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l'auteur
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Michel Lagarde : Dramagraphies
Michel pouvez-vous nous expliquer votre projet ? Parler de mon travail est un exercice difficile pour moi, disons que ce projet est né du fait que j'ai pratiqué différentes formes artistiques et que j'avais envie de les réunir. Le théâtre comme acteur et décorateur, la peinture, la photographie et un plaisir à raconter des "histoires". Recomposer des images où toutes ces formes d'art seraient présentent, mais avant tout présenter un instantané d'images intérieures accumulées depuis l'enfance.
Pourquoi vous mettez-vous seul en scène ? Ce n'est pas vraiment moi que je mets en scène dans les Dramagraphies, ceux sont plutôt des rôles que j'interprète comme acteur; La distanciation est importante, elle me permet de "projeter" les images plutôt que de les intérioriser. Certes les images "sortent" de ma tête mais je ne raconte pas ma vie, je m'amuse à l'interpréter sans me soucier de mon image physique, j'aurais plutôt tendance à la déformer. J'aime la caricature car elle oblige au parti pris.
Vous aimez une certaine emphase dans l'image photographique, là où la photographie s'est établie sur une légitimité documentaire et joue plutôt sur la mise en scène de sa neutralité : vous n'avez jamais eu la tentation de construire un vrai faux plus beau que nature comme par exemple Gregory Crewdson ? J'aime bien ce photographe bien que ses images donnent envie de mettre un bon pull. je suis du genre a réchauffer l'eau du bain. J'aime les images qui racontent des histoires et la neutralité envahissante de la photographie actuelle ne me plaît pas. Je sais bien que mes images peuvent sembler passéistes alors que les milieux de l'art contemporain sont "accro" aux "forme nouvelles", mais le problème est bien là : la grande majorité des images privilégie la forme et l'on s'ennuie bien souvent.
A l'heure actuelle vous reconstruisez vos photographies à partir d'objets rassemblés un à un. Avez-vous déjà pensé "studio" : c'est-à dire pensé faire un montage en réel que vous auriez photographié à la chambre ? Monter un décor en studio demande des moyens financiers importants. Je préfère construire mes décors "à la maison" sous forme de maquettes volume et d'objets photographiés séparément. Je garde toujours la possibilité de changer, d'ajouter ou d'enlever un objet, de modifier son éclairage.
Parlez-nous de vos travaux actuels Après les Dramagraphies,
j'ai travaillé sur un roman photographique (Tarabelbô). Toujours
raconter des histoires ! Un travail compliqué et long. Un travail
d'équipe proche du cinéma. Les dix premières planches terminées nous
avons sollicité les éditeurs. Ils ont reconnu la qualité du travail
mais le projet était trop décalé pour leur collection, on a rangé
les planches au fond du tiroir et je suis passé à autre chose.
Actuellement je travaille sur des illustrations photographiques pour
un texte du metteur en scène Denis Chabroulet. On a trouvé un
éditeur mais on a pas encore signé.
Technique de travail sous photoshop :
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Lorsque vous vous positionnez face à un décor et que vous regardez tous les objets qui le composent, ceux-ci sont nets. L'appareil photographique n'a pas cette aptitude, seuls sont nets les objets inclus dans la profondeur de champ. Partant de cette simple observation, j'ai imaginé une "technique numérique"qui permet comme l'oeil humain de bannir le flou de l'image. Les images obtenues gagnent en piqué et une impression particulière et nouvelle s'en dégage. Le but est aussi de construire un négatif numérique de la taille de l'impression (en moyenne 1,2m x 0,90m en 300 dpi). Aucune photo servant à l'élaboration de l'image finale ne sera "boostée" ou agrandie. La multiplication des images collées les unes aux autres donneront une image finale avec un piqué maximal (celui de l'appareil utilisé). Cette technique s'est imposée car je voulais créer mes décors en studio à l'echelle 1/10eme. La prise de vue rapprochée des maquettes posait des problèmes de netteté due à une profondeur de champ réduite. La multiplication des photos d'un même élément de décor, collées ensuite sur Photoshop, réglait le problème. Faire des décors en studio permet de gérer celui-ci d'une manière cinématographique et théâtrale. Les personnages et certains éléments du décor, photographiés à taille réelle s'intégrent dans l'image grâce aux possibilités que proposent Photoshop. Le décor est mis en représentation et non pas imposé dans le cas d'un décor naturel. J'ai essayé de décrire ici d'une manière simplifiée le principe technique utilisé. 1/ Construction des maquettes volume des différents éléments constituant le décor :
2/ Mise en place du cadrage de l'image et
de sa perspective
3/ Prise de vue "grossière" des maquettes des principaux éléments du décor. Mise en perspective de ces éléments dans l'image :
4/ Prise de vue de différentes plaques de
tôles patinées qui feront la base du sol
5/ Prise de vue en "rapproché" de la maquette de la caravane : une trentaine de photographies successives sont collées les unes aux autres garantissant un piqué optimale :
6/ Même méthode de collage pour le ciel. La prise de vue du château d'eau est indépendante du ciel. "Détouré", il permet un réglage lumière indépendant de celui du ciel". Les lointains ne sont jamais "floutés". Le principe d'éloignement est donné, comme en peinture, à l'aide de glacis blanc :
7/ Habillage toile du chapiteau. Prise de vue de différents drapés positionnés dans l'image grâce à la base maquette :
8/ Prise de vue des modèles de barrière sous différentes perspectives. Les cercles sont dessinés avec Photoshop :
9/ Habillage intérieur roulotte (papier peint et rideau) et maquette escalier :
10/ Prise de vue indépendante de chaque accessoire : guitare, grosse caisse, sceau, pieu, chaîne. Lors de la prise de vue, anticipation de la lumière et de la bonne perspective :
11/ Habillage du sol par ajout de photos de terres sur fond incrusté, paille et herbes par la même technique :
12/ Les personnages sont des autoportraits réalisés au retardateur. Selon la taille du personnage dans l'image, de 10 à 20 photographies collées sont nécessaires par personnage. Travail sur le costume et la déformation des personnages :
13/ Création de l'affiche. Le décor est ensuite patiné élément par élément par apport de textures :
14/ Mise en lumière, en commençant par les lointains et en se rapprochant des zones les plus proches de "l'objectif". Toutes les opérations concernant la mise en lumière de l'image seront conservées en mémoire pour des ajustements lors des tirages d'essai sur papier :
15/ Mise en lumière et ombres portées du dessous de la roulotte, de la grosse caisse et de la guitare, du seau et de l'escalier, de la chaîne et du pieu :
16/ Ombres portées des personnages, de la pancarte et d'une roulotte hors-champ. L'image est prête pour le premier tirage d'essai :
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dernière modification de cet article : 2008
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