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l'auteur
Exposition Ostinato |
Laurent Lafolie : OS.TI.NA.TO
D'où vient et que signifie le titre de cette série ? Le titre vient du livre écrit par Louis-René des Forêts intitulé Ostinato(1), lu durant lʼannée de résidence(2) où jʼai réalisé ce projet. Je lʼai repris en écriture phonétique - /ɔ.sti.'na.tɔ/ - car cela faisait visuellement écho à ce que devenait la présentation.
C'est une exposition qui joue sur les effets de transparence. Qu'est-ce qui est philosophiquement en cause ? Il n'y a pas de représentation possible de l'être ? Jʼai travaillé ces dernières années avec le visage les notions de disparition, d'invisibilité, de transparence et ce jusque dans la matérialité du tirage. /ɔ.sti.'na.tɔ/ sʼest écrit dans cette continuité laissant place comme avec les projets Per/son(3) et Missingu(4) aux jeux de la superposition, du cumul, du report et de lʼinversion des images. Cʼest ainsi par son déplacement et les points de vue quʼil adopte que le lecteur réinvente les images. Le portrait nʼest pas seulement la reproduction de la réalité dʼun corps, lʼhumain y est perceptible sous de nombreux aspects. Je ne vois pas dʼimpossibilité à représenter ce que vous nommez lʼêtre même si cela est nécessairement fragmentaire. Lʼimage est une tentative qui expose à sa manière lʼinsuccès intrinsèque du dire, ce quʼelle réussit est un essai(5). Enfin le lecteur dʼune image peut sʼil le désire attraper les points qui lui permettront de la faire basculer et aller au-delà de ce quʼelle montre. Cʼest là pour moi tout le bonheur de la photographie, elle parvient à représenter lʼirreprésentable dans la mesure où lʼon accepte de perdre les dimensions du visible et du savoir.
Vous accordez une grande importance au fait qu'une photographie devienne un objet ? Je m'intéresse davantage à lʼimage en elle-même, le travail se trouve désormais plus simplement dans cette relation entre le visible et lʼinvisible. La conscience émerge au croisement de ces deux trajectoires, lʼacte (photographique) sʼy ancre et prolonge le mouvement en sʼattelant à une nouvelle dimension du visible. En ce qui me concerne lʼimage est un acte cadré par le perceptible, modelé par lʼinvisible et tendue vers lʼirreprésentable(5).
Comment les prises de vues ont-elles été faites? /ɔ.sti.'na.tɔ/ a été réalisé avec une Sinar F2 puis avec un Mamiya RZ67 afin de gagner en souplesse.
Les tirages sont réalisés sur verre. Quel est le procédé employé ? N'est-ce pas trop fragile, en particulier pour quelqu'un qui aime les objets photographiques et qui travaille aussi le platine ? Jʼai choisi ce médium pour ses qualité de transparence et sa précision dʼécriture. Cette méthode dʼimpression aux encres ultraviolettes est utilisée en architecture notamment lors de lʼhabillage en verre de bâtiments. Pour /ɔ.sti.'na.tɔ/ elle a été poussée au bout de ses possibilités et sa durabilité est excellente.
Notes(1) L'ostinato est un procédé de composition musicale consistant à répéter obstinément une formule rythmique, mélodique ou harmonique accompagnant de manière immuable les différents éléments thématiques durant tout le morceau. (Wikipédia) (2) La Capsule - Résidence création photo - Le Bourget (3) Per/son est composé de tirages sur papier calque noir et articule le visible à lʼinvisible. Ce projet utilise la lumière, la réflexion du support et lʼemplacement du spectateur afin dʼoffrir une lecture triple aux images : invisible, négative et positive. (4) Le projet évolutif Missingu réuni à ce jour 150 visages photographiés de face et restitués sur un papier de 3g/m² dont lʼaspect, proche du voile et de sa transparence, les place au seuil de la visibilité. (5) De lʼinvisibilité à la disparition (2012) : http://laurent-lafolie.fr/index.php/presentations/epfcl
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dernière modification de cet article : 2013
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