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Jean-Romain Pac : Assistants
Jean-Romain, pouvez-vous vous présenter ? Je m'appelle Jean-Romain Pac, ai 27 ans et suis photographe à Paris. Je travaille essentiellement pour l'industrie et la presse. Depuis plusieurs années, je développe aussi une démarche personnelle axée sur une photographie conceptuelle qui s'inscrit dans un processus long de création. Mes projets personnels portent aussi sur des projets de photographie sociale dont fait partie cette série Assistants.
Pourquoi ce travail sur des assistants photographes ? L'année passée, j'ai eu l'opportunité d'effectuer un stage au studio de mode/publicité Rouchon. Tout de suite, la diversité des profils des autres stagiaires m'a frappé. Arnaud vient de l'informatique et a
tout laissé tomber pour devenir photographe.
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Le studio photographique est certainement le lieu où tous les genres de futurs-photographes se croisent. A cet endroit et en cet instant, chacun a une vision particulière de la photographie et surtout de ses intérêts photographiques : art, reportage, mode, publicité, concert, ... Tout le monde est motivé et impliqué car nous sommes à ce moment là dans l' « univers de tous les possibles ». Dans quelques années, une poignée d'entre eux deviendront de grands photographes, d'autres resteront dans le milieu et certains auront complètement quitté le métier. J'ai voulu réaliser un instantané de cet état et du passage fugace des stagiaires en studio car il est décisif pour l'orientation qu'ils donneront à leur carrière. A la fin de mon stage au studio Rouchon, j'ai donc réalisé les quatre premiers portraits et un an plus tard, la plupart des grands studios photos parisiens m'ont ouvert leurs portes pour que je puisse étendre ma série avec de nouveaux stagiaires.
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Pourquoi la chambre 4x5 ? Le choix s'est fait naturellement. En portrait, une chambre 4x5" pose le décor et amène une sorte d'apaisement du modèle. Je voulais, dans une optique d'exposition avoir de grands tirages pour apprécier tous les détails. Un bracelet, la disposition des doigts de la main, l'ornement d'une chaussure : tout est porteur de sens. En optant pour le 4x5", je savais que les portraits seraient de fait plus justes.
Quelle chambre utilisez-vous ? J'emploie une Toyo 45AII avec une optique Rodenstock Sironar-N 150 mm. Lorsque j'ai commencé le grand format, j'ai d'abord acquis une chambre monorail mais qui était peu adaptée aux prises de vue en déplacement. Après j'ai investi dans cette chambre et l'ensemble du matériel que je transporte pour ce projet - éclairage compris - me permet beaucoup plus de mobilité. En terme d'émulsions, je travaille exclusivement avec du négatif Kodak (Portra 400 et Ektar 100) car le grain est plus fin que celui des plan-films Fuji, même pour des sensibilités supérieures.
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Le photographe
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Les distances au sujet et l'allure générale des photographies sont assez diverses d'une prise de vue à l'autre : à part le sujet commun, on semble moins être dans une série que dans un reportage. Qu'est-ce pour vous exactement qu'une série ? La notion de série est aussi difficilement définissable que celle de l'art car elle est intimement liée au fil rouge que l'on voit se dégager d'une collection d'images, aux sens et messages généraux qui en émanent. En d'autres termes, l'appartenance d'un groupe d'images à un système sériel est largement subjective. Je ne vois pas d'incompatibilité entre la série et le reportage. Un bon reportage suit un fil conducteur, propose un ensemble cohérent d'images et il peut y avoir un ordre établi de lecture. Une série peut s'apparenter à un cadre de travail ou de vision. Ce qui me semble essentiel c'est d'aborder la prise de vue avec une volonté créatrice et une idée préconçue de la finalité du projet, même si elle est amenée à évoluer en cours de route. Dans la série Assistants, le projet consiste à faire le portrait d'un stagiaire, à la chambre 4x5", avec le même appareil et la même optique, le même type d'émulsion dans un décor naturel, in-situ. Le cadrage va du plan américain au plain-pied et l'appareil est situé pour la majorité des images au niveau du modèle. A mon sens, ma démarche est trop interventionniste pour considérer cette série comme un reportage. Toutes les photos sont posées, chaque image demande environ une heure de préparation par le choix du cadre, la mise en place de l'éclairage et la prise de vue en tant que telle. Même s'il y avait une unité de lieu pour chaque studio, le choix du plateau ou du fond m'appartenait.
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Comment éclairez-vous vos sujets ? Les photographies sont prises soit en lumière naturelle soit en lumière artificielle avec une seule et même boîte à lumière. Pour l'éclairage sans flash, je profite des plateaux dits "daylight" qui jouissent en règle générale d'une large verrière. Les conditions sont donc très confortables. Il peut m'arriver d'ajouter un large réflecteur de deux à trois mètres de haut pour atténuer les ombres mais rien de plus. Avec flash, la position, l'inclinaison et la distance de la boîte à lumière vis-à-vis du sujet sont évidemment primordiales. Les prises de décision dépendent du cadre dont le choix est la première étape de la prise de vue.
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Dernière modification de cet article : 2011
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