dans le viseur qui signalait
qu'on pouvait prendre la photo. Au final on obtenait, enfin, j'avais
obtenu pendant 2 ans, avant que les labos ne ferment un à un, de jolis
tirages en réseau lenticulaire. J'avais même couvert le mariage du
beau-frère avec cet appareil, à la satisfaction du jeune marié et de sa
femme. Cette satisfaction aujourd'hui a du disparaître : je viens de
retrouver certains de ces tirages, pourtant complètement protégés de la
lumière, devenus jaune terreux. Ombre funeste sur une cérémonie
éternelle...
Aujourd'hui il n'est pas question de
servir de cobaye. Je veux faire de la diapositive en relief, et dans le
format royal, en 6x13. Et comme j'ai confiance dans mes Rolleiflex, ce
sera cette fois l'ancêtre, le premier appareil de chez Rollei qui
s'invitera dans mon fourre tout.
Voilà. J'ai acheté un Heidoscop. Mon
premier format 6x13 :
Que dire de cet engin ? Je ne sais pas si
on peut discuter de la beauté d'un appareil photographique. En tous cas,
si on peut l'admettre, je vais dire qu'au tout début je le trouvais
laid. C'est un appareil aplati, qui a des airs de grenouille en
digestion. Son arrière-train est lourd : on le doit au dos amovible. Si
on lève un petit levier, on peut glisser le dos roll-film sur une
coulisse et le remplacer par un dos pour plaque de verre. Ce deuxième
dos ne sert à rien bien entendu parce qu'il n'y a plus de plaques de
verre pour faire des images. Je ne parle de ceci que pour que vous
compreniez pourquoi cet appareil ressemble à une grenouille, et pourquoi
il faut lui pardonner. En fait cet appareil est encore très proche de la
chambre photographique.
Eveillons la grenouille. Les trois
capuchons d'objectif se relèvent à la fois. Ils sont solidaires, portés
par une charnière commune. La
notice, que j'ai réussi à récupérer sur le net en langue anglaise,
signale que les bouchons relevés ainsi servent de pare-soleil.
Admettons. Nous appuyons sur le bouton à l'arrière droit du capuchon et
schlink-clap-paf le capuchon se déploie avec une bizarrerie qui peut
traumatiser un Rolleiphile : la loupe de visée se présente rabattue à
l'extérieur du capuchon : dans un Rolleiflex elle est à l'intérieur et
une pression sur le capuchon la met en place dans la visée. Sur
l'Heidoscop on rabat la loupe de l'extérieur vers l'intérieur du
capuchon.
Voilà l'appareil en ordre de marche :
Le bouton en hauteur, devant à droite, est
le déclencheur.
Les 2 molettes saillantes, sur le côté, servent respectivement, pour
celle de droite (à l'image), au réglage des vitesses, et pour celle de
gauche au réglage de la distance de mise au point.
Si les vitesses ne sont pas crantées,
elles doivent être réglées sur les chiffres présentés.
L'obturateur est pneumatique : autrement
dit le déclenchement est quasiment silencieux. Par exemple nous
entendons, pour un temps de pose d'une seconde, un clic pour le début
d'ouverture, un silence de 1s (enfin on espère, il va falloir tester si
le compte est bon), puis un clic de fin d'obturation. Je mentirais par
omission si je ne signalais pas mon émerveillement devant l'impression
de moelleux, de confort de ce type d'obturation. Fini le zézaiement
poussif des obturateurs plus récents. Voilà un appareil qui semble venir
d'une époque où on savait ce qu'était les belles choses, et où le luxe
était discret.
Poursuivons l'exploration : la mollette
des distances est moelleuse à souhait. Pour le Rolleiphile, surprise
encore ! On s'attend à ce que notre grenouille avance un peu plus la
gueule lorsque le réglage va sur les 1m (distance de mise au point
proximale). Et bien pas du tout. Les 3 objectifs se mettent à tourner
et, tout en restant enfoncés dans leurs logements, s'avancent prudemment
vers l'avant.
Coup d'œil à l'intérieur du viseur. Encore
une surprise, mais désagréable cette fois. On ne voit quasiment rien.
Tempérons un peu : nous avons monté sur nos Rolleiflex des viseurs
modernes extrêmement lumineux, ne supportant pas l'obscurité des viseurs
d'origine. Et là, c'est pire qu'un verre Rolleiflex d'origine. Premier
reflexe, il faut nettoyer le verre qui a l'air très sale. Sur ces
appareils, cela ne présente pas de difficulté particulière : on dévisse
soigneusement les 4 vis qui tiennent le viseur sur l'appareil. 2 petits
ressorts plats se retirent très facilement et libèrent le verre,
effectivement très sale, qu'on nettoie entre les doigts à l'eau et au
savon. Pendant qu'on laisse sécher on regarde le miroir, et on comprend
que la visée centrale de l'appareil ne montrera qu'une partie de l'image
: le haut du cadrage sera complet, tandis que les 2 chambres de prise de
vue envahissent de leur fût la chambre de visée. Confirmons l'affaire :
on remonte le verre dépoussiéré qui a bien gagné 2 diaphragmes dans
l'opération et est maintenant utilisable (sans plus, ce n'est quand même
pas bien fameux) et on regarde : en effet, le haut de l'image est
complet. Mais les 2 bords gauche et droite s'enfoncent dans le noir de
l'ombre imposée à la visée par l'intrusion des chambres de prise de vue.
C'est la raison pour laquelle, astucieusement, les concepteurs de
l'appareil ont placé, collé sous le miroir, et dûment savonné du coup,
un niveau. Vous voyez l'échange d'ici :
les utilisateurs :
- "eh on ne voit rien"
Franke et Heidecke, définitifs et sûrs d'eux :
- oui mais vous avez un niveau !
Et un niveau c'est très bien en photographie stéréoscopique, ne
l'oubliez pas : le fait de recueillir une image horizontale facilite
considérablement le montage des vues.
On devine sur cette vue, en bas à droite du viseur, le niveau collé
sous le verre de visée :
Dans la vue suivante on observe, le
capuchon étant ouvert, la lumière traversant l'appareil. Les 3 objectifs
ne sont pas identiques. Les objectif de prise de vue sont des Carl Zeiss
Jena - Tessar 1:4,5.
L'objectif de visée est un Carl Zeiss Jena
- Sucher-Triplet 1:4,2, donc plus lumineux. Tous les objectifs
évidemment ont la même focale : 7,5 cm.
On trouve au-dessus des objectifs, de
gauche à droite :
- Une molette de sélection du type des
vitesses où l'on choisit :
Z (pour T) - je rappelle, pour les nouveaux en photo, que la pose T est
faite pour les poses très longues : on déclenche, l'obturateur reste
ouvert, il ne se referme que lorsqu'on revient déclencher à nouveau. Il
vaut mieux avoir un câble de déclenchement qu'on visse à côté du
déclencheur (bouton fileté à gauche)
B : pour des poses de quelques secondes ; il vaut mieux aussi se servir
du petit câble, qui sera maintenu appuyé le temps de la pose. On appuie,
on tient le temps de compter les secondes, et on relâche.
M : donne accès à toutes les vitesses.
- Au centre le levier d'armement
- A droite la molette de choix des
ouvertures.
Un rapide coup d'œil sur le dos de
l'appareil. Une jolie poignée Louis XV permet de sortir l'appareil du
sac ou, également, d'ouvrir le dos pour changer le Rollfilm. Tout cela
sent le bon matériel et les matériaux nobles. On se félicite de son
achat.
Un point noir ou un rond noir plutôt : la
petite fenêtre ronde placée au-dessus et à gauche de la grande fenêtre
de visualisation des numéros de vues s'est révélée une pourvoyeuse de
jour lorsqu'on a commencé à faire des photographies sur pied (l'appareil
sur le ventre il n'y avait pas de problème décelable). Nous l'avons donc
neutralisée de l'intérieur avec un autocollant noir.
Voilà l'appareil ouvert : il n'y a pas de
charnière sur le modèle que j'ai acheté. En réalité les appareils de
cette époque peuvent présenter des différences d'un exemplaire à
l'autre. La fabrication variait énormément, les améliorations et les
essais étaient constants.
Le gros bouton de gauche sert à
l'avancement du film dont le positionnement est facilité par l'existence
d'une immense fenêtre toute en longueur dans laquelle on positionne sous
deux repères les numéros portés par le dos du Rollfilm.
Comme sur mon appareil la fenêtre avait
perdu sa peinture, j'ai redessiné à l'informatique un petit papier
exactement à la dimension nécessaire et je l'ai collé sur le volet :
Vous remarquerez qu'il y a 2 repères avec
5 grands chiffres et 1 petit. Voilà l'explication : on place pour la
première vue le chiffre 1 sous le repère de droite. Pour la seconde vue,
on avancera le 2 de la pellicule sous le repère de gauche. La vue
suivante sera placée avec le 4 de la pellicule sous le repère de droite
etc. Par contre il n'y a pas assez de film pour obtenir la sixième vue
(celle du 8) en stéréo. On n'obtiendra en dernière vue qu'une pauvre vue
mono... un passionné, John Thurston, révolté contre ce gaspillage
insensé, a produit toute une échelle destinée à tasser les vues 6x13 de
sorte d'aboutir à réaliser réellement les 6 vues sur le film. C'est en
http://stereo.turstons.us.
En étant un peu attentif, vous pouvez donc remédier à cet état de fait.
Pour ma part, j'ai repris l'étiquette générale de John et l'ai restituée
au format d'origine de l'Heidoscop, de sorte d'obtenir au moins le
placement originel des images sur la pellicule. C'est ce fichier que je
vous propose en
téléchargement
.
On voit ici l'étiquette en place sur le
volet de fenêtre de l'Heidoscop :
Un mot sur le cheminement du film à
l'intérieur de l'appareil. Le cheminement de la pellicule rappelle tout
à fait sur l'Heidoscop le cheminement adopté par Hasselblad sur ses dos.
Nul doute que l'ancêtre a largement influencé le prestigieux appareil
suédois. La pellicule est admirablement bien tendue et le système nous a
semblé très au point : il est très important que la pellicule reste
fermement tendue car sur ce genre d'appareils on aura tendance à
pré-positionner le film dès que la vue précédente a été prise : on
risque en effet, l'armement n'étant pas couplé à l'avance de la
pellicule, la superposition d'images ! On ne connait pas ce genre
d'inconvénient sur un classique Rolleiflex, si l'on a soin d'armer au
dernier moment, afin d'être sûr de la meilleure planéité possible du
film.
Je montre ci-dessous le chemin de la
pellicule pour ceux d'entre vous qui n'auraient jamais pratiqué... Les
apparences sont trompeuses : tout se passe comme si on mettait le film à
l'envers ! En réalité, seul importe que l'émulsion (face noire) soit
positionnée devant les objectifs :
Pour acquérir les bases concernant les
films : lesquels choisir, où les trouver, à qui les donner à traiter,
voir cette page sur les
films
diapositive.
Bonus : l'Heidoscop présente une
possibilité de décentrement des objectifs. Si vous n'êtes pas un
habitué des chambres grand format, rappelons à quoi cela sert.
Normalement, si vous voulez obtenir des photographies en relief
facile à monter, vous allez photographier "au niveau", c'est à dire
en tirant droit devant vous, à l'horizontale. Si vous êtes à Paris
sur l'esplanade du Trocadero vous photographiez ainsi
malheureusement autant la tour Eiffel que le sol de l'esplanade. La
Tour Eiffel est coupée sur la photographie, vous n'avez réussi à
attraper que sa partie basse, et cela peut vous déplaire. Imaginons
que vous désiriez rapporter la Tour Eiffel au complet dans votre
province natale. Avec l'Heidoscope c'est possible... Il vous suffit
, l'appareil étant maintenu fermement des 2 mains, de relever la
partie avant d'une pression de vos deux index conjugués
Le corps de l'appareil monte de
quelques millimètres et le haut de la Tour entre miraculeusement
dans l'image, sans que vous ne cessiez de viser de niveau. Avantage
du décentrement sur un simple basculement : il n'y a pas de
déformation de perspective induite. Les verticales des bâtiments
restent verticales et ne se mettent pas à converger.
A noter : ce mouvement était grippé sur mon Heidoscop. J'ai dû
tenter le tout pour le tout : démontage de la partie avant pour bien
comprendre la possibilité de mouvement ; appui de la partie avant
sur le bord de l'évier et forte pression sur la partie arrière.
Victoire ! Ca bouge un peu. Dès que cela bouge, je commence à huiler
très légèrement les parties dégagées en contact. Je renouvelle
ensuite l'opération plusieurs fois jusqu'à obtenir un mouvement
facile à la pression de doigts en prise de vue.
En promenade avec l'Heidoscop 6x13
La pellicule est chargée, nous voilà
partis. En plus de l'Heidoscop nous avons bien entendu pris un posemètre
pour mesurer la lumière.
Le posemètre
Gossen Digisix
Nous avons réalisé nos premiers tests sans
pied, nous fiant à la présence du niveau dans le viseur et au port de
l'appareil en visée sur le ventre pour prendre les photographies bien
horizontales.
Au début le viseur apparaît bien sombre
puis finalement nous nous sommes habitués.
L'appareil est léger, simple d'emploi, bien fait et ne retient pas
l'attention. Lors de la prise de vue l'Heidoscop reste relativement
discret et n'est pas du tout agressif, ne se portant pas devant l'œil.
Nous avons connu avec les mêmes émotions et quasiment le même plaisir
qu'avec les Rolleiflex. On a dans les mains un appareil simple,
parfaitement conçu, qui présente l'élégance racée des objets
intelligents. Photographier est un plaisir immense avec ce genre de
matériel ; du coup les 5 vues sur le rouleau 120 passent très vite, trop
vite, et nous avons trouvé les pellicules bien courtes !
Seul point un peu contrariant :
l'obligation à chaque mesure de la lumière d'un petit calcul
d'approximation : lorsqu'après avoir lu les indications du posemètre on
tâche de les reporter sur l'appareil c'est la surprise renouvelée : les
diaphragmes ne correspondent jamais et les vitesses rarement. Par
exemple, on lit sur le posemètre f/11 au 1/60ème. Fort bien. On vient
reporter cela sur l'appareil. On s'aperçoit que ce dernier ne connait
que le 1/50ème. Retour à la cellule : 1/50ème, bon. Un peu moins que 11.
Retour à l'appareil. Tiens il n'y a pas de diaf à 11. On se met quelque
part entre 9,4 et 12,5. Au total rien de bien méchant, mais probablement
un peu plus de stress pour le débutant !
Les résultats
Nous attendions avec inquiétude le retour
après traitement de la première pellicule. Les vitesses de l'Heidoscop
tout frais acheté et utilisé sans révision allait-elles se montrer
précises ? Le piqué serait-il au rendez-vous ? Il était clair déjà que
le système de positionnement de la pellicule était excellent, mais que
penser des objectifs anciens ?
Claude Fetat devant le tribunal de Nîmes : ma première vue en 6x13. (on
présente ici des vues du film, et pas des vues montées -
voir la différence ici).
Certains d'entre vous peuvent voir ces vues en relief sans accessoire
: il suffit de se positionner devant la vue à l'écran et de loucher en
croisant les yeux jusqu'à ce qu'apparaisse une troisième vue, au centre,
en relief. Au bout d'un instant le cerveau ne voit plus que cette
dernière.
Disons-le tout net, les résultats obtenus
sur notre appareil sont excellents. La qualité des couleurs est
somptueuse et les vitesses ont la précision requise pour l'exposition
pourtant très délicate de la diapositive.
La situation à la cuisine, le matin avant le petit déjeuner (C'est fait
au pied à une seconde, je voulais vérifier que l'Heidoscop tenait sa
vitesse la plus lente). Bizarre petite entrée de lumière en haut à
droite. Est-ce du flare dans l'objectif de droite ou est-ce qu'il y a un
des petits feutres garantissant l'étanchéité du dos qui serait à
reprendre ? Une affaire à suivre...
Catherine Auguste sur la place d'Assas. Sur ce demi-contre-jour orageux
j'ai eu un peu de chance avec le flare qui n'est pas venu s'inviter dans
les objectifs... mais la situation était dangereuse ! On note que sur
une vue faite sans pied l'horizontalité est encore bonne : le niveau
fait dans le viseur, l'appareil calé sur le ventre, ça marche bien !
Un petit tour au très beau jardin de la Fontaine, orgueil légitime de la
ville, toujours sans pied...
Le jardin était ce jour de test envahi par la foule bruyante des enfants
attirés par les jeux qu'y organisait le Rotary Club. Au 1/50ème, j'ai
taché d'accrocher la fillette au moment où sa course se suspend un
instant.
Les seules limites de l'appareil
n'étonneront pas ceux d'entre vous qui utilisent régulièrement les
appareils anciens.
- Le piqué est un moins bon que sur un
Rolleiflex de la série F, mais assez comparable à celui qu'on peut
trouver sur un Rolleiflex plus ancien de la série T. La quantité
d'information convient donc très bien à la réalisation de diapositives à
regarder en visionneuse. Compte tenu de la différence de qualité avec un
Rolleiflex F, on préférera employer ces derniers lors de la prise de vue
d'objets inanimés, parce que le piqué bluffant d'un Rolleiflex de série
F ajoute une dimension vertigineuse à la prise de vue en 3D.
Une composition faite pour jouer avec le relief : les balustrades du
plateau bas du jardin.
- Deuxième limite : l'Heidoscop ne doit
pas être utilisé dans une situation de contre-jour : du flare avec des
reflets colorés apparaît tout de suite dans l'un ou l'autre des
objectifs. Cela tombe plutôt bien. Pour que le rendu des lumières et des
couleurs soit bons sur la diapositive, il faut éviter les situations de
fort contrastes de luminance, et le contre-jour est traditionnellement
une de ces situations.
Le genre de clichés pénibles à réaliser avec une cellule qui n'est pas
un spotmètre : il faut exposer pour les hautes lumières et sacrifier les
parties sombres de l'image... autant dire qu'il vaut mieux aller mesurer
la lumière en plein soleil avec sa cellule à main, puis revenir en
mi-ombre pour photographier son sujet. Se tirer de la situation sans
sortir de la mi-ombre n'est pas possible.
Au bilan : nous tenons notre
appareil pour photographier les personnages. Un appareil sympathique,
agréable à porter et auquel nous sommes déjà très attaché !
Ce rapide tour de test nous a convaincu qu'il est tout à fait possible
de réaliser de belles photographies à mainlevée avec l'appareil, même si
l'emploi d'un pied et l'ajustement plus précis du niveau qui s'ensuit
favorise forcément la qualité du résultat final.
Un peu d'histoire
Cet appareil à 3 objectifs fut le premier
appareil photographique de l'entreprise allemande Franke & Heidecke.
L'appareil permettait au choix la photographie sur plaque ou sur film de
type 120 au moyen de dos interchangeables. La firme Franke & Heidecke
fut fondée en 1920 et l'appareil construit de 1921 à 1941. Le nom de
Heidoscop est une composition à partir du nom de son concepteur :
Heidecke. Par la suite Franke & Heidecke conçurent la célèbre des
Rolleiflex.
L'Heidoscop a connu un certain nombre de
modifications mineures de 1921 à 1941 :
Type 1 : le logo F&H est placé sur le capuchon de visée ; le
contrôle de l'ouverture est placé sur l'objectif de visée, le levier
d'armement et le levier de choix des types de vitesse est sur la face
avant de l'appareil. La loupe de visée est tenue en position par 2
prises de par et d'autre du capuchon
Type 2 : le levier d'armement et le levier de choix des types de
vitesse montent en 1923 au-dessus de l'appareil. La loupe de visée prend
son aspect définitif avec une seule prise sur le côté qui se crante sur
un ergot du capuchon de visée.
Type 3 : le logo disparaît de capuchon de visée.
Type 4 : le réglage des ouvertures monte sur le dessus de
l'appareil avant 1930.
Type 5 : les capuchons d'objectifs sont montés en charnière sur
l'avant de l'appareil
Les premiers types peuvent être équipés d'objectifs à simple focale
Tessar, Heidoscop ou Steinheil. Plus tard on ne trouvera plus que les
objectifs Tessar.
(source :
http://www.earlyphotography.co.uk/site/entry_C257.html)
Caractéristiques techniques de l'appareil
(d'après : Stereo Cameras using film,
Werner Weiser, 2004, ISBN 3-00-013861-7
Adresse de commande du livre : Dr. Werner Weiser, Siegelberg 57, 42399
Wuppertal, Germany)
Les caractéristiques des Heidoscop peuvent
légèrement différer suivant les modèles.
Constructeur : |
Franke und Heidecke, Braunschweig,
Allemagne |
Apparition : |
1925 |
Quantité produite |
3800 |
Taille (Larg. x Haut. x Prof.) : |
184 x 95 x 132 (viseur ouvert)
184 x 152 x 132 (viseur fermé) |
Poids : |
1125 g |
Corps : |
Aluminium et métal recouvert de
cuir noir |
Taille du film : |
Roll film 120 |
Format : |
6 x 6 cm |
Optique : |
Carl Zeiss Jena Tessar 7=7,5cm,
f/4.5, non traité
Objectif de visée : Carl Zeiss Jena Sucher-Triplet, F = 7,5cm,
f/4.2 |
Entre axes des objectifs : |
65 mm |
Type de diaphragme : |
Iris, entre les lentilles |
Ouvertures : |
f/4.5 à f/25 en continu |
Obturateur : |
Central, à contrôle pneumatique,
entre les optiques |
Vitesses : |
Z (=T), B, 1, 1/2, 1/5, 1/10,
1/25, 1/50, 1/100, 1/300 |
Viseur : |
Reflex (à inversion
gauche-droite), avec image à taille réelle (mais tronquée en bas
gauche et en bas droit), à viseur pliant, avec une loupe
rabattable. Permet la surveillance du niveau au moyen d'un
niveau à bulle collé dans l'angle bas droit du viseur. |
Niveau : |
Niveau de type circulaire sous le
verre de visée |
Mise au point : |
Par recherche de la netteté sur le
dépoli du viseur |
Avance du film : |
par rotation de la mollette de
film, 2 fenêtres de contrôles dans le dos du magasin |
Compteur de vues : |
pas de compteur, il faut repérer
les numéros de vues dans les 2 fenêtres. La plus grande des deux
est protégée par un volet à ressort. |
Prévention contre les
double-expositions : |
Non |
Taille réelle de l'image
(Haut. x Larg.) : |
56 x 69 mm |
Entre axes des images : |
69mm |
Prise pour déclencheur : |
Oui |
Prise flash : |
Pas à l'origine, mais ajoutée
après |
Pas de vis pour trépied : |
Saillant au-dessous de l'appareil,
de type 3/8 |
Dispositif pour fixation de courroie : |
2 œilletons sur le dessus du capot
et 2 plots en dessous |
Autres dispositifs : |
La platine des objectifs à l'avant
peut monter pour éviter de basculer l'appareil lorsqu'on veut
prendre des vues vers le haut (ce qui permet de conserver le
parallélisme des verticales)
Le dos Rollfilm est interchangeable avec un dos pour plaques de
verre 6x13 : l'Heidoscop a d'abord été conçu pour les plaques de
verre. Entre 1929 et 1938, Franke et Heidecke n'ont produit
qu'un petit nombre de dos roll-film. Les Heidoscope ne sont pas
rares, les dos rollfilms si. |
Table de profondeur de champ
Ces tables vous permettent de calculer la
meilleure distance de mise au point et le meilleur diaphragme pour
l'obtention de la profondeur de champ désirée.
Notre conseil : à imprimer et à emporter partout avec vous !
Téléchargez ici
-
la table de profondeur de champ de l'Heidoscop 6x13 au format Excel
-
la table de profondeur de champ de l'Heidoscop 6x13 au format pdf
(NB. Ces 2 tables sont préréglées sur le cercle de confusion admis au
format 6x6)
Supplément :
courrier reçu au sujet de l'Heidoscope
Cher Monsieur,
je viens de découvrir votre article sur le heidoscop et je l’ai lu
avec ravissement en retrouvant le même plaisir que j’ai eu lors de
ma première rencontre avec le mien il y a plus de dix ans
maintenant. Vous avez fait un travail formidable, très détaillé qui
m’a permis n’étant pas un spécialiste de mieux connaitre mon
appareil préféré. Je ne savais pas du tout que l’on pouvait
décentrer les objectifs : sur mon Heidoscop, bien que je l’utilise
assez régulièrement, cela ne marche pas, il semble grippé : il faut
dire que je n’avais jamais essayé et je ne veux pas forcer ma
vieille bête. mon dos a du être modifié car le rectangle est obstrué
et je n’ai qu’un trou qui tombe sur les numéros de la pellicule et
qui me permet de faire 12 vues soit 6 stéréos sans problème quand je
n’oublie pas de rembobiner ou que je ne rembobine pas deux fois. Mon
viseur est tellement sombre que j’ai plus l’impression de faire de
la spéléologie que de la photo, mais… quand on aime…
Je me permet de vous envoyer
un
petit tableau que j’ai réalisé et qui m’aide beaucoup pour
passer des indications de mon posemètre à la molette du Heidoscop :
en jaune les graduations standard de mon sekonik Twinmate L-208,
en gris les valeurs intermédiaires
et en rouge l’emplacement approximatif des ouverture du Heidoscop.
Je ne sais pas si cela vous sera utile mais pour ma part j’ai
beaucoup de mal à régler mon ouverture sans cela.
Voici aussi
une table des profondeurs de champ que j’ai trouvé sur le net je
ne sais plus où mais je ne me déplace jamais sans elle. elle est
certainement redondante avec la vôtre mais elle est d’époque et
tient peu de place.
Georgik Braunschweig (eh oui !)
www.georgik.fr
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