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Henri Peyre
Né en 1959
photographe
Beaux-Arts de Paris en peinture
webmaster de galerie-photo
ancien professeur de photographie
à l'Ecole des Beaux-Arts
de Nîmes

www.photographie-peinture.com
organise des stages photo
www.stage-photo.info


 

 

Philippe DONNADIEU

0648443248
philippe.donnadieu@hasselblad.com
Photographe
est passé de Prophot (17 ans)
à Hasselblad France
où il est responsable commercial
pour le Sud de la France

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Convertir un Hasselblad série V
à la prise de vue en numérique
par le montage d’un dos 50c

 

Introduction

Le but de cet article est de présenter l’intérêt de passer au dos numérique quand on possède déjà un équipement Hasselblad argentique de série V.

 


Un Hasselblad de série V : l'Hasselblad 503CW

 

Le dernier 503 de chez Hasselblad est sorti en 2003. La technologie en série V s’est donc poursuivie jusqu’à il y a donc peu.
Les séries H et V ont vécu à un moment parallèlement puisque le premier H1, boîtier encore argentique, est sorti en 2002.

Le changement d’aspect de la série H, doté d'un look futuriste, a brutalement surpris les fidèles de la marque qui lui ont reproché l'aspect jouet en plastique ; pourtant les appareils de série H sont en alu et les appareils sont très solides, au moins autant que les précédents.

 


Un Hasselblad de série H : l'Hasselblad H5D 50

Plus grave, le changement de la norme de V en H a aussi surpris. Jusque-là Hasselblad était un univers très stable. Les optiques de la série V était Zeiss. Hasselblad travaille avec Fuji pour la série H, suite aux contacts établis à l’occasion de la sortie de l’XPan. Il y a de l’électronique sur les optiques H et pas sur les V. Enfin l'incompatibilité entre les deux systèmes est quasi totale, ce qui a représenté une véritable trahison pour les fidèles de la marque, qui avait jusque là beaucoup communiqué sur le respect de l'investissement déjà réalisé par les photographes.

Au total la migration des utilisateurs d'Hasselblad vers le numérique a donc été difficile : un grand nombre de photographes possède encore aujourd’hui un gros parc V et de nombreux objectifs Zeiss.

3 facteurs peuvent aujourd'hui inciter les aficionados de la série V à passer enfin au numérique :
- Le dos 50C est à moins de 10000€ TTC
- Le 50mp est un bon standard en matière de poids de fichier. On peut obtenir des images de 53x70 cm en 300dpi (les images pèsent 293Mo en 16 bits natifs)
- Le C-Mos permet de monter en sensibilité sans trop de bruit :
Dans les dos CCD classiques, on obtient un rendu sans bruit entre 50 et 200 ISO. Avec un CMOS on peut obtenir un rendu comparable en photographiant jusqu'à une sensibilité de 6400 Iso. Montant en sensibilité, on peut monter en vitesse, et éviter les effets de bougé dus aux tremblements du photographe ou au claquement de la remontée du miroir. Cela permet aussi d’obtenir plus de choix de profondeur de champ.

De quoi a-t-on besoin pour convertir son Hasselblad de série V au numérique ?

Le photographe qui veut se servir de son matériel de série V pour réaliser des photographies en numérique n'a besoin d'acheter que le dos CFV 50C.

Le dos est fourni prêt à l’emploi avec batterie et carte mémoire.

Un certain nombre de câbles sont à l'achat livré avec le dos. La seule utilité de ces câbles est de donner la possibilité de monter le dos sur une chambre ou tout autre support utilisant une monture V, qui est la monture la plus vendue au monde.


On voit sur cette photo l'ensemble du matériel livré : dos, câbles, carte mémoire et batterie. Il manque le chargeur, qui est de la taille de la batterie.

Pour fonctionner avec le boîtier V, le dos n’a besoin d’aucun câble, sauf éventuellement le grand câble qui permet la connexion FireWire 800 avec l’ordinateur pour récupérer les images directement sur les logiciels Phocus ou Lightroom. Dans cette configuration il est à noter que si les photos "tombent" dans le programme installé sur l'ordinateur, il n'est pas question de piloter l’appareil parce que le système V est mécanique et qu'il n'y a ni câblage ni motorisation dans les objectifs de chez Zeiss.

On ne voit pas sur la photo précédente les disques logiciels de Phocus et Lightroom, fournis, mais les utilisateurs téléchargent généralement ces logiciels en ligne. Il manque également une élégante boite en cordura qui permet de faire voyager le dos en toute sécurité dans le sac (au transport, on évite de laisser le dos sur l'appareil). La voilà :

 

Lors du déclenchement d'un dos monté sur un appareil de série V, il n’y a pas besoin de réveiller le dos.

L'ancien système de déverrouillage pour les dos A12, qui servait à synchroniser l’avance du film en sortant du boîtier au moment où le doigt appuie sur le déclencheur, réveille le dos au moment de la prise de vue.

Les câbles livrés permettent de synchroniser l’optique dans toutes les autres conditions imaginables : sur une chambre ou un appareil de toute marque muni d'une monture V. On voit ici 4 connecteurs au-dessous du dos :

Le 2ème connecteur à droite est destiné à une éventuelle alimentation directe du dos, non livrée, à la place de l’alimentation par la batterie (cette alimentation peut aussi se faire par l’ordinateur au travers du FireWire), les 3 autres connecteurs sont destinés aux câbles de synchronisation : si l'on désire utiliser le dos avec une chambre Arca-Swiss par exemple, il suffit d'acheter chez Arca-Swiss l'adaptateur pour dos numérique Hasselblad V. Selon la configuration envisagée, un câble peut alors être nécessaire pour assurer au déclenchement le réveil du dos.

Voici donc l’appareil, ici un Hasselblad de la série 500, avec juste ce dont il a besoin pour fonctionner : le dos et la batterie installée sous l’appareil.

La plaque que l'on voit à droite de la photo est la protection du capteur. Cet accessoire permet de fermer le dos au moment du transport, lorsqu'on détache le dos du boîtier et qu'on le place dans sa housse.

Une séance de prise de vue en studio

On présente ici une image faite en studio. Pour donner un ordre d'idée des résultats à attendre du dos, on a réalisé une image comparable au D800E avec le 85mm tueur de chez Nikon (85mm f1.4G) utilisé à F10 (c'est-à-dire au mieux).

Sur l'Hasselblad nous avons le Planar CF de 100mm, objectif génial et mythique de chez Zeiss, dont le rendu est quasiment orthoscopique.

Le mode opératoire de la prise de vue n'est pas très compliqué.

On allume le dos par son bouton on.
Pour cadrer on peut utiliser le viseur, en ayant soin de cadrer le sujet dans le système de lignes gravées (qui ne représente qu'une partie de l'image, puisque le capteur du dos cv50 présente une superficie de 32,9 x 43,8 mm et non pas de 6x6 cm).
On peut aussi utiliser le Liveview : on met alors l’appareil en pose T et on cadre alors le sujet sur l'écran à l'arrière du dos. Cette façon de procéder nous est apparue préférable en studio.

Quelle que soit la méthode de visée choisie, on règle la netteté, la vitesse et le temps de pose puis l'on déclenche.

Le liveview est très agréable pour le cadrage mais peut apparaître un peu fastidieux pour la réalisation de la netteté en studio : il faut sans arrêt zoomer et dézoomer en manipulant des boutons sur le boîtier. Le mieux est de procéder à l'ancienne, en mesurant au mètre ou au distomètre et, dans le cas de la nature morte, en se servant d'une table de profondeur de champ.

Le pré-relevage du miroir nous a semblé obligatoire sur notre Gitzo léger (ici sur P0 de chez Arca-Swiss avec une plaque rapide Monoballfix universelle en L pour passer facilement du Paysage au Portrait... puisque nous ne sommes plus en format carré).

Le déclenchement par un déclencheur souple est également obligatoire pour éviter tout risque de bougé ou de modification du cadrage au déclenchement :


Photo de l’Hasselblad en place, dos 50 Hasselblad en format Portrait sur un montant Monoballfix en L Arca-Swiss.

On récupère ensuite les images de la carte sortie du dos dans Phocus, qui est un logiciel gratuit d'Hasselblad.

Phocus est capable de détecter les objectifs utilisés sur le système H et de corriger le vignettage, les déformations et les aberrations chromatiques. Avec les objectifs mécaniques Zeiss, il faut bien entendu indiquer à la main au logiciel l’appareil, l’objectif, la distance de mise au point et le diaphragme utilisés.

 


L’image en traitement dans Phocus ;
notez en bas à droite la correction optique qui est le principal apport de ce logiciel. Sur le Planar 100mm /f 3.5, le logiciel corrige un gros vignettage tandis que les distorsions apparaissent quasi nulles. L'objectif, du point de vue de la déformation de l'image, porte bien son nom.

 

 

L’image est ensuite exportée en TIFF 16bits.

Présentation des résultats

On ne tiendra pas compte des petits décalages de couleur entre les deux images présentées. Pour la confection de cet article, on a laissé l'image traitée par Phocus telle quelle (ainsi que l'avait obtenue Philippe Donnadieu) et approché ses couleurs, légèrement plus chaudes que celle obtenue avec le système Nikon, en modifiant légèrement les couleurs de l'image du D800E. Les images du D800E ont été obtenue après traitement sur Camera Raw avec correction des défauts d'objectif et sans accentuation. Nous conseillons au lecteur, pour toute comparaison utile, de copier/coller les vignettes présentées et de s'exercer à des accentuations. 

 

Le fichier obtenu avec le dos Hasselblad
L'image, en 300ppp, peut être tirée à la taille de 52,49 sur 70,04cm
Le fichier obtenu avec le Nikon D800E
L'image, en 300ppp, peut être tirée à la taille de 41,59 sur 52,02cm
(à noter, dans la comparaison, il ne faut retenir que la comparaison de largeur. Le D800 E a été employé dans la plus grande largeur possible mais pas au format FX : la hauteur de son image aurait pu être plus importante)
  La comparaison des images montre pour les deux systèmes des images exemplaires par leur propreté avec peut-être, dans ces vues au pixel réel, un léger avantage pour la même superficie d'image, au Nikon D800E. Ce dernier offrirait donc moins de pixels réels mais une efficacité à la surface légèrement supérieure, largement explicable par l'acuité supérieure de son optique, pas obligée de couvrir un cercle d'image d'au moins 6cm comme le Planar. Cet avantage de densité de qualité d'image permet probablement au D800E de remonter une partie de son retard sur l'Hasselblad concernant les dimensions d'image, mais pas complètement à notre avis. Il nous semble qu'il reste un écart qui permet au moyen format de donner aux matières un rendu plus réel et plus voluptueux.

 

  Le lecteur sensible à la volupté des cartons d'emballage appréciera peut-être la dite volupté dans cet endroit précis de l'image. La résolution malgré tout supérieure du système Hasselblad et la magnifique sonorité des couleurs de l'objectif du moyen format nous semblent parlantes dans ce détail.

 

  On modérera toutefois dans le cas précis de la prise de vue en studio sur des objets propres la satisfaction que peut donner une prise de vue avec un capteur de taille supérieure aux capteurs des reflex plein format : avec l'augmentation de la taille du capteur, la profondeur de champ a tendance à diminuer, phénomène bien visible sur cette comparaison... et qui serait frappant avec une prise de vue comparable sur un film 4x5".

 

  On voit bien sur cet autre détail la vitesse avec laquelle, sur le système Hasselblad, la profondeur de champ s'évanouit devant et derrière la rayure qu'a faite la règle d'acier sur la table.

 

  Terminons par un autre détail, pris dans une partie de l'image où la netteté est acceptable pour les 2 images. On voit là encore que le rendu des matières reste plus intéressant, en raison de la définition supérieure et probablement à cause de la taille des capteurs qui permettent une meilleure discrimination dans les ombres, sur le cliché pris avec le dos Hasselblad qu'avec le Nikon D800E.

 

 

 

Sur le capteur de chez Hasselblad, la dynamique de l’image à 100 ISO est annoncée à 14 diafs (à comparer avec la dynamique en négatif papier noir et blanc de 11 à 12 diafs, en négatif couleur de 7 diafs, et en diapositive de 5 diafs). Sur le Nikon on reste probablement autour des 9 diafs, ce qui veut dire une moins bonne aptitude à découvrir les variations dans les basses lumières de l'image, et plus de chance de dépasser les possibilités du capteur à la prise de vue dans les conditions extrêmes.

D'après Philippe Donnadieu, par rapport au système H, les images obtenues par le dos en système V avec les optiques Zeiss apparaissent plus dures et plus contrastées et sont moins riches en information que celles obtenues avec les optiques Fuji du système H, spécialement faites pour le numérique.

Conclusion

L’intérêt d’un système V avec le dos 50C par rapport aux reflex contemporains annoncés à 50mp est principalement une dynamique toujours supérieure.
L'augmentation de la taille du capteur implique toutefois une diminution de la profondeur de champ qui peut rendre critiques certaines conditions de prise de vue, en studio notamment ; inversement les passages du net au flou peuvent devenir particulièrement somptueux. Comme toujours, tout dépend du type de photographie qu'on envisage de réaliser.
Les puristes évoqueront également le plaisir bien supérieur de la fabrique des images en moyen format avec des systèmes très mécaniques. Les amoureux du système V profitent en tous cas avec le dos 50C d’une deuxième vie pour leur système Hasselblad et ses optiques Zeiss de la grande époque. Et cette adaptation maintient un écart encore réel entre les reflex actuels et les appareils moyen format anciens ainsi remis en course. Cet écart concerne à la fois une avance en matière de résolution encore maintenue mais aussi des sensations restées très nettement différentes, notamment à cause de l'influence du format sur la netteté des images prises.

Caractéristiques Techniques du dos 50C

L’autonomie avec une batterie est de l’ordre de 3h en condition de prise de vue. Il faut toujours prévoir deux batteries. A noter les batteries sont des batteries courantes et donc peu cher de type Sony (qu’on trouve aussi chez Duracell ou autres).

Télécharger le pdf des caractéristiques techniques du dos CFV 50C.
A noter en page 3 de ce pdf, les possibilités de connexion avec différents types de matériel.

Annexes

En complément de cet article, une image d'extérieur : Montpellier avec le Planar 100, diaf 11 à 100 ISO, prise par Philippe Donnadieu.
Ci-dessous une image de placement et trois détails à la taille réelle des pixels.

 

 

 

 

 

 

Dernière modification de cet article : 20 septembre 2015

 

 

 

tous les textes sont publiés sous l'entière responsabilité de leurs auteurs
pour toute remarque concernant les articles, merci de contacter henri.peyre@(ntispam)phonem.fr

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