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Marcel Duchamp : l'homme qui roulait des mécaniques
CTAC1NRV
par Henri PEYRE
Introduction
Qui ne s'est pas déjà pris à maugréer au
musée d'art contemporain à la vue d'œuvres pas belles, mal faites, provocatrices et pourtant
flanquées d'un baratin sérieux et cérémoniel qui a l'air de
justifier de leur qualité ? Pourquoi ce fatras ?
Eh bien parce qu'il a simplement existé un bonhomme qui s'appelle
Marcel Duchamp dont les œuvres, les discours et les intentions
souvent puériles ont pu profiter de circonstances historiques
exceptionnelles pour devenir la base d'une sorte de catéchisme
depuis inlassablement rabâché par des institutions qui ont
fonctionné comme des églises.
Comment toute cette affaire
a-t-elle commencé ?
Marcel Duchamp
nait en 1887. Au moment où l'histoire commence,
c'est un garçon intelligent, fils d'un notaire
qui a 5 enfants. Le grand-père est peintre.
Dans sa jeunesse, Marcel,
encouragé par son père, cherche à devenir peintre. Mais il
est refusé aux Beaux-Arts de Paris. Il enrage et cherche alors à devenir un
peintre révolutionnaire, pour lutter contre ceux qui n'ont pas voulu
de lui. Pressé d'aboutir, il imite ce qu'il admire. Il est d’abord impressionniste (peu
convaincant) puis Matissien convenable, puis Cézanien doué et
bientôt presque cubiste. Il peint peu : il se lasse vite. S'il
a fait un tableau en imitant le style et que
cela marche, il pense avoir fait le tour de la
question. Il a peu
de jouissance pour l'œuvre faite, il veut surtout comprendre et
l'imitation, pour lui, vaut compréhension. Une
fois qu'il a compris, ce n'est plus neuf, il faut faire autre chose.
Mais un problème se pose bientôt, qui devient
lancinant. S'il peint d'après les autres
rien de ce qu'il peut faire ne peut jamais être neuf. Il ne
sera jamais le premier. C'est comme pour l'amour. Il aime une femme.
Mais c'est la femme de Picabia,
son meilleur ami. Là encore, il a l'impression d'imiter. Il n'est jamais le
premier, jamais ce n'est lui qui fait le neuf. Et au printemps
de 1912, il prend 2 coups sur la tête : la
femme de Picabia le rejette et son tableau,
Nu descendant l'escalier(24), directement
inspiré des futuristes italiens dont il a vu
l'exposition à Paris le mois d'avant, donc
vraiment le neuf le plus neuf qu'on peut
alors faire,
est fraîchement accueilli au Salon des
Indépendants. Suprême humiliation, on lui
demande d'en changer le titre. C'en est trop.
Marcel, qui a une haute opinion de lui-même, se
fâche, retire son tableau du Salon ; c'est la
crise. Nous sommes en juin 1912. Invité par un ami peintre, il part
à Munich pour changer d'air. A Munich, c'est devant une
exposition d'objet industriels mêlés à des œuvres d'art qu'il
comprend que son truc n'est pas la peinture, mais l'amour de la
technique et du neuf. Ce qu'il trouve beau c'est la technologie, le mécanisme.
C'est aussi pour cela qu'il aime tant jouer aux échecs, jeu où l'on
monte des mécaniques et des stratégies.
Marcel Duchamp
dès lors luttera contre la peinture. Il voudra imposer à la place la
beauté nouvelle des mécaniques. Il voudra à toute force lutter contre la
jouissance contemplative offerte par l’œuvre d’art. Il la critiquera
comme un obstacle à la compréhension. Les œuvres mécaniques sont
d'ailleurs si belles qu'il n'y a même pas à les transformer pour les
exposer. Il suffit, avec les Ready-made(25) de porter directement au
musée le choc de leur esthétique.
Toute sa vie Duchamp partagera avec Breton une
haine pour la peinture qui est avant tout une haine pour
l'establishment des beaux-arts qui l'a un temps refusé. Pour ce qui
est de la peinture en tant que telle Duchamp est simplement honnête.
Du fond du cœur il trouve que la mécanique est en soi ce qu'il y a
de plus beau et que toute chose mécanique vaut mieux que n'importe
quelle peinture. Même la mécanique du jeu d'échec vaudra bien, à un
moment, qu'on s'éloigne de l'art. Il n'y a aucune contradiction
là-dedans.
Duchamp est intelligent. Il avance masqué, il
embrouille une passion pour la mécanique inavouable face au noble
genre de la peinture. A cause des débuts difficiles et du grand
écart à faire, l’approche de Duchamp est avant tout sociale. Il se
déclare irrité par le fait que l’œuvre est présentée socialement
comme objet de croyance, dans un contexte de soumission sociale. A
cette croyance il veut opposer le plaisir de la compréhension et
revendique la liberté de l’individu spectateur contre les écoles et
les académies. Dans le même temps pourtant, obsédé par son succès
personnel, il accorde à l’artiste les attributs d’un medium, tout en
insistant sur le fait que l’artiste ne maîtrise pas son œuvre et que
le spectateur fait une grosse part du travail.(1)
L'impossible dépassement de l'esthétique de la mécanique
Les objets fabriqués par Duchamp comme son
attitude témoignent de son goût pour une esthétique de la mécanique.
L’esthétique n’en finit pas de mourir chez Duchamp, malgré ses
efforts, en mots, pour la tuer, et dépasser une œuvre à la séduction charnelle,
comme l'est la peinture.
Duchamp est suffisamment intelligent pour renifler le piège :
s’il magnifie la mécanique, symbole de l’intelligence froide, il
tâche de le faire dans une forme souvent ironique et absurde, qui
évitera de montrer qu'il trouve la mécanique belle en soi. Toutefois, malgré tout,
l’esthétique de la mécanique, même ainsi cachée et pervertie, revient sans cesse.
Cette esthétique lui apporte tant de jouissance qu’il ne peut pas y
renoncer. Le ver est dans le fruit et travaille Duchamp jusqu'au
bout : dans les dernières années de sa vie et en
cachette, il travaille dans Etant Donnés (23) le problème
indépassable de l’œuvre comme objet de jouissance. Son
installation porte sur la mécanique primitive qu'est le sexe, comme d'autres
de ses installations précédentes, mais
elle est moins elliptique. Le sexe n'y est pas intellectualisé. Il
est montré dans la pulsion scopique. Finalement, et en cachette,
Duchamp a définitivement accepté que la
jouissance entre dans l'œuvre, même si celle-ci
feint de n'être "que" mécanique et de ne pas
chercher la beauté.
Quelques mots de Duchamp
L’art est
produit par une suite d’individus qui s’expriment personnellement ;
ce n’est pas une question de progrès. Le progrès n’est qu’une
exorbitante prétention de notre part. (2)
Dada fut
la pointe extrême de la protestation contre l’aspect physique de la
peinture. C’était une attitude métaphysique. Il était intimement et
consciemment mêlé à la « littérature ». C’était une espèce de
nihilisme pour lequel j’éprouve encore une grande sympathie.(3)
[à propos de Bisset] …je
l’admirais parce qu’il apportait quelque chose que je n’avais jamais
vu. Cela seul peut tirer de mon être le plus profond un sentiment
d’admiration. (4)
Voilà la
direction que doit prendre l’art : l’expression intellectuelle,
plutôt que l’expression animale (sensuelle) (5)
Limite de Marcel Duchamp :
le goût effréné du social
Après une première phase picturale où Duchamp
explore les voies possibles de nouveautés en peinture,
principalement en imitant les pré-impressionnistes, Matisse,
Cézanne, puis les travaux des photographes du mouvement (Marey en
particulier) et les futuristes italiens, Duchamp n’a toujours pas
trouvé comment produire lui-même de la nouveauté en peinture, mais a
goûté, avec le Nu dans l’escalier volé aux futuristes et
présenté à l'Armory Show, à l’ascenseur que constitue
le
scandale en matière de carrière artistique.
Homme social, dès ce moment connu sur ce qui n'est pas loin
d'être une appropriation abusive des idées d'autrui, Duchamp se sait
en danger. Il est aussitôt à la recherche de ce qui peut dépasser le
futurisme qui l'a fait connaître. Il faut montrer qu'il n'est que de
passage, là, par hasard, en route vers d'autres sommets. La
ressemblance du nu dans l'escalier et du futurisme n'est qu'une
coïncidence, qu'on se le dise. La malhonnêteté est trop visible. La
situation pue.
Le séjour de juin 1912 à Munich sera fondateur.
Duchamp est épaté par la beauté de certaines présentations de
mécaniques industrielles vues dans un musée. Il sent que cela peut
marcher, que de si beaux objets en épateront d'autres que lui. S'il
peut porter ces objets techniques dans le monde des beaux-arts, il
lave la faute de l'Armory Show, se relance du même coup et entre enfin dans quelque chose de neuf. En même temps il n'a pas à
faire d'œuvre d'art lui-même. Ces objets ne demandent qu'à être
emprunté comme ils sont. Duchamp reste dans sa nature
d'emprunteur. Pour ne pas dire autre chose.
Un travail social reste à faire. Il faut
présenter comme œuvre d’art (au niveau revendiqué de la peinture)
des objets qui, manifestement n’en sont pas. La réflexion de Duchamp
est alors une réflexion de sociologue, pas une réflexion d'artiste.
Il doit habiller ces œuvres toutes faites pour qu'elles apparaissent
comme des traces de pensées. Le travail fait pour les habiller de
mots est heureusement aussi une mécanique et une stratégie et peut
donner du plaisir, autant que l'objet lui-même en donne. L’obsession
du regard d’autrui conduit l’œuvre de cet artiste avant tout social.
Ce déport du regard marchera-t-il ? Les
provocations auxquelles Duchamp se livre, sans grand risque
puisqu’il est protégé par la solde continue que lui verse son père
notaire, ne peuvent pas couper les vivres. Au pire Duchamp ne risque
qu’un autre scandale ; lequel ne peut finalement que fortifier sa
réputation. Duchamp est un joueur froid. Il n’a pas de problème
d’argent et est maître silencieux du jeu, tout comme aux échecs, jeu
de stratégie qu’il affectionne.
Obsédé par la réussite sociale, Duchamp
radicalise une attitude d’esthète qui déclare faire de la vie et de
la pensée qu’on y instruit l’essentiel, se préoccuper peu des
œuvres, traces qu’on abandonne à l’art. Il a en fait très peur que
son goût pour la mécanique ne soit pas compris.
C'est ce qui l'oblige à avancer caché.
Impact du travail de Duchamp
Duchamp a plu parce qu’il est un homme
intelligent et fin, qui s’exprime agréablement, voit bien les choses
et a toujours veillé à rester complètement indépendant.
Il a plu aussi parce que son travail arrive à
un moment où les élites européennes de la culture sont encore issues
de la peinture et que les américains vont essayer, face à une Europe
affaiblie par la guerre de 14-18, de reprendre le leadership en
matière d’art. Achever de détruire une peinture figurative déjà
fragilisée par la photographie (qui lui a pris le talent de
représenter) c’est mettre à bas la suprématie des élites d’aînés
peintres qui tiennent les rênes de la culture. La chose se fait au
nom de la modernité et du dépassement, tandis que le fond mécaniste
de Duchamp, même pas parfaitement accompli dans son œuvre, salue le
matérialisme conquérant de la société américaine.
Duchamp met en place ainsi au-delà de lui-meme
et sans l’avoir pensé, une possibilité pour les artistes américains
de dépasser par une nouveauté radicale l’élite des peintres
français. La leçon sera retenue. Des complexes tombent. Et l’appui
de la toute-puissance économique américaine après 1945 fera le
reste. Le centre de gravité mondial des arts se déplace après la
seconde guerre mondiale de Paris à New York. Pour les Français
d’après 1945, sous influence du vainqueur, la citation par les
artistes américains du travail de Duchamp permet d’accepter la
colonisation des esprits. Comme dans tout système colonial, on veut
faire mieux que le colon, et être encore plus moderne et américain
que le vainqueur. Tout le petit monde français de l’art, assoiffé de
modernité et de reconnaissance coloniale se réclame de Duchamp. Il
n’est plus question que de dépasser enfin la peinture, d’effacer
ainsi les vieilles élites. Il faut maintenant faire des
performances ; la vie doit être une œuvre d’art. On doit feindre de
ne trouver aucun intérêt émotionnel aux œuvres. La peinture est
ringardisée. Les performances généraliseront la seule valeur que
Duchamp n’arrivait pas à dépasser, la matière brute comme œuvre et
le sexe comme valeur résiduelle de l'être humain.
Un magnifique système colonial, mécaniste et
sexuel, est en place. Ce système épouse parfaitement les valeurs
objectives de la société de consommation. La valeur des objets de la
société moderne est reconnue. On oublie au passage le goût de la
liberté de Duchamp, son obsession du non-conformisme. On fait à
partir de Duchamp l’éloge du concept et le concept devient un dogme.
Du dogme on fait un instrument de combat contre les vieilles élites
de la peinture qu’on déboulonne.
On fait la guerre à la
peinture, armé des idées de Duchamp. On
oublie de rappeler qu’il recommandait de ne pas se prendre au
sérieux. On ne réfléchit plus, on attaque bêtement et par une
idéologie apprise. On oublie que Duchamp recommandait à chacun de
penser par lui-même et se méfiait des groupes et des suiveurs.
On ne voit pas enfin que Duchamp n’avait pas
assez réfléchi à la jouissance que peut donner une œuvre (il
n’admettra que ce problème est fondamental qu’à la fin de sa vie
avec Etant donnés). Avant
il considérera un peu vite, pris par la jouissance que lui donnent
les œuvres de Matisse et Cézanne, que cette jouissance l’inféode, le
prive de liberté et l’enferme dans un rapport personnel à une œuvre
qu’il veut désormais considérer avant tout comme un acte social
(parce qu'il en a besoin pour imposer les ready-made). Raison pour
laquelle, au nom de la liberté, il dit qu’il faut se défaire de la
jouissance.
L’œuvre de Duchamp, largement mal comprise, a
longtemps donné le la dans l’art contemporain. Toutes ces dernières
années, tenir à l’œuvre qu’on réalise était faire preuve de
crétinisme : seul le concept était important. Il était fondamental
que l’œuvre soit fragile et pauvre, ne soit qu’un moment, s’efface
d’elle-même. L’artiste devait être un penseur du dépassement, qui
mettait en place des processus. Son travail ne devait jamais aboutir,
étant un work in progress, suivant la terminologie du colon.
Plus loin, la consolidation en dogme,
nécessaire pour abattre définitivement la vieille suprématie des
peintres, exigeait qu’on ne dessine plus (là où Duchamp était un
excellent dessinateur), qu’on cesse complètement de pratiquer la
peinture (là où Duchamp était un peintre doué). Qu’à tout moment on
déplace les règles du jeu avec la seule justification de la dérision
et de l’insolence (là où Duchamp avait longtemps connu la nécessité
apportée par la réflexion, avant le cabotinage dadaïste et ses jeux
de mots bébêtes). Qu’enfin, on soit à tout moment moderne et neuf,
pour garantir que les vieilles élites ne reviendraient pas.
Bref, il fallait être plus matérialiste, plus
moderne, plus décontracté et superficiel que l’Américain, plus colon
que le colon. La France, une nouvelle fois, collaborait avec son
vainqueur. Mieux, elle courait au devant de ses désirs.
Seule façon de sortir de tout cela : poser
la question qui s’est imposée à Duchamp à la fin et n’a cessé de
le tourmenter ; comprendre que l’œuvre d’art doit être le lieu du
maximum de jouissance possible, et étudier comment y mettre le
maximum de jouissance. La vie de Duchamp, bien mal interprétée et
instrumentalisée d’une certaine façon lors de certaines
circonstances, a donné le poison. Mais en regardant de plus près,
elle donne aussi l’antidote. Et l’antidote est dans la jouissance
à l'intérieur de l’œuvre, que l’approche intelligente et mécaniste de Duchamp
n’a jamais, au fond, réellement réussi à tuer ; Elle l'a, mais seulement et pour un
certain temps, et pour des raisons purement personnelles, niée.
Mais pas tuée.
L'obsession de la nouveauté
Le Nu descendant un escalier est légèrement
postérieur au futurisme de Gino Severini. Ce retard sur l’Italien
tandis que l’œuvre Nu descendant
un escalier faisait scandale à l’Armory Show de New York de 1913
a toujours embarrassé Duchamp. Son succès à l’Armory Show le
convainc que la nouveauté apporte le scandale et du coup la
réputation ; ainsi il faut toujours faire du neuf. Mais le neuf
que Duchamp a présenté à l’Armory Show et qui lui a valu le scandale et la
réputation n’est pas le sien ; c’est en fait celui des futuristes italiens ;
il y a une petite escroquerie et il va falloir se déplacer
rapidement ; Duchamp cherche aussitôt quelque chose d’autre de plus
neuf. Il faut faire vite.
Comment
être sûr de ne pas se répéter ? Il faut éviter le goût, qui vient de
la répétition de l’œuvre acceptée et est une habitude. Il faut donc
dépersonnaliser, adopter des protocoles mécaniques : un dessin
mécanique, une façon de penser qui ait l’air mécanique, des jeux de
mots qui aient l’air mécaniques, des œuvres qui aient l’air
mécaniques (ready-made). [nous ajoutons : en fait une esthétique de la mécanique
et un goût de la mécanique…] Ibid (6)
Il faut marquer sa distance d’avec la peinture,
ce qui éloignera définitivement des futuristes :
La peinture comme tous les autres matériaux doit servir « notre appétit
de compréhension » (7)
« Quand
vous faites une partie d’échecs, c’est comme si vous esquissiez
quelque chose, ou comme si vous construisiez la mécanique qui vous
fera gagner ou perdre. » (8).
2 aspects sont donc à
privilégier : l’esquisse, et la construction de mécaniques (sur ce
dernier point Duchamp ne tire pas les conclusions au bout et ne
verra pas - ou ne voudra pas voir -dans un premier temps que son goût pour la mécanique est
encore une esthétique).
Le doute commencera à le gagner peu à peu au
point qu’il dira sur les ready-made : « Il
est un point que je veux établir très clairement, c’est que le choix
de ces « ready-mades » ne me fut jamais dicté par quelque
délectation esthétique. Ce choix était fondé sur une réaction
d’indifférence « visuelle », assortie au même moment à une absence
total de bon ou mauvais goût… en fait une anesthésie complète ».
(9)
La question de l’esthétique de la mécanique
finit par le tarauder à un point tel qu’il en arrive à nier tout
talent artistique aux peintres, feignant d’observer que l’œuvre
n’est jamais que le fruit du hasard et pas d’une volonté ni du
savoir-faire d’un artiste habité par la cristallisation d’une
époque : « Comme les tubes de
peinture utilisés par l’artiste sont des produits manufacturés et
tout faits, nous devons conclure que toutes les toiles du monde sont
des « ready-mades aidés »(10) et des travaux d’assemblage. »
(11). Mais un mécanicien pourrait-il
ainsi nier qu’un moteur est
plus que la somme de ses parties ? Duchamp, pour tenir la position
de l’indifférence mécanique, est obligé de feindre de croire que
l’œuvre est un moteur qui ne marche pas. Autrement dit il subsiste
une esthétique chez Duchamp, même filtrée au maximum par son
ambition de rester logique :
le beau est ce qui ressemble à une mécanique qui pourrait marcher
(mais ne marche pas).
Un être social qui joue son va-tout
Comprendre et dépasser Duchamp c’est comprendre
l’esthétique d’un homme qui a prétendu n’en pas avoir pour faire
nouveauté et scandale. Son œuvre tient dans
l’expression d’une mécanique
dérisoire qui ne marche pas. Il n’aura pas trouvé comme le
Matisse de la fin ou Calder dans ses mobiles (Pure
joie de vivre en dira
Duchamp) (12) ce moment où la pensée arrive à s’incarner
pacifiquement et en plénitude dans une chose aimable. Les œuvres de
Duchamp restent railleuses, amères. L’intelligence ne désarme pas
devant la grâce, à laquelle elle n’a rien voulu céder, au nom de
l’exigence renouvelée de la nouveauté. C'est
probablement à cause de cela qu'artiste pas
accompli jusqu'au bout, Duchamp a besoin de
jouer constamment son va-tout social. Tous les
moyens sont bons pour asseoir une réussite qui
reste jusqu'au bout discutable.
Intelligent et subtil,
Duchamp ne peut se résoudre à
être un peintre ou un sculpteur comme un autre. Mais pour arriver il n’est pas à une contradiction ou à un mensonge près :
s’il
recommandait toujours aux artistes de rester eux-mêmes, il suivait
lui-même de très près l’évolution de l’art de son temps. Ses études
pour le Catalogue de la Société Anonyme (en tant qu’administrateur
pour la collection de Katherine S. Dreier) montrent qu’il prend
facilement la position de critique d’art et est capable de changer
souvent de point de vue. Par exemple, refusant qu’il y ait un
progrès dans l’art (13), il n’hésite pas à dire de
Duchamp-Villon, son frère, que
son Homme en marche (…) reste en avance sur une bonne part de la
sculpture d’aujourd’hui.
A propos de la fabrication du
Nu descendant un escalier, il jure ses grands dieux qu’il ignorait le
travail des futuristes(14) italiens et en particulier de Severini, mais
reconnait par ailleurs avoir vu l’exposition des Futuristes à Paris
en janvier 1912 (soit avant la fabrication de
son Nu descendant un Escalier) :
Gino Severini, Danseuse bleue (1912), Collection Gianni Mattioli, en
dépôt à Venise, collection Peggy Guggenheim
Luigi Russolo –
Synthèse plastique des mouvements d’une femme (1912) Musée de
Grenoble
Marcel Duchamp, Nu descendant
un escalier
n° 2, 1912
Huile sur toile, 147 x 89,2 cm
Philadelphia Museum of Art, Philadelphie
Ecoutons le gros menteur :
« Chose curieuse, pourtant, au moment où les
futuristes
sévissaient en Italie, j’étais a
Munich.
Je n’en connaissais aucun et j’ignorais jusqu’à
leur existence. La célèbre manifestation
futuriste se tint à Paris en janvier 1912 au
moment même où je travaillais sur mon
Nu.
Est-ce pure coïncidence ou bien l’idée est-elle
dans l’air ? Je ne sais. Toujours est-il que je
mis cette toile en train avec l'intention bien
déterminée de faire du mouvement un des éléments
majeurs du tableau ».
Marcel Duchamp convient néanmoins :
« quand ils exposèrent pour la première fois à
Paris en janvier 1912 ce fut passionnant pour
moi de voir le tableau de Balla
Chien en
Laisse, qui montrait lui aussi des positions
statiques successives de la laisse et des pattes
de chien »(15)
On rappelle que le peintre est à Munich
seulement en juin.
Giacomo Balla - Dynamisme d'un chien en laisse, 1912, huile sur
toile, 90,8 × 110 cm Albright-Knox Art Gallery.
Duchamp n’est pas à une contradiction près. Il
annonce ainsi un art social et calculateur, peu soucieux d’honnêteté car plus
préoccupé de la mécanique du pouvoir, de la séduction, du
fonctionnement social et de la postérité. L’importance de l’œuvre
s’efface devant l’importance de sa réception. En distillant une
chose puis son contraire, tout en plaidant en même temps pour le
renouveau permanent et complet qui affranchit de l’obligation de
continuité, il construit une plate-forme inexpugnable de laquelle il
a pu convaincre tous les esprits plus faibles que lui, et ils sont
nombreux, qu’il a tout compris, tout vu et tout annoncé. Posant en
messie individualiste médiumnique, il va ainsi permettre la création
des églises… lui qui ne cesse pourtant de dénoncer
l’esclavage des académies(16).
Mais ne disait-il pas de Picasso « De temps en temps,
le monde se cherche une personnalité sur qui se reposer aveuglément
– une adoration de cet ordre peut se comparer à une vocation
religieuse et dépasse le raisonnement. Aujourd’hui des milliers
d’amateurs d’émotions artistiques surnaturelles se tournent vers
Picasso, qui ne les déçoit jamais »(17).
Les conditions extérieures d’une postérité contemporaine
Porteur fasciné d’une esthétique de la machine
délirante associée à une recherche éperdue de nouveauté, et tout à
la fois grand enfant passionné d’échecs, Duchamp peut incarner
l’individu pessimiste, distancié mais aussi impuissant et
irresponsable qu’on trouve désormais au cœur de nos sociétés
technologiques où la technologie s’est emballée à côté
d’hommes-enfants renvoyés à leur impuissance. C’est probablement sur
cette veine-là qu’il tient encore.
Duchamp a peut-être dû son succès au fait qu’il
a échappé au tragique de la guerre : réformé en 1914, il part
aux Etats-Unis, où il découvre la mécanisation à outrance dans un
pays encore neuf, avec le détachement que les subventions de son
père notaire pouvaient lui conférer puisqu’il n’était pas obligé de
travailler du tout. Enfant précoce, irresponsable et protégé d’une
société technologique qui se met en place, il est alors un peu comme
la masse des adolescents bourgeois du début du XXIème siècle en
Occident qui peuvent probablement mieux comprendre du coup sa
pensée, partageant face à la technologie galopante à la fois une
juste fascination et un sentiment d’irresponsabilité ironique teinté
d’authentique désespoir, parce qu’ils sont dépassés. Comme eux,
privés d’une nécessité plus grande, l’obligation de gagner sa vie
par exemple, doutant de soi et fasciné par la mécanique aveugle, il
cherche en lui quelle force individuelle est opposable au triomphe
magnifique de la technologie et ne trouve
que la puissance du sexuel, nécessité sans arrêt renouvelée non par
l’être mais par l’espèce ; l’individu, tancé de se renouveler sans
cesse, à l’image du vainqueur technologique, perd mémoire et
consistance et ne peut plus opposer comme irréfutable permanence de
son être, contre la victoire technique à l’extérieur, que la seule manifestation de sa
sexualité.
Conclusion
Dépasser Duchamp demande d’abord qu’on se
libère de la tyrannie du neuf, cette tyrannie qu’il faudrait exercer
en tant qu’artiste sur soi-même, qui obligerait à ne jamais refaire
2 fois la même œuvre, à l’imitation de l’avancée technologique qui
lui fait complexe. Est-ce vraiment gênant de faire 2 fois la même
œuvre ? Existe-t-il d’ailleurs vraiment deux fois la même œuvre ? Ne
pas apprécier la différence, même ténue, entre deux objets proches
témoigne-t-il de l’indigence de la chose vue ou de l’indigence du
regard qui la voit ? S’il ne faut considérer que l’intention,
peut-il y avoir même deux fois la même intention d’œuvre, puisque
toutes les conditions de la fabrication évoluent sans cesse ? Il y a
chez Duchamp toute une philosophie du toujours neuf, du toujours
plus, de la course à rien, de la course au vide qui est au moins
problématique, et au pire, et nous croyons à ce pire, fait faux
problème et nécessite révision. Il ne faut pas prendre
les stratégies de Duchamp pour des enseignements
universels, ce sont des tactiques
circonstancielles dont il avait besoin pour sa
propre réussite.
Dépasser Duchamp demande ensuite qu’on se
libère de la tyrannie du technologique, de l’esthétique de la
beauté de la machine, d’autant plus dangereuse qu’elle est une
esthétique de la machine qui ne marche pas, de la machine non
efficace et privée même de sa fin, de la machine pour la machine. En
ces temps technologiques où les firmes les plus riches et les plus
puissantes sont des firmes technologiques dont certaines ont plus
de puissance que des états, ce n’est pas le plus simple : ces
firmes arrivent assez bien à vendre au public des applications qui
ne servent à rien.
Dépasser Duchamp demande enfin qu’on cesse
d’être uniquement social, qu’on cesse de penser seulement à la
réception de l’œuvre et qu’on pense enfin un peu plus à l’œuvre
elle-même. Ce sera vraiment difficile dans des sociétés de
communication où chacun veut connaître la célébrité sans talent et
sans faire
d’effort, dans des sociétés où la raison du plus fort et la
puissance des réseaux ont largement remplacé les processus de
sélection académiques, gages démocratiques, et la qualité des productions.
Au niveau du créateur comme du spectateur
l’antidote existe et Duchamp nous la rappelle volontiers : c’est le
plaisir de la compréhension et la liberté de l’individu. Comprendre
comment est montée la prison de sa propre pensée permet de la faire
éclater. Cette prison est aujourd'hui, dans l'art
contemporain, une prison duchampienne. Elle nécessite
simplement pour se libérer de se faire juste un peu plus intelligent
que Duchamp, de comprendre où Duchamp s’est lui-même laissé
enfermer - dans la technophilie et la communication -, et pourquoi. Ce n’est pas
chose impossible. Le spectacle est partout sous nos yeux en art et
nous avons aujourd’hui largement le dégoût de la médiocrité qu’il a
engendré. Faut-il encore le vouloir !
Biographie
En 1887 Marcel Duchamp nait à Blainville d’un
père notaire. Son grand-père est peintre. Parmi les 5 autres enfants
vivants, Gaston , l’aîné, deviendra le peintre Jacques Villon ;
Raymond Duchamp-Villon, le sculpteur, mourra pendant la Grande
Guerre.
En 1904 Marcel Duchamp rejoint ses frères à
l’Académie Julian à Paris. En 1905, tandis qu’il fait des
caricatures pour Le Courrier Français et Le Rire, il travaille chez
un imprimeur de Rouen. Il fait un an de service militaire en 1905 (18).
En 1906, Duchamp est de retour à Paris. Refusé
aux Beaux-Arts de Paris, il se rapproche de la peinture de Cézanne,
puis des fauves, puis des cubistes dissidents. En 1911 il expose
avec les cubistes à Paris et à Rouen.
Janvier 1912 Exposition des
futuristes italiens à
Paris. Duchamp la voit.
En 1912 le tableau Le Nu descendant l’escalier
est retiré du Salon des Indépendants (Duchamp avait refusé d’en
changer le titre)
21 juin 1912 C’est la crise. Duchamp n’arrive
pas à avoir l’air neuf. Le tableau qu’il a fait en imitation des
futuristes, dernière mode en manière de peinture, a été rejeté. Pour
lui la peinture est une impasse. Il a couru derrière les fauves, il
a couru derrière les cubistes, il a couru derrière les futuristes.
En vain. A chaque fois il est arrivé trop tard et après un autre.
Pour comble, il est amoureux de Gabrielle Picabia, la femme de son
meilleur ami, qui le rejette. Encore une fois, et sur le terrain
sentimental, il est arrivé trop tard. A l’invitation d’un ami
peintre, Max Bergmann, Duchamp part pour un séjour à Munich.
(19)
Avide de nouveauté, grand voleur frustré devant
l’Eternel, obsédé par la volonté de dépasser le cubisme et le
futurisme, Duchamp visite Munich. Dans la hargne et la violence
interne qu’il connaît, tout peut enflammer le prêt-à-tout. Or,
« – Le Deutsches Museum présente des moteurs de
voiture à section transversale – outil didactique qui rappelle des
tableaux comme Mariée que Duchamp crée à Munich. De plus, on pouvait
voir les roues de bicyclettes singulières sur des fourches au Deutsches Museum.
– L’Exposition bavaroise d’art industriel
– événement phare à Munich en été 1912 – présente une section «
beaux-arts » à côté des produits industriels. Cette exposition a pu
inspirer Marcel Duchamp à mettre au même niveau des objets de la vie
quotidienne et les œuvres d’art. »(20)
Duchamp tient son avenir. La modernité vue à
Munich l’a épaté. Il sent qu’il pourra lui-même épater avec
exactement la même chose, qui cette fois ne serait plus de la
peinture. Vite il faut cacher cette nouvelle généalogie
embarrassante, brouiller le vol direct, tellement dans sa
nature : par la suite Duchamp ne parlera plus que
d’un « peintre de vaches » qui
l’aurait invité. L’artiste français attirera d’ailleurs ses
interlocuteurs sur de fausses pistes en prétendant par exemple
qu’alors, il n’avait jamais parlé à personne et vivait dans une
chambre d’hôtel (21)
Duchamp commence les premières étapes de son
Grand Verre la Mariée mise à
nu par ses Célibataires, même.
1913 Duchamp est brièvement bibliothécaire à
Sainte-Geneviève à Paris. En fait il n’a pas besoin de travailler,
son père pourvoit à ses besoins. Le « Nu descendant un escalier » est
exposé à l’Armory Show de New-York où il fait scandale. Premier
Ready-Made : la Roue de Bicyclette.
1914 Duchamp, qui a pourtant fait son service
militaire en 1906, est réformé pour insuffisance cardiaque
1915 Premier voyage aux Etats-Unis où il
retrouve autour de Picabia Walter et Louise Arensberg, Man Ray,
Alfred Stieglitz.
1916 Participe à la fondation de la Société des
Artistes Indépendants de New York.
1917 Sous le pseudonyme de Richard Mutt, il
tente d’exposer aux Indépendants de New York une
Fontaine qui n’est autre
qu’un urinoir renversé. L’objet est refusé par le Comité, dont fait
précisément partie Duchamp, qui donne immédiatement sa démission. La
démonstration de la dévalorisation de la peinture doit attendre
encore un peu.
1918 Tableau
Tu m’ à l’intention de
Katherine S. Dreier. C’est la dernière peinture de l’artiste.
Katherine S.Dreier est née en 1877 ; de dix ans l’aînée de Duchamp
elle est peintre, dadaïste (22), amoureuse de Duchamp et ce qui ne gâte rien, richissime.
1919 Retour à Paris chez Picabia. Œuvres
dadaïstes dont la Joconde à moustache LHOOQ.
1920 Fondation à New-York avec Man Ray et
Katherine S. Dreier de la collection de peinture d’avant-garde
Société Anonyme, financée par Katherine. Naissance de Rrose Sélavy,
alter ego de Marcel Duchamp.
1921 Publication avec Man Ray de
New York Dada puis 6 mois à Paris chez sa sœur Suzanne. Ready-made
de la cage d’oiseau.
1922 Retour à New York. Nouvelle étape du
grand
verre qui est abandonné en 1923 lorsque Duchamp revient à Paris. La
rumeur circule que Duchamp a abandonné l’art.
1925 Tournoi d’échec à Nice.
Anemic Cinema,
film réalisé avec Man Ray et Marc Allegret.
1926 Première exposition au musée de Brooklyn
du grand verre, fêlé au cours du transport.
1927 Participation à plusieurs expositions
surréalistes. Mariage avec Lydie Sarazin-Levassor. Le 25 janvier
1928, le mariage, arrangé par Picabia, aura fait long feu.
1929 Voyage en Espagne avec Katherine S. Dreier.
1932 Marcel Duchamp fait partie de l’équipe du
Championnat de France d’échecs. En 1932 et en 33, il participe à 2 publications sur le jeu d’échecs.
1934 Publication sous boîte des notes sur le
grand verre (Boîte verte).
1936 Retour à New York pour la restauration du
grand verre.
1937 Première exposition personnelle à l’Arts
Club de Chicago.
1938 Il est « générateur-arbitre » de
l’exposition Internationale de Surréalisme organisée par André
Breton à la Galerie des Beaux-Arts. Il suspend au plafond 1200 sacs
en charbon.
1939 Publication de
Rrose Selavy : recueil de
contrepèteries et de jeux de mots.
1942 Publication de 4 numéros de la revue
V.V.V. avec Marx Ernst et André Breton. Exposition First
Papers of Surrealism avec
André Breton.
1947 Marcel Duchamp et André Breton présentent
la Deuxième Exposition Internationale du Surréalisme, galerie Maeght,
à Paris.
1950 32 études critiques de Marcel Duchamp
rédigées entre 1943 et 1949 paraissent dans le catalogue de la
Société Anonyme.
1953 Organisation de l’exposition
Dada chez
Sidney Janis à New York.
1959 Exposition Internationale du Surréalisme,
Galerie Cordier à Paris.
1964 Edition de treize
Ready-Mades en multiples
de 8 exemplaires.
1966 Première rétrospective
Marcel Duchamp à la Tate Gallery
à Londres.
1967 Exposition Raymond Duchamp-Villon / Marcel
Duchamp – Musée d’Art Moderne de Paris.
Nombreux livres sur Marcel Duchamp.
1968 Mort de Duchamp à Neuilly sur Seine
Notes
(1)
en 1957 dans Le Processus
créatif, exposé fait à Houston devant la Conférence de la
Fédération Américaine des Arts - ADAGP et l’Echoppe, 1987
Difficile de prendre très au sérieux ce discours contradictoire qui,
à la fois, est une remontée de la vieille idée du génie romantique
de l’artiste et enfonce une porte déjà assez largement ouverte en
matière de communication. Dans le même discours, pourtant bref,
Duchamp a aussi cette phrase d’une naïveté confondante :
Cette contribution [du
spectateur] est encore plus évidente lorsque la postérité
prononce son verdict
définitif (nous mettons en gras)
et réhabilite des artistes oubliés. On voit la soif d’absolu d’un
artiste qui veut pourtant se montrer le chantre du relatif !
(2) Propos, p 169 de Marcel Duchamp – Duchamp du
Signe – Ecrits, Flammarion, 1975
(3) Ibid p 172
(4) Ibid p 173
(5) comprendre "sensuelle" Ibid p 174.
(6) Propos, p 181 de Marcel Duchamp – Duchamp
du Signe – Ecrits, Flammarion, 1975
(7)
Ibid p 183
(8) Ibid p 183
(9) Ibid p 191
(10) Ready-made accompagné par Duchamp d’un
petit mot, ou d’un titre
(11) Ibid p 192
(12) Ibid p196
(13) Propos, p 169 de Marcel
Duchamp – Duchamp du Signe – Ecrits, Flammarion,
1975
(14) Le futurisme, créé
suite à l'édition du
Manifeste du futurisme par Filippo
Marinetti, se place dans un contexte d’avant-guerre où le climat
politique et social est particulièrement tendu. De nombreux jeunes
veulent changer radicalement le monde et ne voient la révolution
qu’à travers la destruction de toutes les valeurs du passé (musée,
bibliothèques, villes historiques…) à la faveur de la machine et de
la vitesse.
La guerre apparaît comme une solution pour repartir à zéro et
recréer un monde fondé sur de nouvelles bases. Les futuristes
proclament ce côté guerrier de manière assez virulente, certains
allant même jusqu'à prôner les valeurs fascistes de manière
radicale. Ils sont fascinés par le modernisme, la machine, et
notamment les machines de guerre. C’est sur ces bases qu’ils
entendent créer le monde nouveau, un monde moderne fondé sur la
machine toute-puissante. L'esprit qui anime le mouvement est révolté
et révolutionnaire.
http://www.histoiredelart.net/courants/le-futurisme-13.html
(15) Le nu
descendant l’escalier de Duchamp fut la envoyé
pour la première fois en février 1912, donc
après que Duchamp ait vu l'exposition des
futuristes à Paris
(16) p 211 de Marcel
Duchamp – Duchamp du Signe – Ecrits, Flammarion,
1975 p 211 –
c’est la posture ordinaire des avant-gardes de disqualifier les
académies qui les précèdent… avant d’en refonder de nouvelles
(17) Ibid p 212
(18) Réformé en 1914 pour
insuffisance cardiaque à la suite de son service
militaire en 1906
https://fr.wikipedia.org/wiki/Marcel_Duchamp#cite_note-Tomkins-21
, Duchamp fait son service militaire comme apprenti
typographe
https://lintervalle.blog/2017/01/28/marcel-duchamp-revisited-une-maniere-de-biographie-dessinee-par-benoit-preteseille/
En tant qu'ouvrier d'art, il voit son temps réduit à une
année au lieu de trois : employé chez un imprimeur de Rouen, il a
obtenu quelques semaines plus tôt un diplôme d'imprimeur de gravures
dans le but unique de réduire autant que possible son passage sous
les drapeaux.
https://www.jesuismort.com/tombe/marcel-duchamp#biographie
. Il est réformé pour souffle au cœur en 1915
https://books.google.fr/books?id=HsVPys5bqssC&pg=PT32&lpg=PT32&
dq=marcel+duchamp+service+militaire&source=
bl&ots=docYzVMp-W&sig=f6rodZE-_o8urlXWfruqNNtEzc8&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwia-7ux9vPcAhUHrxoKHdltC-UQ6AEwD3oECAEQAQ#v=onepage&q=service%20militaire&f=false
(19)
https://voyages.ideoz.fr/expo-marcel-duchamp-a-munich-1912-au-kunstbau/
(20)
http://festivaldelhistoiredelart.com/programmes/munich-cetait-la-scene-de-ma-complete-liberation-marcel-duchamp-et-le-mythe-de-son-voyage-a-munich-en-1912-american-born-in-france-voyage-et-deterritorialisation-chez-marce/
(21)
https://voyages.ideoz.fr/expo-marcel-duchamp-a-munich-1912-au-kunstbau/
(22)
https://www.moma.org/collection/works/79378?artist_id=16479&locale=fr&page=1&sov_referrer=artist
(23)
Étant donnés : 1° la chute d'eau 2° le gaz
d'éclairage… est le nom d'une installation
de Marcel Duchamp élaborée en secret entre 1946
et 1966 à New York.
Elle est considérée comme la dernière grande
oeuvre de l'inventeur du ready-made et ne fut
révélée au public qu'après sa mort, en 1969.
(24) Sur le
Nu descendant un ecalier, voir
http://www.philamuseum.org/collections/permanent/51449.html
et
https://fr.wikipedia.org/wiki/Nu_descendant_un_escalier
(25) Un
ready-made est un objet manufacturé qu'un
artiste s'approprie tel quel, en le privant de
sa fonction utilitaire. Il lui ajoute un titre,
une date, éventuellement une inscription et
opère sur lui une manipulation en général
sommaire (retournement, suspension, fixation au
sol ou au mur, etc.), avant de le présenter dans
un lieu culturel où le statut d'œuvre d'art peut
leur être conféré.
source :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Ready-made
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