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l'auteur

André MOUTON est photographe et passionné de grand format. Il a créé TAOS PHOTOGRAPHIC 
(1 impasse Laporte
11400 Castelnaudary)
taos@wanadoo.fr 

 

 

 

 

 

Idées fausses sur le zone system

"J'ai essayé le Zone System, mais…." Combien de fois ai-je entendu cette réflexion dans la bouche de photographes frustrés ? La raison du désenchantement est simple : le Zone System est victime d'opinions erronées de la part de beaucoup de photographes, qu'ils soient prétendants ou opposants au système. J'espère que les quelques mises au point qui suivent seront de nature à réhabiliter un outil que je considère indispensable à la production d'images noir & blanc de qualité.

 

1) Pratiquez la photographie, non la sensitométrie !

Le fondement de la pratique du Zone System est la compréhension du comportement des matériaux photographiques, de leurs possibilités et de leurs limites. Mais certains photographes ont interprété qu'ils devaient pratiquer la sensitométrie avant la photographie. C'est faux ! Il est inutile de passer son temps en calibrations théoriques complexes. L'application des principes du Zone System doit être simple, rapide, et conduire à la réalisations de véritables photographies. Ainsi, je ne comprends pas le mystère qu'on peut faire quant à la sensibilité des films ou les durées de développement. Je conseille de partir sur des bases simples qui ont fait leurs preuves : une sensibilité divisée par 2 par rapport à l'indication du fabricant pour privilégier les ombres, une durée de développement raccourcie de 20 à 30% pour contenir les hautes lumières. A partir de cette base, à vous d'appliquer les principes du Zone System. Mais faites le sur de véritables sujets et non sur des chartes de gris !

 

2) Plan-film ou roll-film ?

Une idée répandue est que le Zone System ne s'applique qu'à la photo à la chambre du fait de la possibilité de traitement différencié des plan-films. Erreur ! La compréhension de la photographie ne dépend pas du choix du format. Il est vrai que le plan-film autorise une application optimale du Zone System, mais les utilisateurs de roll-films ont aussi intérêt à suivre ses principes. En visualisant le résultat final, en déterminant parmi les sujets lesquels seront compatibles avec le développement choisi, le photographe évite de gaspiller de la pellicule sur des sujets qui, de toute façon, seraient perdus au traitement.

 

3) Les papiers à grades ou multigrades ne remplacent pas le Zone System :

Combien d'experts ont prétendu que le Zone System était devenu obsolète avec l'invention des papiers à grades, précisant que des négatifs de contraste différents pouvaient très bien être développés de façon identique moyennant d'adapter le contraste de l'image par le choix du grade du papier. Ils semblent ignorer plusieurs réalités :
· Les papiers à grades ont existés bien avant le Zone System. 
· Le passage d'un grade 2 à un grade 4 ou 5 équivaut en termes de Zone System à N+1 ou N+1,5 suivant les papiers. Le passage d'un grade 2 à un grade 0 équivaut à N-1 ou N-1,5. Ainsi, l'étendue de contrôle disponible est au maximum de N-1,5 à N+1,5. C'est bien peu de flexibilité si on compare avec l'étendue de contrôle disponible avec le Zone System qui peut atteindre N-10 à N+6 suivant les techniques employées. 
· Il ne faut pas confondre le contraste du sujet et son étendue de brillances ( écart entre les zones les plus sombres et les zones les plus claires ). Ainsi, 3 négatifs de même contraste peuvent renfermer soit une étendue de brillances faible ( 1 à 16 par ex. soit 4 diaphragmes ), soit normale ( 1 à 128 par ex. soit 7 diaphragmes ), soit longue ( 1 à 2048 par ex. soit 10 diaphragmes ). Tirer ces négatifs sur un même papier revient inévitablement à sacrifier 2 négatifs sur 3. A l'inverse, tirer le 1er négatif sur un papier à fort contraste, le 2e sur un papier à contraste moyen et le 3e sur un papier à faible contraste permet d'adapter l'étendue de brillances du sujet au papier considéré mais conduit à fausser le contraste local.

Il est donc clair que, comparé aux larges possibilités du Zone System, le contrôle de l'image par le seul choix du papier est très insuffisant. Cela ne signifie pas que les papiers à grades sont sans utilité ( voir parag.4 ), ils sont au contraire extrêmement utiles pour la réalisation d'images parfaitement abouties, mais ils ne constituent pas un substitut au Zone System.

 

4) Le grade 2 n'est pas sacré !

Une autre idée fausse réside dans l'opinion que l'application du Zone System permet de produire des négatifs qui peuvent tous être tirés sur du papier à contraste moyen. Bien que l'intention du Zone System soit d'obtenir des négatifs harmonieux même sur des sujets difficiles, des variations dans le contraste ou l'étendue des densités enregistrés ne peuvent parfois être évitées. Une gamme de papiers de différents contrastes reste donc nécessaire pour corriger en final ces variations et produire la meilleure image possible.

 

5) Hi et Lo :

Un fabricant renommé de posemètres propose un spotmètre sophistiqué et très cher étudié spécialement pour les utilisateurs du Zone System. Après avoir enregistré la mesure des hautes lumières, puis des basses lumières, le posemètre calcule… la valeur moyenne ! Mais où donc ce fabricant a t'il pêché l'idée que le Zone System avait quelque chose à voir avec une exposition moyenne ? Permettez-moi d'affirmer haut et clair : le Zone System n'a absolument rien à voir, en aucun cas, avec la détermination d'une exposition basée sur la moyenne des hautes et basses lumières du sujet !

 

6) Une photographie est toujours un interprétation de la réalité, pas une duplication :

Les experts en Zone System suggèrent au photographe de calibrer films et papiers. Ces tests sont bons pour les chercheurs, les magazines, les auteurs d'ouvrages spécialisés, mais c'est une tâche inutile pour le photographe créatif. La réalisation d'une photographie n'est pas l'exacte correspondance entre le sujet et le négatif ou le négatif et le papier, elle est une interprétation créative. Un gris foncé peut être interprété comme un noir, un gris clair comme un blanc. L'exposition du négatif et son développement doivent être déterminés en fonction de la vision que le photographe a de son sujet. Le papier peut être choisi pour son contraste local plutôt que pour sa capacité à respecter toutes les densités du négatif, etc… Seule l'interprétation créative doit dicter les choix du photographe.

 

Conclusion

Si votre application personnelle du Zone System ne produit pas ce que vous attendez dans les ombres, les hautes lumières, le contraste, les densités, etc… de vos photographies, c'est inévitablement qu'elle est incorrecte. Mais je vous rassure : peu importe quelle densité vous obtenez en Zone I ou en Zone VIII, la clé du Zone System ne réside pas dans la précision de la méthode. Elle réside dans la clarté de la compréhension.

 

 

dernière modification de cet article : 2000

 

 

 

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