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Guillaume Collignon
Monuments of Madness

 

Guillaume, où et quand ont été prises ces images ?

Ces images ont été prises entre 2010 et 2012, de la France à la Norvège, en passant par l’Allemagne, la république Tchèque, l’Autriche, l’Italie, la Suisse, et jusqu’en Turquie.

La photo qui a déclenché la série est une vue de l’ancien tremplin de saut à ski de Saint-Nizier de Moucherotte, des Jeux olympiques d’hiver de Grenoble de 1968.

Le site est complètement abandonné depuis des décennies. Je travaillais à ce moment là sur ma série Roadside valleys, sur les anciennes vallées industrielles alpines, donc plus particulièrement la vallée de la Maurienne. J’ai gardé ces photos du tremplin de Saint-Nizier de côté en me disant que cela pourrait être le point départ d’une future série.

 

Pourquoi ce titre de Monuments of Madness ?

Un ami m’a proposé le titre. Ces tremplins, ces sites, sont des lieux dédiés un sport particulier, et certains ont été une étape de l’olympisme. Depuis plusieurs années, un pays qui accueil les JO doit montrer sa grandeur, sa puissance, au moyen d’infrastructures de plus en plus grandes, perfectionnées et qui doivent laisser une trace. Un tremplin de saut à ski est avant tout, selon la topologie du lieu, une tour, avec un grand toboggan permettant l’envol du skieur, ce qui est le cas des tremplins anciens, de la première partie du XXe siècle jusqu’au années 60/70.


 


 
 Heini-Klopfer skifkugschanze, Oberstdorf - Monuments of Madness - © Guillaume Collignon

l'auteur

Vit et travaille à Lausanne.

Photographe indépendant
après avoir effectué
un bachelor en photographie
et un master en direction artistique
à l’école cantonale d’art
de Lausanne (écal)
www.guillaumecollignon.com
gc@guillaumecollignon.com

 
   

 

Aujourd’hui, le tremplin n’est plus juste ce grand et simple toboggan. Cela devient une marque, une signature pour les villes ou les stations de ski qui les possèdent, comme par exemple le tremplin du Bergisel à Innsbruck, entièrement refait par l’architecte Zaha Hadid. Le tremplin, comme d’autres infrastructures sportives de nos jours, se visite, possède un restaurant - café panoramique, un mini musée.

Madness vient du fait que ce sont des infrastructures fort coûteuses à construire et à entretenir (avec les pistes de bobsleigh). Dans le monde, seulement une poignée de personnes pratiquent ce sport particulier.

Certains sites ne servent que pour une seule compétition, à l’exemple du tremplin des JO de Turin de 2006, qui maintenant rouille à flanc de montagne.

 

 


 Bergisel, Innsbruck - Monuments of Madness - © Guillaume Collignon

   



Diriez-vous qu'un photographe doit donner à voir ?

La photographie permet de donner à voir et de ne pas donner à voir. Dans cette série, on peut voir des tremplins flambant neufs, dont les constructions ou leurs rénovations a coûté des dizaines de millions d’euros, et d’autres en ruines, témoins d’une époque et d’un moment passé. C’est aussi un questionnement sur le sport aujourd’hui, entre la performance des athlètes et des installations sportives de plus en plus grandes, complexes et coûteuses.


La notion de démesure est-elle importante pour vous ?

Pour cette série, oui. On peut trouver beaucoup de tremplins, mais ce sont juste de grand toboggans à flan de colline ou montagne. Les tremplins que j’ai recherchés ont à la fois cette démesure, ainsi qu’une combinaison architecturale et topographique. On sent encore cette démesure quand on est devant les tremplins, sur l’aire d’arrivée, ou en haut de la tour. On s’en rend compte aussi lorsqu'on assiste à une manche de la tournée des quatre tremplins à Innsbruck, au milieu de vingt mille spectateurs.

 

 


  Große olympiaschanze, Garmisch-Partenkirchen - Monuments of Madness - © Guillaume Collignon

   



Avec quel matériel avez-vous fait ces images ?

Toute la série a été faite en 4x5, avec une Linhof Technikardan. Malgré son poids, le fait quelle aie l’encombrement d’une folding et les amples mouvements d’une monorail ont été des atouts fort précieux, surtout quand je suis allé en Turquie. La chambre et les optiques tenaient dans une sac à dos de taille moyenne permettant d’être pris en cabine. Niveau optique, la grande majorité des images sont au 90 et 135mm. Le tout en Kodak Porta, développé, numérisé et retouché par moi-même.

 


Holmenkollen, Oslo - Monuments of Madness - © Guillaume Collignon

     

 

Pensez-vous que l'utilisation d'une chambre photographique puisse modifier le rapport du photographe à son sujet ?

Bien sûr. Pour ce travail, la chambre est l’outil idéal. Les tremplins sont là, ne bougent pas. Je peux donc prendre (presque) tout mon temps. J’ai aussi beaucoup repéré les lieux en amont, en utilisant Google earth pour mieux cerner la topographie, les accès et points de vues possibles. Google image m’a aussi permis de récolter beaucoup de photos de ces endroits. Mais entre cette presque réalité virtuelle et le lieu réel, il y a souvent des différences, et le repérage réel du lieu est de toute façon nécessaire.

 

 


Trampolino Italia, Cortina d’Ampezzo - Monuments of Madness - © Guillaume Collignon

     
   

 

 

dernière modification de cet article : 2015

 

 

 

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