A propos
du livre :
l'Inspiration
en photographie
de Gildas Lepetit-Castel
L'inspiration en photographie
Par Gildas Lepetit-Castel
Gildas, pouvez-vous vous présenter ?
Adolescent, bien que pratiquant le dessin, j’étais tiraillé entre
l’envie de devenir cinéaste ou magicien… J’ai intégré un club de
magie et travaillé sans relâche avant de me produire durant quelques
années en spectacle. Mais la vraie magie je l’ai trouvé sans m’y
attendre, loin des projecteurs et des paillettes dans le calme
de la chambre noire de mon lycée. Voir l’image apparaitre dans le
révélateur, la façonner en jouant avec les mains sous la lumière de
l’agrandisseur me fascinait. J’ai donc commencé la photographie en
tant que tireur ; prendre des images était une excuse pour nourrir
mes recherches en labo. C’était il y a bientôt 20 ans et ma passion
pour la photographie n’a jamais diminué, comme celle pour le cinéma
ou la musique. J’aime gratter la guitare et improviser les bandes
son de mes projets photo ou cinéma. Sur mon CV il est écrit :
Auteur Photographe mais je me considère comme un touche à
tout qui se nourrit de sons et d’images pour rester debout dans un
monde qui souvent m’échappe.
Pourquoi ce livre ?
Ce livre était pour moi une nécessité, s’il n’avait pas séduit les
éditions Eyrolles, je l’aurais auto-édité. J’avais déjà rédigé 3 guides
pour Eyrolles, « Concevoir son livre de photographie », « Les
secrets de la photo de rue » et « Les secrets de la photo
argentique » - admettez que pour un ancien magicien partager ses
secrets est un peu troublant… mais ces guides sont en fait entrés
dans la jolie collection qui porte ce nom. Dans chacun d’eux
j’ai fait en sorte de privilégier la culture plus que la technique.
J’enseigne dans diverses écoles et je me suis vite rendu compte que
les étudiants sont autonomes et rapides pour absorber des tutos
mais totalement dépassés pour se forger une bibliothèque d’images
qui est pourtant essentielle. Je démarre toujours mes cours ou
workshops par une citation émanant d’artistes de tous bords et la
fait résonner en photographie. Je puise souvent dans le domaine
musical ou cinématographique. L’expérience m’a prouvé que cette
manière de procéder contribue à aider et simplifier la compréhension
puis la pratique de chacun. L’idée m’est donc venue de rédiger un
livre qui serait à l’image des cours que je dispense : plein de
références et d’anecdotes constructives. Ainsi chaque chapitre
s’ouvre sur des citations d’artistes : peintre, musicien, cinéaste,
écrivain, cuisinier… et je m’amuse à les appliquer au champ
photographique et surtout dans une pratique de tous les jours.
Parler simplement de la photo comme on la vit.
Quel public vise
le livre ?
En premier lieu le photographe amateur - au sens le moins péjoratif
du terme. Le passionné qui souhaite donner plus de corps à sa
pratique et construire son identité. Puis les photographes dits
« confirmés » qui souhaitent enrichir leur culture à travers
d’autres domaines que la photographie seule et ainsi, je l’espère,
enrichir leur vision. Il peut également parler à toutes personnes
s’intéressant aux interactions entre les arts.
D'où vient pour vous l'Inspiration en photographie ?
Elle vient de partout, dès lors que l’on prend le temps de laisser
résonner les choses en soi. Que ce soit en sortant d’une salle de
cinéma, en parcourant un roman, dans les yeux de celle que j’aime,
depuis la fenêtre d’un train ou depuis le café du Thermae Palace à
Ostende où je me sens « accueilli » pour reprendre le propos de
Wyeth qui ouvre le chapitre sur l’Atelier. Les lieux sont une
très grande inspiration.
L’inspiration est liée aux sensations, qu’elles soient provoquées par
une note qui semble suspendue dans un solo de Hendrix, les entrelacs
d’une peinture de Pollock, l’harmonie dans un plat… Partout où il y
a de la sincérité et de l’audace. J’ai ouvert un petit blog il y a
peu pour partager quelques-unes de ces inspirations :
https://glcinspirations.tumblr.com, il vient se parcourir un peu
comme le hors-champ de mon site ou de mes blogs dédiés à mes
expirations :
www.gildas-lepetit-castel.com.
Votre proximité avec le cinéma a-t-elle influencé ce livre ?
Oui dans le sens où j’ai dès le départ utilisé le langage
cinématographique pour façonner mes images ou mes monographies. Le
cinéma me renvoie à mon enfance et à ces heures magiques passées
avec mon grand-père à regarder de petits chefs-d'œuvre qui ont de
manière indélébile marqué mon regard. J’avais eu la chance il y a
quelques années de coécrire le livre « Plossu Cinéma » avec Alain
Bergala et Dominique Paini…. Ce fut très vivifiant et cela à
consolider mon amour pour les salles obscures. Et puis un livre
c’est comme un film, ça permet de partager, diffuser facilement en
cassant les frontières.
Pensez-vous qu'une photographie puisse être une fin en soi ou, pour
vous, une photographie ne peut-elle exister qu'au sein d'une série ?
Sans aucun doute. Une photo seule peut parler et véhiculer ce que le
photographe souhaite exprimer. Si vous prenez l’image de HCB
« Derrière la gare St-Lazare », rares sont ceux qui vous diront de
quelle série elle fait partie. Elle exprime à elle seule la démarche
du photographe. En musique un morceau (single) peut être plus
puissant qu’un album. Mais ce genre d’image reste assez rare surtout
lorsqu’on débute. Parfois un ensemble permet de mieux exprimer les
choses, de créer une narration. Je ne prône pas la série, je cherche
l’équilibre que ce soit à travers la présentation d’une image isolée
ou d’un ensemble de fragments.
Pour vous la photographie a-t-elle à voir avec la notion de beauté ?
Pour moi la photographie est comme la musique, elle échappe à la
beauté en tant que finalité, ce serait comme réduire la musique à la
simple mélodie. Une image peut-être cacophonique et renvoyer
une force folle. Je ne cherche pas l’image réaliste mais l’image qui
transporte des émotions et ce, qu’elles soient belles ou violentes.
Je fuis les cartes postales qui se veulent d’une beauté universelle.
En quoi la culture vous semble-t-elle être au cœur du processus
photographique ?
Elle permet de prendre conscience du processus de création dans sa
globalité. Le fait d’avoir une vision plus large de ce qui a été
produit et de la manière dont on peut s’exprimer permet de trouver
son identité. Plutôt que de laisser le matériel ou la technique
diriger ses créations, la culture (livres, expos, films…) permet de
comprendre et de situer ce que l’on produit tout en ne se perdant
pas inutilement.
Dernière modification :
novembre 2018 |