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Xia Jianong : Bois

 

Galerie-photo : Xia, comment êtes-vous venu à la photographie ?

Je me suis passionné pour la photographie quand j’étais encore au lycée. A l’époque, Je m’étais même fabriqué un agrandisseur et le soir, alors que les membres de ma famille étaient tous endormis, je me réfugiais dans la cuisine où je passais souvent des nuits entières à agrandir des photos en noir et blanc. L’espace était très étroit et comme il ne me venait pas à l’esprit de l’aérer, je passais de longues heures à manipuler des produits chimiques au point d’avoir des maux de tête toute la matinée suivante.

Au début des années 80, après mon arrivée en France, j’ai suivi pendant deux ans des cours de cameraman en cinématographie à la Sorbonne Nouvelle. Comme je devais travailler parallèlement, ces études étaient discontinues et je n’ai assimilé que des rudiments. J’ai en revanche vu beaucoup de films à l’école. J’en regardais parfois trois d’affilée, si bien qu’en sortant de la salle de projection, j’avais des étourdissements qui me rappelaient ceux d’autrefois après des nuits blanches à agrandir des photos.

La profession que j’ai exercée par la suite n’a aucun rapport avec la photographie mais cette activité est restée pour moi une passion. J’ai donc suivi avec un très grand intérêt les développements qui se sont produits concernant les théories, les techniques et le matériel photo.

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© Xia Jianong - 2011

le photographe

Xia Jianong

Ne en 1949 en Chine
Vit et travaille à Pekin
Formation : ingénieur mécanique

xiajianong@yahoo.fr
 

 

   

Où avez-vous réalisé ces prises de vues ?

J'ai pris ces photos en Chine, dans les provinces du Yunnan et du Sichuan. Voisines du Tibet, ces terres s’élèvent progressivement d’est en ouest. A l’ouest du Sichuan, les montagnes atteignent souvent 2000 à 4000 mètres et de très nombreux pics se trouvent à plus de 5000 ou 6000 mètres d’altitude. Il suffit parfois de parcourir une dizaine de kilomètres sur un sentier de montagne pour passer de 1000 mètres à plus de 4000 mètres d’altitude. On traverse ainsi plusieurs zones végétales au cours du chemin. Des fleurs parsèment encore le sol au pied des montagnes alors que la neige tombe déjà sur les sommets, ce qui donne l’impression de traverser plusieurs saisons en un instant.

Eloignées des villes, ces régions conservent une pureté qui est presque primitive. J'aime particulièrement les lichens, accrochés comme des voiles au milieu des pins. En réalité, ce sont des sortes de champignons qui ne supportent aucune pollution et ne poussent qu’à une altitude d’environ 3000 mètres. Il paraît que leur taille n’augmente que d’un centimètre par an.

 


© Xia Jianong - 2011

 

Merci à Georges Laloire
pour sa relecture attentive

 

 

 
   

Je prends particulièrement plaisir à venir photographier ces lieux à la fin de l’automne. Les arbres ayant presque entièrement perdu leur feuillage, l'entrelacs des branches apparaît alors dans toute sa complexité, ce qu'il était difficile de distinguer auparavant. Des formes multiples et multicolores se mélangent et offrent au regard une harmonie très particulière. Discrètement accrochés entre les branches, les lichens ajoutent une touche de mystère à l’ensemble.

Plutôt que les paysages maritimes et montagneux, je préfère photographier les forêts, les ruisseaux qui s’écoulent entre les arbres, les rochers couverts de mousse et leurs multiples aspects selon les saisons et la lumière.

 

 


© Xia Jianong - 2011

     

Pour vous, qu'est-ce qu'une photographie réussie ?

Il m’est difficile de répondre à cette question. Comme je photographie uniquement les paysages, je pense que, dans ce domaine, la netteté est une qualité que doit comporter tout cliché pour être acceptable. Cela concerne tous les éléments de la photo, qu’ils soient grands ou petits, qu’ils figurent au centre ou sur les périphéries. Il est pour moi très insuffisant de ne se soucier que de la lumière, des ombres et des couleurs.

 

 


© Xia Jianong - 2011

     

Avec quel matériel travaillez-vous ?

C’est un peu complexe à décrire. Les types d’appareils que j’ai utilisés sont des 135, 120, 4X5 et, à partir de 1999, un Alpa. Sa très haute précision me séduit encore mais il comporte un inconvénient évident, celui de ne s’adapter qu’à des d’objectifs de la même marque, modernes et de grande qualité ; ces objectifs ont un excellent piqué, ils peuvent se comparer à cet égard au bistouri d’un chirurgien. Toutefois, compte tenu des thèmes de mes clichés, je trouve qu’ils ne restituent pas suffisamment le subtil dégradé des couleurs, en particulier sous une lumière très puissante. Je préfère donc utiliser des objectifs anciens. Bien qu’ils aient soixante-dix ou quatre-vingt ans d’âge, ou soient même centenaires, chacun d’entre eux a une forte personnalité et une qualité très particulière.

 

 


© Xia Jianong - 2011

     

Ces considérations m’ont conduit à concevoir mon propre appareil. Il s’agit en fait d’une plateforme à laquelle j’ai attaché la partie avant d'un Arca-Swiss F à l'avant. Mon choix s’est porté sur cet ensemble en raison de la souplesse et de la précision de son réglage. J’ai fixé un dos rollfilm Alpa 6X9 à l’arrière de la plateforme, en raison également de sa très haute précision. Il permet d’obtenir un bon positionnement de la pellicule ainsi que de la maintenir complètement à plat. Afin que les axes X, Y et Z soient rigoureusement perpendiculaires, ma plateforme est constituée d’un seul bloc aluminium que j’ai fait fabriquer par un centre d’usinage à contrôle numérique.

Aujourd’hui, cet appareil me donne une très grande liberté quand je me trouve face à mes paysages.

Concernant les pellicules, j’utilise fréquemment des films inversible couleur. J’utilise parfois des films négatifs couleur ainsi que des films négatifs noir et blanc mais étant donné la complexité de leur traitement après les prises de vue, je ne les utilise plus que très rarement.

Le pied et la rotule sont de « Gitzo ». Conformément à mes besoins, j’ai supprimé la fonction de réglage de l’axe central qui permettait de le surélever. Il en résulte que la rotule est fixée directement sur le disque, ce qui réduit la hauteur et augmente considérablement la stabilité de l'appareil.

 

 


© Xia Jianong - 2011

     
   

 

 

dernière modification de cet article : 2012

 

 

 

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