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l'auteur

et ci-dessous ce qu'on pourrait tirer sur un fragment de papier de rigoureusement la même taille et à la même résolution avec le Sigma fpL :

Ces premiers fragments d'images sont des résultats bruts sans aucun réglage. Pour une bonne comparaison, j'avais dit qu'on avait le droit d'homogénéiser le niveau de lumière et de faire une balance des blancs sur le coffre avant de la première voiture en stationnement.

C'est fait pour la suite, et on ne fera plus aucun autre réglage.

Comparaison par le détail

Voilà ce que donnent en côte à côte nos deux images homogénéisées.
A gauche le Sigma fpL, à droite le résultat avec le dos Phase One.
Même si les couleurs, qui viennent de copies d'écran, ne sont pas très fidèles (on donnera des images tirées des vrais fichiers en fin de cette partie), on voit bien la différence entre les deux appareils. Le Sigma fpL à gauche part vers des verts cyanisés assez indifférenciés ; l'image est froide. A droite l'image faite par le dos Phase One présente des verts très différenciés et a l'air plus chaude. Un léger petit coup de soleil supplémentaire a peut être bien un peu renforcé le phénomène, mais il était déjà patent. La chaussée en particulier est bien plus rouge à droite qu'à gauche, et il n'est pas question de soleil ici ; on est à l'ombre.

Nous pratiquons à présent la plus forte accentuation possible, dans la limite du supportable, en nous arrêtant juste avant les artefacts. Cela permet de bien comparer les niveaux de détails qu'offre une plus grande taille de fichier.

A gauche maintenant (cela a changé, je vous prie de m'en excuser), le dos Phase One IQ4. A droite le Sigma fpL :

Toujours à gauche le dos, et, à droite, le 24x36 à 60mpx :
Notez la netteté du profilé entre le ciment et le mammouth de la toiture sur l'image fournie par le dos, ou la précision diabolique du crochet rouge sur le toit en ardoise...

Le Sigma fpL est certes moins bon dans la discrimination des verts (on peut comparer en particulier dans le lointain) mais il y nettement eu un petit passage de soleil sur l'arbre devenu jaune et un peu trop saturé sur l'image fournie par le dos à gauche.
Le Sigma fpL est en retrait sur la verdure, mais pas au point de louper des jaunes pareils !

Les antennes ci-dessous donnent bien une idée de l'effarante capacité du dos Phase One, à gauche, à détailler une image. Là encore on ne pourra comparer que les verts de lointain, non éclairés par le petit coup de soleil juste derrière les toits. Dans l'ombre, malgré tout, ils sont mieux nuancés sur le dos de chez Phase One.

Sur cette image, à droite, le Sigma fpL n'est pas aussi mauvais sur les champs. Mais c'est que c'est lui qui porte à présent le petit coup de soleil qui permet aux couleurs de mieux s'exprimer !

De la même façon l'éclairage de la scène vient ici donner un  petit coup de main au fpL à droite. Toutefois il y a, même sans soleil, bien plus de nuances dans la végétation du dos, à gauche :

La petite prairie de la scène ci-dessous illustre bien le pouvoir de résolution du dos de chez Phase One, à gauche :
 

Plus de définition, en donnant plus de détails et d'indications colorées, permet un meilleur rendu des scènes sur le dos Phase One à gauche. On voit bien sur le bitume que le rendu Sigma d'origine tend vers le bleu, là où le rendu du dos et de l'objectif Rodenstock tendent vers des couleurs plus chaudes. Attention, je rappelle que nous avons ici des images-écran ; pour des couleurs plus exactes, on se reportera aux images données en fin de cette partie.
 

Même déviation de couleur observable sur cette image...
 

... qu'on retrouve fatalement ci-dessous sur l'image générale :
 

Pour une meilleure comparaison finale des images obtenues, nous massicotons à présent sur l'image du fpL à droite le bord de fenêtre noir et augmentons la saturation sur l'image du fpL pour essayer d'équilibrer les colorations des images que nous étudions :
 

On retrouve dans l'image du fpL cette tendance du ciel à partir vers le Cyan que nous avons déjà signalée par ailleurs...(3)
 

... tendance nettement visible sur les deux images opposées dans leur ensemble :
 

Et en vrai ? 

Les images écran proposées dans l'analyse ne reflètent que bien imparfaitement les couleurs réelles de l'image qui sont beaucoup plus belles et naturelles pour les deux appareils. Elles ont toutefois eu le mérite d'exagérer les déviations inhérentes aux deux types de rendus.

Nous portons à présent les images procédant directement des appareils, pour que vous puissiez vous faire une meilleure idée de la réalité.
Première image ci-dessous : on laisse faire le rendu natif de Sigma, très porté au bleu avec son style Neutre pas vraiment neutre :
 

Nous prenons la liberté, pour apporter un peu plus de sensation de lumière, d'augmenter la saturation de notre image de base de chez Sigma :

Voici à présent l'image obtenue, sans aucune transformation, avec le dos Phase One (style par défaut). Cette image nous semble très naturelle et équilibrée, très riche dans la discrimination des verts. On va peut-être un peu vers les rouges mais cela reste très naturel.
 

Nous rapprochons enfin cette belle image issue du dos Phase One d'une image faite au Sigma fpL avec le procédé qui nous avait semblé le mieux conserver la neutralité de l'image par rapport à la réalité, à savoir un traitement du Raw en style Inactif par niveaux automatiques, puis ajout de saturation et de contraste sous Photoshop, traitement un peu pénible à cause des masques à prévoir pour garder un ciel aux blancs non brûlés, mais qui empêche l'excès du Cyan (3) :
 

On voit donc successivement dans ces images :
- L'œil Neutre de chez Sigma, qui donne un rendu assez froid par rapport au réel.
- L'œil Neutre de chez Sigma augmenté en saturation pour comparaison avec le dos Phase One. Cette augmentation de saturation met en évidence l'excès de cyan dans le style Neutre de chez Sigma.
- L'œil du Phase One IQ4 avec l'objectif Rodenstock (style par défaut). Le rendu est beaucoup plus subtil en particulier dans les verts. L'image est légèrement plus chaude que le réel mais reste très naturelle.
- Une sorte d'arbitre à l'appréciation, constitué par la dernière image, une image fpL travaillée de sorte de donner une représentation très proche de ce que le réel a pu être(3).

L'image qui sort par défaut du Phase One IQ4 est donc déjà une très belle image qui ne demandera pas de retouche de couleur pour peu qu'on aime les tons légèrement chauds ; les utilisateurs des vieux Hasselblad et de leurs merveilleuses optiques Zeiss comprendront tout de suite ce que je veux dire et seront comblés par ce dos. Ceux qui ont déjà utilisé le Mamiya 7II, appareil à la résolution comparable à celle d'une chambre 4x5" équipée d'un bon objectif mais dont l'optique tirait affreusement au Cyan comprendront aussi la préoccupation du "naturel" qui est au centre de cet article. A l'époque du Mamiya on ne pouvait pas si bien améliorer un rendu qui gênait. Aujourd'hui, grâce à la photo numérique, je peux corriger le rendu de base de mon Sigma fpL en calmant sa tendance à tirer vers le bleu. Mais il est quand même épatant de pouvoir obtenir, comme c'est le cas avec le dos de Phase One, directement des photographies parfaites et d'une définition extravagante.

L'utilisation du dos Phase One : facile ?

J'ai déjà utilisé un certain nombre d'appareils dans ma vie. Si je n'ai jamais obtenu aussi directement et facilement des photos de paysage aussi belles en couleur que celles obtenues avec ce dos IQ4 de chez Phase One et ce merveilleux objectif Rodenstock, j'entends facilement par sans retraitement, je voudrais malgré tout tempérer un peu les ardeurs.

La valeur du dos que j'ai en prêt est à ce jour d'environ 47.000 €.
Il est monté sur une chambre Arca-Swiss qui vaut 7.000 €.
L'objectif Rodenstock vaut lui aussi 7000 €.
Le total de la configuration, en neuf, est de 61.000 €.
Alors oui, cela fait directement les plus belles photographies au monde, et ce n'est pas là une expression. C'est la simple réalité. Mais le ticket d'entrée est élevé. Cela vaut le prix d'une voiture électrique.

On a parfois l'impression avec ce dos d'être à la pointe de la recherche. Il peut y avoir de petits plantages ; l'écran arrière n'est pas la hauteur des images fournies et l'écran du Sigma fpL à côté, est sensationnel. Disons que ce dos par moment donne l'impression d'être un outil de laboratoire et il faut prendre un peu de temps pour y fabriquer ses marques. A partir du moment où on a appuyé sur le bouton, la photographie est quasiment faite ; avant toutefois, à cause d'une ergonomie quasiment entièrement numérique et donc sans repères fixes, mais avec des commandes à la géographie variable suivant les écrans de menu, on aura  besogné d'une façon pas toujours naturelle. C'est un appareil qu'il faut domestiquer.

L'objectif Rodenstock présente un cercle d'image important et l'idéal est dès lors de monter le dos IQ4 sur une chambre. Tout cela tire vers un processus extrêmement lent et calculé : paysage grandiose ou de conception peaufinée au millimètre, agrandissement géant mais aussi : méditation sur la matière de l'image et jusqu'à la matière de la réalité. Lorsqu'on côtoie ces absolus techniques et une qualité d'image pareille on change de regard sur ce qu'est la photographie.

Ce matériel est autant un instrument d'expérience digne du laboratoire (pourvu qu'il soit monté sur une chambre) qu'un partenaire philosophique qui oblige, en allant au bout de la technique, à méditer sur la construction du regard, l'infinie beauté du monde, mais aussi la difficulté de l'excellence...
Il conviendra particulièrement bien au studio où des routines bien mémorisées pourront être aidées par la présence de Capture One. Le dos peut alors être commandé directement par le programme et la gestion compliquée des fichiers par ce logiciel peut alors prendre un peu de sens.
Sur le terrain c'est autre chose. L'ensemble est lourd et il faut prendre son temps. Le dos peut surtout y devenir le moyen d'exécution implacable d'une photographie longtemps murie à l'avance. A ce moment on retrouve l'essentiel : la qualité sans équivalence des images obtenues, tant pour la résolution que pour la qualité des couleurs... on serait difficile de ne pas s'en contenter !


 

Notes

(1) Chambre Monolith 6x9 à Orbix Micrométrique ref 014169 :
https://www.arca-swiss-magasin.com/contents/fr/d4_arca-swiss-m-line.html#p29

(2) Rodenstock HR Digaron W de 70mm 5.6 en monture R ref 50407032
sur la page https://www.arca-swiss-magasin.com/contents/fr/d101_objectifs_rodenstock.html#p994

(3) Objectif et couleur avec le Sigma fpL :
Je rapportais dans cet article les problèmes de couleur rencontrés avec le Sigma fpL, qui tirait naturellement au Cyan, et j'y proposais en conclusion le meilleur réglage possible, à mon sens, pour corriger les images obtenues par défaut de l'appareil.

dernière mise à jour : 2023