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l'auteur
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Raphaël Schott : Ma'Miss
Galerie-photo : Raphaël, quel est votre parcours personnel et comment en êtes-vous venu à la photographie ? J'ai eu un parcours
autodidacte.
Où et dans quelles circonstances ont été prises ces photographies ? J'ai débarqué à la finale varoise de
miss « maison de retraite » 2007 avec chambre, trépied et polaroïds
une demi-heure avant l’élection. Dans une pièce à côté de la salle
d'attente des miss, j'ai décroché les cadres et poussé le mobilier
pour libérer un pan de mur comme fond. L'éclairage était uniquement
du à des petits plafonniers néon encastrés.
Ces photographies ont été réalisées à la chambre 4x5. Quelles sont les contraintes que cela implique ? Contre les règles de bon sens, j'ai
utilisé l'objectif à pleine ouverture et en contre- bascule. Je
n'aime pas les conventions ! Je craignais que la pose longue ne
produise un masque trop figé chez les modèles.
Depuis combien de temps et pourquoi utilisez-vous la chambre photographique ? J'utilise la Linhof
depuis peu, je viens de l'acquérir et les clichés de cette série
«Ma'miss» sont en fait mes premières images à la chambre. C'est avec
du stress mais aussi la naïveté du novice que j'ai réalisé ce
travail en avril. Avec quoi travaillez-vous ? J'ai opté pour une Linhof super Technika V que j'ai complété récemment par une Master. Une folding s'imposait, j'ai la bougeotte et pas de studio. Pour les cailloux j'en ai plusieurs, les Ma'miss ont été prises avec un ANGULON 6,8 / 90 mm des années 60 et avec un symmar (pas S) 150mm / f 5,6. Dans mon trousseau j'ai aussi un Sinaron W 90mm / f4,5 et un Sinaron S 210mm / f5,6. Je crois que je suis prêt à les troquer contre l’objectif de l’île déserte, vous savez celui qui reste dans la chambre fermée. La pellicule...et bien c'est celle qui m'a empêché de passer directement au 8*10. J’ai adopté le polaroïd pn 55, pour ces marges et les défauts analogiques produits dans l'image par le procédé chimique, pour la richesse et les valeurs de gris et bien sur le coté extrêmement pratique du développement instantané. Je n'ai plus de laboratoire, passé entièrement en chambre blanche je scanne sur un imacon qui va jusqu'au 13*18 et j'imprime en piezography NB sur Hahnemuhle. Avec ces solutions je suis pleinement autonome en province.
Diriez-vous que vous êtes un photographe humaniste ? Hmm ! Est ce au photographe de se qualifier lui même ? Ce que je peux dire c'est que plus jeune enivré par l'image romantique que dégageait le métier de « correspondant de guerre », je suis partis en Bosnie-Herzégovine qui était en 1994 au cœur du conflit. Je voulais aller au front avec mon M6, mais pour faire les derniers 30 Kms jusqu'à la ligne d'affrontement il fallait beaucoup de pognon que je n’avais pas. J'étais loin de me douter que c'était un business. Tout prend une autre dimension dans un pays en guerre et le litre d'essence vaut de l'or, c'est logique finalement. Je me suis rabattu sur un village voisin ou se déroulait un pèlerinage de croyants, c'était plus positif comme sujet de toute façon. J'ai été arrêté par des miliciens, j'ai vécu un bombardement de nuit et trouvé les stigmates de combats à tous les coins de rue. La noirceur de l'humanité était omniprésente. J'ai donc décidé au bout de 6 jours de rentrer et de me consacrer dans l'avenir à relater uniquement les histoires humaines ou l'homme cherche à s'accomplir dans des projets positifs et constructifs. J'espère toujours placer l'homme au cœur du propos, dévoilant ses mœurs de manière bienveillante. Si l’on considère aussi que pour se qualifier d'humaniste il faut d'abord aller à la rencontre de l'autre qui ne saurait être un gibier et que tout est basé sur un échange dans une rencontre respectueuse voir complice et aller jusqu’à devenir un protagoniste de l'acte et non plus seulement un reporter furtif... Je conçois mes séances de portraits d'abord comme une rencontre et la photographie n'est là que pour entériner cette relation. Alors je suppose qu'il doit y avoir dans ma démarche au moins une part d’humanité... il est certain également que j'ai subi l'influence de quelques uns des photographes qui sont considérés comme des humanistes.
Vers quelle direction aimeriez-vous aller en photographie ? Le projet que je viens d'entamer à la chambre doit aboutir à une galerie de plusieurs dizaines de portraits probables et improbables, du simple quidam au chef d’état. Si j'ai quelquefois des pulsions de voyages, je regarde autour de chez moi et je vois que les possibilités de rencontres sont assez extraordinaires. Finalement je n'ai pas besoin d'exotisme. Ca fait longtemps que j'ai compris que l'herbe n'était pas forcement plus verte dans le prés d'à côté. Le formidable se cache au coin de la rue voire sur son propre palier. Je ne suis pas pressé dans mes projets mais j’ai aussi conscience que l'humain reste fragile face au temps qui s'égraine. Pour essayer de garder une trace et témoigner de ce que je vis je photographie continuellement.
dernière modification de cet article : 2007
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