Henri Gaud : imprimerie Fot, travail en trichromie
interview réalisée à l'occasion de la
présentation
de 5 nouvelles trichromies sur la galerie de galerie-photo
Henri, quel est le sujet de ces trichromies très
colorées ?
La perception du réel
passe par l'expérience de chacun, par sa culture, ce n’est pas un
absolu... bien sûr la dimension culturelle et contextuelle de
l'image est bien connue en peinture, mais en photographie ce n’est
pas encore évident, l’illusion de la vérité photographique reste
souvent au premier plan. Je montre en fait pour me détacher du réel,
pour amener à douter de ce qui est vu.
Le sujet actuel de mon
travail c’est la couleur, la couleur comme réalité physique ou comme
réalité culturelle : quelles sont les failles dans sa représentation
et comment instaurer une sorte de doute ?
Je pose la question de la
réalité photographique au travers la couleur, voila tout.
En aucun cas il n’y a de réponse, juste la possibilité d’accepter la
question.
Qu'apporte la trichromie au
traitement de ce type de sujets ?
Une liberté dans le
traitement de la couleur : le procédé décomposant la transcription
des couleurs en étapes, chacune donne la possibilité d'un choix.
Cette liberté n'est réellement possible qu'avec un procédé de ce
type. Dans un travail personnel, la liberté technique me semble un
élément très important.
Quelles sont les conditions
techniques de ces images ?
Très simples : un Rollei
6008i, 3 optiques 50-80-150, de la HP5 exposée selon les contraintes
de la trichromie directe (en gros 25 iso et mesure de la pose TTL
sans filtre). La pellicule est développée dans le HC 110 1+39
pendant 7 mn à 20 degrés.
A la prise de vue
l'appareil est posé sur un pied, l'axe optique étant environ 1,20 m
du sol sur l'ensemble des prises de vue, une hauteur de point de vue
"constante".
La température de couleur du lieu
vous a-t-elle posé problème ?1
Aucun problème, les
images n'ont besoin ni de correction ni d'ajustement, ce sont les 3
poses qui font tout.
Dans le cas d'une
température de couleur qui paraîtrait particulièrement basse (et une
évaluation visuelle est bien suffisante), il suffirait de changer la
sensibilité relative de la couche du jaune/bleu en augmentant la
pose d'un diaphragme ou de deux, voir de trois dans les cas
extrêmes, avec une lumière de type sodium haute pression.
La seule question à se
poser par rapport à la température de couleur, c'est comment obtenir
des histogrammes complets couche par couche : la combinaison de pose
ajustable couche par couche et la dynamique des films Noir et Blanc
permettent de régler ces problèmes avec une extrême facilité et sans
connaissance particulière, ni d'équipement particulier. Juste un
appareil, trois filtres, et quelques bobines de film.
Quels sont vos prochains objectifs
avec la trichromie ?
Il y a deux objectifs :
Premier objectif :
creuser les sujets qui permettent de cerner les différents aspects
de cette couleur culturelle, produire de la couleur, et non pas la
reproduire. Les sujets en forme de question ne manquent pas, je me
suis établi un programme et il ne s'agit que d'un problème de temps
et d'organisation.
Deuxième objectif, je
veux montrer ces images, qui sont bien sûr visible sur le
Blog de la
trichromie ; mais ce n'est qu'une petite lucarne, je pense
plutôt à des expositions ; et comme je suis pas le seul à y penser,
ces trichromies vont quitter le virtuel des blogs pour des cimaises
bien réelles.
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1 La question de la température de couleur est évoquée assez
abondamment sur le blog d'Henri Gaud, en particulier
ici
dernière modification de cet article
: 2009
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