Sieben Tage in Persenbeug :
un livre d'artiste de François Besson
interview réalisée à
l'occasion de la présentation
du
livre sieben Tage in Persenbeug
sur la galerie de galerie-photo.
François, comment
êtes-vous venu à la photographie ?
Comme bien d’autres, c’est le père
Noël qui m’a conduit à la photo. Un instamatic reçu à dix ans, les
premiers clichés et l’attente fébrile des tirages, puis
l’émerveillement et les déceptions qui s’ensuivaient : tout ceci
constituait une aventure merveilleuse pour l’enfant que j’étais - et
que j’ai dû rester car bien des années plus tard, l’aventure
continue avec son lot de petits plaisirs et de déconvenues…
C'est quoi, pour vous,
un livre d'artiste réussi ?
Le livre d’artiste - le terme fait un
peu péteux mais il est incontournable - est un objet unique : on le
regarde, on le touche et on le tripote ; pour peu qu’il soit réussi
on ne le lâche que pour le reprendre. C’est un monde très différent
de celui plutôt froid des livres de photographie actuels que le
progrès technique a peu à peu éloignés du médium de base… c’est
aussi un monde privé, presque intime, très loin de celui de
l’exposition publique… Je vois bien que le vocabulaire que j’utilise
pour le décrire est celui des sens mais l’intellect a sa part dans
ce plaisir : l’image n’est pas plus une illustration du texte que le
texte n’est un commentaire. L’un et l’autre se doivent d’entrer en
résonance pour troubler et enchanter l’esprit et les sens du
lecteur. Le livre d’artiste est donc un objet à part, au carrefour
des arts du livre et de l’image, intemporel et précieux à la fois,
d’ailleurs plutôt rare dans le domaine de la photographie.
Quand vous faites de
la photographie, raisonnez-vous déjà pour le livre ou assemblez-vous
les images en livre a posteriori ?
Les premiers de mes livres ont été
faits à partir de mes archives. Cette manière de faire a rapidement
montré ses limites. Désormais les photographies sont faites à partir
de projets précis, mais ces projets ne sont pas figés, ils évoluent
en fonction des résultats obtenus et des textes que l’on me propose.
"Sieben Tage in
Persenbeug" est assez froid et impersonnel par rapport à d'autres
livres que vous avez faits. Pouvez-vous nous en parler un peu ?
Ce livre est né au cours de l’été
2006. Je séjournais en Autriche chez mon beau père qui était très
gravement malade. Nous savions que nous nous ne reverrions sans
doute pas. L’atmosphère était pesante et je partais régulièrement
pour aller au bord du Danube et chaque fois, je photographiais le
même paysage. La lumière était changeante comme le temps, mais
toujours magnifique ; j’y suis allé vingt fois, j’aurais pu y aller
cent fois, les images auraient été sans cesse nouvelles. Finalement
dans cette histoire, on ne voit rien de Persenbeug - c’est presque
un livre sur l’absence - mais à force de scruter la rive opposée,
son église et son asile, on sent peu à peu le temps et la vie
s’écouler. C’est en fait pour moi le livre le moins impersonnel qui
soit !
Quels sont les
matériaux employés pour le livre "Sieben Tage in Persenbeug" ?
Les tirages ont été faits sur du
papier baryté à tons chauds d’Ilford. Le papier du livre est un
gampi au contact très doux et à l’aspect très légèrement floconneux.
Les couvertures sont en contrecollé museal. La typographie a été
réalisée au plomb mobile par l’atelier Zone Opaque.
Quel appareil
avez-vous utilisé pour la prise de vue ?
J’ai utilisé un polaroid 600 SE et le
75 mm qui va avec. Je ne suis guère doué pour la technique et le
film polaroid – outre son rendu propre – permet de se rendre compte
sans tarder des erreurs et de les corriger, ce qui m’est fort utile
!
dernière modification de cet article
: 2008
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