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l'auteur

Marc Genevrier 
Ingénieur de formation
puis traducteur technique,
aujourd'hui luthier à Nîmes.
Passionné de grand format
et familier du numérique
www.violon-et-luth.fr

 

 

 

Pourquoi le DP2 Merrill ?

par Marc Genevrier

 

Pourquoi ai-je choisi
le Sigma DP2 Merril ?

Au départ, c’est certainement l’attrait pour la haute résolution, l’espoir, finalement, d’un appareil portable qui rentre dans une poche, mais qui permette malgré tout de faire des images comparables à celles d’une chambre. Les mouvements en moins, bien sûr. Et puis il y a la structure de l’image, avec les trois couches de capteurs superposées qui reproduisent le principe des films argentiques et dispensent donc de tout dématriçage. C’est la promesse d’un beau noir-et-blanc, entre autres.

À l’usage, j’ai vite été séduit également par l’objet, ses dimensions et son poids. Cela m’a rappelé mon Leica M6. Par contre, il faut vite se munir d’une poignée pour améliorer la prise en main, et s’habituer à la visée un peu approximative sur l’écran. Surtout quand on est à la fois myope (pour voir le sujet) et presbyte (pour regarder l’écran) !

Pourquoi l’avoir conservé ?

Le DP2 Merrill est bourré de défauts qui ont été largement évoqués sur les sites spécialisés : lenteur générale et, notablement, de l’autofocus ; rendu en haute sensibilité ; balance des couleurs dès que la lumière devient un peu difficile ; logiciel de traitement des Raw de Sigma ; absence d’un vrai viseur, etc.

Mais c’est aussi un appareil qui a un caractère propre, certainement conçu par les ingénieurs sans regarder sans cesse par-dessus l’épaule de la concurrence, mais animés plutôt d’un vrai amour de l’image photographique. Apparemment, les générations suivantes (Quattro), en modifiant la structure du capteur pour gagner en sensibilité, ont un peu compromis cet esprit d’origine – sans doute pour céder aux pressions du marketing…

Surtout, dès qu’on a des conditions de lumière correctes, les images sont époustouflantes de finesse et de naturel. Il y a une sorte d’humilité dans le rendu, aucune esbroufe, les détails sont là, à leur place mais pas plus. Il y a trop d’appareils qui semblent exagérer les détails pour séduire le consommateur high-tech. Du coup, on est fier d’avoir des images qui claquent, on regarde les détails à la loupe, mais on perd peut-être le sens du modelé, des dégradés. Les textures sont souvent exagérées ou dénaturées. Rien de tout ça avec le Merrill, qui rétablit l’équilibre et la subtilité du dosage entre les constituants de l’image !

 



   

Premier exemple : Le Carré d’Art de Nîmes

(DP2M0105 format vertical non recadrée et vignette du coin en bas à droite 500x500 px extraits du fichier d’origine – ISO 200)

L’image est prise depuis la rue à travers les vitres de la médiathèque. J’apprécie énormément la douceur du rendu et l’extraordinaire richesse de ces nuances camaïeu. Même dans le coin de l’image en bas à droite, aucune distorsion ni perte de définition. On distingue parfaitement la légère matière de la chaise en bois à côté du lissé impeccable des profilés d’aluminium. Mais les deux ne s’opposent pas, ils se complètent harmonieusement.

 


   


 

Deuxième exemple : Scène de rue à Nîmes

(DP2M0106 légèrement recadré et vignette au centre 500x500 px extraits du fichier d’origine – ISO 200)

Sur cette autre image réalisée le même jour, j’apprécie encore l’équilibre entre le rendu du marbre de la façade à gauche et l’écorce de l’arbre à droite. Sur l’image originale et sur un agrandissement, cette écorce, malgré sa masse et sa couleur sombre, ne s’impose pas, ne devient pas menaçante. Les oppositions sont là, comme dans le monde réel, mais l’appareil ne vous entraîne pas vers des oppositions faciles, des dénonciations. Il ne vous pousse pas à une sorte de prédation du monde. Il note sobrement, humblement. Au centre de l’image, la carrosserie et le phare de la voiture ne deviennent pas clinquants. C’est un risque courant, je trouve, dès qu’on photographie des automobiles en ville : leur matière, leurs couleurs vives, tout cela tend à leur donner trop d’importance, alors que nos yeux ont tellement appris à ne plus trop les voir !



   

 

Le grand format à main levée ?

Troisième exemple : Un coin de rue à Aix en Provence

(DP2M0142 juste recadrée verticalement pour passer au format 16:9 – ISO 200)

Voici un exemple d’image que j’aurais pu faire avec une chambre. Pas tant en termes de technique (mouvements ou autres), mais en termes d’approche et de construction. Heureusement, j’avais mon petit Merrill dans la poche ce jour-là ! Et je retrouve avec lui cet équilibre parfait entre l’image globale et chacun de ses éléments : l’image est intéressante de loin comme de près. Et peut-être que les défauts techniques de l’appareil redeviennent (presque) des qualités, parce qu’ils induisent une sorte de lenteur qui rappelle un peu la prise de vue sur trépied.

Autre plaisir que j’ai redécouvert avec le Merrill : on a tellement de détails et de matière que, pour peu qu’on n’envisage pas des grands tirages, on peut recadrer dedans à volonté. Ou bien corriger légèrement les perspectives sous Photoshop. Finalement, les reporters de presse des années 50 ou 60 travaillaient à la chambre ou en moyen format à main levée, puis taillaient allègrement dans leurs négatifs pour isoler l’image forte. Le Merrill peut renouer avec cette pratique, qui ouvre une liberté nouvelle.

Responsable aussi : l’absence de zoom (heureusement, en ce qui me concerne). Mais j’ai aussi extrait quelques portraits en situation qui gardent ce je ne sais quoi dans l’image qui caractérise le Merrill. Une sorte d’effacement et de respect devant la réalité, atouts que je trouve parfaits pour le portrait, où la douceur, la retenue de l’appareil font merveille devant le sujet. Du coup, j’ai fini par m’offrir aussi un DP3 Merrill, même principe mais focale un peu plus longue. Aussi limité et parfois énervant que le DP2, mais aussi magique également. Du coup, les images réussies sont presque comme des cadeaux, à la fois c’est formidable et on redevient humble et aimant devant la réalité !

 

 

     
    Dernière modification : octobre 2018 

 

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