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l'interviewé
Florian
BESSET
LA QUINCAILLERIE
ATELIER/GALERIE
Avenue Jean Tassy
30430 Barjac
04 66 55 83 82 - 06 11 95 31 33
florian.besset@wanadoo.fr
www.laquincaillerie.info

1949 Naissance en Autriche de parents français
1949 - 1969 Vit en Autriche, Allemagne et à Paris
1967 - 1972 Etudes d'arts plastiques Paris et Bâle
1985 - 2002 Graphiste (indépendant depuis 1985), spécialisé dans les
musées (scénographie, graphisme) principalement en Suisse
2003 - 2008 Installation progressive en France (Gard)
2011 Création de la Galerie La Quincaillerie à Barjac, premières
expositions
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Interview de Florian Besset :
une galerie à Barjac

© Roland Roure
Florian, vous avez
ouvert une galerie qui présente de la peinture, de la sculpture et
de la photographie à Barjac, dans le Gard. Vous réalisez là un rêve
de jeunesse ?
Non, je ne réalise pas à proprement
parler un rêve de jeunesse. J'ai certes baigné dans un milieu
propice dès l'enfance - mon père était conservateur et m'a fait
découvrir et connaître personnellement des artistes de réputation
internationale dès mon adolescence - mais je n'ai pensé à une
galerie que le jour où j'ai découvert à Barjac, à proximité du
village où je me suis installé il y a 8 ans, des locaux magnifiques
et un peu trop grands pour mes propres besoins de graphiste et de
photographe. D'où l'idée de présenter le travail de gens que
j'apprécie. C'est un peu l'occasion qui a fait le larron.

© Roland Roure
En tant que galeriste,
avez-vous un objectif ?
Oui, j'ai un objectif principal: faire
découvrir ou connaître des artistes dont j'apprécie le travail, que
ces artistes jouissent d'une réputation nationale ou internationale,
ou qu'ils aient acquis une notoriété régionale. Peu m'importe que
leur démarche corresponde aux critères de l'art dit contemporain, ou
qu'il s'agisse d'art "actuel", c'est-à-dire d'un art produit de nos
jours dans un esprit plus classique: pourvu que la démarche me
semble convaincante, j'expose en alternance des artistes qui ont un
lien direct et personnel avec la région, et d'autres qui n'en ont
pas.

© Roland Roure
L'éloignement des
grands centres impose-t-il une stratégie particulière ?
Sans doute. Mais n'ayant aucune
expérience préalable, je suis en train de découvrir et d'élaborer...
Comme je viens de le dire, en exposant des gens qui habitent ou
résident régulièrement dans la région au sens large, et d'autres qui
n'ont aucun lien particulier avec celle-ci, voire ne la connaissent
pas, j'espère intéresser aussi bien le public régional friand d'art
et de culture - je pense aussi bien aux habitants proprement dits
qu'à tous ceux, et ils sont nombreux, qui ont ici des résidences
secondaires, - qu'à tous les amateurs plus éloignés qui peuvent être
attirés par une exposition d'un artiste qu'ils apprécient, ou aux
"touristes" de passage, dont beaucoup choisissent la région pour ses
richesses culturelles. Malgré la situation excentrée de Barjac, j'ai
un public en grande partie très intéressé. Je constate qu'il faut
être très disponible et expliquer, donner des clés d'accès au
travail des artistes. Je pense développer peu à peu des idées et des
stratégies qui fassent d'une visite à la galerie ou d'un vernissage
autre chose que ce que l'on imagine habituellement.
Quand je le peux - mais ce n'est
pas nouveau - j'invite des musiciens au vernissage, qui jouent ou
improvisent en fonction des œuvres exposées. J'aimerais saluer et
remercier dans ce contexte la municipalité de Barjac, qui soutient
ma démarche par un partenariat me permettant de concevoir des expos
complémentaires en deux parties, l'une à la galerie et l'autre dans
les belles salles du château de la petite ville, ainsi actuellement
l'expo Paul Versteeg. Dans ces cas-là, c'est la municipalité qui
prend à sa charge les frais de publicité et offre le buffet
d'inauguration.
Vous avez exposé des
artistes comme Roland Roure ou Paul Versteeg ; vous avez semble-t-il
une ligne esthétique. Pouvez-vous tenter de la définir ?
Je ne saurais définir une ligne
esthétique au sens propre, disons que le travail des artistes que
j'expose reflète des domaines très divers mais qui tous me touchent
ou m'intéressent personnellement. Un ami qui me connaît bien m'a dit
récemment: "C'est étonnant, mais dans chacune des expos que tu
organises, je retrouve une facette de toi." Ainsi Roland Roure et
son monde de fantaisie à la fois tellement ludique et profond, qui
nous permet de renouer avec l'enfant que nous portons en nous, Paul
Versteeg et son observation si précise de la lumière, rendue avec
une sobriété de moyens digne d'un Albert Marquet, Denise Lach,
calligraphe extrêmement douée, sinon géniale, débordante d'énergie
et d'imagination, dont je suis le parcours depuis au moins 25 ans,
Bodo Klös, graveur, dessinateur et peintre, au sens plus classique
du terme, certes, mais dont l'œuvre est à la fois voluptueuse et
cynique, truculente et méditative, douce et violente...

© Paul Versteeg
Vous exposez ce
mois-ci le travail photographique de
Laurent Lafolie
; pensez-vous que le public a aujourd'hui la même attitude face à la
photographie que face à des arts plus traditionnels ?
Je pense que la photographie est de
plus en plus acceptée comme discipline artistique au même titre que
la peinture ou toute autre discipline artistique admise comme telle
dans la tradition des Beaux-Arts, qu'un tirage photographique est de
plus en plus considéré comme une œuvre d'art à part entière, et ce
également par ce qu'il est convenu d'appeler le grand public. Je
compte d'ailleurs accorder de plus en plus de place à la
photographie dans les expositions de la galerie. Le préjugé selon
lequel la photographie n'est pas à la hauteur - j'ai partagé
personnellement ce point de vue assez longtemps - , s'il est encore
répandu, disparaît progressivement. Le concept des multiples dans
l'art, issu des années 60-70, qui a modifié le diktat de l'œuvre
d'art comme pièce obligatoirement unique, d'une part, la plus grande
diffusion et accessibilité des photos de grande qualité à un public
de plus en plus large, la photo numérique qui permet à chacun de
produire des images à tout va et favorise sans doute, quelque part,
la prise de conscience de la difficulté de faire une "bonne" photo,
tout cela contribue peu à peu à l'acceptation générale des titres de
noblesse de la photo. Sans compter le rôle croissant joué par
celle-ci dans le marché de l'art. La Art Basel, par exemple, dont
j'ai bien connu l'évolution, ayant vécu à Bâle et visité les toutes
premières éditions, a instauré dès la fin des années 70 - je ne me
souviens plus de l'année précise - une section exclusivement
réservée à la photo. Les "Rencontres d'Arles", appelées à l'époque
Les "Rencontres internationales de la photographie d'Arles", ont été
créées elles aussi en 1970, année de la première édition de Art
Basel.

Affiche de l'exposition Laurent Lafolie
Vous-mêmes,
pratiquez-vous la photographie ?
Oui, de plus en plus. J'avais reçu une
formation en photographie dans le cadre de ma formation de
graphiste, aux Beaux-Arts, mais elle n'était pas aussi approfondie
qu'une formation de photographe professionnel, et c'était dans les
années 70, à une époque ou personne ne parlait encore de numérique.
A l'époque, je me considérais beaucoup plus comme dessinateur,
j'aimais surtout le dessin. Aussi ai-je toujours eu recours à de
"vrais" pros parfaitement équipés lorsque j'ai eu besoin de photos
pour mes mandats de graphiste. Et puis je me suis mis au numérique
en 2000, par pure curiosité d'abord, et sans aucune ambition. Je me
suis pris au jeu et j'envisage effectivement aujourd'hui de
m'exprimer surtout en photo. J'approfondis mes connaissances en ce
moment auprès d'un professionnel, et cela fait naître de nouvelles
idées et projets. Mais j'en suis aux premiers balbutiements...

Exposition Laurent Lafolie à la galerie la Quincaillerie
dernière modification de cet article
: 2013
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