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le photographe
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Gilles Aymard : photo d'architecture
Gilles Aymard, comment en êtes-vous venu à la photographie d'architecture ? J’ai appris la photographie pendant mes
études à l’Ecole Nationale d’Architecture de Lyon.
Qu'est-ce que le fait d'avoir été architecte apporte à votre photographie d'architecture ? Avoir été architecte me permet d’évaluer
les besoins de mes confrères et des autres acteurs de l’acte de
construire pour les avoir connus quand je pratiquais ce métier.
Que peut apporter un bon photographe d'architecture à son client ? Je crois que la chose la plus importante qu’un bon photographe d’architecture peut apporter à son client, c’est la disponibilité. Etre là quand il faut, quand c’est le bon moment ! Car la photographie d’architecture ne se fait pas sur rendez-vous ! Il faut être constamment à l’affut des moments (de l’année ou de la journée) ou la lumière sera adaptée et belle. Le métier d’architecte est très prenant et demande une attention presque totale et permanente aux projets. Dans ces conditions, il est très difficile pour un architecte de réaliser lui-même ses propres photographies. Il est rarement disponible au bon moment. En outre, il est peu fréquent qu’il possède les connaissances techniques photographiques, ni le matériel adéquat. Un bon photographe d’architecture peut aussi faire découvrir le projet sous des angles que n’avait pas forcément imaginé son concepteur.
Ci-dessous :
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Photo d'Architecture sort aux Editions Eyrolles. Dans ce livre vous vous montrez organisé, discret et soucieux d'une démarche extrêmement construite et raisonnée. C'est le style Gilles Aymard ? Qui dit client, dit photographie de commandes en général destinées à la communication et la mise en valeur d’une œuvre architecturale, ou d’un produit particulier destiné à l’architecture. Dans ce registre, le photographe doit savoir mettre son art au service de l’architecture, savoir « s’effacer » au profit d’un autre concepteur. Sa photographie doit être l’œuvre d’une œuvre. Ce qui est très différent d’une démarche purement artistique prenant l’architecture comme support à la création. Pour qu’une photographie soit réussie, je pense qu’il faut que les 3 critères, contenu sémantique, composition et qualité de la lumière soient réunis. Ainsi, le plus souvent je prépare mes reportages en analysant les projets sur place ou sur documents graphiques, dans l’optique de réaliser 3 niveaux de rendus selon la commande : une seule photo emblématique résumant le projet (si c’est possible), 6/8 photos pour une description plus détaillée, quelque dizaines pour une projection diaporama. J’évalue les moments ou la lumière sera adapt��e à chaque point de vue à l’aide d'une boussole ou de diagrammes d’ensoleillement. Je suis en effet à l’opposé de la pratique consistant à mitrailler en se disant que « dans le tas, il y aura bien les photos souhaitées ».
Qu'apporte la chambre photographique par rapport aux 24x36 à objectifs à décentrement que vous utilisez le plus souvent ? Le matériel numérique a fait de tel progrès depuis quelques années que ma production professionnelle est depuis 3 ans exclusivement réalisée en 24x36 numérique (Canon) avec 5 objectifs à décentrement. Et ceci uniquement pour des raisons de rapidité de production et de communication, de facilité de retouches, et de coût de réalisation. Le type de commande auxquelles je dois répondre se satisfait de tels fichiers, certes bien travaillés en post-traitement. A mon avis, le principal intérêt dans l’utilisation d’une chambre traditionnelle (et j’insiste sur ce point), réside dans la possibilité de composer son image directement sur un grand viseur équipé d’un verre dépoli (4x5’ ou 6x9cm), et dans la qualité des optiques de chambres dépourvues de distorsion. Actuellement, je réserve l’utilisation de mes chambres à quelques projets personnels, par pur plaisir (quoi de plus beau qu’un négatif grand format sur une table lumineuse ?) et pour ne pas oublier la technique argentique. J’explique dans mon livre, qu’à mon point de vue, les dos numériques ne sont pas nécessaires dans la très grande majorité des cas, et mal adaptés aux chambres.
Pour vous qu'est-ce qu'une bonne photographie d'architecture ? Pour répondre à une telle question, il faut faire la différence entre photographie « utilitaire », et photographie « esthétique ». La photographie utilitaire doit contenir un message, ce qui ne veut pas dire qu’elle soit dénuée de valeur esthétique. Une photo utilitaire n’a aucune raison de ne pas être belle. Au contraire, le message passera d’autant mieux que la photo sera attrayante. Une photo d’architecture dont le contenu est clair, bien composée, mettant en scène de façon harmonieuse les composants statiques, mouvants et vivants, le tout sous une belle lumière sera à mon sens une bonne photographie d’architecture. A l’inverse, la photographie esthétique prenant l’architecture comme support à la création artistique, n’a d’autre objectif que susciter émotion ou étonnement. L’architecture pourra aller jusqu’à disparaître pour devenir abstraction graphique et colorée. Le résultat est purement subjectif.
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dernière modification de cet article : 2010
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