Rotule Arca Swiss
Monoball P0+ Hybrid :
Prise en main
par Henri Peyre
Description
La P0 Monoballfix, la rotule la plus légère d'Arca-Swiss,
pèse 360g et se fait complètement oublier lors de la marche sur le
terrain. En commençant la prise en main de sa sœur, la P0+ Hybrid,
je dois dire que je pensais que cette nouvelle rotule, dotée de
2 mouvements supplémentaires micrométriques en bascule, était une
rotule destinée, autant par son poids (590g) que par la précision
nouvelle qu'elle apporte, plutôt à l'atelier qu'aux longues marches dans
la nature.
à gauche ma P0 (ancienne, pas une "plus", dépourvue des graduations de rotations du mouvement
panoramique qui existent aujourd'hui sur la P0+), à droite la P0+Hybrid,
nettement plus haute.
Les deux mécanismes micrométriques en berceau (en grisé) ont été ajoutés
à une P0+. La prise en main m'amène aujourd'hui à une
opinion plus nuancée. Cette rotule peut aussi être emmenée sur le
terrain ; elle invite à une prise de vue moins rapide mais plus précise
que la P0+. L'effet des mouvements en berceau permet de
peaufiner les cadrages à l'extrême sur les bords de cadre sans perdre
pour autant le centrage du sujet dans le viseur. Une rotule qui invite à
une prise de vue gourmande et qui apporte au reflex une partie du
plaisir attentif de la chambre, celui qui consiste à pousser à bout la
science du sujet. La fixation de cette rotule est
possible sur n'importe quel pied du commerce. On dévisse éventuellement
la rotule déjà vissée sur le pied, pour découvrir la vis 3/8" de chez
Kodak :
La rotule est visée sans autre forme de procès sur cette base. Ca y est,
c'est monté :
La rotule mesure 12 cm de haut, contre 8,7 cm pour mon ancienne P0. La
base fait 5,5 cm de diamètre, rien de changé de ce côté. Rien de changé
non plus pour la dimension de la grande bague flottante à reliefs
verticaux, qui permet de libérer la rotation sur la boule, on est à peu
près à 6,4 cm de diamètre. Par contre, il y a une
nouveauté, par rapport à ma P0, juste au-dessus de la bague flottante
grise : c'est la petite mollette d'ajustement de serrage qui permet de
définir le degré maximal de relâchement du verrouillage obtenu par la
bague flottante. Sur ma P0, le dévissage de la bague flottante libérait
toute la pression... gare s'il y avait un matériel lourd sur la
rotule ! La
base de la P0+ Hybrid est une P0+, le + pour l'apparition de ce petit
mécanisme qui permet de garder, au gré de l'utilisateur, la bonne
proportion de freinage restant, une fois la bague flottante desserrée.
Le
réglage du relâchement maximal du frein de la base P0+
Ce petit réglage est une bonne chose ; il ouvre l'utilisation des P0+ à
des matériels plus lourds que les seuls reflex et bridges auxquels la P0
ancienne version était initialement destinée. Pour l'ajustement de ce
réglage, on se reportera au mode d'emploi de la P0+ Hybrid, qui vient
avec la rotule.(1) Si les dimensions
de la P0+ Hybrid sont agrandies en hauteur, elles le sont aussi en
largeur, assez nettement également, par les 2 mollettes noires des
mouvements micrométriques en berceau à 90° l'un de l'autre. Pas moins de
2,5 cm de débord pour l'une et l'autre, chacune de son côté.
Rien de critiquable, tout au contraire : si vous avez déjà randonné avec
un pied et une rotule, vous savez comme il est appréciable de pouvoir
manipuler une rotule en gardant ses gants quand il fait bien froid. Du
pur point de vue esthétique, la rotule n'apparaît plus ainsi aussi haute
qu'elle aurait pu apparaître si ces mollettes avaient été moins larges.
Elle reste plus haute que large, mais donne malgré tout une impression
de compacité ; le somptueux matériau d'enrobage de l'aluminium que les
utilisateurs de la marque apprécient tant renforce cette impression de
très grand luxe sobre et ramassé. C'est cher, mais c'est vraiment beau.
Une première manipulation des deux berceaux renforce cette première
impression flatteuse.
Il n'y a aucun jeu. Les mouvements micrométriques sont incroyablement
ajustés. La mécanique est vraiment parfaite. Une image
avec les deux mouvements en action donne une idée de la complexité du
mécanisme :
Ces rotules sont vraiment de très belles mécaniques. Mode opératoire
Un bon usage des capacités de cette rotule nécessite
quelques mouvements simples à l'abord du terrain.
Il faut bien comprendre que lorsque vous avez vissé la rotule sur le
trépied la première fois, la rotule n'est pas forcément dans la bonne
position par rapport à lui. Nous rappelons en effet que la bonne
position du trépied veut que sur le terrain deux pieds soient du côté de
l'utilisateur et un seul est tourné vers le sujet. Cela pour tout
simplement diminuer les chances de se prendre les pieds dans ceux du
trépied. La photographie ci-dessous représente une
P0+ Hybrid qui vient d'être vissée sur un trépied carbone de chez Gitzo.
Si l'opérateur a bien deux jambes du trépied tournées vers lui et une
tournée vers le sujet, la rotule ne s'est pas bloquée sur le pas de vis
à une position favorable aux réglages que proposent les mouvements
micrométriques. L'échancrure qui permet le passage à la
position portrait n'est pas non plus placée sur le côté droit où elle
devrait être. Pour mettre la rotule en position de
travail il faut desserrer la mollette grise et tourner la rotule jusqu'à
ce que l'échancrure de passage en portrait soit positionnée à droite de
la rotule.
Nous arrivons ici par ce geste simple, qui nous permet de contrôler le
niveau au passage, à la bonne position de départ :
Dans cette position nous pouvons travailler.
Evidemment, si vous êtes droitier ou gaucher ou en fonction de votre
goût, ou si vous préférez même attraper le réglage de bascule vers le
haut / vers le bas du côté sujet, vous pouvez parfaitement régler votre
rotule d'une façon symétrique, avec l'échancrure à gauche. A vous de
choisir. L'essentiel est de se fixer une des deux positions de base et
de la rejoindre dès que vous utilisez la rotule pour une prise de vue.
Nous sommes dans l'esprit de la prise de vue à la chambre, avec sa
remise à zéro méthodique sur le terrain.
Quelques images pour vous donner une idée de l'importance des réglages
que vous permettent les réglages micrométriques autobloquants.
Ici un D800E dans une des deux positions de départ, l'inverse de la
précédente :
Réglage vers le haut maximum (un point blanc passe devant une échelle
graduée au pied du berceau). Il est complètement à droite de l'échelle
:
Réglage vers le bas au maximum, toujours en utilisant le bouton avant :
Ces 2 réglages obéissent dans ce cas à la mollette à l'avant de la
rotule, côté sujet, celle qu'on voit à droite de la rotule sur l'image
ci-dessus. L'intérêt de la bascule en berceau est que
le centre du sujet reste au centre de l'image... vous n'imaginez pas à
quel point cela peut être confortable de basculer ainsi sans perdre le
sujet de vue... Réglage maximum en bascule gauche
droite, à présent, à partir de la même position de départ. On bascule
ici à fond à gauche :
Et à droite à présent, toujours par ces extraordinaires bascules en
berceau qui permettent de garder le cœur du sujet en ligne de mire :
A l'utilisation, ces deux mouvements en berceau sont d'un confort absolu
lorsqu'il est question de peaufiner le cadrage, en particulier par
exemple en architecture, mais plus largement lorsque le sujet présente
des verticales dont il faut bien gérer l'apparence en bord de champ ou
lorsque l'horizontalité doit être scrupuleusement respectée.
Après la petite attention à porter à la position de départ tout va
beaucoup plus vite et c'est vraiment un plaisir de contrôler le cadrage
photographique avec ce confort. Qui n'a jamais goûté aux réglages par
berceaux ne connaît pas ce qu'il perd. Nous venons de
montrer un usage rationnel et lent de la rotule en situation, mais
n'oublions pas aussi son usage intuitif découlant du fait qu'elle est
aussi une P0+, donc une rotule rapide. Cela va sans dire, mais c'est
mieux de le dire quand même :
- On peut desserrer la mollette grise, viser très rapidement le sujet en
un instant en se fichant de la bulle. Serrer la mollette grise. Prendre
la vue de suite.
- On peut aussi desserrer la mollette grise, poursuivre le sujet, serrer
la mollette quand on tient le sujet. Et terminer en peaufinant très
rapidement avec les 2 mollettes micrométriques. La P0+
Hybrid peut ainsi s'adapter au tempérament de son utilisateur.
Limites de la rotule
Chaque rotule présente des limites. La P0+ Hybrid ne
fait pas exception à la règle. La première de ces
limites tient à la hauteur du corps situé au-dessus de la boule sur
laquelle la rotation s'effectue lorsqu'on passe de paysage en
portrait.
Avec une Z1+, où la boule est en haut de rotule, il n'y a pas un gros
déport du point de vue lorsqu'on passe de paysage en portrait. Il est
plus important sur une P0+. Avec une P0+ Hybrid, il est forcément encore
plus important puisque l'appareil photographique est situé encore plus
haut sur une rotule plus haute.
Mesuré rapidement, le déport constaté est de 7,3 cm dû à la rotule auquel
s'ajoute le déport dû à l'appareil lui-même. Exemple avec une
illustration pour le D800E :
Le déport total du point de vue est de 11,5 cm vers la gauche et 11,5 cm
vers le bas. Ce n'est rien lorsqu'on fait du paysage, mais si on fait de
l'architecture, avec des objets assez proches, cela peut devenir
sensible. En photographie d'objet, c'est même rédhibitoire.
Il faut également souligner qu'un autre effet fâcheux se produit lors du
passage de paysage en portrait. Le photographe, habitué à corriger le
haut-bas avec la mollette avant (dans notre position de départ) et la
bascule gauche-droite, l'horizon, avec la mollette de côté, voit, dès
l'appareil passé en position portrait, ces mouvements se transformer :
la mollette de l'avant contrôle maintenant un mouvement gauche-droite
sur le sujet, tandis que l'autre mollette contrôle l'horizontalité. De
quoi y perdre son latin n'est-ce pas ? La façon de
remédier à ces deux effets fâcheux est simple : il suffit d'utiliser la
solution offerte par la plaque en L Monoballfix 2 bases (2)
placée sous l'appareil :
L'appareil passe alors, grâce aux deux bases, très rapidement de la
position portrait à la position paysage.
On passe ainsi de paysage en portrait sans changer en rien la position
de la rotule. Les mouvements restent de ce fait totalement inchangés.
Le montant en L est ainsi le complément indispensable à toute P0+ Hybrid
: il conserve identique la fonction des mollettes et le point de vue
lors du passage de paysage en portrait. Evidemment le montant en L
renchérit d'autant le coup d'acquisition de la P0+ Hybrid (3).
Mais une fois ce complément acheté, quel bonheur ! Le
montant en L n'ajoute que 210 g dans la balance finale et ne coupe pas
la P0+ Hybrid du terrain. Pour ceux qui trouveraient que ce complément
de poids n'est pas acceptable lors des promenades en nature, je rappelle
qu'il ne s'impose qu'en studio ou en architecture où les sujets sont
naturellement rapprochés. Avec la conception "meccano" du système Arca-Swiss,
il faut peut-être 4 secondes pour se débarrasser du montant en L et
partir dans la campagne l'appareil solidement attaché directement à la
rotule. Petits plus
La P0+ Hybrid Monoballfix est un très bel objet, très
technique, qui peut nécessiter, comme on l'a vu, la mise en place d'une
position de départ en début de prise de vue, cette position qui fait
ressembler dès lors la prise de vue au cérémonial de la prise de vue à
la chambre. Dans le cas des chambres, la présence de points zéro sur les
mouvements est un motif de discussion à l'infini. Il y a des chambres
qui n'en offrent pas ; il y en a qui en offrent de trop durs, dont on
peine à dégager le mouvement ; il y en a d'autres encore, qui sont
flasques comme des peaux de ventre. Sur la P0+ Hybrid il y a un point
zéro pour le mouvement panoramique et un point zéro pour chaque
mouvement micrométrique. Les 3 points zéro sont d'une onctuosité
parfaite. C'est un régal. Quel appareil monter
sur une P0+ Hybrid Monoballfix ?
La P0+ Hybrid sera parfaite avec tout reflex
professionnel, tout appareil moyen format, comme illustré avec le D800 E
dans cet article, ou toute chambre folding.
Nous la conseillons moins avec des appareils très légers ou amateur : si
le poids de l'appareil est très faible, nous pensons qu'il est plus
logique d'aller dans le sens de l'hyperportabilité et de choisir une P0+
simple. Vous aurez alors un système très léger qui vous permettra de
vous déplacer beaucoup.
La P0+ Hybrid est un accessoire de travail sophistiqué
pour quelqu'un qui se promène moins qu'il ne cherche à obtenir des
photographies de haut niveau parfaitement contrôlées. Dans ce cas, le
photographe possède un appareil ou des objectifs déjà un peu lourds et
le supplément de poids est tout à fait négociable par rapport à
l'intention de qualité photographique. Associée à un
montant en L avec un gros reflex, ou directement sans montant en L sous
une chambre à dos amovible, la rotule P0+ Hybrid Monoballfix est un
investissement qui permet non seulement une meilleure photographie mais
donne également à son utilisateur un agrément d'utilisation qui peut
rappeler le confort des grosses berlines automobiles. Un luxe efficace
et utile. Notes
(1) Télécharger ici les feuilles
1,
2 et
3 de la notice de la P0+ Hybrid.
(2) Plaque rapide universelle
MonoballFix en L 2 bases ref 802308.5 : voir sur le magasin arca-swiss
ici.
(3) P0+ Hybrid Monoballfix ref 801227
sur le magasin arca-swiss
ici. A prévoir aussi la plaque pour l'appareil ; j'utilise sous mon
D800E pour cet article la plaque que j'y laisse toujours attachée, la
plaque Monoballfix 100 ref 802283 qu'on trouve sur le magasin arca-swiss
ici.L'intérêt de cette plaque est qu'elle permet, réglée pour
trouver la pupille d'entrée de mon objectif, de réaliser également très
rapidement de beaux panoramiques avec l'appareil en position portrait
sur la rotule. Tant qu'à avoir été obligé d'acheter une plaque rapide
universelle MonoballFix en L, autant s'en servir à fond.
Acheter du matériel Arca-Swiss :
Tout le catalogue est en ligne sur
le magasin Arca-Swiss en
www.arca-swiss-magasin.com
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