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Le Voigtlander Bessa 667 en prise de vuepar Jean-Claude Mougin
Quelques photographies de test, en particulier par mise en comparaison du Bessa 667 et du Voigtlander ont également été mises en ligne par l'auteur sur une page spéciale consacrée au Voigtlander Bessa 667. Cet appareil est en vente sur la boutique du site Images prises sur le motif, le cadrage.J’ai signalé les grandes qualités de clarté du
viseur, la précision du télémètre, mais aussi les difficultés de mise au
point en vue rapprochée, venant du fait que la correction de parallaxe ne
concerne que les côtés gauche et supérieur du cadre ce qui conduit à un
rétrécissement du cadre. Prévenu de cette difficulté et ma préférence allant
au format carré j’ai choisi le format 6x7 me donnant ainsi la possibilité de
corriger mes cadrages. Mais comme j’ai conçu mes compositions en 6x7, de
fait elle ne supportaient pas un recadrage à une exception près.
Les photos que je présente obéissent à un cadrage rigoureux ; elles ont été prises selon ce procédé et aucune d’entre elles n’a exigé de recadrage.
Images prises sur le motif, à vitesse lente
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l'auteur
Sur les
Bessa, voir sur ce site : |
Image prise à la Galerie de l’Evolution à f/3,5 à main levée, au 1/8ème de seconde. En dehors de la qualité surprenante à cette ouverture, l’extrême douceur du déclencheur et celle de l’obturateur qui ne génère aucune vibration permet d’utiliser des vitesses lentes. Bien que je n’aie plus mes vingt ans sur douze prises de vues prises au 1/4 ou au 1/8, un quart des négatifs sont nets.
La définitionL’Heliar se montre capable de mettre en valeur une très grande finesse des détails même à f/4 comme le montre l’image de la Galerie de l’Evolution, mais plus particulièrement à f/8 et f/11 ; les anciens foldings indiquaient souvent par une marque spécifique le diaphragme de 8,5 comme proposant la meilleure définition. Il semble qu’il en soit de même ici.
Sur le tirage original, sans même le secours d’une loupe, il est possible de lire distinctement les numéros d’immatriculation des voitures rangées devant l’hôtel.
Définition et bokehL’objectif Heliar qui sur le terrain a montré des capacités de définition qui sont remarquables, a montré également un bokeh tout à fait exceptionnel. Bien que cette dernière qualité soit éminemment subjective on doit admettre que les flous sont d’une grande douceur avec des transitions qui donnent une « esthétique » très enveloppée aux images un peu semblable à celle que donnent les objectifs anciens sans multicouches ou avec une seule. On retrouve cette douceur dans les aplats de l’image qui sont comme onctueux ; rien à voir avec le côté sec des optiques modernes de haute technologie ou les tirages digitaux hyper définis qui sont notre version post moderne de l’académisme le plus plat, style « pompier », tendance « formica ».
ConclusionNous disions de ce Bessa 667 qu’il était improbable, nous devrions dire maintenant qu’il était inespéré tant personnellement nous le trouvons à notre goût, c’est à dire au goût de l’un de ces survivants attachés aux beaux objets, aux belles mécaniques, et aux images à haute sensibilité. Comme une sorte de « dernier des Mohicans », il vient à naître pour rester le témoin de la tribu des survivants entêtés à exister face à un monde sans cesse renouvelé et désenchanté par une technologie toujours plus performante. Personnellement cet appareil m’enchante, et il m’a fallu voir des images grandeur nature pour que cet enchantement me vienne. Je ne sais ce que peut en dire un test véritablement scientifique qui peut être viendra. Mais quels que soient les résultats des courbes FTM, je doute qu’ils puissent rendre compte de cette espèce d’aura - comme dirait Benjamin - qui émane des images dont les scan présentés ici ne témoignent pas. M. Kobayashi est décidément un curieux personnage. Sans tenir compte des lois du marché il produits des objets, comme des appareils télémétriques, des objectifs non traités multicouches et maintenant un appareil conçu dans les années 30, japonisé et mis techniquement au goût du jour ; c'est sans doute d’abord pour satisfaire sa propre passion mais aussi pour rencontrer celle d'un public japonais qui a presque tout inventé du monde numérisé et qui pourtant reste attaché à ses valeurs les plus traditionnelles. Paradoxe d’un peuple dont toute la civilisation depuis l'origine est faite d’emprunts à la Chine puis à l’Occident, emprunts aussitôt transformés en créations japonaises et originales. Le Bessa 667 est l’une de ces créations originales destinées à un public japonais accroché malgré son modernisme à ses valeurs traditionnelles. Et ce curieux Heliar qui n’a d’Heliar que le nom, réussit cette curieuse synthèse d’une haute technicité et d’une esthétique désormais passée. Un curieux caillou certes, une « montagne » dirait un japonais. Notre Bessa 667 peut s’appeler Voigtlander, il est néanmoins véritablement japonais. Comme le mont Fuji il est « san ». Un Japonais ne dirait-il pas que je suis « san » comme il le dirait de chacun d’entre nous, qui se pense respectable. Le Bessa 667 est lui aussi une chose respectable . Il est « san ». Il est « montagne ».
Pour conclure cette conclusion , voici une petite « japoniaisierie » au dire d’Emmanuel Bigler et par Emmanuel Bigler, homme « san », homme montagne par excellence et qui plus est amoureux des montagnes.
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Conclusion de la conclusionpar Emmanuel Bigler
« On peut se demander pourquoi une association de fabricants japonais (Fujifilm et Cosina) propose un tel appareil à bobines 120. Ne dit-on pas que « seul le résultat compte » ? À l'ère du silicium photographique triomphant, quel est l'intérêt de réintroduire une espèce de dinosaure photographique ? Pour essayer de comprendre, on peut évoquer l'existence au Japon d'un marché pour les appareils classiques à film. C'est certainement un très petit marché, mais soutenu par un nombre suffisant de passionnés. À la fin du XX-ième siècle, ces clients japonais ont insisté pour que le Rolleiflex bi-objectif soit toujours fabriqué, cette insistance allant jusqu'à demander et obtenir la réintroduction des Rollei bi-objectifs grand angle et télé. Cette même clientèle de passionnés à permis à la série Bessa télémétrique 24x36 d'être un succès commercial bien au-delà de ce qui apparaissait aux sceptiques comme « la danseuse de M. Kobayashi », le patron de Cosina. Certes, ces produits se sont vendus en dehors du Japon, mais il est clair, au départ, que la demande japonaise était suffisante pour assurer la rentabilité de petites séries d'appareils classiques à film. On peut évoquer également la passion de la photographie au Japon, un marché tellement vaste qu'il y reste toujours de la place pour le film, avec un fabricant national, et plusieurs fabricants indépendants de moyens formats et de chambres grand format, chambres qui ne sont pas toutes en bois de cerisier, soit dit en passant. Il est un peu difficile de comprendre qu'au Pays du Soleil Levant, pays de la modernité triomphante, où l'on change de téléphone portable et d'appareil photo numérique tous les trois mois (après avoir, pendant des années, changé d'appareil à film tous les ans), il puisse y avoir un marché pour un appareil pliant à bobines comme le Bessa 667. Peut-être même les clients du Bessa 667 sont-ils les mêmes qui changent d'appareil photo et de téléphone à un rythme d'enfer ! Probablement le Japon est-il maître dans l'art de concilier la tradition et la modernité dans une contradiction apparemment insoutenable pour les esprits cartésiens : ne sommes-nous pas, chez nous, sommés en permanence de choisir ? Ou bien on est moderne et progressiste, ou bien on est conservateur et passéiste, on ne saurait être les deux à la fois ! Dans le Japon photographique, apparemment, c'est possible. Et pour ceux qui pensent que « seul le résultat compte », il suffit d'évoquer la cérémonie du thé traditionnelle au Japon. Quelle influence sur la qualité du breuvage peut bien avoir tout ce cérémonial, ce décorum, cette gestuelle ? Là encore c'est une interrogation d'un esprit trop cartésien, et peut-être faut-il aller chercher dans cette tradition japonaise bien vivante le fait que pour nombre de photographes, l'esthétique de l'appareil et les gestes nécessaires à la prise de vue, comme l'esthétique et la gestuelle dans la cérémonie du thé, font partie intégrante des plaisirs de la photographie. Dans cette vision, on est bien loin de l'idée d'un Japon photographique vu d'Europe dans les années 1950-1960, une espèce machine de guerre industrielle à faible coût de main d'œuvre dont le seul but, après avoir copié les appareils européens, est de produire mieux et moins cher en détruisant notre industrie ! Probablement le Japon photographique de ce début de XXIème siècle est aussi le lieu où la tradition photographique est conservée sans préjudice des développements irrésistibles de l'image électronique dématérialisée. »
Quelques photographies de test, en particulier par mise en comparaison du Bessa 667 et du Voigtlander ont également été mises en ligne par l'auteur sur une page spéciale consacrée au Voigtlander Bessa 667.
Sur les Bessa, voir sur ce site :
Cet appareil est en vente sur la boutique du site
dernière modification de cet article : 2009
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