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les auteurs
Paul Demare.
Né en 1972. Études à l’université Paris 8 (Maîtrise des Sciences et
Techniques "photo et multimédia" en 1997). Rédacteur et maquettiste pour
la revue universitaire Le Voyeur (1992-1996). Membre du comité de
rédaction de La Recherche photographique (1994-1996) et
publication d’articles sur la photographie (catalogues d’expositions).
Premières réalisations web à l’université Paris 8 en 1996. Assistant du
rédacteur en chef des revues Photographie Magazine et Caméra
International en 1995. Webdesigner au sein de plusieurs web agencies
parisiennes (1997-2000). Participation à la création de la WebTV
nouvo.com et direction artistique du site web (2000-2001). Directeur
artistique en web agency (2001-2004). Indépendant depuis, Paul Demare
vit et travail à Nantes. Il s’est spécialisé dans la création de sites
web culturels (artistes, galeries, éditeurs, labels musicaux, etc.)
Site-book :
http://paul.demare.free.fr
Gilles Raynaldy. Né en 1968. Études à l’université Paris 8. En
1995 il répond à sa première commande photographique (du fonds communal
de la ville de Marseille) sur "Grand Littoral" (un hypermarché en
travaux et ses alentours en mutation). Il s’intéresse à l’Urbain et plus
particulièrement aux zones périphériques, qu’il photographie dans un
style documentaire qui évolue au fil des travaux. Il explore les
banlieues de Montréal en 1999 lors d’une résidence à quartier éphémère,
celles de Budapest l’année suivante. Il obtient l’aide à la création de
la DRAC île de France en 2001 pour photographier les banlieues nord de
Paris, un projet qui est toujours en cours. Ses commandes récentes
portent sur le Val Maubuée à Marne la Vallée, et sur le futur site des
nouvelles Archives de France et ses alentours à Stains, Pierreffite et
Saint Denis. Ses principales expositions sont : Quartier Ephémère
(Montréal), "work in progress" en 1999, Institut Français de Budapest
en 2002, les Archives Nationales (Paris) en 2005. Gilles Raynaldy vit et
travail à Paris, où il collabore avec la presse (NovaMag, Le
Monde, Libération) et travaille de tant à autre pour la
communication et la publicité. Website
http://www.gillesraynaldy.com
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Purpose : nouvelle revue de photo en ligne
www.purpose.fr
le sommaire de Purpose © Vincent Debanne
Galerie-photo : Paul Demare et Gilles Raynaldy, qui êtes-vous ?
Paul Demare : J’ai rencontré Gilles à l’université Paris 8,
au début des années 90, ou nous suivions les cours du département
"photographie et multimédia". Nous nous sommes un peu perdus de vue
une fois les diplômes obtenus. J’ai pris une orientation plutôt
multimédia : j’ai bossé de 1997 à 2004 dans des web agencies, en
tant que webdesigner puis directeur artistique. Je n’ai jamais cessé
de m’intéresser à l’art en général et à la photo en particulier,
dont je connais bien l’histoire. Quand nous avons repris contact, il
y a quelque temps, nous nous sommes rendu compte que nous partagions
pas mal de points de vue sur la photo, sur l’état du marché de
l’édition et nous avons eu envie de faire - modestement - quelque
chose pour palier aux difficultés que l’on peut rencontrer lorsque
l’on veut montrer ses images.
Gilles Raynaldy : Nous nous sommes rencontrés à Paris 8, en
photographie. Paul participait activement au Voyeur, une
revue papier autour de la photographie animée par André Rouillé. Je
faisais de la photographie en voyage, et n’étais pas souvent là. Je
suis photographe professionnel, c’est-à-dire que j’en vis. Je
travaille une photographie de style documentaire, tourné
principalement sur le paysage urbain, les limites de nos villes qui
reculent sans cesse, les territoires en mutations. Il y a un an, à
Nantes, durant une semaine de brainstorming intensif et joyeux, nous
avons imaginé Purpose, une revue à propos de "toutes les
photographies", édité sur le web, gratuite, qui s’adresserait à la
fois aux gens d’images et aux autres.
Vous lancez un magazine internet, Purpose. Pourquoi ?
Gilles Raynaldy : Nous sommes partis d’un constat. En France,
et dans le monde à notre connaissance, il n’y a pas de revues sur la
photographie qui la montrerait dans l’étendue de ses pratiques. Il y
a bien des revues sur le reportage, la beauté, le nu, le sexe, la
publicité, la photographie de voiture, les techniques, la
photographie animalière, des revues d’art qui présentent la
photographie faite par les artistes, celle qui s’expose "au musée"
et dans les galeries, mais aucune qui croiserait les genres et les
usages. Nous avons pensé qu’il serait enrichissant que ces
différentes photographies se rencontrent, dialoguent, se
contredisent même. Nous avons tous à apprendre des autres. Les
professionnels, amateurs, artistes, auteurs doivent pouvoir se
rencontrer sur Purpose, si leurs travaux répondent à une
exigence, à une nécessité. S’enfermer dans son milieu, ou sa
chapelle, est une attitude suicidaire.
Paul Demare : Pour ce qui concerne la photo, les (bons)
livres sont rares et chers, les revues sont presque toutes
consacrées à la technique. À part le reportage ou l’image
publicitaire, la photographie dans sa diversité est peu visible.
Seules les stars — et surtout celles du passé — ont droit de citer
dans les médias et les librairies. Il nous a paru opportun
d’utiliser ce support souple, relativement populaire et facile
d’accès qu’est le Web, pour tenter de montrer la photographie
contemporaine, en tout cas celle que nous aimons et que nous voulons
défendre. Nous n’avons pas les moyens d’imprimer des objets luxueux,
qui ne seraient de toute façon achetés que par la clientèle des
supérettes de l’art contemporain. Nous voulons essayer de toucher un
public plus large. Certains jugeront cette démarche quelque peu
idéaliste, mais je la revendique. Les idéaux, l’utopie, c’est ce qui
fait avancer.
page Infos ©
Paul Demare
Quand on découvre votre premier numéro, on est frappé de
ce que Purpose imite une revue papier (jusqu'à avoir une couverture
et des plis de page) alors même qu'on est habitué à ce que
l'esthétique des présentations papier imite maintenant les
présentations des sites internet... pourquoi ce choix ?
Paul Demare : L’idée n’était pas tant d’imiter le papier que
d’emprunter des codes culturels bien établis, afin de créer un cadre
solide mais discret, pour une lecture agréable des images. Le pli,
par exemple, est un moyen simple de marquer la double page et donc
de pouvoir mettre en page les images. Souvent sur le web, les photos
sont perdues dans l’interface, elles ne sont pas mises en valeur.
Les médias électroniques sont jeunes et peuvent profiter des siècles
d’expérience de l’édition imprimée. L’autre idée importante qui nous
a guidé dans la création de l’interface de Purpose c’était la
volonté de contraindre le visiteur à prendre son temps. Le web est
un média qui se zappe beaucoup, or nous souhaitons encourager les
gens à ne pas céder à ce genre de réflexe. Le mode de consultation
des séries d’images sur Purpose impose un sens de lecture :
c’est un parcours que nous proposons. Je ne suis pas partisan de
l’interactivité à tout prix.
Gilles Raynaldy : C’est aussi parce que nous envisageons des
allers-retours entre l’écran et le papier. Nous projetons de sortir
des numéros spéciaux sur papier, mais aussi des livres de
photographie tirés à peu d’exemplaires (microédition) ou plus
largement. Il n’y a aucune raison de se couper du livre et de la
revue traditionnels. L’édition sur le web possède l’avantage d’être
peu chère, d’être ouverte aux sons, aux vidéos, et d’être reçus
rapidement par beaucoup de lecteurs. Mais l’édition peut être
envisagée aujourd’hui en se servant à la fois du support numérique
et du papier. Forme numérique et forme papier doivent pouvoir se
répondre, afin de créer de nouvelles formes.
une page intérieure de Purpose
© Gilles
Raynaldi
Le premier numéro de Purpose peut sembler être dans la filiation
de Philip-Lorca diCorcia, Jeff Wall ou Sternfeld : le souci
documentaire dispute à de belles images très léchées l'intention de
la photographie chez Vincent Debanne, Anton Zatzepine ou Gilles
Raynaldy. On a pourtant avec Cécile Genest ou Céline Clanet un
questionnement très différent, qui relève de l'intime. Vous
présentez donc des thématiques très différentes dans le même numéro.
Exprès ?
Gilles Raynaldy :
Notre
point de départ est que le travail photographique donne à voir,
sentir, comprendre notre monde, un monde où l’intimité par exemple
s’alimente sans cesse des dehors, où le lointain se superpose au
proche, un monde hybride, télescopique. Ce
serait contradictoire de ne montrer dans cette revue qu’un genre
particulier, de nier l’évidente complexité de ce qu’il se passe en
photographie en simplifiant par des thématiques trop rigides. Ainsi,
nous avons pensé Purpose comme un télescopage entre
les différents genres, pratiques et usages de la photographie. Les
prochains numéros présenteront des travaux d’auteurs et d’artistes,
des photographies purement documentaires, des albums de familles, de
la photographie ancienne, des photographies de vie intimes qu’on
peut voir sur les blog par exemple. Nous voulons explorer ces
différents champs de la photographie, les croiser, afin de les
relativiser et faire ����������������������������������������������������������������������������merger du sens de ses rencontres. Les
chapelles et les écoles qui divisent la photographie « artistique »
se rencontreront sur Purpose et croiseront même des images
utiles, documentaires, publicitaires, scientifiques ou autres. Le
rôle de Purpose est d’interroger le photographique dans sa
diversité. La photographie aujourd’hui est pratiquée par beaucoup de
personnes et pour diverses raisons. Nous montrerons les travaux qui
nous semblent réussis dans cet univers multiforme.
Paul Demare : Vous posez la question de la ligne éditoriale
de Purpose. Je serais tenté de dire qu’il n’y en a pas mais
ce n’est pas tout à fait vrai. Ce que l’on trouve dans Purpose,
ce sont nos choix et donc nos goûts, pas seulement esthétiques mais
aussi politiques. Les images que nous publions portent en elles les
discours que nous soutenons. Et à l’avenir, nous nous efforcerons de
persévérer dans l’éclectisme, parce que cela correspond tout
simplement à nos personnalités. Je me méfie énormément de la notion
de thématique qui me paraît très fermée. Je préfère les concepts
plus flous. La préparation du premier numéro de Purpose s’est
faite de façon relativement informelle : nous échangeons, Gilles et
moi, des mots, des notions — une sorte de ping-pong conceptuel — et
les images viennent soutenir et illustrer cet échange. Ainsi
s’élabore aujourd’hui un numéro de Purpose. Peut-être cela
évoluera-t-il à l’avenir, parce que nous évoluons nous-mêmes…
Pas du tout de photographie en noir et blanc ?
Paul Demare : Là n’est pas la question ! Couleur, noir et
blanc… c’est de la technique, et moi, la technique, ça ne
m’intéresse pas. La technique doit être maîtrisée et être employée à
propos, c’est tout. À mes yeux, ce qui est important c’est le
photographique, qui est une posture que je reconnais dans les
images, les créations, qu’elles utilisent ou non les techniques de
la photographie. Je ne pense pas qu’il y ait une spécificité ni une
essence de la photographie. Il me semble que le photographique
relève d’un rapport complexe avec la réalité, entre les choses et
les idées, l’individu et le monde. Depuis un siècle et demi, la
photographie nous a permis de développer notre aptitude à nous
confronter au monde (le monde entier, visible et invisible). Peu
importe les moyens, ce qui compte c’est la posture, et toujours, le
propos sous-jacent. C’est ce que je veux montrer dans Purpose.
Gilles
Raynaldy :
Pas cette fois ci, mais nous n’avons rien contre évidemment. Il n’y
a pas de progrès en photographie. La gomme bichromatée, bien que peu
utilisée, peut être réexplorée aujourd’hui et dialoguer dans
Purpose avec un travail fait au numérique. Beaucoup de
photographes utilisent la couleur et le noir et blanc dans les mêmes
travaux.
page de titre de dossier © Céline Clanet
Voir le site de purpose :
www.purpose.fr
Dernière mise à jour : mars 2006
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