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le photographe
Mathieu Bauwens
matbauwens(at)gmail.com
Grote
Baan, 291
1620 Drogenbos
Belgique
Né en 1981, je
m’approche de la photographie à l’adolescence pour garder des souvenirs
de mes proches et de nos vacances. Le résultat sur films couleurs me
déçoivent et je suis encouragé à passer au N&B dont l’abstraction et
l’immédiateté me séduisent directement.
Mes études en chimie m’éloignent un temps de la pratique photographique,
mais je m‘y replonge rapidement avec un stage de 3 mois en laboratoire
N&B dirigé par Raymond Saublains (Direction générale des affaires
culturelles de la Province du Hainaut) et quelques stages de prise de
vue en studio chez XP4 avec le photographe Christian Berthold. Bientôt,
je m’installe un petit labo photo dans mon grenier.
Suite à un bref passage par le numérique, je me détourne de cette
technique de photographie trop impersonnelle à mon goût pour revenir à
la pellicule au sel d'argent et plus particulièrement au N&B. Au contact
direct avec mes images, en contrôlant le développement et le tirage dans
mon labo photo, je me sens plus proche de mes sujets et peux, par les
bains de chimie, mettre en exergue l'instant capté.
Proche des photographes de reportage et humanistes, mes photographies
sont proches de l'humain et de ses modes de vie.
Plusieurs sujets piquent ma curiosité ;
. Les coulisses du monde du spectacle pour lequel je collabore
régulièrement; le dernier spectacle mis en scène par Pietro Pizzuti et
écris par Geneviève Damas, le prochain spectacle de danse de David
Sonnenbluck entre autres.
. Les coulisses de différents métiers et passions; cuisines de
restaurants étoilés, 2 saisons de championnat de hockey subaquatique,
activité d'une ferme laitière.
. La problématique de l'abandon et la fin de vie; reportages dans des
maisons de repos, refuge pour animaux,
. Un coup de cœur pour un pays d'Asie du sud est : le Laos, sujet de
très nombreux voyages et d'une exposition qui y a été montée en Mai 2012
à Luang Prabang en collaboration avec le centre culturel et l’Alliance
Française.
. Mon pays, la Belgique, son bon vivre et ses absurdités territoriales…Formation en
photographie
Stage de 3 mois en laboratoire argentique dirigé par Raymond Saublains
(Direction générale des affaires culturelles de la Province du Hainaut)
en 2005.
Stages de prise de vue en studio chez XP4 (www.xp4.be) avec le
photographe Christian Berthold.
Expositions solo récentes
Mai 2016 ; Myosotis, Péniche Fulmar 1913, Bruxelles
Mars-Mai 2016 ; Myosotis ; médiathèque de Rosult, France
Janvier 2014 (3 mois) ; Charleroi, Ta ville , Bibliothèque de
l’Université du Travail, Charleroi
Décembre 2013 (2 mois) ; Laos, a journey, Librairie Hors format,
Bruxelles
Septembre 2012 (1 mois) ; Népal, Péniche Fulmar 1913, Bruxelles
Mai 2012 (1 mois) ; Muang Lane Xang, Péniche Fulmar 1913, Bruxelles
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Mathieu Bauwens :
couples bilingues
© Mathieu Bauwens - Myosotis (1)
Qui sont ces
personnages ?
Tout d’abord, je voudrais évoquer le
travail et les idées qui ont conduit à sa réalisation ; il n’échappe
à personne que le débat communautaire envahit de plus en plus la
sphère sociale et économique de la Belgique, d’autant que des
élections d’importance ont eu lieu dans le courant de l’année 2014,
qui a vu l’arrivée au pouvoir d’un parti séparatiste.
« Au-delà de tout clivage
politique, partir à la recherche de couples qui vivent au quotidien
deux langues (sur trois que compte la Belgique) me semble important
en ces périodes dites « en crise » avec la résurgence d’un repli
identitaire et communautaire ».
Trois langues, ce sont trois
communautés, trois cultures différentes, trois visions nuancées mais
aussi une richesse. Tout comme celle de Bruxelles qui réunit toutes
les conditions du métissage social.
© Mathieu Bauwens - Myosotis -
Heide et Sébastien
Dans une partie de ce projet, celle
qui sera présentée et développée ici, je cherche à montrer la
diversité des couples mixtes. Avec eux, je veux brosser un autre
tableau du bilinguisme en Belgique. Pour ce faire, et ainsi rester
proche de mon idée de la banalité, je photographie les couples dans
leur endroit de vie ainsi que les gestes associés (acheter une
maison pour certains, une voiture, avoir des enfants, les conduire à
l’école, aller au travail...) qui sont, somme toute, communs à
chaque belge.
Dans un second temps, je me suis
interrogé sur la réalité physique de cette ligne de séparation, j’ai
donc décidé de partir à la découverte de cette frontière qui épouse
peu ou prou des frontières provinciales déjà existantes.
Cette frontière n’est ni une honte, ni
un crime, et en tout cas, ce n’est pas un drame. Elle n’est même pas
typiquement belge. Mais ce volet ne sera pas abordé ici, il existe
cependant et je tenais à le mentionner.
© Mathieu Bauwens - Myosotis - Anaïs, Martin
Pourquoi un travail à
la chambre ?
Initialement, je comptais travailler
avec mon fidèle Leica M7, mais une panne électronique et une
immobilisation de près de 9 mois m’ont obligé à reconsidérer mes
options.
J’utilisais une chambre 4x5 inch pour des paysages (Nagaoka puis
finalement une plus robuste Chamonix 045F1 à sa sortie) mais j’avais
déjà tenté des portraits lors de mariages, évènements et voyages
(vacances en famille dans le Périgord et voyage photo au Laos) et la
qualité des négatifs, le plaisir du tirage contact -pas si petit que
ça- me donnait l’envie de me lancer plus avant dans la pratique du
portrait à la chambre. Il ne me manquait plus grand-chose pour oser
affronter la statique du portrait posé à la chambre. La défection de
mon -plus si fidèle que ça- Leica était l’occasion qu’il me fallait
pour me lancer.
© Mathieu Bauwens - Myosotis -
Ignace et Géraldine
Les paysages ont été pris en été avec
de la Fomapan 200 dans du R09, tandis que les portraits sont pris à
la TXP 320, film plus costaud qui m’a permis des temps de pause
décents pour une exposition à 800 iso en lumière naturelle, les
rendez vous avec les différents couples étant étalés sur une période
de presque 2 années.
© Mathieu Bauwens - Myosotis -
Audrey et Steven
Deux langues au sein de notre couple ?
Cela n'a rien pas changé grand chose. Pour tout couple, la rencontre
avec la famille de l'autre est toujours quelque chose d'important et
inquiétant. Cet événement a été plus impressionnant pour moi,
Audrey, qui suis francophone et parlait le néerlandais enseigné lors
des mes études secondaires.
Le bilinguisme parfait de Cara et de sa famille m'a permis
d'améliorer considérablement mon néerlandais.
En tant qu'adultes cela nous est tellement fastidieux d'étudier une
langue ! C'est donc tout naturellement que le bilinguisme s'est
imposé comme choix pour l'éducation de nos enfants et la
communication à la maison, si nous pouvons leur offrir cette
facilité, sans que cela soit trop contraignant pour eux. Met papa
t'is alleen in het nederlands, et avec maman c'est en français.
Dans l'enceinte de l'école, c'est toujours, autant pour Steven que
moi-même, uniquement en néerlandais.
Appliquer ce choix a été un peu difficile pour Steven lors des
premières semaines de vie de notre aînée Anaïs car, entre nous, nous
parlons français. Mais l'interaction naissant très rapidement entre
notre bébé et son papa, c'est tout naturellement que Steven s'est
mis à lui parler néerlandais. Chose facilité par la fréquentation
d'une crèche et d’un milieu scolaire néerlandophone.
Les enfants sont baignés constamment dans les deux langues que ce
soit chez les grands parents, à la maison, à l'école, avec leurs
amis.
Entre eux ils s'expriment le plus souvent en néerlandais.
L'apprentissage de la parole et la formation de phrase, ont bien sur
suscité des difficultés, mais cela en va de même pour un enfant
élevé dans une seule langue. Lorsque l'enfant ne trouve pas son mot
dans une langue, il le trouve dans l'autre. Notre rôle est de lui
fournir le bon mot tout en répétant sa phrase afin qu'il se sente
valorisé par le fait qu'il a bien été compris.
Le mix des deux langues a déjà donné lieu à des expressions
rigolotes qui sont passée dans notre jargon familial.
Exemple: Anaïs aime manger des "crêpekes", tandis que Luka,
lui, veut boire du "pique water".
Il est déroutant et très impressionnant, pour les non bilingues
ainsi que nous en tant que parents, de découvrir ses enfants
bilingues, et de les voir s'exprimer sans mal dans 2 langues.
Il arrive que je ne comprenne pas un terme utilisé par ma fille en
néerlandais ; je lui dis alors que je ne connais pas ce mot et lui
demande de me l'expliquer, chose que ce petit bout de jeune fille de
4 ans et demi fait très bien. Les enfants corrigent eux même leur
faute de langues, c'est très mignon.
Ils adaptent spontanément la langue parlée en fonction de
l'interlocuteur en face d'eux.
Actuellement, nous sommes tous les 4 et bient���t tous les 5
complètement à l'aise avec les 2 langues. Je constate qu'Anaïs et
Luka ont une capacité évidente à intégrer de nouveaux mots même dans
d'autres langues, l'anglais par exemple.
Ce n'est que le début de leur vie et c'est dors et déjà une réussite
et une richesse pour toute la famille.
Comment êtes-vous venu
à la photographie ?
La réponse à cette question paraîtra
banale à beaucoup de monde, mais pourtant, c’est ainsi ; je suis
tombé dedans quand j’étais petit… Pas si petit cependant, 14-15 ans
tout de même. J’ai fait partie des mouvements de jeunesse et nous
partions en camp, sous tente, avec une destination à l’étranger une
année sur deux. Dordogne, Cornouailles, Côte d’Opale. J’ai voulu en
garder des souvenirs, mais j’ai été rapidement déçu des résultats
couleurs de mon compact tout auto de l’époque et du traitement, tout
autant automatique du labo. J’ai donc été initié à la pellicule Noir
& Blanc, à l’appareil reflex manuel et à la focale fixe. J’ai appris
à développer mes négatifs sous mon sac de couchage en pleine nuit, à
bricoler une chambre noire dans la cabine d’une vielle camionnette,
et, depuis plus de 15 ans, la magie de la montée de l’image dans le
révélateur ne m’a toujours pas quitté.
© Mathieu Bauwens - Myosotis -
Jean et Metten
Ma formation principale est la chimie,
c’est d’ailleurs mon métier, celui qui paye le crédit de la maison
et l’école des enfants. Ce choix me permet de me concentrer
uniquement sur des sujets et la manière de les traiter qui me
conviennent, sans devoir m’embarrasser de considérations
financières. Jusqu’à présent, chaque expérience (exposition, choix
techniques, reportage, publication) est une confirmation que j’ai
fait un choix qui me convient.
© Mathieu Bauwens - Myosotis -
Elise et Erick
Elise :
J'ai rencontré Erik lors de formations communes sur notre lieu de
travail. On est juste tombé amoureux, la question de la langue n'en
étant pas une, on s'amusait plutôt des différences. Son entourage
m'a très bien accueillie, même si les débuts n'ont pas toujours été
faciles. J'avais toujours été une bonne élève en langue, mais je me
suis parfois retrouvée au milieu de conversations dont je ne
comprenais presque rien, surtout en fin de soirée, quand on ne fait
plus trop attention… Aujourd’hui, ça va beaucoup mieux, et je les
considère comme « ma famille du Nord du pays ». Avec nos deux
enfants, l'idée est que chacun parle sa langue. Il semble en effet
que l'enfant, très tôt, soit capable de distinguer l'utilisation de
deux langues différentes quand on s'adresse à lui. Et on le voit au
quotidien, lorsque Romain, notre aîné, « change » de langue
lorsqu'il il s'adresse à Erik ou à moi… Et quand nous ne comprenons
pas, il tente le coup dans l'autre langue !
Erick :
Al jaren dacht ik dat ik uiteindelijk een franstalige vriendin zou
vinden. Altijd was ik aangetrokken door de mooie en zachte taal,
door het 'exotische' en het 'zuidelijke'…maar tegelijk ook dichtbij
en heel erg 'gewoon' in Belgie. Wanneer ik Elise ontmoette startte
dan ook een volgende ontdekkingsreis in mijn leven...nieuwe mensen,
nieuwe cultuur en nieuwe gewoonten. Ik weet niet of het specifiek
aan de familie van Elise ligt, maar ik ben van de eerste dag
supervriendelijk ontvangen en al snel ontdekte ik een tweede, toch
wel andere thuis. De warme ontvangst, sympathie en openheid bleek
uiteindelijk karakteristiek voor alle mensen die ik ontmoette uit de
regio Charleroi en Namen. In onze relatie zelf speelt de taal sinds
het begin een belangrijke rol. Altijd hebben we op een of andere
manier geprobeerd om een evenwicht te hebben… door tussen ons om de
twee dagen van taal te wisselen, of door altijd de taal van de gast
te spreken, NL in vlaanderen, FR in Wallonie. Wanneer de kindjes er
bij kwamen, de job iets meer tijd begon te vragen en er meer gezegd
moest worden op kortere tijd werd er echter bijna geen nederlands
meer gesproken tussen ons, en ook in Brussel word je in het
nederlands niet altijd even hartelijk ontvangen. Daarom ook het
belang dat we er elk aan hechen om onze kinderen goed de twee talen
te leren, en ze daarom in het overwegend Franstalige brussel naar
een nederlandstalige school te sturen tot hun 12 jaar. In het
algemeen blijft het tweetalige een grote rijkdom voor mij
persoonlijk, doordat ik als een van de weinigen in Belgie echt de
beide werelden ken en dagelijks beleef. En ik was correct, lang
geleden…de 'zuidelijke' taal en cultuur en levensstijl bevallen me
heel erg goed !
Pourquoi cette
exclusivité du noir et blanc ?
Une partie de la réponse à cette
question réside dans ma réponse ci-dessus. Cependant, 15 ans plus
tard, je peux ajouter sans me tromper que j’ai besoin de travailler
avec mes mains ; L’expérience numérique, surtout du travail sur
écran m’ennuie profondément et je ne suis pas capable de rester plus
de 2h d’affilée concentré derrière un écran sans que je n’aie les
yeux qui me sortent de la tête.
©
Mathieu Bauwens - Myosotis - Julie et Bastian
Il y a maintenant plus
de dix ans que j ai rencontre mon conjoint, Bastian, germanophone.
Il a fallu du temps avant que notre relation devienne bilingue.
Pendant longtemps notre “langue de couple” était l’anglais. Il nous
a fallu quelque temps et quelques efforts avant de nous immerger
dans la langue et la culture de l’autre, mais quel enrichissement !
Il y a l’envie permanente de faire partager sa culture a l’autre,
accompagnée de temps en temps de la frustration de ne pas pouvoir
faire passer toutes les subtilités de la langue.
Etre dans une relation bilingue va au-delà de la langue… cela offre
un point de vue privilégié, c’est une fenêtre ouverte sur un monde a
la fois si proche et si éloigné, avec sa culture, ses affaires
politiques…
Je me réjouis du fait que mes enfants grandissent dans un
environnement bilingue. Je leur parle en français, leur papa leur
parle en allemand. Nous avons tous les deux envie de leur
transmettre notre histoire et une ouverture d esprit, ainsi que des
atouts pour leur futur.
La photographie en couleur me déçoit
souvent car je ne peux faire autrement que de voir un document
représentant le réel (vaste notion qui pourrait être débattue durant
des jours et des jours). Je veux dire par là que la même image en
N&B me semblera souvent plus poétique, en tout cas, permettra plus
facilement à mon imagination de s’évader.
© Mathieu Bauwens - Myosotis -
Franck
Diriez-vous que vous
êtes plutôt un photographe documentaire ou plutôt un photographe
humaniste ?
Je ne suis pas amateur de définition,
j’ai toujours l’impression d’être mis en boîte et de passer à côté
de quelque chose de plus essentiel. Je me plais à documenter les
activités quotidiennes de mes semblables, de quel côté de la
définition cette activité penche t’elle ?! Je ne le sais et la
réponse m’importe peu. Ce qui est sur c’est que la nature morte, la
photo de nature ne m’intéresse pas, même si mes goûts évoluent et
que je porte de plus en plus souvent attention à la lumière qui
tombe sur le sujet plutôt qu’au sujet lui-même.
© Mathieu Bauwens - Myosotis -
Godelieve et Francis
© Mathieu Bauwens - Myosotis -
Mark et Hans
En quoi le travail
exclusif avec une seule focale, toujours la même, est-il lié avec la
photographie que vous aimez faire ?
C’est tout d’abord un constat, je ne
sais pas bien remplir mon cadre avec une courte focale, je nage
complètement, je suis perdu dedans, littéralement. Les plus longues
focales m’éloignent de mon sujet, hors le contact, visuel et verbal,
est important à mes yeux lors d’une séance. Il m’est apparu que
j’utilise spontanément une focale normale, ou très proche ; 50mm en
24x36mm, 180 en 4x5, 300 en 8x10 même si je trouve celle-ci un brin
trop courte, un 360 me conviendrait sans doute mieux.
© Mathieu Bauwens - Myosotis -
Stéphanie et Bert
Le bilinguisme est depuis le début de notre
rencontre source de richesse mais au départ s'est avéré source de
questionnement et de frustration dans la mesure où nous n'étions pas
si francs et spontané dans la langue de l'autre. Très vite cette
frustration a diminué. Nous nous étions rencontrés dans un contexte
francophone, le reste de notre relation s'est donc établie en
français.
Les choses ont changés à l'arrivée des enfants.
Chacun s'adressant aux enfants dans sa propre langue. Cette façon de
faire a très vite été intégrée par les enfants eux même.
Aujourd'hui dans une même conversation, ils s'adressent en français
à maman et en néerlandais à papa. Un joli mélange est né et rares
sont aujourd'hui les moments où l'on ne se comprend pas. Ce mélange
de culture est présent au quotidien car au sein de notre petit pays,
règne néanmoins des différences, parfois minimes certes, mais
intéressantes.
L'univers des enfants est quant à lui bercé par
les deux langues et cela ne représente pas d'obstacles, au
contraire, Simon 8 ans, notre fils aîné dit qu'il se fait deux fois
plus d'amis lorsqu'il est dans certains endroits car il peut
s'adresser tant aux néerlandophones qu'aux francophones. Nous avons
travaillé dans les médias et très vite nous nous sommes aperçus des
différences de contenu dans les émissions, les thématiques...
Pour le reste, la plupart des événements, des
fêtes, nous les abordons de la même façon en général. Le bilinguisme
acquis plus tardivement nous a également ouvert des portes sur le
plan professionnel. Nous n'avons aucun regret quant au parcours que
nous avons délibérément choisi d'emprunter.
J’ai dû faire une entorse à mes
habitudes pour certains des portraits du sujet et travaillant avec
une focale de 125mm pour englober l’environnement ou la pièce de vie
de mes sujets. Le travail à la chambre étant plus posé, j’ai bien eu
le temps de tourner sept fois mon œil dans mon cadre avant de
déclencher et donc de m’habituer à la couverture plus large de cette
focale.
© Mathieu Bauwens - Myosotis -
Stijn et Céline
© Mathieu Bauwens - Myosotis -
Ursuly et Yves Note
(1) Au sujet du projet
Myosotis : Myosotis : masculin
invariable
Fleurs d’un myosotis
Plante de la famille des borraginées aux fleurs généralement bleues.
C’est ce brin de myosotis qui
devait lui rafraichir la mémoire. Le myosotis a toujours passé pour
un végétal mémorifère en diable. – (Alphonse Allais, Les Pensées).
Note : Dans le langage des fleurs, le myosotis signifie : ne
m’oubliez pas. Il en est de même pour la traduction littérale de
cette fleur dans plusieurs langues ;
• Néerlandais ; vergeet mij nietjes
• Allemand ; Vergissmeinnicht
• Anglais ; forget-me-not
Le myosotis est utilisé comme
symbole par la Société d’Alzheimer et pour le 25 Mai, journée
internationale des enfants disparus.
La frontière linguistique est bien
plus longue que la ligne qui parcourt la Belgique et plus ancienne
que le Belgique. Mon pays a obtenu son indépendance en 1830. La
frontière linguistique était déjà là depuis belle lurette du temps
de Charlemagne. Il y a donc un bon millier d’années de cela. Jules
César, déjà, trouva ici un amalgame de Germains, de Celtes, et, qui
sait, d’autres encore. Le nord de la Gaule s'est trouvé plus ou
moins romanisé à la longue, jusqu’à devenir une province romaine.
Mais quand l’Empire commença à s’effriter et que, petit à petit, les
tribus franques s’installèrent dans nos région, une grande partie de
la Gaule se transforma en un patchwork romano-germain. Il a fallu
des siècles pour que les îlots linguistiques s’adaptent à leur
environnement étranger quant au langage. La frontière linguistique
est alors la ligne sur laquelle germanisation et romanisation
s’équilibraient plus ou moins, non seulement sur le territoire qui
se nomme aujourd’hui Belgique mais aussi dans tout la bande d’Europe
comprise entre le nord de la France et, disons, l’Italie du nord.
Il existe une autre hypothèse, fascinante : la frontière
linguistique suivrait la ligne délimitant au nord une langue
préceltique disparue, une langue usitée dans un certain nombre de
tribus à l’arrivée des légions romaines. Au delà de cette limite, le
territoire n’es guère peuplé.Il était pour ainsi dire ouvert aux
envahisseurs germains. La frontière linguistique pourrait dès lors
avoir plus de deux mille ans. Ce sont seulement les langues qu’elle
délimite qui ont changés.
La frontière linguistique traversait
donc nos régions depuis des temps immémoriaux. Rois, citadins et
paysans, tout le monde savait que, de l’autre côté, on parlait
autrement. Ce qui ne dérangeait personne. Pendant des siècles, elle
a été reconnue, comme on reconnaît un ruisseau ou une colline.
La néerlandisation de la vie publique
flamande fut vraiment consolidée non pas grâce à la frontière
linguistique géographique, car celle ci existait depuis des siècles,
mais grâce à la détermination légale de cette frontière
linguistique.
Le tracé attribué à la frontière
linguistique par les lois de 1962 et de 1963 est le résultat d’une
étude scrupuleuse de la situation de terrain d’une part, et d’autre
part, de débats parlementaires houleux. En 1948, à l’initiative du
wallon Pierre Harmel, une centre de recherche fut créé avec pour
mission, entre autres, d’étudier l’évolution de la frontière
linguistique. Un flamand et un wallon, Jan Verroken et Jean van
Crombrugge, ont analysé, indépendamment l’un de l’autre, la
situation linguistique tout au long de la frontière, hameau par
hameau, rue par rue, ferme par ferme. A leur propre étonnement, les
deux tracés étaient identiques à quelques infimes détails près. Leur
ligne de frontière fut approuvée par le centre Harmel en 1952, mais
ce n’est que 10 ans plus tard que notre parlement la fixa.
Désormais, la frontière linguistique coïncidait, partout où cela
était possible, avec les frontières provinciales.
Pour la première fois, le pays fut partagé en quatre régions
linguistiques ; la région de langue néerlandaise, la région de
langue française, la région de langue allemande et la région
bilingue des dix-neuf communes bruxelloises. A Bruxelles, le
français et le néerlandais étaient mis sur un même pied d’égalité.
Mais les régions unilingues devenaient ainsi réellement unilingues
le long de la frontière.
Tout le monde comprendra bien la
nécessité administrative de délimiter un territoire afin de le gérer
au mieux. Mais que peut bien délimiter une frontière linguistique,
sinon une définition pâle et bien incomplète de l’autre, du voisin,
et partant, de l’étranger ?
Au fil des années et de quelques
bourdes politiques, cette frontière, qui aurait du être un lieu de
partage et de découverte, est devenue un mur dans l’inconscient
collectif des deux principales communautés de ce si petit pays,
situé au cœur de l’Europe.
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