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l'auteur
Avertissement au sujet des illustrations : la gélatine employée par Philippe Berger est un corps solide et
transparent dans lequel l'image est prisonnière. Sur les illustrations
de l'article, ces gélatines ont été posées sur un simple papier blanc. (galerie-photo)
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Curiosité : les gélatines de Philippe Berger
Galerie-Photo : Philippe Berger, on a envie de vous dire : "qu'est-ce
que c'est que ça ?"
C'est de la peau de Polaroid dans de la gélatine. La gélatine est solidifiée et très solide, ce n'est pas un objet fragile,
c'est une feuille de gélatine de 20x20 cm qui n'est pas plane mais
ondulée par la force de traction interne et l'image Polaroid n'est pas
sur mais dans cette peau de gélatine. Il n'a aucun contenant plastique
ou autre. On a une feuille de gélatine, une peau de gélatine sans
support, rigide mais pas plane, transparente, avec une image polaroid
transparente à l'intérieur. Il n'y a aucun support qui donne forme à la gélatine si ce n'est sa
consistance propre. Vous constaterez que la peau de gélatine n'est pas
plane mais prend une certaine ondulation (légère) dans l'espace et elle
tient par sa seule rigidité.
Comment faites-vous cela ?
En fait, j'utilise un film diapositive noir et blanc 24x36 mm Agfa
Scala 200 à sa valeur nominale. Ce film me donne du détail et une
netteté surprenante pour le 24x36 mm. Avec mon agrandisseur, j'expose
cette diapositive noir et blanc sur un film polaroid polacolor 59
J'obtiens une image sépia d'une très grande netteté au format 4x5
inches. J' enlève la pellicule polaroid dans un bain d'eau très chaude
selon la technique propre du film polaroid. C'est ici que je quitte le
monde connu de polaroid. Ma pellicule polaroid, je ne la dépose pas sur
une feuille de papier mais sur un lit de gélatine selon une technique
que j'ai mis personnellement au point et qui est directement issue du
procédé au charbon double transfert.
Est-ce que cela tient dans le temps ?
Oui. La gélatine ne jaunit pas avec le temps. De plus, elle est tannée
avec une solution de formaldéhyde (comme les momies égyptiennes) qui la
conservera un peu comme les momies des pharaons ou les animaux
empaillés. Dans les anciennes photographies qui jaunissent avec le
temps, ce n'est pas la gélatine qui jaunit mais le papier, ce qui
pourrait expliquer que je n'en utilise pas, et la dégradation de
l'argent s'ils n'est pas transformé en sels aurique. La conservation des
colorants Polaroid est propre à la technologie polaroid, c'est pourquoi
je préfère en général un charbon comme image (peau de charbon) car le
charbon encore à l'heure actuelle le procédé photographique le plus
stable dans le temps étant donné qu'il utilise des pigments purs très
stable à la lumière.
Finalement l'image s'imprègne de son lit de gélatine transparente, se
gorge de la transparence de la lumière, obligeant le spectateur à
cherche son angle de visibilité. L'image refuse la planéité et
laisse la gélatine sculpter l'espace, Elle offre à la pellicule Polaroid
la possibilité de choisir son mouvement propre. Chaque image a ainsi son
propre espace... On pourrait appeler cette technique "Peau de Polaroid"
.
Philippe Berger, au fond, est-ce que tout cela est encore de la
photographie ?
Je n'utilise pas le support papier. C'est un refus, mais non
systématique. Le métal, le verre, le plexiglas et l'absence de support
permettent de créer un autre monde, celui que l'on n'imagine pas pour la
photographie. Pourtant, ce monde existe et j'aime créer l'ambiguïté pour
le spectateur qui va se demander : "Ceci est-il de la photographie ?" Cela n'est pas que de la photographie, mais cela vient de la photographie.
Egalement je veux faire une autre image, quitter la représentation du
beau pour la représentativité de l'interprétation du beau. Comme dans
les techniques alternatives, ce n'est plus obligatoire d'avoir envie de
la perfection. Il faut accepter la différence, les défauts, la
personnalité du hasard et la marque de la technique, qui participent
aussi à l'image. C'est l'empreinte de la matière, la richesse de la
lumière et l'ombre de l'ombre qui s'imprime dans les pas du hasard Le
hasard participe à l'œuvre et lui donne une personnalité unique, il
oblige le photographe à être lui-même une seule fois, il n'y aura pas de
copie possible.
dernière modification de cet article
: 2002
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