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l'auteur
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Pierre Filliquet : AutopsiesInterview de Pierre Filliquet à propos
du livre
Autopsies
Pierre, pouvez-vous nous donner le contexte de réalisation de ces images ? Ces images ont été prises dans les anciennes salles d'autopsie du département d'anatomie pathologique de la faculté de médecine de Strasbourg. Je les ai photographiées pendant une année : avant, pendant et après leur transformation en nouvelles salles de cours. L'histoire de ces salles est riche et complexe : elles sont à la fois les témoins de la transformation des outils de la médecine mais ont été aussi les témoins de crimes de guerre. Le livre est né de la rencontre avec le professeur Christian Bonah qui est médecin et historien. Nous avons mené une réflexion sur ce que ce que ces lieux signifient et sur la manière de les représenter.
Il y a plusieurs textes d'auteurs (cela représente le tiers du livre) après vos photographies. Ils sont tous placés après les images. Sont-ils là pour mettre en valeur les interprétations possibles de vos photographies en invitant à en creuser le sens ? Quelle est la fonction de cette présentation finalement assez originale ? Les deux parties, images et textes sont à la fois autonomes et complémentaires. Bien sûr il y a les photographies qui se suffisent à elles-mêmes je l'espère, mais j'avais vraiment le désir de montrer ce qui existe tout autour des images. Par soucis de précision (le sujet ne souffre pas l'approximation historique) mais aussi pour briser les cloisonnements confortables et stériles. Pour moi le livre est un objet de connaissance et cette connaissance est multiple : artistique, historique, scientifique, philosophique .... C'est une chance qu'on laisse passer dans les livres de photographies qui se contentent d'un seul texte critique plus ou moins inspiré. Ce formalisme m'ennuie et je le trouve souvent moralement louche. En effet je ne crois pas qu'on laisse toujours un maximum d'interprétations possible en se taisant face aux images. C'est parfois en multipliant les pistes que l'on ouvre la réflexion et surtout que l'on peut définir une position face à ce qu'elles représentent. Cela ne veut pas dire qu'au final on se trouve dans une situation plus confortable, bien au contraire ... et au moins on avance un peu. Et puis c'est tellement plus amusant de travailler avec des gens d'horizons différents ! Tous les auteurs ont permis je l'espère à cet objet d'être un espace de rencontre, de construire des relations assez audacieuses et riches de sens.
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Images extraites du livre
Autopsies
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Pour résumer, au fur et à mesure du
travail avec le professeur Bonah et des autres collaborations il
s'est dégagé plusieurs thèmes :
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C'est un livre sur la transformation des choses (la façon dont ces salles d'autopsie sont devenues des salles de cours), un livre sur la violence faite aux corps, ou une méditation sur la mémoire ? Comme les premières images reflètent presque 150 ans d'histoire des salles et qu'elles sont présentés chronologiquement jusqu'à leur état actuel, la mémoire est le fil conducteur. Mais les salles d'autopsie et celles-ci encore plus que d'autres sont surtout des espaces constamment traversés par la violence. Celle faite au corps mais aussi celle faite aux esprits car les pouvoirs s'affirment ici de manière extrêmement forte. J'ai voulu montrer que les salles de cours d'aujourd'hui avec leurs tables et chaises d'écoliers dégagent une impression tout aussi brutale que lorsqu'elle contenaient des tables de dissection.
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Pourquoi le choix de la chambre grand format ? Ces images existent sous deux formes : dans le livre et dans une série plus réduite de tirages originaux. La principale raison de mon choix rejoint ce que j'ai dit à propos de la forme-livre de ces images : elle existent dans le livre en assez grand nombre (environ 80), accompagnée de textes.... cette forme me satisfait pleinement mais je veux avoir la même satisfaction avec les tirages présentés seuls. Cette satisfaction là, c'est à dire celle d'une expression accomplie, il n'y a que le grand format pour me l'offrir. Ce qui m'intéresse dans ce travail photographique c'est la présence des lieux : ce qui s'exprime dans les tirages originaux ce n'est pas une analyse ou un concept, c'est une perception. Le grand format est celui qui est au plus proche de la sensation : celle des volumes, des détails, des nuances .... La série de tirages originaux est donc principalement réalisée à partir de négatifs 4X5 et 8X10.
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Avec quel matériel le travail photographique a-t-il été réalisé ? L'avantage du grand format est que tout le matériel est modulable : un même objectif peut servir pour différents formats de films. Selon les moyens disponibles, le temps .... j'ai utilisé plusieurs formats et matériels : Formats : 6X6, 6X9, 4X5 et 8X10. posemètre sekonik L508 Toutes les images ont été réalisées exclusivement en lumière naturelle et en négatif couleur. (Kodak portra 160 cn et fuji 160 ns).
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dernière modification de cet article : 2009
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