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l'auteur
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A propos des taspar Henri Peyre Quelques réflexions sur les tas en général et quelques tas traités en ziatype en particulier (l'ensemble de ces tirages peut être trouvé sur la galerie)
On ne sait pas au juste comment les tas se constituent. Avant d’être des tas ils ont probablement été des objets isolés. Il y a eu un objet, un second, mais ce n’est pas forcément au troisième que le tas commence. Il faut qu’une sorte de ressemblance entre objets délaissés se constitue. C’est elle qui va déterminer les objets comme un tas, bien plus qu’une simple localisation géographique : on peut avoir au même endroit un tas de bois et un tas de pierre. Notre œil fera parfaitement la différence. La ressemblance peut provenir autant des objets eux-mêmes que de la proximité visible de l’intention qui les a échoués dans un lieu donné.
Autrement dit un tas n’est pas un rassemblement fortuit d’objets abandonnés, mais plutôt un groupe d’objets en attente d’un usage qui semble pouvoir être deviné. Un tas présente le rébus d’une intention. Sa contemplation nous donne ainsi la jouissance de l’apparition d’un ordre au sein même du chaos, et la jouissance complice de l’avoir mis au jour. Un tas digne de ce nom doit convoquer notre perception à se jucher sur la mince ligne de partage entre sens et non sens, entre utilité et inutilité, entre noir chaos et lumière naissante de la compréhension.
Dit autrement, à contempler un tas on en apprend énormément sur soi-même et on retrouve dans la cohésion qu'on donne aux choses le ciment qui jour après jour nous permet de tenir debout.
C'est probablement pourquoi on ne peut plus au bout d'un certain temps s'arrêter d'analyser toutes les choses qui nous tombent sous le regard. De là que les tas naissent de partout et sans arrêt.
Le meilleur tas est celui qui nous donne le plus la satisfaction du sens...
en attendant de trouver quelque tas plus gros encore.
dernière modification de cet article : 2007
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