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l'auteur

  

Henri Peyre
Né en 1959
photographe
Beaux-Arts de Paris en peinture
webmaster de galerie-photo
ancien professeur de photographie
à l'Ecole des Beaux-Arts
de Nîmes

www.photographie-peinture.com
organise des stages photo
www.stage-photo.info


 


Un grand merci à
 Eric Chenal
pour la découverte
de cet appareil
et des points précis
de cet article !


Voir aussi
sur galerie-photo
Netteté
en photographie
de paysage
avec le Sigma fpL
et
Un appareil photographiquepour le paysage : le Sigma fp

 

Objectif et couleur avec
le Sigma fpL

par Henri PEYRE

 

Introduction

Cet article est la suite (et la fin) de la prise en main d'un Sigma fpL.
Il complète les deux articles suivants :
- Un appareil photographique portable pour le paysage : le Sigma fpL
https://galerie-photo.com/sigma-fpl-test.html
- Sigma fpL et netteté : une stratégie pour la photographie de paysage
https://galerie-photo.com/sigma-fpl-test_nettete.html
 

Soucieux de ne pas laisser s'ennuyer une vieille optique Leica Summilux 50mm héritée de mon beau-père, j'ai acheté un Sigma fpL et une bague d'adaptation Leica M vers L pour me servir du trésor. Adepte de la randonnée, je voulais un système léger, et j'ai fini, l'objectif Leica et l'adaptateur Leica étant lourds(1), par être tenté par l'objectif Sigma 45mm DGDN, un objectif léger, suffisamment résolu pour le capteur de 60mpx du fpL, et capable de profiter des automatismes de l'appareil, en particulier l'assistance à la mise au point, très importante avec les capteurs 24x36 de haute densité. Jusque-là paysagiste de soleil fanatique du Sigma DP2 Merrill(2), je me suis posé trois questions auxquelles je réponds dans l'article ci-dessous.
Première question : Que vaut en couleur l'optique Sigma 45mm DGDN, sur du paysage, face au 50mm Leica sur le Sigma fpL ?
Deuxième question : Que valent les couleurs obtenues sur le paysage avec le Sigma fpL par rapport à celles obtenues avec le DP2 Merrill ?
Comment utiliser le Sigma fpL au mieux en restant dans l'esprit des couleurs naturelles du DP2 Merrill ?

On va le voir, il y a peut-être dans cet article plus de questions que de réponses. J'ai essayé de rapporter le plus exactement possible les différentes interrogations qu'un amoureux de la couleur peut se poser en face d'un appareil neuf, et comment il peut essayer de se l'approprier. Ce n'est pas toujours chose facile...

 

Sigma DP2 Merrill contre Sigma fpL avec 45mm DGDN ou Sigma fpL avec Summilux 50mm - profil Neutre

On se sert dans cette étude pour le traitement des images des derawtiseurs "maison" de Sigma, gratuits et téléchargeables sur le site de Sigma (3) :
- PhotoPro 5 pour le Sigma DP2 Merrill
- PhotoPro 6 pour le Sigma fpL
A chaque série de vignettes, on fait correspondre quelques commentaires.

Sur ces images écran de Photoshop, on a placé de gauche à droite des images faites avec

Sigma fpL avec Sigma 45mm DGDN, profil de développement Neutre sur Sigma Phot Pro 6
Balance des blancs automatique à la prise de vue
Sigma DP2 Merrill, profil de développement Neutre sur Sigma PhotoPro 5
Balance des blancs automatique à la prise de vue
Sigma fpL avec Leica Summilux 50mm, profil de développement Neutre sur Sigma PhotoPro 6 
Balance des blancs automatique à la prise de vue



Je viens de la peinture et suis très sensible à la couleur. Impossible dès lors de ne pas faire une première observation sur ces images de la poste de Rochechouart prises par grand soleil d'avril : si, au centre, image faite au Merrill, on perçoit bien dans une image qui semble plus chaude que les deux autres, un peu de rose puis de bleu de cobalt en bas de ciel qui se transforment assez rapidement en outremer, comme c'est normal par grand beau temps, on perçoit un bleu de cobalt plus affirmé sur l'image de droite, celle faite avec le fpL et l'objectif Summilux.
Sur l'image réalisée avec le fpL et l'objectif Sigma 45DGDN à gauche, à réglage constant, on observe une image assez cyanisée d'où le cobalt et l'outremer ont quasiment disparu. Par ailleurs l'image de droite semble offrir plus d'éclat que l'image du centre, avec un meilleur contraste.
Nous allons confirmer ces premières impressions sur quelques vignettes en vue rapprochée.



La vue centrale au DP2 Merrill est nettement plus riche en jaune que les deux vues faites avec le fpL. Les développements ont été réalisés avec le choix Neutre, mais ce choix ne correspond pas du tout au même résultat dans PhotoPro 5 (obligatoire avec le DP2 Merrill) et dans PhotoPro 6 (obligatoire avec le fpL).
L'essentiel de la différence perçue n'est pas due aux objectifs mais aux profils de développement fournis par le constructeur.
Dans le deuxième comparatif de cet article, nous choisirons de comparer l'image du Dp2 Merrill traitée dans le profil Neutre avec une image faite sur le fpL avec le profil Portrait, où les teintes chaudes sont plus présentes : en effet le paysage que j'ai sous les yeux en écrivant cet article est dans ses couleurs bien plus proche de la vue offerte par le DP2 Merrill que de la vue offerte par le fpL. En attendant, continuons nos observations.



La façade échafaudée est dans la réalité bien du ton légèrement champagne présenté par le Merrill. Ce ton, encore rosacé avec le fpL coiffée du Leica Summilux à droite est presque passé au bleu à gauche, tellement il a été cyanisé avec le 45mm DGDN. Mais cette dérive sur l'objectif de Sigma n'est pas la seule. Observons la vignette suivante.



Sur cette vignette tout déraille : le Sigma DP2Merrill au milieu donne un résultat trop rouge par rapport au réel : un voile jaunâtre, en plus du voile bleu couvre la vignette de gauche. Enfin, confirmé d'un regard à ma fenêtre, la chaussée au Leica à droite est, me semble-t-il, trop bleue : on retrouve là la dérive vers le bleu du profil Neutre de PhotoPro 6.



Cette série de vignettes est particulièrement intéressante : on y constate l'extraordinaire capacité du Sigma DP2 Merrill, au centre, à rendre du contraste dans les verdures, qui apparaissent affreusement lissées (une vraie soupe de verts, difficile à rattraper par une accentuation numérique) sur les résultats obtenus avec le fpL. Relativement à cet aspect le DP2 Merrill, ancêtre de plus de dix ans, appareil léger, discret et ultraportable, damne encore le pion, sur le plan de la qualité, avec son capteur foveon X3 de 14mpx équivalent à un 40px classique, à un appareil doté d'un capteur actuel de 60mpx.
Ceci justifie entièrement qu'on s'occupe encore aujourd'hui de se demander s'il y a meilleur appareil pour le paysagiste en marche, que le DP2 Merrill...



On retrouve des observations déjà faite sur ces vignettes de lointain : cyanisation due au traitement et léger voile sur le 45mm à gauche, image plus chaude due au traitement Neutre de PhotoPro 5 au centre, meilleure clarté sur le Summicron 50mm à droite, mais avec cyanisation due au traitement Neutre de PhotoPro 6.



Commentaires identiques pour cette deuxième vue des lointains.



On termine avec cette vue de l'échafaudage au bas du cadre. Par rapport à la vue précédente, on pourra noter que la chaleur des tons sur l'image centrale y est bien plus perceptible (sur la palissade), comme il est attendu, dans les premiers plans de l'image : les lointains sont en effet naturellement bleuis par l'éloignement y rendant donc l'excès de couleurs chaudes moins sensible.
Mais rappelons que si l'image centrale de cette première comparaison était la plus fidèle au paysage que j'ai sous les yeux, elle était malgré tout un peu trop chaude. Le DP2 Merrill a probablement plus de difficulté que le fpL à faire une balance des blancs juste. Dans la comparaison suivante, on décide de l'aider un peu : une deuxième balance des blancs est réalisée au développement, par pointage de la pipette des couleurs sur la portière du camion de travaux gris opportunément stationné au premier plan de l'image.

Nous comparons dans ce deuxième test la seule image sortie du Sigma fpL chaussé du Leica Summilux 50mm, meilleur en rendu que le Sigma 45mm DGDN, traité en profil Portrait, à l'image obtenue par Sigma DP2 Merrill traitée en profil Neutre. Par ailleurs, cette fois, les deux images sont corrigées par un point blanc réalisé au moment du traitement sur la portière du camion de premier plan.

Sigma DP2 Merrill contre Sigma fpL avec avec Summilux 50mm - traitement fpL en profil Portrait

Sigma DP2 Merrill, profil de développement Neutre sur Sigma PhotoPro 5
Balance des blancs automatique à la prise de vue
Balance des blancs sur la portière camion après application du profil de développement
fpL avec Sigma Leica Summilux 50mm, profil de développement Portrait sur Sigma PhotoPro 6 
Balance des blancs automatique à la prise de vue
Balance des blancs sur la portière du camion après application du profil de développement

Commençons pour cette deuxième série par une vue générale : 

test-fpl

Avec le traitement Portrait de PhotoPro 6, l'image donnée par le fpL accompagné du Summilux de 50mm, à droite, apparaît cette fois plus éclatante et presque "en couleur" tandis que l'image de gauche pourrait sembler être "coloriée". Toutefois le ciel et les bleus en général semblent nettement plus cyan à droite que dans le rendu du Sigma dp2 à gauche : le choix du traitement Portrait y a réchauffé les rouges. A rapprocher les deux images, on pourrait être tenter de regretter un rendu peut-être un peu jaune à gauche et un peu trop bleu Cyan à droite.
Quel enseignement peut apporter une observation plus fine ?





La porte bleue n'est pas aussi vive dans le réel, que j'observe de ma fenêtre, qu'à droite ; par contre le jaune verdâtre du panneau  Logis est plus fidèle à droite qu'à gauche, où il porte un peu trop de rouge. Quant à la teinte de l'aggloméré, elle est meilleure à gauche qu'à droite. Cette fois c'est à droite qu'elle est trop rouge. C'est à devenir fou...





Vous vous ferez vous-même une idée sur le coloris du panneau de la Poste ; j'ai pour ma part l'impression qu'il est meilleur à gauche. En tous cas l'aggloméré est définitivement mieux rendu à gauche.

 



Le panneau jaune de cet ancien café est plus juste, en comparant  avec un coup d'oeil par la fenêtre, sur le DP2 Merrill à gauche. Toutefois la lisibilité des panneaux sur les piliers comme la clarté de la façade plaide en faveur du rendu du couple fpL / Leica.



 

Le profil Portrait a forcé un peu les rouges à droite ci-dessus, ce qui est visible dans les toitures comme dans les encadrements de fenêtre.




Le rendu des couleurs sur les lointains du DP2 Merrill est moins réaliste que l'observation qu'on peut en faire par la fenêtre : verts et rouges sont à la peine et les lointains ont sombré dans une forme de grisaille. On retrouve là, me semble-t-il, ce qui fait une des caractéristiques particulières des images du DP2 Merrill : une tendance à passer rapidement à la désaturation.
Lorsque la captation des couleurs devient difficile, le contraste de valeur apparaît renforcé, ce qui peut tirer le rendu vers le noir et blanc.
Pour contrarier cet effet au moment de l'exposition de l'image, on tachera d'exposer le plus clair possible sur le DP2 Merrill. En prise de vue numérique, avec tous les appareils numériques du monde, on a tendance à caler l'exposition sur les hautes lumières, pour éviter les blancs brûlés. Avec le Merrill, il est de bonne pratique de ne pas se soucier des zébras sur l'image à la prise de vue. On abaisse les hautes lumières au traitement, et on trouve encore de la matière dans les hautes lumières quand le contrôle écran semblait indiquer une surexposition à la prise de vue. Une bonne pratique avec le DP2 Merrill est d'ignorer complètement les zébras et d'exposer en automatique, mode P.
En attendant, les lointains restent nettement à l'avantage du Sigma fpL/Leica.




Sur les lointains, comme dans le paysage réel, il y a dans notre comparaison bien plus de couleurs sur la combinaison fpL/Leica.
C'est indiscutablement mieux, plus clair et plus propre, même si, encore une fois, on perçoit moins de matière dans les végétations qui semblent un peu lissées en comparaison des lointains bien dessinés du DP2 Merrill.





Comme sur la prairie ci-dessus où le mode Portrait du fpL a achevé de lisser tous les détails à droite.




La chaussée ci-dessus reste plus rouge sur le Sigma DP2 Merrill à gauche dont le détail laisse deviner des effets de frange colorée autour des éléments de passage clouté. L'image de droite en est exempte.



On termine par la Poste, plus réaliste dans les encadrements de fenêtre à gauche qu'à droite. La nuance rose est même un peu désagréable à droite sur le fpL.

 

Point de vue d'un campagnard

J'habite la campagne et m'intéresse essentiellement en photographie au paysage. Je dois dire que je me suis même installé en Limousin pour une grande part pour la qualité de ses paysages, la deuxième part étant évidemment la faiblesse du prix de l'immobilier. Ceci explique que je suis très attentif aux rendus des verts en photographie autant que soucieux du bon investissement dans un nouvel appareil.

Je fais ci-dessous l'expérience suivante : comme jusqu'ici je n'ai pas trouvé d'appareil qui me donne autant de satisfaction, du point de vue du rendu des verts, que le Sigma DP2 Merrill, je réalise une première vue avec cet appareil, en m'autorisant un petit réglage maison (consistant à augmenter un peu les rouges en l'espèce, la balance des blancs du Merrill étant à mon avis un peu approximative), de sorte que le paysage corresponde le plus possible à des tons qui me semblent justes et corresponde également à cette journée où le ciel lumineux était assourdi par une couche filamenteuse de nuages blancs venant assourdir l'ensoleillement de la scène. On trouve cette vue ci-dessous en haut à gauche. On y confronte, sur le même rang à droite une image calibrée au gris neutre du Sigma fpL avec le Leica Summilux de 50mm avec le rendu Neutre ; en-dessous à gauche, la même image du fpL où l'on a appliqué le profil Paysage ; à droite enfin, toujours la même image avec le rendu Portrait :

Sigma DP2 Merrill, profil de développement Neutre sur Sigma PhotoPro 5 avec petite correction maison des rouges fpL avec Sigma Leica Summilux 50mm, profil de développement Neutre
fpL avec Sigma Leica Summilux 50mm, profil de développement Paysage fpL avec Sigma Leica Summilux 50mm, profil de développement Portrait

test couleur Sigma fpL

Quel que soit le rendu avec le fpL, il ne me satisfait pas, comme ne me satisfaisait pas non plus d'ailleurs le rendu de départ avec mon Sigma dp2 Merrill. Mon principal reproche vient de l'impression de grand beau temps perçue, quelle que soit la déclinaison de traitement, avec le fpL : on a l'impression générale d'une journée ensoleillée quasiment exempte de nuages ! Je reconnais que l'image du beau temps est plus agréable que l'image d'un temps beau mais voilé, mais je n'arrive pas à accepter cette tromperie heureuse. La beauté d'une œuvre m'a toujours semblé tenir à la pertinence de son résumé plus qu'à la beauté de son sujet. Beauté de la Vérité en quelque sorte !
Quelle est l'image du fpL où le bleu s'impose le moins ? Probablement l'image en bas à droite, où le profil Portrait, favorisant les rouges, équilibre un peu l'excès de bleu. Pour la suite, je propose de continuer la comparaison de couleurs avec, à gauche, le Sigma DP2 Merrill et, à droite, le  le fpL réglage à zéro en profil Portrait, justement cette image en bas à droite.

Examinons quelques détails plus attentivement : 

Sigma DP2 Merrill, profil de développement Neutre sur Sigma PhotoPro 5 avec petite correction maison des rouges fpL avec Sigma Leica Summilux 50mm, profil de développement Portrait

Croyez-moi sur parole, la bassine en plastique de mon jardin n'a pas la couleur de l'image de droite, mais bien celle de l'image de gauche. Le ciel réel me semble avoir été d'une teinte entre celle du ciel de droite, exagérément bleue, et celle de gauche, un peu trop rose. La loupe nuageuse est incroyablement peu visible sur l'image du fpL.
Les végétations me semblent à droite d'un vert un peu trop fluo et un peu trop unanimes. Il me semble qu'à gauche, les verts sont bien plus différenciés sur le Sigma Dp2 Merrill.

 

A gauche, la bassine est bien mieux décrite sur le Sigma dp2 Merrill : couleur juste et meilleurs détails. 

 

L'exagération des bleus est assez manifeste sur le Sigma fpL. Curiosité : le bleuissement ne semble pas avoir gagné l'arbre d'arrière-plan de droite sur le rendu proposé.

 

On voit ici des contrastes plus affirmés sur l'image du Sigma DP2 Merrill à gauche, qui permet une lisibilité meilleure des végétations.

 

On voit bien à droite le rendu très flatteur du Sigma fpL. Les nuages hauts restent bleus et ne démentent pas l'impression de parfait beau temps de la scène. L'appareil offrira de fort beaux clichés au citadin habitué aux ciels pollués par un filtre de crasse blanchâtre : il transformera des temps lumineux aux ciels sales en parfaites journées de rêve. La déviation que nous regrettons pourra faire des heureux.

Cette revue de détail ne fait que confirmer la tendance de surpondération au bleu du Sigma fpL, au moins par rapport à mes attentes, qui sont celles d'un rendu psychologique juste des instants que j'ai observés.

Evidemment, j'ai comparé une image faite au DP2 Merrill, et accordée à ma sauce à la réalité que j'avais sous les yeux, à une image traitée par un profil de couleur issu des goûts d'un fabricant, sortie toute formée de son appareil tout neuf. Je comptais dans ma naïveté sur "l'objectivité photographique" pour me restituer, progrès aidant, une impression de justesse dans l'évocation du réel qui soit meilleure que celle que me donnait le DP2 Merrill, jusque-là, pour moi, indétrônable.

Je me résigne et prends le parti, à présent, de devoir bricoler un peu pour aider le Sigma fpL à rendre un peu mieux ce que j'ai vu.

Je propose donc une autre séquence :

Sigma fpL et Sigma DP2 Merrill : faire avec ! 

On retrouve  dans ce comparatif une image faite au DP2 Merrill. Je l'ai placée cette fois en bas à droite.
Il s'agit toujours d'une image du même jardin, avec pas mal de végétation.
J'ai pour cette image au Dp2 Merrill corrigé les blancs sur le cercle de correction de couleur (toujours cette balance des blancs approximative !) et comme je jugeais que l'excès de végétation devant le château de Rochechouart rendait le sujet étouffant, j'ai procédé à une diminution de contraste. Cette diminution a éclairci les premiers plans en les rendant moins pesants, et a permis d'aider à mieux rendre l'aspect particulier de ce beau temps voilé.
En regard on trouve successivement
- en haut et à gauche, la même vue avec le Sigma fpL et le Leica Summilux de 50mm en réglage Portrait, avec point blanc sur mire gris neutre.
- en haut à droite, le réglage Neutre avec point blanc sur mire gris neutre.
- en bas à gauche, le réglage Paysage avec point blanc sur mire gris neutre.

Sigma fpL et Leica Summilux de 50mm en réglage Portrait,
avec point blanc sur mire gris neutre
fpL avec Sigma Leica Summilux 50mm en réglage Neutre, avec point blanc sur mire gris neutre
fpL avec Sigma Leica Summilux 50mm en réglage Paysage, avec point blanc sur mire gris neutre fpL avec Sigma Leica Summilux 50mm, profil de développement Portrait
Sigma DP2 Merrill, profil de développement Neutre sur Sigma PhotoPro 5 avec correction personnelle de la balance des couleurs et affaiblissement du contraste

L'objectif est à présent d'arriver par retraitement avec Photoshop à l'image la moins fausse possible, la main conduite par l'image du bas droite, dont la neutralité et le traitement me conviennent.

Je décide de commencer le retraitement par l'image du fpL traitée en profil Portrait ; j'applique dans le calque de réglage TSL de Photoshop un coefficient de +76% de luminosité aux bleus :

 

Si on applique la même transformation à chaque image on arrive à des images déjà bien plus supportables du côté du fpL, avec l'excès de bleu bien calmé dans le ciel.
On trouvera ci-dessous les images dans l'ordre suivant :

fpL Neutre | fpL Paysage
Sigma DP2 Merrill | fpl Portrait 

 

Je grossis ci-dessous les deux seules images DP2 Merrill  (à gauche) et fpL traitement Portrait (à droite) : 

Certes, l'image au fpL n'est pas désagréable en soi. Mais le Cyan rôde encore beaucoup, plus tant dans le ciel devenu supportable que dans les végétations qui en semblent légèrement fluorescentes.

Sigma fpL et Sigma DP2 Merrill
enfin réconciliés ?

Je le confesse, à ce moment de mes observations j'ai commencé à m'inquiéter sérieusement : arriverai-je un jour à me servir correctement de ce satané Sigma fpL ? Devrai-je m'habituer à regarder le monde avec des yeux injectés de Cyan ? Plus grave : finirai-je par m'y habituer ?

Je commençais à envisager la nécessité d'acheter une mire et de calibrer mon appareil. J'avais réalisé cette opération sur un reflex Canon dans le passé avec un certain succès.

Toutefois quelque chose me troublait : je ne comprenais pas que les couleurs naturelles du Sigma DP2 Merrill, si facilement atteinte au travers du profil Neutre de cet appareil, puissent à ce point relever de l'inatteignable sur le Sigma fpL. La même maison avait travaillé sur les deux appareils, et il me semblait incroyable que les qualités de couleur reconnues du Sigma DP2 Merrill aient pu être passées par pertes et profits, la publicité même de Sigma invoquant lors de la sortie de cet appareil les acquis du travail sur la couleur lors de la mise au point du capteur fovéon. D'accord le marché de ce capteur était resté confidentiel, mais ce n'était pas une raison.

C'est en considérant attentivement les modèles de couleur fournis avec le Sigma fpL que je trouvais finalement une piste. En plus du profil Neutre du fpL, cyan jusqu'aux oreilles, il existe dans l'appareil un profil "off", qui présente l'image comme elle sort (ou presque) du capteur.

Voici, sur une nouvelle image de la place de la Poste de Rochechouart, ce que donne le profil Neutre du Sigma fpL, profil que nous connaissons déjà : 

test de couleur avec le Sigma fpL

Voici ce que donne le profil Portrait, que vous connaissez aussi : il ajoute un peu de rouge et relève les basses lumières ; l'ensemble a l'air plus coloré, mais évidemment de façon un peu forcenée :

 

Voici enfin le profil off, selon la version française proposée par l'appareil photo. Ce profil est appelé inactif dans la version française du logiciel PhotoPro 6. Il s'agit donc là de ce qui sort du capteur, d'après les explications du manuel. Si ce qui est dit est vrai, personne n'a tenté de manipuler quoique ce soit à cette étape et surtout de rendre le ciel bleu par tous les moyens :

 

L'idée qui m'est venue est la suivante. Comme je sais que traditionnellement les pellicules photographiques étaient traitées différemment au Japon qu'en Europe ou aux Etats-Unis, avec une dérive classique vers le Cyan, je reniflais l'intervention d'une main asiatique bien intentionnée qui serait allée au-devant de la demande de la clientèle locale, en forçant les bleus. Comme les imbéciles le savent, il faut que ce soit toujours la faute de quelqu'un et forcément d'un étranger.

Je me suis dis qu'il ne coutait pas grand chose de tenter un simple réglage de niveau automatique de Photoshop directement à partir de l'image embrumée du capteur, sortie en TIFF 16 bits. J'ai donc fait un calque de réglage de niveau en choisissant "automatique" comme ci-dessous : 

 

... et j'ai obtenu cette image miraculeuse de naturel après tant d'essais tellement frustrants : 

 

Enfin une image sans excès de cyan !

Cela vaut le coup de vous la présenter accompagnée de ses variations, et en la rapprochant dès lors d'une autre photographie du lieu, faite au même instant avec le Sigma DP2 Merrill et traitée avec la version Pro Photo 5.
Ci-dessous on trouvera les images
FpL Neutre | FpL Inactif avec réglages de niveaux automatique
FpL Portrait | DP2 Merrill (Neutre de Pro Photo5)

On ne peut que constater une nouvelle fois à quel point les traitements à gauche sont trop cyans :


Comparons maintenant de plus près notre image FpL capteur + niveaux automatiques (à gauche ci-dessous) et l'image de référence offerte par le Dp2 Merrill.
Cette dernière présente traditionnellement un petit excès de rouge qu'on retrouve à droite, particulièrement visible sur la chaussée :

L'image de gauche est déjà presque au niveau du modèle offert par le Dp2 Merrill. On pourrait peut-être seulement la contraster un petit peu (contraste de +48 ici) :

et peut-être augmenter légèrement la saturation de l'image (ici un tout petit +6 en saturation générale) :

 

Je me garde bien en tous cas d'aller remettre des rouges pour suivre le DP2 Merrill sur une des seules parties du terrain où il souffre la critique (l'autre étant, je vous le rappelle, la désaturation des lointains).

Voyons l'image de plus près : 

Quel plaisir ! l'aggloméré de bois est rendu de façon tout à fait proche. Le panneau du logis de France a trouvé à gauche sa teinte verdâtre la plus juste, et le bleu de la porte est très voisin.

 

Si sur ce fragment le ciel est plus bleu à gauche c'est surtout parce que l'image du Sigma DP2 Merrill, à droite, est un peu plus chaude dans toutes ses parties. 

 

Les lointains  sont parfaitement rendus et il n'y a plus cette soupe de vert fluo qu'on trouvait auparavant. Les deux fragments d'images obtenues sont extrêmement proches.

 

On retrouve malgré tout sur les lointains de droite, ceux du Sigma DP2 Merrill, une meilleure discrimination de la végétation.  Toutefois, les détails sur la première prairie ne sont pas aussi effacés qu'avec l'utilisation du mode Portrait.

 

Le lecteur attentif aura constaté la disparition de la camionnette, qui ne doit rien aux qualités extraordinaires du DP2 Merrill (à droite). Mais un lecteur encore plus attentif aura remarqué à quel point le DP2 Merrill est rouge sur la chaussée (et excessivement, je le confirme, en regardant par la fenêtre de mon bureau). S'il y a un point où le Sigma fpL apporte quelque chose c'est bien dans cette facilité qu'on a maintenant à produire des images encore plus propres que celles faites avec l'ancêtre.

 

On constate de nouveau sur cette image la proximité des deux rendus.
Rappelons que le fpL apportera des images en 60mpx, le Sigma dp2 les fournissant à environ 40mpx. 

 

J'ai gardé la Poste pour la bonne bouche. Il a une hésitation sur le fait de savoir si elle est fermée parce qu'il y a grève ou parce que c'est dimanche, mais il me semble qu'il n'y en a pas concernant la justesse de la couleur du logo.

Nous avons donc enfin obtenu ce que nous avons poursuivi tout au long de cet interminable article. Enfin, nous allons pouvoir commencer à appuyer sur le bouton et à faire des photographies correctes avec le fpL. Je n'y ai pas travaillé tous les jours, mais j'y ai travaillé pas mal. Je jette un œil sur ma facture : mon appareil a été acheté le 9 novembre 2022. On est le 17 avril 2023 et j'estime que je commence seulement aujourd'hui à tenir sur le cheval... mais combien d'essais pour en arriver là !

D'autres essais : difficulté des certitudes...

Il fallait bien entendu éprouver notre petite recette rassurante en portant nos observations ailleurs sur le terrain. Nous y avons consacré une première après-midi. Nous vous livrons ces quelques résultats à poursuivre par vous-mêmes...

Nous voyons ci-dessous à gauche un résultat très heureux de notre toute nouvelle stratégie, à partir du profil Inactif du fpL. Le ciel est d'un bleu un peu plus vif que celui du Merrill, mais sans que l'ensemble ne tourne au cyan. Les couleurs bien différenciées apportent une excellente lisibilité à l'image qui apparaît toute en couleur. L'image fournit par le Merrill, à droite, est déjà très belle mais nous semble moins équilibrée (toujours ce léger excès de rouge et de jaune...)

 

Nous complétons notre comparaison ci-dessous avec une vue des deux opérations faites sur l'image du fpL à gauche, pour en arriver là, à partir du mode Inactif ; on voit un premier calque de réglage portant les niveaux automatiques, et un deuxième par-dessus demandant une saturation des couleurs de +30. Rappelons que l'image du DP2 est une sortie directe du profil Neutre de Pro Photo 5.

 

Remarquons une chose importante : les niveaux automatiques garantissent un bel éclat à l'image mais grillent systématiquement les hautes lumières qui sont donc à sauver par une réserve en noir (plus exactement en plus ou moins gris) sur le masque de réglage blanc, aux endroits qu'on a cerclés de blanc sur l'image (juste pour vous montrer où l'on a agi). A ces endroits le réglage automatique a été atténué sur le masque :

 

Comparons maintenant notre image (à droite) avec ce qu'aurait donné l'utilisation d'une profil fpL Neutre à gauche. L'excès de bleu étouffe cette première image.

 

Le profil Portrait, ci-dessous à gauche, s'en serait tiré un peu mieux, au prix d'une confusion accrue dans les verts clairs. A droite nous avons toujours notre fichier fpL venu du profil inactif :

 

Enfin, le profil Paysage du fpL, à gauche, apparaît lui aussi par trop Cyan et véhément, quand on lui oppose notre joli fichier à réglage de niveaux automatiques, dont les couleurs traduisent si bien les lumières fraiches  de cette journée d'avril, à droite :

 

Attention ! Toutes ces conclusions sont à relativiser : elles viennent de quelqu'un qui aime faire du paysage ensoleillé, terrain de jeu favori du Sigma dp2. Lorsque les éclairages sont faibles, comme dans la vue ci-dessous, Sigma DP2 et niveaux automatiques sur fpL en profil inactif (à droite) peuvent se montrer un peu ennuyeux, et il existe malgré tout un léger avantage au Sigma dp2 Merrill (à gauche) qui sait souffler un peu sur les verts :

 

Dans ce cas de figure, les profils assez artificiels du fpL sont capables de trouver beaucoup de couleur où il y en a peu.
 Ainsi, pour une fois, il ne sera peut-être pas interdit de préférer
- l'image de gauche, celle du fpL dopée par le virulent profil Paysage et une correction fill light qui a bien remonté les lointains, les opposant ainsi mieux au premier plan sombre.
- à l'image de droite, venant de notre système de réglage de niveaux automatique, qui peut apparaître cette fois un peu terne :

 

Par ailleurs la méthode des niveaux proposée ici ne peut pas donner de bons résultats lorsque l'image est entièrement sous dominante d'une seule couleur (le vert d'un bois par exemple). L'analyse par les niveaux fera chou blanc, certains réglages de niveaux étant impossible à réaliser, la couleur correspondante étant quasi absente.

On comprend mieux l'intérêt des profils offerts par Sigma au terme de ces petits essais. Ces profils apportent peu quand la situation est bonne, le sujet bien complet et le terrain bien ensoleillé. Au contraire, ils peuvent même alors abimer une belle image par leur excès de coloration. Toutefois ils peuvent retrouver un peu d'intérêt quand la partie est presque perdue, et sauver des images autrement un peu ternes, en particulier lorsque la situation tourne au contre-jour ou que l'image est plutôt pauvre en couleur. C'est à notre avis le meilleur usage qui peut en être fait.

Une autre façon de corriger les couleurs :
le derawtiseur à profil

Une autre façon de procéder pour éliminer cette tendance du Sigma fpL à tirer dans le cyan est de considérer que d'autres que nous se sont déjà aperçus de l'affaire et ont accompli le travail. J'ai téléchargé Capture One et Dxo pour voir comment chacun se sortait d'affaire : ces logiciels prétendent connaître les défauts des boîtiers et y remédier au moyen de profils de couleur. On suppose bien sûr que tous les modèles d'une marque sont atteints de la même maladie de naissance. Je n'ai pas cherché longtemps à obtenir des résultats homogènes pour la principale raison que j'ai trouvé Capture One assez pénible avec un concept de bibliothèque à répertoire très envahissant sur le disque dur et complexe d'approche pour pas grand chose ; la médiocrité de l'affichage de l'image sur l'écran de travail en dépit de quelques premières tentatives de réglage m'a aussi découragé de prolonger l'expérience. Dxo a su rester plus simple et je sais lequel acheter. Les deux font assez correctement le travail et le résultat a rattrapé les bleus déviants sans aucune intervention de ma part sur la couleur :


Sigma DP2 Merrill en mode Neutre
 
Sigma fpL en profil Portrait, traitement interne sans modification de la balance des blancs (le jpg qu'obtiendrait un amateur)
Les bleus sont affreux.


Sigma fpL avec développement PhotoPro : on est aux limites de ce que peut faire le dérawtiseur maison.
Il est difficile de donner du relief aux basses lumières, mais on a pu rattraper les bleus au prix de l'introduction d'un excès de rouge


Développement DxO sans aucune intervention sur la couleur, gérée par le profil. Les bleus sont naturels.

Développement Capture One sans aucune intervention sur la couleur, gérée par le profil. Les bleus sont naturels.
 
 

Une dernière façon de corriger la couleur

Si on désire se servir directement des jpg sortis du Sigma fpL par le derawtiseur interne de l'appareil en contournant la déviation au Cyan, ou emmagasiner des fichiers Raw pré-traités, qui s'ouvriront dans Sigma PhotoPro 6 avec cette pré-correction affichée sur les curseurs de réglage, on peut choisir une dernière voie : celle consistant à
- régler l'appareil sur le profil Neutre et
- effectuer une pré-correction de la balance des blancs dans l'appareil, qu'on mémorise.

Sur mon fpL,  j'ai mémorisé au bout de cette étude une pré-correction de la balance des blancs (G2, A12). Elle réchauffe peut-être un peu trop les paysages mais neutralise bien l'effet de cyan sur l'écran qui est une véritable souffrance, me donnant enfin un peu une impression de complicité avec un appareil bien plus à ma main.

On voit ci-dessous un rapprochement entre deux traitements d'image différents de la même vue d'orage prise de ma fenêtre. A gauche un traitement directement sortis de l'appareil et traité par PhotoPro 6 (profil original, c'est à dire Neutre conservé). C'est un rendu très chaud mais correspondant bien à l'impression enveloppante du moment. A droite on a un rendu très neutre, fabriqué par récupération de l'image en profil Inactif puis traitement par les niveaux automatiques atténués par un masque à 57% d'opacité qu'on voit en dessous de l'image : l'image aurait été bien trop contrastée autrement pour ce demi-jour aux couleurs molles. La prise de vue a été faite avec l'objectif Leica Summilux 50 avec le diaf entre 8 et 11. C'est un plein contre-jour, qui explique probablement le halo plus coloré au centre de l'image, plus que ne l'expliquerait un vignettage de l'objectif à son meilleur diaf.

 

En terme de neutralité par rapport au sujet encore sous ma fenêtre, il va de soi que l'image de droite est plus neutre. En terme d'impression psychologique faite sur moi par le paysage, et de contrôle à l'écran de l'intérêt éventuel d'une image, je préfère néanmoins la vue de gauche : j'y retrouve un enveloppement par la pluie, l'impression que le panneau de l'agence immobilière amène un peu de lumière dans cette sombre ambiance, et des nuages plus lourds qui pèsent plus et referment mieux la scène, l'intimité du mouillé un jour d'orage...
Dans ce lot d'impressions subjectives il faut intégrer l'incertitude du rendu de l'écran de l'appareil observé dans un intérieur qui a aussi sa couleur... rien de simple !
On touche là à l'importance psychologique du rendu qui, à un moment, prend le pas sur la recherche de la neutralité photographique.
La recherche de la neutralité de rendu est la recherche d'une base à partir de laquelle on peut modifier l'image pour dire ce que l'on veut dire, en toute maîtrise. J'ai décidé ce ton chaud, il a un effet psychologique et j'y tiens, même si l'image n'est plus neutre.
Si l'image m'est livrée derechef avec trop de cyan, ce cyan bavarde hors du champ de la neutralité et l'image me cause un effet psychologique non maîtrisé que je n'accepte pas. Et il pollue la visée sur l'écran, l'envie même que j'ai de prendre la photo.

Ces considérations sur l'interprétation sont le signe qu'il est temps de conclure cette étude : elle ne veut être qu'une étude sur la neutralité de l'image.

Une conclusion difficile

On a essayé de le faire sentir, les conclusions sur les couleurs restent difficile à tirer. La difficulté technique des rendus a amené les concepteurs d'appareils à faire des compromis qui produisent des rendus peut-être pas fantaisistes mais au moins un peu aléatoires. Suivant les sujets et les traitements appliqués, c'est acceptable ou pas.
Avant de conclure que tout est interprétation et qu'on doit choisir son appareil, ses objectifs et sa façon de traiter l'image en fonction de ce qu'on veut faire dire à l'image, on peut quand même tirer quelques conclusions intermédiaires.

- Une première conclusion pourrait déjà être de préférer monter sur son Sigma fpL un vieux Summicron 50mm plutôt qu'un 45mm DGDN : ce dernier tient impeccablement la route en définition, offre une image bien rectifiée et propre du point de vue perspectif, des automatismes agréables en particulier pour la mesure de la lumière et la mise au point, un poids léger, mais reste en-dessous du Summicron en clarté du rendu et en qualité de couleur.

- Une deuxième conclusion, si on en reste aux réglages les plus basiques proposés par l'appareil, est qu'il faut éviter la plupart des profils fantaisistes de développement sur PhotoPro 6 en privilégiant probablement le profil Portrait même en paysage. Certes ce profil rosit l'image et contribue à lisser les végétations, mais globalement il est curieusement plus neutre que le profil Neutre du fpL qui tourne encore plus affreusement au Cyan.

- Ceci fait, et toujours si on en reste aux réglages proposés par l'appareil, il faudra malgré tout probablement toujours abattre un peu de bleus dans la commande TSL de Photoshop en post traitement pour contrarier l'effet Cyan des profils de rendus fournis avec le fpL (on pourra simplement augmenter la luminosité des bleus pour éviter que le ciel ne soit trop bavard) et tempérer de même, suivant les sujets, quelques rouges en excès.
Ce n'est pas difficile à faire, même si cela reste une contrainte un peu énervante à ce niveau de prix. On aimerait avoir plus simplement une photo juste.

- La bonne nouvelle est qu'il existe une façon de se débarrasser rapidement de la dérive de cet appareil au cyan. Elle consiste à passer à Photoshop l'image traitée dans le profil Off de PhotoPro 6, profil proche de la sortie brute du capteur. Par la suite on applique à l'image une commande de réglage de niveaux automatiques dans Photoshop. Il n'y a plus qu'a ajouter plus ou moins de contraste en fin de traitement, ou hausser la densité des couleurs et on obtient une image qui, au total, peut être meilleure en couleur que celle du dp2 Merrill, parce que naturellement dépouillée du léger excès de rouge de ce dernier.

- On peut aussi s'intéresser aux derawtiseurs, comme Capture One ou DxO. Ils font bien le travail, en particulier DxO qui intègre un profil de boîtier convenable pour le fpL. Profil ou pas, les deux corrigent mieux que le derawtiseur maison de chez Sigma, PhotoPro 6, le vilain excès de Cyan du Sigma fpL. C'est probablement la voie que choisiront les utilisateurs professionnels. Les amateurs patients et attentifs pourront se contenter de PhotoPro 6.

- Une autre voie possible, pour le professionnel pressé d'obtenir de bonnes images en jpg, est le choix de la prise de vue en mode "Neutre" mais avec une pré-correction de balance des blancs dans l'appareil ; cette correction devra toujours être faite vers la droite. J'ai proposé (G2, A12) ; mais c'est sur mon appareil et avec ma propre appréhension de la couleur ; l'utilisateur devra faire son propre comparatif et en tirer ses propres conclusions. Le traitement interne fournit des images déjà très convenables et, surtout, en un temps record.


Au final on regrette que les fabricants essaient par trop de vendre des effets racoleurs plutôt que de fournir le traitement le plus juste possible au moins dans un rendu de base. On n'a rien contre les effets, mais il faudrait déjà que le rendu du profil Neutre de base soit vraiment neutre. Les fabricants de derawtiseur tiers y arrivent bien en fournissant des corrections pour de nombreux appareils, pourquoi Sigma en serait-il incapable pour le sien propre ? Pourquoi le rendu Neutre est-il aussi dévié vers le cyan ?

- Si on se contente de l'utilisation de l'appareil sans partir du rendu off, et même avec les corrections sur le ciel, ou sans l'emploi d'un derawtiseur spécialisé, il reste difficile d'obtenir des verts très agréables en photographie de paysage avec le Sigma fpL. J'ai pu par contre utiliser l'appareil sur de grands panoramas urbains où sa très haute résolution couplée à sa maniabilité et sa discrétion, m'ont semblé pouvoir faire des merveilles. En paysage urbain, il y a peu de verts et, s'il apparaît des verts, ils sont rejetés dans les lointains, endroits où ils sont assez agréables comme on l'a vu dans la première partie de l'article...

vue de valence
Une vue de ville (Valence) au fpL avec le Summilux 50mm, développement interne (sortie en jpg)

- On se gardera finalement bien de se débarrasser de son Sigma DP2 Merrill. Ce n'est pas l'appareil qui donne le plus de clarté aux vues faites, mais il continue de donner les verts les mieux décrits, et les couleurs en général les plus sobres et les plus justes avec le plus de facilité.
A l'utilisation, mais cela a été dit cent fois, le Sigma DP2 aime les jours de soleil.


Sigma DP2 Merrill : 12cm x 7cm x 3,5 cm 

C'est un appareil d'aspect banal, modeste d'apparence, léger, et à la fois capable de faire des photographies très naturelles en couleur et à haute résolution (40mpx).
Il accepte le zebra sur les hautes lumières et on peut se fier à son exposition automatique sans se caler sur les hautes lumières en travaillant exclusivement en Raw.
Il donne des images merveilleuses dans une grande simplicité de traitement avec le derawtiseur Sigma gratuit PhotoPro 5.
Enfin, sa tendance à passer en valeur les couleurs lorsqu'elles deviennent peu discernables lui donne un rendu particulier qui le rapproche d'une représentation picturale : ainsi la peinture, quand le peintre ignore les couleurs les moins importantes, laisse-t-elle transparaître les traits du crayon. Nombre de photographes à ce sujet disent que le Sigma DP2 est proche du rendu argentique. Dieu reconnaitra les siens.


Le Sigma fpL de son côté apporte, dans une compacité relative (l'appareil, de belle fabrication, reste dense et lourd comme un caillou) des images à plus de 60mpx. Si on accepte de passer par le rendu off du capteur et de faire un réglage de niveau automatique dans Photoshop, ou, mieux, si l'on emploie un derawtiseur spécialisé, on peut avec cet appareil monter en résolution en conservant les splendides couleurs naturelles du Sigma DP2 Merrill, et même en faisant mieux en couleur sur les lointains. Par contre il faudra y travailler plus. Le fpL accepte en outre heureusement plus de conditions de prises de vue que le Merrill, ce dernier restant abonné aux seules conditions les plus lumineuses, à cause de sa difficulté à monter de façon convenable au-delà de 200 ISO.

Au final, tout en sentant bien que le débat n'est pas définitivement clos pour moi-même, je vais choisir la solution suivante pour le réglage du fpL en promenade :
Contrôle de la prise de vue avec l'écran "réchauffé" (profil Neutre avec balance des blancs forcée vers l'orange en A12 G2) pour casser sur l'écran de l'appareil à la restitution de la prise de vue le cyan excessif du profil Neutre.
Je prépare ainsi un mode(4) spécial pour la promenade, où je n'aime pas porter le pied, en ISO automatique et vitesse bloquée au 1/500ème, et intégrant cette petite correction de couleur pour l'écran, le développement jpg avec l'appareil ou les indications de base pour un traitement PhotoPro 6.
Concernant le développement, je suis tenté d'adopter définitivement DxO Photolab dont à la fois la manipulation me semble plus simple que celle de Capture One et dont l'effet sur l'élimination de l'excés de Cyan me semble plus radical. Toutefois je conserve un attachement profond pour le derawtiseur maison PhotoPro dont le rendu écran est splendide (on est déçu par l'image récupérée ensuite dans Photoshop), même si le logiciel n'offre pas de routines très élaborées pour l'amélioration de l'image. Cette rusticité m'est très agréable.


Je termine cet article en mettant ce que j'estime être une image convenablement colorée et naturelle, avec des ciels comme ceux que je perçois dans la nature, obtenue sur le fpL avec une derawtisation DxO-Photolab. J'y ajoute quelques agrandissements d'écran de sorte que vous puissiez examiner le rendu des détails sur les couleurs desquelles on a un peu insisté dans l'article. Cela permet de relativiser ce que je peux dire. Je ne voudrais pas rejouer le Claude Monet à la cataracte qui mit des années à s'apercevoir qu'il travaillait la couleur avec la plus grande exigence du monde sur des nymphéas qu'il ne voyait plus comme ils étaient !

 

image faite au Sigma fpLavec le Leica-Summilux 50mm

On reconnait le panneau jaune vert du logis de France, l'aggloméré bien orange, et pas rose, du salon de coiffure en rénovation et le logo bleu de la Poste de Rochechouart.

 



Les lointains ne sont ni fluorescents ni désaturés comme sur le Sigma dp2 Merrill. La végétation n'est pas confuse comme avec le profil Portrait de chez Sigma ou complètement cyanisée comme avec le profil Neutre ou avec le profil Paysage sur le fpL.
 



D'autres végétations peuvent recevoir les mêmes éloges, ci-dessus ou ci-dessous : 

 

Enfin, cerise sur le gâteau, DxO a même redonné du détail au petit coin de pelouse ci-dessous ; on n'obtenait jusque-là quelques informations de matière sur ce bout d'herbe qu'avec le DP2 Merrill...

 

Notes

(1) Sur la présentation de cet équipement voir ces deux articles sur galerie-photo :
- Un appareil photographique portable pour le paysage : le Sigma fpL
https://galerie-photo.com/sigma-fpl-test.html
- Sigma fpL et netteté : une stratégie pour la photographie de paysage
https://galerie-photo.com/sigma-fpl-test_nettete.html

(2) Sur le Sigma DP2 Merrill voir
- Un essai tardif du Sigma DP2 Merrill
https://galerie-photo.com/sigma-dp2-merrill.html

(3) Voir sur le site de Sigma France en
https://www.sigma-photo.fr/support/logiciels  

(4) Sur le fpL, un Mode est la mémoire de toutes les réglages de prise de vue à un moment donné.

 

     
   

 

dernière mise à jour : 2023

 

 

     

 

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