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l'auteur
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Un essai tardif du Sigma DP2 Merrillpar Henri Peyre Le Sigma DP2 Merrill est un appareil déjà ancien puisque Sigma l'a lancé le 16 juillet 2012. Mais ses qualités méritent qu'on en parle encore. C'est en effet un merveilleux appareil pour le paysage. Si la prise de vue est mal commode et du coup assez technique, l'appareil est très léger et le traitement de l'image comme les résultats atteints rappelleront à l'utilisateur le "toucher" de la chambre photographique. C'est rustique, cela oblige à être fort en technique, mais quel plaisir de tirer d'une machine râpeuse des images bien plus belles que celles de tant d'autres appareils bien plus récents et plus chers ! Contexte et circonstancesEvidemment nous nous y prenons bien tard. Mais il faut se mettre à notre place. Il sort ces temps-ci sur le marché des boîtiers moyen format intéressants, comme le Fuji GFX 50S avec son capteur de 43.8 x 32.9 mm. Autrefois les dos numériques moyen format de plus de 50mpx étaient parfaitement inabordables pour des bourses comme la mienne ; j'admirais déjà les résultats obtenus par les (bons) utilisateurs de ces merveilles, mais les prix stratosphériques de ces matériels et la perspective de lâcher un jour par inadvertance, dans une manipulation, un capteur aussi cher et de perdre d'un coup mon investissement, me dissuadait d'acheter quoi que ce soit de pareil. Je détournais les yeux. Aujourd'hui ce n'est plus pareil. On est presque dans l'abordable, je peux me projeter faisant un gros chèque, mais pas sans calcul, compte tenu de la somme qui me rend quand même craintif. Enfin c'est presque à ma portée et je peux envisager de faire rouler les dés, de changer peut-être enfin mon matériel numérique qui a déjà quelques années. Avec galerie-photo j'ai la chance de connaître pas mal de photographes, de pouvoir parler de ces beaux matériels avec eux. C'est ainsi que j'ai commencé à discuter avec Stéphane Spach, récemment passé au Fuji et très heureux de son matériel. Stéphane fait énormément de photographies pour des clients. Il a une approche de photographe professionnel, mais développe assez largement à côté de son travail une recherche artistique. Je respecte donc son avis, parce qu'il est capable de motiver ce qu'il dit sur un appareil par rapport à des objectifs d'expression. On est par exemple tous les deux assez d'accord sur la façon de tester un appareil : il faut mettre deux photographes dessus et les laisser traiter un sujet donné, dans un cadre défini, exactement comme ils l'entendent, de toutes leurs forces, avec tous les traitements ou retraitements qu'ils veulent. Au final, on regarde ce que cela a donné. On observe les travaux proposés et les pistes utilisées pour y parvenir, les univers et possibilités techniques ouverts par le matériel, employés ou pas. Stéphane travaille de très belles images de sous-bois sombres et il est à la recherche d'une dynamique étendue avec une pléthore de détails visibles dans les basses lumières. Il est passé au tout dernier Fuji, m'a-t-il expliqué, pour ces raisons-là. Il m'explique avoir trouvé avec son GFX un très grand bonheur : l'appareil est simple, très polyvalent, permet le recadrage, donc beaucoup de souplesse. Il me dit qu'il s'est donc débarrassé de tous ses autres matériels, dont sa chambre Arca-Swiss et son Sigma DP2 Merrill. Que la vie est plus belle, simplifiée, avec un seul appareil. Sur le coup je ne fais pas attention. Sa philosophie radieuse me plait et je reviens seulement sur le GFX, évidemment un peu plus tenté par un appareil qui donne tant de bonheur. Dans la discussion que j'ai avec Stéphane sur le sujet, je critique toutefois un point précis, que j'ai observé sur des images faites sur un GFX et que je ne retrouve pas sur les images que Stéphane m'a envoyées, puisqu'il travaille plutôt dans les basses lumières. Dans les très hautes lumières, quand il y a un reflet spéculaire, le cramé renvoie des liserés violets, et je pense que je n'aimerais pas avoir cela sur mes images. Voilà le problème, illustré par des images-exemples trouvées sur le net :
C'est probablement peu important, mais je fais une fixation là-dessus, partie parce qu'un de mes premiers Canon numérique me faisait pas mal de misères de cette sorte qui trahissaient le numérique, alors que j'étais alors très proche du film (et du coup je déteste encore ces franges colorées inventées par l'objectif, le capteur ou l'appareil) ; partie parce que probablement le budget du Fuji est encore un peu trop élevé pour moi. Du coup je veux bien être saigné comme un cochon, mais seulement si j'atteins vraiment le bonheur. Enfin naturellement j'embête Stéphane avec ces remarques désobligeantes. Il ne me répond rien sur ce point. Je respecte de mon côté son bonheur et n'insiste pas. Je sais bien par ailleurs ce qu'est une chambre Arca mais peu ce qu'est un Sigma DP2 Merrill, sinon que l'appareil utilise un capteur fovéon(1). Si Stéphane, qui est très exigeant, a eu un moment cet appareil, il faut que je regarde cela de plus près.
Je me documente un peu. Je regarde surtout pour la première fois quelques images de DP2 que Stéphane m'envoie, que je complète avec quelques autres que je glane sur le net. Je dois dire que j'éprouve un premier choc : la propreté des images me semble extraordinaire ; les couleurs sont superbes, et j'ai même l'impression de n'avoir jamais vu des verts aussi justes. Par ailleurs je me rappelle avoir entendu il y a quelques années Marc Genevrier, que les premiers lecteurs de galerie-photo connaissent bien, me dire qu'il ne voulait plus d'autre appareil tout en me brandissant au-dessus de la tête, du haut de son mètre quatre-vingt dix, un petit appareil noir. Je me rappelais seulement du comique de la scène et que c'était un appareil de chez Sigma. Pas plus. Mais vous savez, quand on est jeune, on est toujours bête. Je continue d'approcher l'appareil. Je relis qu'à cause des caractéristiques du capteur, où les systèmes de captures sont placés en profondeur dans le silicium, on ne compte pas les pixels comme sur les autres appareils. Je l'avais lu dans le temps, je me rappelle que cela avait empêché l'appareil de Sigma de jouir d'un succès pourtant mérité... Je n'arrive pas à savoir ce que peut bien donner sa résolution qui semble quand même approcher les 45mpx (on est donc à peu près au 50mpx qui autorise à en parler sur galerie-photo). Je lis surtout que les nouveaux Sigma à capteur foveon passent pour de véritables petites chambres numériques ; mais, ailleurs, que le capteur Merrill est le plus extraordinaire de tous les capteurs Sigma. Comme il n'y a pas de reconstitution de couleur par tramage, il n'y a pas d'effet de trame quand on photographie du tissu ou des toits en tuiles. Les toits en tuile me laissent froid, mais je fais beaucoup de nature morte et la photographie de soie m'a souvent causé beaucoup de souci... Je commence donc à rêver un peu. Dans les nouveaux capteurs foveon, Sigma, gêné par la faible sensibilité du Merrill, qui obligeait à prendre des photos à 100 ou 200 ISO à cause de sa technologie qui bruite affreusement au-delà, a ajouté des capteurs supplémentaires pour améliorer la montée en ISO. Cette amélioration amène hélas également une diminution de résolution sur les capteurs qui ont remplacé les Merrill dans certaines conditions de prise de vue et le retour du moiré sur les étoffes. Je comprends que c'est le capteur Merrill qui doit être essayé. Et que ses successeurs semblent moins avenants. L'absence de moiré m'intéresse, mais l'idée qu'un tout petit appareil très discret puisse faire des photographies du niveau des meilleurs reflex m'emballe encore plus. La qualité des couleurs que j'ai pu voir sur certaines photographies d'utilisateur, en ligne, me fascine. La grande ombre imprécatoire de Marc Genevrier agitant l'appareil au-dessus de moi ajoute l'ombre de mystère dans lequel baignent toutes les grandes décisions. Après quelques hésitations, et pour en avoir le cœur net, j'achète finalement le DP2 Merrill de Stéphane, éteignant d'un coup pour quelques années, avec 450 € seulement, toute envie de changer de matériel. Cette dépense est finalement une sacré économie.
Premiers essais du DP2 Merrill
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La résolution de l'image obtenue permet d'envisager des tirages très importants. |
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Jouer avec
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Le DP3 Merril ensuite : |
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Mes impressions, en tenant de
compte du sujet que j'ai sous les yeux,
naturellement, sont : Sur cette image du Merrill, il faudrait donc faire la correction suivante, avec Photoshop : construction d'un petit calque de réglage de couleur limité aux tons foncés, puisqu'ils posent problème :
Application en fonction de l'image (éventuellement avec limitation du masque aux zones nécessitant correction) avec un pourcentage modulé après coup. Dans cette image j'ai appliqué la correction à toute l'image.
Voilà le résultat après
correction. |
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Il y aurait évidemment une façon plus élégante de procéder, qui consisterait à placer un petit panneau blanc à la prise de vue, de sorte de déboucher ce coin de table, et de diminuer la dynamique générale du sujet. On retrouve finalement toujours cet aspect particulier de ces appareils au capteur foveon. Le résultat peut vraiment être formidable, mais il faut à chaque fois aider un peu les appareils, et cette aide nécessite, malgré tout, une pratique relativement professionnelle.
Cette petite chute de la
sensibilité à la couleur dans les basses
lumières ne m'était pas apparue aussi clairement
sur les paysages avec le DP2. Je ne peux pour autant
pas dire que le problème vient de
l'objectif du DP3 comme il était venu pour moi
autrefois d'un télé Nikon mal conçu. Un
indice charge le capteur : je peux comprendre rétrospectivement
pourquoi Stéphane Spach s'est débarrassé de son
appareil si le problème vient du Merrill : lorsque
Stéphane travaille ses images
d'obscurité de sous-bois, il est confronté au
problème des couleurs en zone sombre, puisque
les zones sombres envahissent l'image. Disons
que Stéphane fait du paysage qui pose des problèmes de
nature morte... Du coup, si c'est le capteur
Merrill dont la sensibilité aux basses lumières
tombe un peu vite, Stéphane est gêné. Le
problème semble venir du capteur plutôt que de l'objectif
: le DP2 n'a pas le même objectif que le
DP3 mais Stéphane a constaté le même
problème, que je constate à présent sur le DP3,
avec le DP2. Plus loin et au-delà de cette
discussion, j'ai tendance à considérer que la
nouveauté en art est un faux problème, et
traduit une vision de technicien ; croire qu'on
peut mettre les travaux des uns et des autres en
ligne sur le chemin du progrès me semble
parfaitement absurde. Je considère au contraire
que si chacun veut bien aller au bout de
lui-même, comme il est naturellement
complètement différent de l'autre, ses travaux
vont être naturellement complètement différents
de ceux de l'autre. L'art me semble être ainsi
l'expression d'une pure idiosyncrasie. Un
artiste est simplement quelqu'un d'honnête et de
vaillant qui va au bout de son idiosyncrasie en
y consacrant tous ses moyens. Je
ne suis pas le seul à avoir cette vision ; elle
explique pourquoi l'accueil des cubistes
parisiens au douanier Rousseau a été naguère aussi
chaleureux. Le problème de l'art est que les
artistes sont moutonniers et essaient de briller
en s'inscrivant dans leur temps et dans leur
milieu, au lieu d'aller simplement au bout
d'eux-mêmes. Et bien peu y vont. |
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Notes(1) Sur la technique particulière des capteurs fovéon, lire, par exemple, la brochure en pdf du DP2 Merrill à la page 16. (2) Le boîtier mesure 12cm x 3,5cm x 7 cm ; l'objectif dépasse de 2 cm. (3) La dimension des images dans le développement normal est de 39,83 cm x 26,55 à 300ppp
Ressources
Page Sigma sur le DP2 Merrill
Page Sigma sur le DP3 Merrill
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Dernière modification : octobre 2018 |
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