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l'auteur
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Sur le terrain avec les chambres Tachiharapar Joël Pinson
L’achat de ma première chambre, une « chambre de campagne » Century 13x18 millésimée du 27 février 1900 (!), me donna l’occasion d'entrer dans le monde du grand format. Je ne savais pas bien ce qui m’attendait, aussi mon choix s’était-il surtout porté sur l’esthétique de l’objet, la noblesse des matériaux : joli bois verni, laiton, inscriptions à la plume sur des petits morceaux d’ivoire ; avait aussi joué le fait que la chambre était vendue dans une sacoche en cuir permettant de l’y loger fermée avec six châssis en bois. L’ensemble me parut à l’époque bien pensé, et vraiment destiné à aller sur le terrain, sacoche à l’épaule, le pied d’une main et (quand même) la cellule autour du cou !
Évidemment, je découvris rapidement que la chambre manquait de mouvements et de rigidité, que l’objectif unique, certes compact, couvrait tout juste le format, et que l’absence de crémaillère pour guider l’allongement du soufflet ne favorisait pas les réglages précis ! Je me mis donc en quête d’un autre outil, mais en gardant toujours à l’esprit l’aspect pratique de cette chambre, conçue pour aller sur le terrain, et facile à utiliser.
Aprés quelques mois de recherche, mon choix se portait sur une Tachihara 13x18, laquelle fut suivie deux ans plus tard d’une Tachihara 20x25. Contrairement à ce qui s'était passé avec mon premier achat, les caractéristiques techniques de ces chambres ont été la raison principale de mon choix ; mais l’esthétique, et surtout la facilité d’utilisation, sont aussi rentrés en ligne de compte. Après tout, posséder un bel objet est toujours agréable et pousse à l'utiliser ; mais la facilité d’utilisation sur le terrain est tout simplement essentielle. Ce petit article ne comblera donc pas les spécialistes de la technique, il leur faudra aller sur la boutique de Galerie-Photo pour en savoir plus. Non, cet article est en quelque sorte l’expression d’un coup de cœur : il vise simplement à dire en quoi ces chambres sont agréables et faciles à utiliser sur le terrain, quels sont les atouts qui les rendent à la fois précises et attachantes. En un mot, tout le plaisir que j’ai à me promener avec elles ! Facilité de transportFaciles à transporter les chambres Tachihara le sont : compactes, la 20x25 encore plus que la 13x18, elles peuvent se loger dans un sac à dos aussi bien que dans une sacoche d’épaule.
Vous me direz, le problème c’est qu’il faut non seulement transporter la chambre mais aussi tout « ce qui va avec » : objectifs, châssis, spotmètre, loupe, etc. Bien sûr. Dans sa version complète mon sac « 13x18 » pèse 11kg500, et la version « 20x25 » 13kg800 ; alors en quoi les chambres Tachihara seraient-elles plus transportables que d’autres ? Pour la raison suivante : malgré leur compacité, ces chambres autorisent le transport « objectif inclus », et pas seulement avec des objectifs très compacts comme le Nikon M 300mm par exemple. En effet, les deux chambres se referment sans problème avec mon Apo Symmar L 210mm, ou même le Nikon M 450mm monté sur Copal 3. Seul l’imposant Super Symmar XL 150mm ne peut s’y loger, mais ... à l’impossible nul n’est tenu !
Tachihara 13x18 avec Apo Symmar L 210mm
Et là les choses deviennent intéressantes parce que suivant ce que l’on veut faire, le poids du sac devient négligeable et, tout comme la Century du début du siècle, permet de se ballader en toute liberté. Avec de 2 à 4 châssis et le spotmètre, ma sacoche « légère » 13x18 ne pèse plus que 5kg, et 7kg en 20x25, la chambre étant équipée d’une optique pouvant aller du 210mm au 450mm. Le poids de la liberté en somme !
Mise en place, réglage et manipulationAutre atout non-négligeable, la rapidité de la mise en place. En effet, une chambre longue à déployer n’incitera pas beaucoup à se mettre en place « pour voir » ; on attendra plutôt la certitude de faire un cliché avant de se mettre en position. Les chambres Tachihara, sont rapidement ouvertes et prêtes à opérer. Si l’on dispose d’un pied et d’une rotule également faciles à mettre en oeuvre, l’ensemble sera prêt en une minute au bas mot, c’est ce qu’il m’en coûte pour disposer la 13x18 comme la 20x25 sur une rotule Arca B1 (avec attache rapide) sur un pied Berlebach, et mettre tous les mouvements à zéro. Avec l’habitude, c’est un temps qui devient négligeable et autant de temps gagné au bénéfice de la prise de vue. Une fois en place, les boutons de réglages, bien placés, tombent sous les doigts sans qu’on les cherche ; bien dimensionnés, ils ne demandent pas d’effort pour être serrés, tout se fait en douceur. Les crémaillères sont très souples et sans à-coup, la mise au point est donc très fluide, et la possibilité d’avancer le corps arrière jusqu’à venir toucher le corps avant offre l’avantage de pouvoir équilibrer l’ensemble au mieux suivant les focales. Une fois les mouvements verrouillés, l’ensemble se rigidifie d’une manière surprenante pour des chambres de cette gamme de prix. A noter sur la version 20x25, le double serrage du corps arrière, horizontalement et verticalement, sur la crémaillère, qui est d’une efficacité redoutable en terme de rigidité.
Esthétique et finitionEnfin, cerise sur le gâteau, finition et esthétique ne sont pas en reste. Tous ceux qui ont vu ces chambres de près ont été étonnés par la qualité de la finition, très largement supérieure à celle des chambres de même ordre de prix, et même à celle de certaines de prix supérieur.
En conclusion, les chambres Tachihara méritent que l’on s’y intéresse. Fabriquées artisanalement depuis plus de soixante ans dans des bois de cerisier ou bois de rose séchés, leur qualité de fabrication, leur simplicité d'utilisation et leur prix modéré les place parmi les meilleurs rapports qualité/prix du marché. Elles sont compactes, légères et très résistantes, et conviennent parfaitement à la photographie de paysage. Une valeur sûre pour un comportement sur le terrain sans reproche.
dernière modification de cet article : 2004
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