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l'auteur
Merci
à Georges Laloire
pour sa relecture bienveillante.
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Choisir un appareil
photo numérique moyen et grand-format
par Henri PEYRE
Galerie-photo s'intéresse, par
définition longuement discutée sur le
forum, aux
appareils moyen-format, aux chambres
photographiques et aux procédés qui les
entourent. Il est communément admis sur ce site
que nous visons les appareils
présentant une résolution de 50mpx ou plus en
numérique, et tout appareil photographique
argentique de format 120 ou plus (6x6 cm ou
au-delà).
Cet article essaie de faire
une synthèse rapide de l'offre existante
correspondant à ces critères. Nous n'essayons pas ici de discuter du
meilleur appareil dans l'absolu, mais de donner un éclairage
très général
qui permettra au photographe d'orienter ses choix
suivant une approche liée aux types de sujets
qu'il entend traiter en photographie voire à
l'approche qu'il a de la discipline.
Pour des tests techniques précis, nous
renvoyons le lecteur aux magazines du marché :
Chasseur
d'Images offre de très bons tests
et y met de gros moyens.
Réponses Photo, moins technique, apporte une
vision plus orientée image.
reflex à 50mpx et plus
à capteur de taille 24x36
Canon EOS 5DS R
à 50,6 mpx
(version du 5DS sans filtre passe-bas)
https://www.canon.fr/for_home/product_finder/cameras
/digital_slr/eos_5ds_r/
C'est dans les vieux pots qu'on fait les
meilleurs soupes : en utilisant des boîtiers
standardisés et depuis longtemps testés en vraie
grandeur par la multitude, les marques proposent
des produits bien rôdés, qui ont déjà convaincu
le public, et dotés de nombreux
accessoires. Le capteur aux pixels plus
concentrés peut toutefois nécessiter, pour
profiter de la résolution nouvelle, de nouveaux
objectifs mieux définis. Par ailleurs certaines
images peuvent, dans des conditions difficiles,
avec des temps de pose peu rapides, nécessiter
l'usage d'un pied là où un reflex d'ancienne
génération présentait des images nettes.
Globalement la plus forte concentration des
capteurs sur la même surface oblige, si l'on
n'utilise pas le pied, à monter en vitesse.
Dégât collatéral, monter en vitesse oblige, à
sensibilité égale, à ouvrir le diaphragme pour
compenser la perte de lumière, ce qui fait
perdre de la profondeur de champ. On peut
naturellement aussi compenser en montant dans
les ISO. Là on perd de la dynamique. On voit
tout de suite que des appareils plus résolus ne
font pas très bon ménage avec des sujets
rapides. Sportifs s'abstenir...
Revenons au vieux pot et à la
soupe : le boîtier de Canon est quasi identique au 5D Mark
III en termes de conception. Il a tout de même
bénéficié d'un nouveau mécanisme d'amorti du
miroir, le propre des réflexes étant, avec la
remontée du miroir juste avant la prise de vue, d'ébranler l'appareil au
plus mauvais moment ; avec les pixels plus
petits, induisant une sensibilité plus grande au
moindre tremblement, il était devenu nécessaire de
protéger mieux le nouvel appareil de la tare
congénitale des reflex. On le pressent : plus on monte en format et
plus la visée reflex est une mauvaise idée.
Côté positif : l'intérêt de cet appareil est
l'intégration dans une très belle gamme riche en
optiques, conjointe à une légèreté qui reste
celle des appareils de petit format, puisque le
capteur est toujours au format 24x36.
Au total, le Canon EOS 5DS R
est un
appareil qui reste relativement
universel, en dépit des précautions à prendre
pour éviter les bougés dûs à la très petite
taille des capteurs. L'appareil découragera
sportifs et reporters, probablement plus heureux
avec des reflex ordinaires. Le photographe
amateur, à cause des limitations de mouvements
comme du prix de l'appareil, restera lui aussi
sur des capteurs autour de 20mpx, plus
universels et plus efficaces en photographie
d'action.
Appareils Non-reflex
avec capteur à 50mpx ou plus
Hasselblad X1D 50C
https://www.hasselblad.com/fr-fr/x1d/
Le très élégant appareil de
chez Hasselblad n'est pas un appareil reflex, ce
qui est plutôt une bonne nouvelle. Son capteur
est plus grand que celui du Canon 5DS R et
pourtant l'appareil, parce qu'il n'a pas de
miroir à faire passer entre le capteur et
l'objectif, est beaucoup plus fin (725g le
boîtier seul). Il est en compétition directe
avec le Fujifilm GFX 50 S, moins onéreux, bien moins
joli aussi, il faut le reconnaître, mais dont
les images seraient plutôt meilleures.
L'appareil de chez Hasselblad reste en tête
pour la photo de personnes en studio avec une
synchro-flash qui monte dans les très hautes
vitesses et permet de mieux jouer entre lumière du
jour et lumière de flash (aux normes Nikon). Les deux appareils tirent parti du
même capteur CMOS Sony de 50 MP
(8 272x6 200 pixels) qui équipe aussi le Hasselblad CFV50-C
Fujifilm GFX 50 S
http://www.fujifilm.com/products/digital_cameras/gfx/fujifilm_gfx_50s/
Si le X1D a été dès le départ
un colossal succès de vente, au point qu'Hasselblad
a du réformer très rapidement sa chaîne de
production pour faire face à la demande, le Fuji
a, lui aussi, connu un très grand et rapide
succès. Le prix de l'Hasselblad était juste calé
sur le prix de son capteur, et on avait un
appareil d'une grande beauté pour le même
prix... on comprend le succès sans peine. Pour
le Fuji, on avait un appareil qui faisait de
meilleures photos que l'Hasselblad à un prix
encore plus bas. On avait donc potentiellement
toute une clientèle qui cherchait
d'abord le rapport qualité/prix sur l'image, et
était prêt à pardonner au Fuji une apparence
moins noble.
Dans les deux cas les
constructeurs ont dû proposer malgré tout des
objectifs fabriqués tout exprès pour les
appareils et les photographes, regardants ou pas sur
le rapport qualité / prix, ont été invités à
passer gentiment à la caisse.
Un article très intéressant
ici comporte une comparaison entre des
images faites avec les trois premiers appareils
présentés. On remarquera sur ces comparaisons
les problèmes d'artefacts de couleur (moiré), très
présents sur tous les appareils, plus importants
chez Hasselblad que chez Fuji et qui viennent un
peu gâter la fête... d'où l'intérêt de votre
serviteur pour les capteurs fovéon, présentés
dans un
un article récent de galerie-photo (4)
concernant l'ancien dp2 Merrill de chez Sigma :
la résolution ne fait pas tout... la qualité des
pixels obtenus compte ! Relativisons quand-même
le reproche : c'est si l'on profite de la
résolution jusqu'au bout (grands tirages) qu'on
voit apparaître ces problèmes. Tant qu'on
n'agrandit pas trop l'image, le moiré présent sur
les images ne se voit pas. Et en même temps,
si on achète des appareils avec de très gros
capteurs, n'est-ce pas justement parce qu'on
veut aller "jusqu'au bout" et obtenir de forts
agrandissements ?
Les exemples présentés
montrent assez nettement qu'il y a un saut de
qualité des 50mpx de chez Canon aux 50mpx de
chez Fuji ou de chez Hasselblad. C'est sûr, on a tout repayé, boîtier
et objectifs, mais on a quand même vraiment
mieux. Ca reste moral.
Le même article conclut à une
latitude de pose de 6,6 IL pour le GFX 50S
"équivalente à un capteur 24x36 moyen" (?). Il y
a donc, certes du mieux, mais tout n'est pas
rose. Faute d'images parfaites, on a, avec l'Hasselblad,
au moins tout de suite le plaisir du bel
appareil... ça console.
Pentax 645 Z
https://www.ricoh-imaging.fr/fr/moyen-format-numerique/group/128/body/overview/PENTAX-645-Z.html
Troisième compère à utiliser
le capteur CMOS 51,4 MP (43.8x32.8mm) de chez
Sony, l'appareil de chez Ricoh a moins fait
parler de lui que les deux précédents. Il ne
présente ni l'allure élégante du X1D ni la qualité d'image
du GFX si l'on en croit
les
tests DXO. Il a ses avantages néanmoins,
offrant en particulier un format
particulièrement réduit.
Terminons avec ces machines à
faire de belles images.
D'abord un détail irritant par
rapport aux reflex. Comme il n'y a pas de
miroir, le capteur n'est pas protégé contre les
poussières lors des changements d'objectif. Il y
a donc plus de nettoyage en vue si l'on est du
genre à changer souvent d'objectif.
Ensuite, et beaucoup plus
important. Plus on monte en taille de capteur et
plus la profondeur de champ diminue(5).
C'est un avantage et un inconvénient.
L'inconvénient est pour celui qui aime que
l'image soit nette de A à Z (cas typique de
l'amateur). Si on veut que tout soit net, il
vaut mieux acheter un reflex à 20mpx, ou même
moins si possible. Et peut-être même ne faire
que de la photographie en grand-angle, tellement
en usage dans les photographies de guerre, où
l'action ne permet pas d'ajuster la prise de
vue : l'ensemble de l'environnement compte, et la
survie même du photographe dissuade d'avoir trop
à réfléchir sur place. Au moins est-on sûr que
la photographie restera ainsi parfaitement
nette.
Si vous avez aussi un rapport
goulu à la réalité, si vous trouvez que tout est
beau, que l'ensemble du moment qui vous est
offert est déjà parfait dans la façon qu'il
s'offre à vous, que le Seigneur vous a tout
donné et que votre intervention de pourceau ne
peut que gâter la perfection du tableau qui
s'offre à vous, non, ces appareils
moyen-format
ne sont définitivement pas pour vous. Le
moyen-format apporte des contraintes techniques qui
rendent la photographie plus difficile et la
diminution de la profondeur de champ est la
première de ces contraintes.
Un mal pour un bien : à partir du moment
où certaines parties de l'image sont très
souvent, du fait des conditions de prise de vue,
obligatoirement plus nettes que d'autres, vous
êtes forcé de vous poser la question de la
hiérarchie de ce qui est montré au sein de l'image. En
d'autres termes, vous êtes obligé de vous poser
la question du sens que peut avoir votre
photographie et d'admettre également que vous
êtes sur chaque image obligé de faire des choix
et d'influer sur le résultat.
Cela vous porte forcément à vous détacher du
sujet, à garder une distance, celle de l'analyse
et de la critique, au moment même où vous faites
la photographie. Donc vous n'êtes plus le béat
qui s'approprie goulûment le réel en le photographiant ;
vous devenez l'artiste, ce malheureux qui a
perdu le réel et a compris que toute image n'est
plus qu'interprétation. Celui aussi qui peut
conduire l'œil du spectateur exactement à
l'endroit où il le désire et suggérer le sens.
Vous passez de la position de spectateur à celle
de créateur. C'est bien triste, le monde a perdu
de son innocence et ne sera plus jamais comme
avant. Par contre, et même si vos images vous
donnerons moins de satisfaction, simplement
parce que vous êtes devenu plus sévère, elles seront
objectivement toutes plus belles parce que vous
aurez été obligé d'y réfléchir. Et vos flous
seront non seulement esthétiques mais justifiés
(normalement...).
Voilà probablement le meilleur
effet de ces appareils de moyen-format. Oui ils
sont moins pratiques que les reflex à 20mpx.
Certes ils fournissent, avec plus de réflexion,
des images plus résolues qu'un reflex à 50mpx.
Le rendu des couleurs dans les ombres est meilleur, grâce
à la dimension supérieure des pixels, qui permet
de collecter plus de lumière avec moins de
bruit. Mais surtout, leur défaut de commodité
vous oblige à passer à l'artistique, et c'est la
grande et belle nouvelle.
Dos numériques
et appareils moyen-format
En présentant l'Hasselblad X1D 50C, le FUJI GFX
50 S et le Pentax 645 Z avant les dos
numériques, nous avons en fait inversé
l'histoire. Les capteurs moyen-format ont été
d'abord montés sur des dos. Et ils sont venus
après sur ces deux appareils dédiés.
Les premiers dos moyen-format ont tenté de se
substituer au dos film 6x6, dont ils ont encore
l'encombrement, sur les appareils qui
utilisaient ces dos, principalement Hasselblad
et Mamiya.
On trouve donc aujourd'hui des combinaisons de
ces dos avec des appareils chez ces deux
marques. Si Hasselblad est toujours
Hasselblad, Mamiya a été racheté par
Phase One (dos Leaf).
Hasselblad H6D-100C
https://www.hasselblad.com/fr-fr/h6d/
On trouve ainsi chez Hasselblad le
H6D-100c, qui présente un dos amovible à
100mpx dont on ne s'étonnera pas, après ce qu'on
a dit sur la profondeur de champ, que la marque
le valorise sur ses performances couplées avec
un objectif grand-angle. Les appareils de chez
Hasselblad ont vu apparaître toute une nouvelle
gamme d'objectifs dédiés ; les anciens objectifs
marchaient tout à fait correctement(6)
mais l'augmentation de la résolution sur de tels
dos nécessitait encore mieux. A noter puisqu'on
en parle : les corrections de profil en
numérique ont notablement rapproché l'acuité
des objectifs moyen-format, traditionnellement
plus difficiles à produire sans défaut en raison
de leur plus grande taille, de celle des objectifs de
petit format, contribuant du coup à fortifier
l'écart final entre petit et moyen-format.
H6D 400C MS
https://www.hasselblad.com/fr-fr/h6d-multishot/
Mieux, pour les sujets immobiles, Hasselblad
propose un appareil en Multishot, basé sur le
même capteur CMOS 100 MP de 53,4 × 40 mm de chez
Sony que l'appareil précédent. On atteint là
des images de 400mp et naturellement des prix
impressionnants : Hasselblad, sur la page de cet
appareil, sur son site en décembre 2018,
n'annonce d'ailleurs pas le prix de l'engin mais
le tarif de location à la journée : 399 € pour 1
jour. Si plus de 10 jours, 199 € par jour,
juste une misère. L'idée de location n'est pas que de la pudeur
quant au prix, les applications multishot
constituant naturellement un domaine spécialisé.
Par ailleurs, les images en multishot font 925
Mb. Autrement dit, il est nécessaire d'avoir une
informatique extrêmement rapide pour traiter les
fichiers issus des prises de vue de l'appareil.
Phase One XF
https://www.phaseone.com/fr-FR/Camera-Systems/XF-Camera-System/IQ4.aspx
Phase One propose pour monter ses dos numériques
Leaf un système très inspiré de chez Hasselblad,
avec un boîtier carré où tout peut être démonté
et interchangé : viseur, dos, objectif.
L'offre ancienne comportait les dos Leaf Credo
proposés à 40, 60 et 80 mpx autour de capteurs
Dalsa CCD de 53.7 x 40.3 mm.
Le dos Leaf Credo 50 utilisait, lui, la
technologie CMOS de Sony sur un capteur de
44x33mm.
On rappelle que les couleurs en CCD sont plus
naturelles qu'en CMOS. Tout acheteur aura
intérêt à considérer avec attention son ressenti
personnel avant tout investissement (le CCD gère
par contre moins bien le bruit électronique dans
les hautes sensibilités et la visée sur écran
est moins fluide qu'avec les CMOS, raison
pour laquelle le CMOS tient la corde).
L'offre récente est celle du
XF IQ4 150 mpx sur un CMOS de
14204 x 10652px pour des images de 1,20m x
0.90m.
Rappelons que le dos numérique
présente une surface de capteur plus grande
que celle d'un capteur d'appareil photographique
24x36
pour un nombre de pixels n'augmentant pas
forcément dans la même proportion. La dimension
de chaque puits de lumière est ainsi souvent
supérieure, si bien que la précision des
couleurs est théoriquement(1)
plus grande sur un dos numérique, en particulier
dans les basses lumières. La capacité à saisir
un registre étendu de niveaux lumineux (entre
hautes et basses lumières), est du même coup
supérieure. La qualité supérieure des images du
moyen-format numérique vient d'abord et avant
tout de là.
On l'a vu, le principal
problème posé est un problème de profondeur de
champ. Même si on a salué le côté artistique de
la solution du problème, force est de
reconnaître que les photographes professionnels
en paysage et plus encore en architecture
peuvent avoir envie d'obtenir à la fois des
clichés de grande taille et parfaitement nets.
La seule façon à leur disposition pour augmenter
la profondeur de champ est alors l'utilisation
des bons vieux mouvements de la chambre
photographique. On pourrait même dire que plus le capteur
numérique est grand et plus les
mouvements
deviennent obligatoires, pour augmenter la
profondeur de champ par des mouvements obéissant
à la règle de Scheimpflug(7) (ce n'est pas toujours
possible et dépend du sujet). A la limite,
l'utilisation de grands capteurs sans la
disposition de mouvements, en d'autres termes
sans chambre, apparaît comme contradictoire.
Avec un appareil à capteur moyen-format,
l'utilisateur averti aura donc probablement, à
certains moments, besoin de mouvements.
Dans
le cas où l'on désire monter un capteur derrière
une chambre, pour profiter des mouvements des
plans, le dos numérique, dont la surface
sensible est à fleur de dos, permet bien
plus de mouvements que le montage sur la chambre
de son appareil moyen-format. En effet, dans ce
deuxième cas, le capteur est alors enfoncé dans
le boîtier : les mouvements
sont du coup gênés soit par l'appareil qui bute sur
les bords du plan avant de la chambre en cas de
tirage court, soit par l'ombre que projette la monture d'objectif
sur le capteur placé au fond du boîtier. Bref on
connaît avec les appareils montés sur des
chambres des limitations mécaniques qu'on ne
connaîtra pas avec des dos numériques, à la
surface sensible à fleur de dispositif, montés
sur les mêmes chambres.
C'est une des raisons pour lesquelles il
existe quelques appareils offrant la possibilité
de monter des dos numériques détachables et montables sur des chambres.
Avec le dos sur l'appareil, la prise de vue est relativement rapide
et on peut penser promener l'appareil facilement
sur le terrain. Lorsqu'on veut vraiment
travailler avec les mouvements, on porte son dos
numérique sur une chambre, et le tour est joué.
Un certain nombre de marques présente des
appareils de cette sorte. Citons par exemple Arca-Swiss, Alpa ou Silvestri.
Les photographes spécialisés
dans l'architecture et le paysage ou
vraiment intéressés par les mouvements auront
toutefois vraiment intérêt à utiliser les dos
numériques directement sur des chambres
photographiques et à faire l'impasse sur ces
matériels.
Dos numériques
et chambres moyen-format
Quelle chambre
photographique choisir ?
Si l'intérêt d'un dos
numérique moyen-format est de présenter la
surface du capteur à fleur du montage, il faut
préserver dans le montage sur la chambre cette
faculté offerte au mouvement. C'est pourquoi on
évitera absolument de monter le capteur sur un
plan arrière de grande taille ; on n'essaiera
donc pas de monter le capteur sur une chambre
4x5"; on n'utilisera qu'une chambre à l'origine
faite pour le moyen-format (6x6).
Attention : si vous possédiez
une chambre moyen-format ancienne, les objectifs
que vous utilisiez pour l'argentique en 6x6 ne
conviendront pas à votre nouveau dos, qui exige
des optiques de haute résolution (de chez
Rodenstock donc, ou de la série
TSE de chez Canon, qui offre également un
cercle d'image suffisant).
Enfin, attention en
architecture, où l'emploi des objectifs très
grands angles nécessite des réglages très fins
du focus. Les manettes des chambres sont souvent
assez approximatives. En cas d'utilisation de
très grands angles, disons en-dessous de 40mm en
moyen-format, orientez-vous vers
l'utilisation de chambres vraiment faites pour
cela, comme les chambres de la série
Rm d'Arca-Swiss, spécialement faites pour le
photographe d'architecture, qui n'ont pas
d'équivalents quant à la finesse de la mise au
point.
On monte sur le plan arrière
des chambres un adaptateur correspondant à la
marque du dos choisi, sur le plan avant un
objectif Rodenstock ou Canon TSE si la chambre
l'accepte (voir si la marque propose le bon
adaptateur), et c'est parti... ou presque : il
peut y avoir un câble de déclenchement spécial à
acheter auprès du vendeur de dos (à voir avec
lui).
A partir de ce moment, à vous
les mouvements et la possibilité, pourvu que le
sujet s'y prête, d'obtenir à la fois une
résolution et une netteté maximale. Mieux, avec
les mouvements, vous pouvez décider de
privilégier certaines zones de netteté contre
d'autres zones, laissées intentionnellement
floues.
Les principaux fabricants de
chambre sont :
Arca-Swiss, bien connu des lecteurs de ce
site. Ce fabricant suisse-allemand d'origine est
établi en France. C'est à la fois le leader
technique sur les rotules destinées aux
appareils photographiques et le fabricant de
magnifiques chambres moyen et grand-formats.
www.arca-swiss-magasin.com
Sinar : ce fabricant suisse propose une
gamme moins étendue qu'Arca-Swiss, mais la
qualité reste très bonne. On trouve des chambres
photographiques. Les objectifs Rodenstock y sont rebaptisés Sinaron.
https://sinar.swiss/en/
Alpa : fabricant suisse proposant appareils
photos manuels sur une gamme qui ne comporte pas
de chambres.
http://www.alpa.ch/de/
Silvestri : fabricant italien. Les appareils
sont, du point de vue de la qualité, un peu en
retrait par rapport aux fabricants précédents.
Pas de chambre moyen-format.
http://www.silvestricamera.com/
Dos numériques et chambres 4x5"
A cause de la grande taille
des plans qui limite les mouvements avec les
courtes focales, monter un dos numérique
moyen-format sur une chambre 4x5" n'est pas une bonne
idée, même si des fabricants proposent les
adaptateurs permettant de monter jusqu'à des
réflexes numériques sur des chambres 4x5".
L'offre existe parce qu'il y a toujours des
idiots pour essayer et voir ce que cela donne.
Nous faisons d'ailleurs partie de ces idiots et
jurons qu'on nous y reprendra plus.
Outre les dos utilisés par les
appareils moyen-format déjà énumérés ci-avant,
certains fabricants proposent des
solutions originales. Nous voudrions en citer au
moins un.
Betterlight
La société propose des dos qui marchent comme
des scanners de bureau : il faut que le sujet ne
bouge pas ou pas trop (un paysage, oui, une
vache qui marche, non).
Le scanner est un élément qui s'accroche dans un
dos de chambre 4x5" standard, permettant à
l'appareil d'être porté même par des chambres
anciennes. Comme le format est très important,
les pixels ne sont pas très concentrés et on
peut aussi utiliser sans problème ses objectifs
anciens. Le résultat sera bon voire très bon,
puisqu'on dépasse la résolution des meilleurs
dos numériques actuels. Toutefois, rappelons-le,
il ne faut pas que cela bouge trop. Ce genre de
dispositif est très bien adapté à la
photographie patrimoniale (bâtiments ou objets
d'art).
http://www.betterlight.com/products4X5.html
Plan films et chambres argentiques
Un mot enfin pour terminer, et
hors sujet, sur les chambres argentiques. S'il
s'agit de faire quelques images de
grand-format
de temps en temps, l'argentique est une très
bonne solution. Nous rappelons quelques
équivalences :
Avec un bon travail sur une
image faite par un Mamiya 7II, le champion de la
résolution en moyen-format argentique, vous
pouvez obtenir des images supérieures en
résolution à celles obtenues avec un X1D est ses
50 mpx, peut-être pouvez-vous arriver à un
équivalent de 65 ou 70 mpx. Avec une chambre
4x5" vous pouvez atteindre un équivalent 80 ou
90 mpx.
La principale difficulté avec
l'argentique moyen-format est l'étape de la
numérisation qui nécessite le passage par un
scanner, forcément professionnel et coûteux. Les
films de la chambre 4x5" peuvent à la
rigueur être numérisés sur un scanner à plat, la
quantité d'informations étant moins dense en
4x5", à cause de la mollesse traditionnelle
des objectifs à grand cercle d'images. Toutefois, pour un meilleur résultat,
on utilisera, surtout en couleur, un scanner à
tambour ou à pseudo-tambour (scanner Imacon-Hasselblad). Reste qu'en face du prix des dos
moyen-format cette étape, parcourue de façon
exceptionnelle, reste abordable.
Disons qu'en-dessous d'une
trentaine d'images exceptionnelles par an, par
exemple si l'on veut réaliser de façon
exceptionnelle des images de très grandes
dimensions, l'argentique reste dans la course.
Notes
(1) A traitement proposé par
le constructeur égal...
(2)
www.galerie-photo.com/numerique-argentique.html
(3) Technologie CMOS (Complementary
Metal Oxide Semiconductor). Technologie à
base de transistors permettant une acquisition
d'image à haute vitesse Technologie CCD (Charge-Coupled
Device)
Sur la comparaison entre les deux technologies,
lire l'article de Wikipedia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Capteur_photographique
On retiendra que la consommation
électrique des CMOS, beaucoup plus faible que
celle des capteurs CCD, leur vitesse de lecture
et le plus faible coût de production sont les
principales raisons de leur grande utilisation.
La zone sensible est très petite sur un CMOS,
qui exige un réseau de lentilles pour mieux
récupérer la lumière. Sur les CCD, où plus de
lumière est récupérée à surface équivalente, les
couleurs sont meilleures, toutefois les capteurs
CCD sont plus sensibles à l'éblouissement
(contamination des pixels adjacents).
Traditionnellement, les CCD étaient réservés aux
applications professionnelles, et les CMOS aux
applications grand public. Le CCD reste utilisé
dans certaines applications telles que
l'imagerie très haute cadence ou à très bas
niveau de lumière, car il génère des images
moins bruitées que les CMOS.
(4)
Un essai tardif du Sigma DP2 Merrill
(5) Puisque, pour garder le même
effet visuel avec un capteur plus grand,
on doit utiliser une focale plus longue, et
cette dernière diminue directement la profondeur
de champ. Voir ici :
www.galerie-photo.com/profondeur_de_champ_avec_excel.html
(6) voir ce test sur
galerie-photo :
www.galerie-photo.com/hasselblad-dos-numerique-50c.html
(7) Sur les mouvements voir :
Les Mouvements de la chambre photographique :
commentaire des effets, par Henri PEYRE
Décentrements, bascules et règle de Scheimpflug
en petit et moyen-format, par Emmanuel
Bigler
Les chambres, les optiques et les mouvements
dans le contexte de la photographie haute
définition, par Emmanuel Bigler |