|
|||||||||||||||||||||||||||
l'auteur
|
Michel GRANIOU
Galerie-Photo : "Michel, les idées de collection et d’inventaire semblent importantes dans votre travail. D’où cela vient-il ?" Michel Graniou : " Au collège, je faisais partie du « club des naturalistes » avec un professeur de Sciences Naturelles et aussi du club photo animé par le professeur de Dessin. J’ai retrouvé des photos d’insectes ou de fossiles prises à travers une loupe. Depuis plus de 20 ans, je suis photographe dans une Administration. Mon travail est axé sur l’inventaire du patrimoine culturel. Tous les jours, je suis en contact direct par la photographie avec la peinture et l’architecture. La confrontation aux œuvres originales est un immense plaisir et surtout une grande leçon de modestie.
G.-P. : La présentation des sujets est frontale selon le dogme de la photographie documentaire ; de la même façon on voit que les sujets illustrent un monde qui disparaît, ou a déjà disparu. Pourtant certaines photographies semblent également participer d’un autre registre, appartenant à la peinture : le trompe-l’œil. L’association des objets vient quêter le regard complice et amusé du spectateur. Quel est exactement votre registre ? Ma façon de travailler me permet de rester des heures,
quelquefois des jours, à regarder des objets (quel luxe à l’heure
actuelle !). Certaines photos pourraient être des hommages à des
Vanités du XVIIème siècle ou être prises dans des Cabinets de
Curiosités du même siècle.
Quelle chambre et quels films utilisez-vous ? Pour la nature morte, j’utilise une TOYO 810 M, (ancien modèle
grise) de format 20 X 25 avec un objectif SCHNEIDER SYMMAR de 300
mm. Ce matériel, y compris les trépieds et agrandisseurs a largement dépassé les 30 ans, ce qui n’est pas pour me déplaire. Le film utilisé est principalement du ILFORD FP4.
Vous tirez le plus souvent au palladium sur papier arches. Pourquoi ce choix ? J’aime le tirage au Palladium pour sa restitution des finesses des détails et des dégradés d’un plan film 20 X 25, il y a une certaine sensualité dans le rendu et la pratique de ce procédé, sans parler de ses qualités de conservation. J’apprécie beaucoup les tons chauds du Palladium ; lorsque je fais du tirage sur papier baryté, j’utilise du chlorobromure à grade pour les tons chauds. Je pratique d’autres procédés anciens dans le même esprit : le contact direct et le plaisir.
Pratiquez-vous également le numérique ? D’un point de vue professionnel, je vais certainement très rapidement pratiquer le numérique. Je sais que même mes photos argentiques actuelles sont immédiatement transformées en « fichiers ». Pour moi, ce n’est pas un problème. Pour mon travail personnel, je pense que rien ne remplace une prise de vue argentique avec une chambre grand format sous le voile noir (même avec du vent). Après, il y a le Labo avec sa lumière rouge , l’apparition de l’image dans le révélateur , le beau papier, le travail au pinceau, etc… même si la poubelle se remplit, quel plaisir ! On est loin d’avoir tout dit avec l’argentique, il faut surtout que les SAVOIRS ne disparaissent pas sous la pression du commerce.
dernière modification de cet article : 2005
|
||||||||||||||||||||||||||
|