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l'auteur
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Laurent CHOPINEAUX
Laurent, comment êtes-vous venu à la photographie ? - C’est la faute de mon
grand frère qui avait acheté en 1978, un Minolta XE5 avec un 85mm
f/1.7. Je me rappelle être allé en cachette dans sa chambre pour
glisser mon œil dans le viseur de la « bête »… et puis, je me suis
retrouvé à agiter des cuvettes, rincer des épreuves, faire des
planches contact et…du coup, c’est moi qui ai chopé le virus du
labo… Ma première chambre aura été un montage maison avec décentrement vertical et bascule : un Apo-Grandagon 55mm devant un spring-back de Sinar Norma et un dos 6x9 : les photos m’ont renversé par leur piqué mais le système n’était pas évolutif.
Que vous apporte la photographie à la chambre grand format ? J’aime le côté concentration de la prise de vue J’aime faire une seule photo en me disant que je vais faire au mieux… J’aime bien la technique et c’est toujours valorisant de se voir progresser… Aujourd’hui, je ne peux plus faire de photo en petit ou moyen format, je n’aime plus le trop grand nombre de prises de vue , les films qui se tortillent, les spires en plastique, les planches contact sur lesquelles on ne voit rien…J’adore le film bien plat, les bascules et les décentrements, les cuvettes à fond plat, le spotmètre…
Comment est venue cette série sur les ponts ? Ce sont un peu mes premières photos « sérieuses » car auparavant j’ai surtout donné dans le loufoque… Je n’aime pas les belles montagnes sous lesquelles je vis ! Je rate systématiquement les photos des endroits trop beaux. J’aime bien en fait les coins moches, ternes, tristes ou sinistres… N’ayant pas la possibilité d’aller faire des photos de paysage au bout du monde, je me suis rabattu sur l’idée suivante : « ce qui est à proximité n’est pas moins « photographiable » que ce qui est à l’autre bout du monde : la fadeur ou la banalité à la place du spectaculaire et de l’exotique ». Le souci, c’est que mes photos puissent être perçues comme un peu barbantes….
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Vos tirages sont extrêmement travaillés. Pouvez-vous nous en parler ? Mes tirages ne sont pas très compliqués. Etant un peu avare en papier, je ne tire que ce qui vient du premier ou du deuxième coup…J’essaye par contre de bien exposer à la prise de vue et je soigne le développement de mes plan-films, ensuite au tirage très peu de masquage ou autre manipulation. J’essaye de laisser du détail dans les zones sombres quitte à perdre un peu de noir, je veille à bien équilibrer mes ciels pour ne pas avoir de déséquilibre…Parfois un tout petit coup d’affaiblisseur au coton tige…toujours un virage sépia très dilué pour n’attaquer que les zones claires ou moyennes. Le séchage est fait sur vitre avec kraft gommé. |
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Quel matériel (chambre, objectifs, pellicules) utilisez-vous ? J’ai pendant un an ou deux acheté et revendu beaucoup d’optiques : j’ai goûté aux quatre grandes marques, essayé des SAXL ou des Apo-Grandagon… J’ai passé de l’énergie à cela mais je crois qu’il fallait le faire et aujourd’hui, je connais mieux ce que je peux attendre d’une optique, et ne bave plus devant le matériel. Je connais aussi mieux mes limites. Je me suis stabilisé sur un choix classique : 90,135 et 210mm, très occasionnellement 65 et 300mm. Les photos de cette série ont été faites successivement à la Sinar F1, la Tachihara et maintenant l’Ebony 45S. Cette dernière est toute petite, mais d’une efficacité redoutable en paysage : elle est mise en œuvre en quelques secondes car non pliante, elle se range dans le sac avec l’optique montée…son soufflet est extraordinaire de souplesse et permet d’aller aux limites de décentrement d’un 90 mm ou de passer en un instant au 300mm. Comme film, j’utilise en ce moment de la Tri-x 320 développée dans du HC110 dilution B , développement en cuvette plate à compartiments.
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Sur quoi travaillez-vous actuellement ? Je n’avais plus de sujet depuis quelques temps et me suis rabattu sur ce que j’avais sous les pieds, les Playmobils de mon gosse. J’ai choisi de les photographier en très gros plan, avec l’idée de voir si le groin d’un cochon Playmobil de 20 grammes de plastique pouvait malgré sa pauvreté de détail remplir une photo 30x40 et retenir au moins un peu le regard du spectateur…
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