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l'auteur
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Matthieu GAFSOU
Matthieu, comment êtes-vous venu à la photographie ?Pendant mes études de Lettres, j'ai acheté un reflex numérique. Je ne connaissais absolument rien à la photographie, tant sur le plan technique qu'historique. Mais j'ai découvert à ce moment-là une vraie passion. Mes références picturales venaient principalement du cinéma, que j'étudiais: Wim Wenders, Buñuel, Tarkovski... Le numérique a été une bonne école. En quelques mois et plusieurs milliers d'images, j'ai appris les bases: cadrer, lire une lumière. Ensuite, je suis allé technologiquement à rebours. D'abord le moyen-format ; je trouvais réponse à mes problèmes techniques sur internet, et notamment ">galerie-photo. Et puis un jour, un vendredi, j'achevais mon mémoire de maîtrise, j’ai envoyé un mail à un responsable de l'école de photographie de Vevey. A tout hasard. Il voit mon site et me rappelle le jour-même. Il restait une place au sein la formation supérieure. Là, je suis passé au grand-format. En juin, j'achèverai mon passage dans cette excellente école, aujourd’hui menacée pour des raisons politiques. En même temps que je faisais mes armes techniquement, j’ai énormément lu : histoire de l’art, de la photographie, de l’art contemporain… Et je continue. A Vevey, les workshops avec des personnes comme Thibaut Cuisset, Regina Virserius, Gilbert Fastenaekens ou Yuki Onodera m’ont beaucoup apporté.
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Quel est le thème central de votre travail photographique ?La ville. D'un côté l'espace public, son inadéquation (parfois, souvent même) avec l'individu. Comment l’architecture et l’urbanisme agissent sur nous ? Quelle est la place du sujet dans l’espace? Le beau est-il en adéquation avec l’utilitaire? A quoi sert l’ornement dans l’espace public? De l'autre, l'espace fonctionnel : usines, souterrains, carrières. J'ai la même fascination que Le Corbusier pour les travaux d'ingénieur. En résumé, deux choses me préoccupent et m’intéressent. Le hiatus entre la chair et la pierre, pour reprendre l’expression de Richard Sennett et la beauté formelle des constructions pour lesquelles a priori, il n’y a pas, ou peu, de préoccupations esthétiques. Mais je ne souhaite pas non plus m’enfermer dans des «sujets». Ils sont un bon moyen de cadrer un travail mais doivent être remis en question. Je pense que mes thématiques seront toujours liées d’une façon ou d’une autre à l’environnement dans lequel j’évolue. Mais je me considère aujourd’hui comme un apprenant : je ne pense pas avoir trouvé exactement ma ligne. L’influence de certains maîtres est très forte et, à l’inverse, mon expérience relativement mince. Il faut du temps pour construire…
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Réagissez-vous à ce que vous voyez où intervenez-vous sur la constitution de ce qui est photographié?Peu m’importe la méthode, qu’elle soit «documentaire» ou de mise en scène. Certaines images sont de simples captations, où ma seule intervention est l’acte photographique lui-même. D’autres images sont complètement préméditées. Les interventions vont de la simple direction d’un modèle jusqu’à l’organisation du décor, des accessoires. Au fond, c’est le statut de l’image finale qui m’intéresse. Une fois, la mise en scène est signée et s’affiche comme telle. Mais une autre fois, il y a une ambiguïté : y a-t-il ou non intervention? C’est plutôt dans cette direction que je m’oriente aujourd’hui. La théâtralité est une piste qui, dans mon cas, n’est pas toujours adéquate. Je procède parfois à un travail de retouche «constructive» sur mes images : élimination d'éléments qui à mon sens les compliquent inutilement. Je ne désire pas être fidèle à un ici et un maintenant. C'est une question de degré et non de nature : chaque photographie est manipulation, discours. Alors après, si l'on «triche», on ne fait qu'accentuer un trait constitutif du médium.
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Un grand nombre de vos photographies
sont prises la nuit.
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Avec quel matériel travaillez-vous ?Je travaille en 4x5, avec une Shen Hao, munie de deux objectifs, un 90 et un 150mm. Je préfère le négatif à l’ekta, pour sa souplesse. Il est aussi moins contraignant à utiliser et plus aisé à développer (avec une Jobo). C’est vrai qu’on perd ensuite du temps au scan, alors qu’un ekta avec un scanner calibré nécessite très peu de postproduction. Je me sers aussi d’un mamiya 7, qui me rend de bons services mais que je considère de plus en plus comme un pis-aller. Il n’a pas les avantages techniques de la chambre ni la commodité en termes de flux de production d’un reflex numérique. A terme, je le remplacerai. J’utilise de temps à autre une torche quantum munie d’une batterie, cela permet, en extérieur, d’avoir un contrôle supplémentaire sur l’image.
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dernière modification de cet article : 2007
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