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Arnaud Frich

 

13, rue Saint Esprit
63000 Clermont-Ferrand
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Guide la photo panoramique
Guide de la gestion des couleurs
Auteur du Livre
la photographie panoramique
aux Editions Eyrolles
Formateur en
photographie panoramique
et en gestion des couleurs

 

Cet article vient en complément de l'article de présentation du Noblex 120 qu'a fait michel Guigue.

 

 

 

Noblex, le sculpteur de lumière

ou comment harmoniser ses images à la prise de vue

par Arnaud Frich

Par son principe de fonctionnement, le NOBLEX offre la possibilité fabuleuse d'harmoniser l'exposition des photos à la prise de vue. C'est ce que je vais décrire en détail dans cet article.
C'est cette méthode qui m'a permis de réaliser mes diapositives de nuit. Les films positifs étant réputés pour n'accepter qu'un faible écart de contraste, cela m'a permis d'obtenir de très belles photographies sans sur-exposition majeure. La nuit, en ville, les écarts de luminosités peuvent être en effet très importants. Tous ceux qui s'y sont essayés le savent !

1. Description et principes de base du NOBLEX

Le film est posé en arc de cercle

Le Noblex est un appareil photo dit "à tourelle" ou rotatif. Pour exposer la pellicule, l'objectif va balayer le champ photographié en projetant l'image à travers une fente étroite de largeur fixe sur le film posé en arc de cercle dans le fond de l'appareil photo.


Le balayage de l'objectif

C'est donc seulement la vitesse de passage de cette fente qui va donner le temps de pose. Les temps de pose du Noblex sont très variables selon les modèles car ils peuvent varier entre le 1000ème de sec et les 2 sec. Il faut encore noter que la tourelle des Noblex fait un tour complet à chaque photo ce qui n'est pas le cas de l'Horizon, par exemple. Ainsi, pendant le premier demi-tour, la tourelle porte-objectif acquiert sa vitesse de croisière après avoir subit une accélération au démarrage. Comme cette accélération est préjudiciable à la régularité de l'exposition du film, ce premier demi-tour se fait fente fermée. Quand la tourelle a acquis sa vitesse définitive dite "de croisière", le clapet de protection devant la fente se libère et l'exposition commence vraiment.
Sur la photo ci-dessous, le clapet de protection contre les lumières est absent puisque l'on voit l'objectif à travers.


Vue intérieure du Noblex 120. A une échelle réduite il en est de même dans le modèle 135

L'exposition

Pour être exposée, une pellicule a besoin de recevoir une certaine quantité de lumière qui dépend de sa sensibilité. Dans un appareil photo classique, ce temps est donné par un couple temps d'ouverture de l'obturateur / diaphragme devant la totalité de la surface du film. Dans le cas particulier des appareils à tourelle et donc du Noblex, ce temps de pose est donné par la vitesse de balayage de la fente devant la pellicule comme le montre le schéma ci-dessous. La largeur de le fente du Noblex 150 est de 3 mm et ne peut pas varier. C'est donc uniquement la vitesse de rotation de la tourelle qui va déterminer le temps de pose.


Coupe du NOBLEX vue du dessus

 

L'ensemble du film ne reçoit donc pas au même instant la quantité de lumière dont il a besoin pour être correctement exposé.

Ainsi, si l'on cache l'objectif par moment pendant la pose, seule cette partie du film ne recevra pas de lumière pendant CE tour. Si la pose nécessite un seul tour et que l'on a caché l'objectif à certains moments, certaines zones verticales seront donc noires sur le film. Maintenant, si la pose nécessite plusieurs tours pour que le film soit correctement exposé et que l'on cache le film à certains endroits, non plus pendant tous les tours mais seulement pendant un ou quelque tours, il s'en suivra une sous-exposition de cet endroit uniquement.

C'est avec ce principe que l'on va "jouer" pour sculpter la lumière.

2. La multi-exposition

Afin de maquiller, on aura recourt au mode multi-exposition des Noblex. Dans ce mode, il est possible de faire autant de photos que l'on veut sans, bien entendu, avancer le film. Mais et c'est beaucoup plus intéressant, on peut changer à loisir le temps de pose pendant la pose elle-même ou entre deux poses différentes. Ce point est tout particulièrement important.

Différents cas de figures peuvent se présenter :

- Soit le temps de pose est relativement court (au dessus de 2 sec) .
On peut alors choisir de ne faire qu'un seul tour avec le temps de pose utile mais limiter les possibilités de maquillage
ou d'utiliser la multi-exposition avec des sous multiples du temps de pose de base.

Exemple :
Ma cellule m'indique 1/15ème de sec à F 11,0. Pour que ma pellicule soit correctement exposée, je peux poser soit :

  • Une seule fois 1/15 sec. Si je maquille une zone elle ne recevra pas du tout de lumière. On verra donc des traits noirs verticaux dans ces zones

  • 2 fois 1/30ème de sec. Si je cache une partie de la pellicule pendant un tour, elle sera sous exposée de un diaphragme.

  • 4 fois 1/60ème de sec. Si je cache une partie de la pellicule pendant un tour, elle sera sous-exposée de 1/4 de diaphragme, sur deux tours, d' 1/2 diaphragme etc...
    Et comme l'appareil n'expose pas toute la pellicule en même temps il est même possible d'exposer telle partie complètement, telle autre à 1/2 diaphragme et encore telle autre à 1/4 de diaphragme.

- Soit le temps de pose est plus long que les deux secondes de pose maxi : il faut alors utiliser autant de fois que l'on a besoin ce temps de base.

Exemple : 4 fois 2 sec afin d'obtenir les huit secondes qu'indiquent la cellule mais aussi 3 fois 2 sec et deux fois 1sec... On peut vraiment faire ce que l'on veut !

Exemple sur une image :

Dans cet exemple, le temps de base était de 16 sec (8 fois 2 sec) pour la partie centrale, la plus sombre. J'ai donc caché l'objectif à différents endroits et sur plusieurs tours selon mes besoins :

  • Trois tours sur huit pour la zone 10 sec.

  • Deux tours sur huit pour la zone 12 sec.

  • Un seul tour sur huit pour la zone 14 sec.

Cette diapositive n'a subit aucune transformation sous Photoshop. C'est l'original tel que vous le verriez sur une table lumineuse.

Autre exemple, la nuit :

J'ai besoin de poser en général 45 sec à F 11.0 avec une pellicule de 100 ASA à Paris. Soit 23 tours de 2 sec en mode multiexposition. Si je cache une portion d'image pendant un tour, la correction en sous exposition apportée à cette zone sera infime et totalement invisible (1/20ème de diaphragme).

Si par contre, une partie est très brillante (souvent le cas en ville) et qu'elle n'a besoin que de trois ou quatre tours (6 ou 8 secondes) je vais la cacher pendant tous les autres pour ne pas la surexposer. On peut jouer à l'infini avec cette méthode pour apporter des touches de lumière où on en a besoin, comme un peintre le ferait...

Je vous assure que la nuit, je ne reste pas les bras croisés à attendre que les minutes passent. J'ai de quoi m'occuper avec le maquillage. Je trouve même cela passionnant. J'ai le sentiment de faire de la peinture impressionniste, si j'ose dire. Je vais décrire maintenant comment je procède.

Performances optiques et diaphragme

Pour obtenir de la profondeur de champ et la meilleure qualité optique, je ferme régulièrement mon diaphragme à F11,0 ou plus. Cela permet de garantir plus souvent des temps de pose longs de jour ou en fin de journée pour faciliter, encore une fois, les maquillages.

3. La mesure de la lumière

Le Noblex ne possède pas de cellule intégrée. Il existe tout de même une cellule spéciale, La Panolux, qui permet de travailler en tout automatique avec compensation de l'exposition gauche-droite pour tenir compte de l'orientation du soleil. Cela permet de sous exposer légèrement le côté au soleil et surexposer le côté à l'ombre. La vitesse de rotation change graduellement pendant la pose. Très utile et efficace en plein soleil mais inutile dans le cas présent. La correction d'harmonisation atteint deux diaphragmes d'écart entre les deux extrêmes de la photographie.

La Panolux étant totalement inutilisable la nuit, je me sers d'une cellule indépendante : le spotmètre de Minolta.

La mesure se fait en plusieurs étapes.

  • La mesure globale. Elle permet de déterminer le temps de pose dont aura besoin la grande majorité de la photo. Pour exemple, autour de la Seine à Paris 45 sec à F11.0 pour 100 ASA.

  • La mesure des zones qui seront sous-exposées par rapport à ce temps de base. Ces zones auront besoin de poses supplémentaires.

  • Et enfin la mesure des zones qui risqueront d'être sur-exposées. Ces zones auront besoin de maquillage pendant le temps de base.

Une fois que l'on a mesuré tout cela, on peut démarrer la pose quand le ciel possède la luminosité qui convient pour qu'il ait sur la pellicule la densité voulue. Je ne l'aime pas quand il est noir.
Cependant, il faut faire Attention au fait que l'appareil mets plusieurs minutes pour faire un seul tour de 2 sec de pose (deux minutes). Si la cellule indique 6 sec pour que le ciel soit exposé comme l'on veut, il ne faut pas oublier qu'il va s'écouler plus de quatre minutes entre le début du premier tour et le début du troisième tour. La luminosité du ciel aura beaucoup diminuée pendant ce temps. Il faudra compenser en démarrant simplement un peu plus tôt !

"Placer" les lumières 

J'ai choisi un spotmètre car lui seul permet de mesurer précisément les lumières - j'entends par là de toutes petites zones - afin de les "placer" comme l'on veut, comme l'on dit en Zone-Système.

Placer les lumières en Zone-Système veut dire décider quel rendu on veut leur donner. Quand la cellule indique un couple vitesse / diaphragme / sensibilité, la zone mesurée sera rendue par un gris moyen - le même que la charte gris neutre Kodak, par exemple. Si la zone est claire il faudra donc ouvrir le diaphragme ou changer de vitesse pour l'éclaircir. On place ses lumières quand on décide exactement quelle luminosité on veut pour cette zone - blanc avec plus ou moins de détail. On dit aussi que le gris moyen est la zone V en ZS, que le blanc du papier est la zone X et le noir, 0. Donc pour notre zone claire, il faudra choisir entre une zone VI, VII, VIII ou IX. Sachant que l'on travaille en couleur, on aura beaucoup moins de marge car à VII 2/3 on atteint le blanc de la diapositive. Voilà pour le bref rappel !

Si je mesure une zone lumineuse à F45 pour 45 sec de pose - je rappelle que le diaphragme de base est F 11.0 - elle sera donc surexposée de quatre diaphragmes. Sur une diapositive, cette partie sera donc complètement blanche ("cramée").

Il est intéressant de noter aussi que l'on perd une très grosse portion de l'info colorée au dessus de 1 diaphragme par rapport à ce qu'indique la cellule - dans le cas d'une pellicule couleur ou d'un capteur numérique -.
Pour reprendre mon exemple, j'ai envie que la zone ne soit plus cramée, même si je perd l'info colorée. Je devrais donc placer cette zone entre + 1 et + 2 diaph donc à F22.0 / F16.0. il faudra sous exposer cette zone de 1 ou 2 diaphragmes et donc ne poser cette zone que de 22 ou 12 sec.
Pendant 11 ou 22 tours il faudra maquiller cette zone.

Il en va de même pour les zones sous-exposées. Il faudra leur ajouter des temps de pose additionnels en cachant les zones déjà correctement exposées.

4. Le maquillage, comment ?

Les caches

Le maquillage se fait à l'aide de caches noirs mats plus ou moins grands. Je m'en suis confectionné deux. Un petit (Largeur 4 cm et hauteur 1 cm) et un grand de 11*11 cm pour cacher l'intégralité de la fenêtre de l'objectif. Il est important que le grand cache déborde largement pour éviter les lumières parasites sur les côtés. Il faut, comme dans un labo photo, qu'ils soient légers et maniables.

La vitesse de la tourelle

Plus la tourelle tournera lentement et plus il sera facile de faire un maquillage car il sera facile de suivre le mouvement de la tourelle. Il est ainsi possible d'en faire avec le NOBLEX 150 jusqu'au 1/15ème de sec. Il va sans dire qu'à deux secondes de pose effective ils sont très faciles à réaliser puisque, je le répète, la tourelle met deux minutes pour faire un tour complet.

Les mouvements


utilisation du petit cache pour occulter une petite zone de la photo

Tout en suivant l'objectif pendant sa rotation, (selon l'angle et la surface que l'on a besoin de cacher) il suffit d'imprimer un léger mouvement de va et vient vertical au cache de petite taille devant l'objectif - pour éviter, comme en laboratoire, de marquer les contours du maquillage et ainsi créer une zone de transition. Selon la taille de la zone à occulter il faudra veiller à reculer plus ou moins le cache et le placer plus ou moins haut. On peut ainsi cacher n'importe quelle zone de la photo (en haut, en bas, à droite ou à gauche) pendant le temps que l'on aura prédéterminé lors de la phase de mesure de la lumière. Il m'est arrivé une fois dans une prise de vue de nuit de n'attribuer à une petite zone de la photo que 2 sec de pose - soit un seul tour.

Il m'a fallu rester concentré pendant les cinquante minutes de pose (pose effective de 50 sec) pour cacher cette zone pendant les 24 tours suivants.

Pour la petite histoire, cela a très bien fonctionné ! C'est d'ailleurs la photo qui a été choisi par l'équipe rédactionnelle de Réponse-Photo dans son numéro 162 d'août 2002 - dossier panoramique - pour illustrer l'article sur le Noblex. Ce jour là , j'ai vraiment pris conscience de l'avantage de l'appareil utilisé de la sorte.

Les arrêts/reprises

Toujours avec pour souci d'apporter, par petites touches successives, des temps de pose additionnels dans les parties les plus sombres de la photo, il m'arrive d'arrêter l'appareil pour ne le rallumer que lorsque telle ou telle fenêtre s'éclaire, que telle péniche passe devant des arbres dans l'ombre et les éclaire avec son éclairage puissant. Il me suffit alors de placer la tourelle porte-objectif juste un peu avant le sujet dans l'ombre tout en masquant l'objectif avec mon grand cache et de redémarrer l'appareil quand les projecteurs éclairent ce détail de la photo. Voilà pourquoi j'aime photographier près de la Seine.

Les changements de temps de pose

Pendant la pose, il est possible de changer de vitesse entre deux tours. Il peut arriver, ponctuellement, que l'on ait besoin d'une pose très brève. Ce fut le cas quand j'ai photographié le chapelet de levés de lune au dessus du Pont Neuf depuis le pont des Arts. Quand la lune a fait son apparition, elle était orange et peu lumineuse. Le temps de pose utile était donc de 2 sec. Mais au fur et à mesure qu'elle s'élevait dans le ciel bien transparent, elle devenait de plus en plus lumineuse. or je voulais absolument voir les mers sur la pleine lune. J'ai donc dû réduire le temps de pose progressivement pour finir au 1/125ème de seconde vers la fin, quand elle se trouvait bien haute dans le ciel. Et comme ce temps de pose était vraiment très court, il n'était pas besoin de cacher le reste de la photo.

5. Les traces de voitures

Grâce à son mode de fonctionnement, on peut remarquer un effet direct sur les traces laissées par les feux des voitures. Quand on pose trente secondes avec un appareil photo classique, les voitures laissent des traces continues sous forme de raies lumineuses ininterrompues (rouges ou blanches/jaunes selon le côté) et bien souvent trop denses !

Dans le cas des appareils rotatifs, ces mêmes traces seront discontinues, beaucoup plus courtes et de deux couleurs sur la même photo grâce à l'angle de champ très large. Cela apporte du dynamisme aux photographies de nuit car les temps de pose sont trop longs pour que l'on y puisse distinguer des personnes.

 

Vous pourrez trouver sur mon site de nombreux autres exemples de photos prises avec cette méthode.

dernière modification de cet article : 2002

 

 

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