Le Printemps de Septembre à Toulouse
l’édition 2006
Par Pierre Movila
Avec l’automne revient
le Printemps. Pour la cinquième année, Toulouse accueille son festival
du visuel dans tous ses états,
du 22 septembre au 15 octobre 2006.
L’affiche du Printemps de Toulouse, édition 2006
Sous la direction
artistique de Jean-Marc Bustamante pour la troisième et dernière
fois, la tendance de la programmation déjà amorcée depuis plusieurs
années se confirme : il s’agit de plus en plus d’un festival d’art
contemporain au sens large, dépassant largement le cadre strict d’un
festival de la photo, ou même de l’image. Mais même si les
installations, performances, sculptures, vidéos se sont progressivement
faites la part belle dans les lieux d’exposition, il y a toujours une
place réservée à la photographie dans le Printemps. Et pour un
photographe curieux de son époque, matière à voir des choses nouvelles
pour renouveler son inspiration plasticienne !
Il s’agit
incontestablement d’un festival de rang international, ce qui se
confirme par la présence toujours plus importante de spectateurs et de
médias étrangers.
Je vous propose un petit
tour en images du Printemps 2006 réalisé lors de la soirée
d’inauguration. Pour plus de détails sur le festival, consultez le site
officiel :
www.printempsdeseptembre.com .
Rappelons-le car cela
devient rare : le Printemps de Septembre est un festival entièrement
gratuit, ouvert chaque jour et jusque tard dans la nuit les week-ends.
L’entrée du Musée d’art contemporain des Abattoirs
Le musée des Abattoirs
Le Printemps de Toulouse
investit chaque année le centre ville, avec des expositions dans les
lieux les plus prestigieux comme le Cloitre des Jacobins, le centre du
Bazacle, la maison éclusière, l’Hôtel Dieu, et bien-sûr la célèbre
galerie photographique du Château d’Eau et le Musée des Abattoirs. Le
spectacle ne se limite pas aux espaces traditionnels d’exposition
puisqu’on peut assister à des performances musicales et vidéo en plein
air, et voir des œuvres « monumentales » projetées sur des bâtiments
célèbres comme le Pont Neuf ou les berges rempart de la Garonne.
Le centre de Toulouse mis en lumière pour le Printemps
(ici la façade de l’Hôtel Dieu)
Clou du spectacle en
plein air cette année : l’emballage du Pont Neuf transformé en structure
tubulaire par un astucieux trompe l’œil en bâches imprimées. Egalement
très remarqué, la projection aux dimensions paysagères d’un défilé animé
en silhouette de rats blancs le long des murs des quais de la Garonne.
Le Pont-Neuf transformé en structure tubulaire par Peter Kogler
Performance de musiques électronique dans les Jardins Raymond VI
Vidéoprojections géantes et mixages audios
Les quais de la Garonne
Comme les dernières
années, une grande partie des expositions est installée dans le vaste
Musée des Abattoirs qui y dédie tout son rez-de-chaussée et le sous-sol.
L’œuvre la plus remarquée par ses dimensions est la sculpture mobile
d'Anish Kapoor, énorme masse de cire rouge pétrie par un bloc décrivant
un mouvement circulaire lent.
La sculpture animée monumentale de l'artiste indien
Anish Kapoor aux Abattoirs
La masse de cire rouge modelée
par un monolithe en mouvement
Vidéo A Morir de l’artiste Miguel Angel Rios, aux Abattoirs
Une des salles de projection « vidéo-art »
Les vidéos et
projections de films ont une part belle dans le festival et bénéficient
de vastes espaces de présentation, notamment à l’Hôtel-Dieu où sont
projetées près d’une dizaine de séquences sur de grands écrans
panoramiques dans la Salle des Colonnes.
Mannequin et spectateurs (Andro Wekua)
Peinture de Dana Schutz
Projections des films des films de Julian Rosefeldt
dans la Salle des Colonnes de l’Hôtel-Dieu
Birdwatching , sculpture vivante de l’artiste Alex Hanimann
Les Graffitis de Lawrence Weiner
La forêt de banderilles de Joe Scanlan (Fake Nonsites)
Les sculptures de Olivier Blanckart,
réfugiées dans la Galerie du Château d’Eau
Un étrange papier peint qui donne envie de marcher dessus
Mobilier d’artiste constitué de toiles de peintre
Mise en scène de Gert Verhoevendans
dans la Chapelle de l’Hôtel-Dieu (fountain)
Œuvre sonore à coté des images végétales de
Rodney Graham (Stanley Park Cedar)
Et la photographie dans tout ça ?
Eh bien, elle n’est pas
en reste et se joue soit en minimalisme, soit en gigantisme. Version
mini, on peut voir une série étonnante de Mel Ramsden/Michael Baldwin,
photos annotées dans des cadres alignés serrés, formant un
ensemble qui est une œuvre en soi. Version maxi, les tirages brillants
et sombres (presque un hommage à Pierre Soulages) de Markus Schinwald,
et les caissons lumineux monumentaux de Rodney Graham. Du grand format
et de la haute résolution qui confèrent au tour de force technique.
Les magnifiques tirages « laqués » et obscurs
de Markus Schinwald
Série photo mini mais très longue des artistes
Mel Ramsden et Michael Baldwin
En caisson lumineux et en diptyque,
l’œuvre équestre et photographique de Rodney Graham
Cette année encore, le
Printemps aura réussi à nous surprendre. Certains crieront au scandale
devant quelques œuvres, mais c'est certainement le signe qu'elles ne
sont jamais innocentes (les œuvres). Sans doute faut-il considérer avant
tout la dimension ludique de ces expositions, et c'est là peut être une
des principales réussites du Printemps : proposer à tous de se
confronter à la création contemporaine la plus avant-gardiste sans pour
autant sur-intellectualiser les messages et en laissant une grande
liberté au spectateur. On s'amuse bien au Printemps, et c'est là
l'essentiel.
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