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François Deladerrière
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l'auteur
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Où ont été prises ces images ? Elle proviennent pour la plupart du Piémont Pyrénéen et du Limousin. Les images sont prises lors de trois temps de résidence, entre 2008 et 2011. A la Chapelle-Saint-Jacques, à Saint-Gaudens, à image/imatge à Orthez, et enfin à La Métive, lieu de résidence en Creuse. Ces lieux m'ont permis de travailler dans des conditions et des paysages assez comparables. Saint-Gaudens et Orthez sont au pied des Pyrénées. La Métive est au cœur du Limousin. Deux images dans cette série sont plus anciennes : l'arbre mort est photographié dans le Gardon juste après les grandes crues de 2002, le barrage est celui du Chambon, en Oisans.
Ces photographies ont été regroupées dans un livre intitulé l’Illusion du Tranquille. Qu’est-ce que c’est que l’Illusion du Tranquille ? L'idée du livre est venue lors de la dernière résidence en date, à la Métive. Il m'apparaissait évident que les images de ces trois moments de productions pouvaient être regroupées pour en faire une édition. Le titre "L'Illusion du Tranquille" a été trouvé par Valérie Mazouin, la directrice de la Chapelle Saint-Jacques, au moment de l'exposition qui venait clore le temps de résidence à Saint-Gaudens. A ce moment, elle m'avait proposé ce titre et je l'ai trouvé tellement pertinent que depuis j'ai décidé de le garder pour cette série.
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Pour moi, il y a dans ces images l'idée d'arrêter le temps, d'être dans une certaine contemplation. Pourtant au cœur de cette contemplation point une inquiétude que je veux prégnante dans toutes les images. Il y a quelques années j'ai noté une citation de Flaubert, dans une lettre à Louise Colet : "Je veux qu'il y ait une amertume à tout, un éternel coup de sifflet au milieu de nos triomphes, et que la désolation même soit dans l'enthousiasme." Cette phrase m'accompagne souvent, j'aime bien penser qu'il faut dans chaque image, même la plus contemplative, sentir une certaine inquiétude, qui vient donner une note dissonante.
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Comment sont prises ces vues : vous travaillez seul ? Quel est une journée- type du photographe qui fait de telles images ? Je pars photographier seul la plupart du temps, même si il m'arrive d'être accompagné. Sans parler de méditation, je pense qu'il faut être dans un certain état de concentration pour arriver à trouver ce qu'on cherche. Je pars à pied ou en voiture, mais le plus souvent en voiture, à cause du poids du matériel. Lorsque je pars photographier, c'est souvent pour la journée entière, en partant le plus tôt possible, avant le lever du soleil pour trouver des lumières particulières, et aussi pour avoir ce sentiment que le monde vous appartient ! Ce sont donc des journées bien pleines.
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Avec quel appareil travaillez-vous (développer appareil / capteur / pellicules et justification des choix faits) ? Je photographie à la chambre le plus souvent. J'ai une Arca Field et une Toyo 45 CF lorsque je pars marcher. J'aime beaucoup l'Arca , elle est à la fois limpide dans sa conception et ses mouvements, compacte et précise. Longtemps après avoir eu une Arca Discovery, je suis revenu à Arca Swiss, c'est ma favorite. Mais je n'ai jamais essayé les chambres en bois (j'étudie la question!…). Avec la Toyo et un trépied carbone j'arrive à partir marcher léger malgré le fait d'être en 4x5. Je pars dans ce cas avec un seul objectif, un 120 ou un 150. Je ne me console pas de la disparition des négatifs readyload. Pour moi, ça me permettait de partir plus léger encore, plus à l'improviste puisque je n'avais pas besoin de charger mes plans films. Et comme je continue à faire tirer mes images en argentique, le readyload me garantissait l'absence de poussière. Pour les films, je prends maintenant le plus souvent de la porta 160, mais il m'arrive de prendre de la Fuji 160NS. Bref, je continue à avoir une chaine de travail tout argentique, tant que cela est possible, en tous cas pour mon travail personnel. Je dois remercier ici le laboratoire Photon à Toulouse, avec lequel je travaille régulièrement. Alain Cauquil, son directeur me facilite le travail à distance, et Thierry, le tireur couleur avec qui je peux échanger, n'hésite jamais à m'envoyer une bande d'essai par la poste ! Il m'arrive de faire faire des tirages jet d'encre, mais lorsque je le peux, l'association du négatif grand format et du tirage argentique garantit une rondeur et une profondeur que je trouve inégalables. Mais cela nécessite un négatif bien exposé… propre, sans poussières, taches, ni rayures.. ce n'est pas si simple.
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Enfin une remarque en forme de question : sur cette série on voit majoritairement des temps gris. Très peu de photographes travaillent dans des conditions où la lumière est à ce point abattue. Vous aimez le temps gris, est-ce une sorte de signature, ou est-ce que vous avez été obligé de faire "avec", pris par des contraintes de temps ? Je crois que j'ai gardé ce goût pour le temps gris et ces lumières sourdes de ma pratique du noir et blanc. Je partais du principe que si une image était compliquée à tirer, il fallait l'abandonner ! Un temps gris me garantissait ainsi des négatifs très homogènes. Je crois que ces lumières de plomb participent à imposer ce côté hors du temps, et en même temps une certaine inquiétude à mes images. Mais je ne veux pas forcément en faire une signature, je travaille actuellement à une nouvelle série pour laquelle je n'hésite pas à photographier en plein soleil.
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dernière modification de cet article : 2012
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