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le photographe
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Une séance de studio
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Un cas d'école : la bouteille de champagneSur le sujet qui nous occupe, cette bouteille de champagne, il fallait laisser l'étiquette lisible dans sa partie gauche, malgré le clair-obscur et la forte lumière de droite. Après avoir vainement tenté de placer un carton pour renvoyer la lumière principale, puis un "dépron2" (dispositif dont le reflet à chaque fois était visible dans le verre de la bouteille), Vincent énonce sentencieusement : "pour éviter les reflets3, il faut déboucher de très loin". Une boîte à lumière est placée à l'entrée de la pièce. Elle apporte le complément de lumière désiré sans être visible sur le verre. La transparence de la bouteille est réalisée au moyen d'un bristol placé derrière le verre.
2 instantanés ont été nécessaires pour vérifier la lumière. Le premier, en noir et blanc, semblait révéler des lumières convenables. Toutefois, le fond, très chaud, rejeté dans l'ombre, inquiétait Vincent. La transparence de la bouteille et l'efficacité du bristol ne se laissaient pas lire sur les valeurs du fond rouge. Un instantané en couleur cette fois a été nécessaire pour vérifier l'équilibre général des lumières. On voit mieux sur ce deuxième instantané l'opposition du fond et de la transparence verte de la bouteille.
Cette vue a pris 3 heures. Et encore, la conception en a été apportée par Vincent qui a fourni le papier noir ("ça vient d'une boîte de godasses") et le ruban rouge, acheté tout exprès dans une mercerie. A vrai dire il m'avait demandé de l'acheter, mais je ne l'avais pas fait, croyant à une plaisanterie ! Dans l'ordre : – mise en
scène
AddendumCe texte m'a été envoyé par Vincent après la séance, dans le souci que mon compte-rendu soit le plus clair possible. Le voilà livré comme je l'ai reçu : – Contexte : il s'agissait d'une journée de stage, ce qui veut dire qu'il fallait trouver un compromis entre les exigences d’une commande client, et le temps et le budget dont nous disposions pour réaliser ce cas d’école. Dans une commande de haut de gamme, on n'hésite pas à passer 2 jours pour réaliser un éclairage voire plus pour certaines situations exceptionnelles. – La loi de Lambert : le rapport des éclairements est inversement proportionnel au carré du rapport des distances. Il y a de la beauté derrière cette froide formule… – La puissance des générateurs : important, les boîtes absorbent énormément. Puissance des pilotes : impossible de juger de la délicatesse d’un modelé si on ne voit rien. – Équipement : nous disposions de 2 générateurs Broncolor Pulso 2 (1600 joules) et 2 générateurs Pulso 4 (3200 joules) + une armada de torches et réflecteurs divers. Pour information, un pulso 4 coûtait, à l’époque de cette monnaie, aux alentours de 45000 Francs. La finesse de réglage se fait par incréments de 1/10ème de diaf. La gamme Pulso est aujourd'hui remplacée par la gamme Topas. – Reflets parasites : chromes, plastiques, objets vernis, verre, etc. : on essaiera de peindre son studio en noir. Il est parfois nécessaire de sacrifier un fond de 3 mètres de large tendu devant l’appareil photo avec juste un trou pour l’objectif. On peut être amené à recouvrir les pieds des torches de velours optique noir : il y a risque de reflets dans l’objet photographié. Porter des vêtements noirs. – Matériel nécessaire au travail des reflets sur les objets de grande taille : prenons l’exemple d’une carrosserie de voiture dont on souhaite souligner le galbe par un reflet sur toute sa longueur. On constate rapidement que la taille du reflet est bien inférieure à sa source et qu’il nous faudra une boîte de longueur largement supérieure à celle de la voiture pour obtenir une couverture totale (voir la note 1 en bas de page) ! – Les lumières dures : 1) Plus une source est éloignée du sujet qu'elle éclaire, plus l'ombre projetée est étroite et nette. A l'inverse, plus on rapproche la source, plus l'ombre s'élargit et plus ses bords sont confus. Pensons à l'ombre d'un chanteur dans le cercle de lumière d'un spot "poursuite" placé 50 mètres plus loin. On peut essayer chez soi en éclairant un petit objet avec une lampe de poche ; on avance, on recule et on voit. 2) Plus une source est petite plus l'ombre projetée est dure. Imaginons une publicité pour un produit laitier. Atmosphère exigée par le directeur artistique de l'agence : pot de yaourt dans les herbes couvertes de rosée du petit matin, avec le petit panier de fruit – et la vraie lumière de soleil filtrée par le feuillage d'un arbre (donc avec des ombres très dessinées). S’il y a trop de contraintes esthétiques et commerciales à faire coïncider, on ne peut pas faire la prise de vue en extérieur. Le professionnel dûment équipé saura créer l’illusion en studio et utilisera une torche à effet ; une sorte de petit demi cylindre à l'intérieur duquel il y a pilote et tube-éclair, qui projette des ombres très dessinées. Il suspendra un feuillage au travers duquel il éclairera, puis jouera sur la distance entre la source et le feuillage pour que l'ombre projetée soit la plus nette possible. Il jouera avec le feuillage, cherchera un dessin, cherchera... Une ou plusieurs sources très douces (grands parapluies ou grandes boîtes) équilibreront le contraste. Nous pouvons aussi disposer d'un spot "poursuite" ou d'un adaptateur de projection : on fait alors la mise au point comme avec un objectif. Le cercle de lumière est toutefois plus étroit. Tout dépend de l'effet et de la couverture recherchés. Le nid d'abeille, lui, concentre le flux, mais crée un point de lumière dont les bords sont très diffus : donc, cela ne marche pas pour notre exemple. Effets de stores ou de claires-voies sur l'arrière-plan ou le sujet principal, rais de lumière par la lucarne du grenier éclairant la poussière en suspens... Tout ceci se fait avec les lumières dures.
_______________________ 1 les boîtes rigides sont utilisées pour une meilleure qualité de lumière. Citons Vincent : "Le système de réflexion sur les parois internes d'une boîte rigide est tel qu'il n'y a aucun point chaud4 et le diffuseur, quant à lui, est une plaque d'altuglas (ou assimilé) : on utilise ce matériel pour des reflets d'une qualité irréprochable. Nous avons utilisé pour la séance un système pliant suffisamment grand pour habiller de son reflet toute la hauteur de la bouteille. Avec ce système toilé le risque est de voir apparaître les plis du diffuseur de la boîte, son manque de rectitude et éventuellement un point chaud dans le reflet de la bouteille. Conclusion : la boîte à lumière rigide (ou caisson), du fait de son prix, sera utilisée pour le reflet de haut de gamme, du petit objet à celui de la taille d'une moto. 30 cm de côté, et c'est la Boxlite (appellation Broncolor). 1,20 x 2 mètres, et c'est la Cumulite (idem). Au-delà, on passe au velum (sorte de plafond mobile que l'on éclaire par des spots), soit à un système de fabrication sur mesure (Megalite) pouvant mesurer jusqu'à 10 mètres de long et accueillir... 16 torches de 3200 joules ! Toutefois, sans aller jusqu'à la Megalite, ce type de boîte coûte cher, est encombrant (nécessite un studio de taille confortable) et n'est pas transportable... mais présente une qualité de lumière inégalable. Le système de maintien est lui aussi coûteux (rails plafonniers ou pieds roulants articulés d'une grande robustesse). Lorsqu’on travaille avec de telles quantités de lumière, il peut devenir préférable de s’équiper en HMI. Notons que les boîtes rigides sont conçues pour la production intense en studio : une boîte souple soumise 8 ou 10 heures à la chaleur d'un rayonnement de plus de 650 watts rend l'âme très vite. Certaines grosses boîtes Cumulite sont d'ailleurs conçues pour accueillir 3 têtes de torches. Les boîtes souples du studio où nous avons fait la prise de vue ont toutes été réparées pour avoir un peu cramé". 2 Genre de polystyrène léger et rigide qu'on trouve en grande surface de bricolage dont la surface blanche peu granuleuse convient bien à la réalisation de réflecteurs 3 J'ai compris que le reflet était à la fois l'ennemi mais aussi le prétexte à la virtuosité en studio. Il faut voir Vincent parler des photographies qu'il a dû faire d'objets brillants ou comportant des surfaces vitrées... "Il faut tout tapisser de noir, en particulier les pieds des flashs, à recouvrir de velours optique noir, pour ne voir que le reflet des boîtes. C'est ce qui fait l'intérêt des grands studios dont les parois sont très éloignées du sujet photographié et présentent ainsi moins de risque de pollution lumineuse" 4 Commentaire de Vincent : "Le point chaud est un problème de répartition de la lumière tel qu'on perçoit une différence de luminosité entre le centre de la boîte et ses bords. On peut comparer cela à une sorte de vignettage d'objectif photographique de mauvaise qualité. Ce problème du point chaud n'est finalement flagrant que sur les grandes boîtes toilées de piètre conception, car de très bonnes boîtes pliantes sont dotées, à l'intérieur du caisson et dans l'axe du tube-éclair, d'un contre-diffuseur carré de la même matière que le diffuseur externe et, approximativement de la taille du point chaud – exactement comme les boîtes rigides. A noter que ce problème de point chaud n'est gênant que si on utilise la surface totale d'une boîte bon marché comme élément de reflet ; et encore, seulement si la matière éclairée se comporte comme un miroir".
dernière mise à jour de cet article : 2005
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