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l'auteur
Galerie A Rebours
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Franck Brussel
Galerie-Photo : Franck, comment en êtes-venu à la photographie? J’ai lancé en 1995 un studio de création. Je travaille donc depuis plus de 10 ans au contact permanent de l’image et de la photographie dans les domaines de l’édition, de la création graphique et du design produit, de la publicité et de l’animation. Mon travail photographique en reste très imprégné. J’ai toujours été attiré, fasciné, ému par la photographie. Parfois mon activité professionnelle m’a permis de modestes incursions photographiques, pour la presse ou la publicité de mode. Aujourd’hui je suis très heureux de pouvoir exposer mes travaux photographiques personnels. Cette exposition illustre deux ans de recherche, de tâtonnements, de premières pistes photographiques.
G.-P. : Votre
photographie, très contemplative, fait penser au peintre La comparaison m’honore, je ne crois pas en être arrivé à ce même niveau de conception de l’image. On retrouve peut-être dans mon travail ce même silence, une forme de mélancolie onirique qui habite toujours l’œuvre de ce peintre, mais il me semble que la figure humaine, protagoniste imprécis, calme, éternel, reste toujours au centre de ses œuvres, ce qui n’est pas mon cas. Je m’attache surtout aux lieux, à leur caractère inhabité, désœuvré, aux instants écoulés dont ils ont été le décor, le support, et dont ils sont vides désormais. C’est ce vide familier qui m’attire, cette existence suspendue. Pour cette exposition, une seule image a pour axe central un couple. Ces deux dernières années, j’ai réalisé peu de portraits. Je ne m’attache pas encore à cette « peinture » de la personne, à cette frontalité. Peut-être parce que je ne la maîtrise pas assez, parce qu’elle m’échappe, me fait encore un peu peur photographiquement. Mais je sens que le vent tourne doucement… je travaille en ce moment sur une série réalisée au Polaroid SX70, scannés et retravaillés chez Publimod en format 40 x 40cm. Ce format me donne des envies de portraits…
G.-P. : On a l'impression que vous aimez les lieux faits pour la foule mais dont la foule est absente. Photographiez-vous l'abandon ? J’aime effectivement photographier des paysages naturels ou urbains, modelés ou construits par l’homme, mais désertés ou presque. Je ne pense pas qu’il s’agit d’un goût pour l’abandon. Souvent, la présence humaine reste perceptible, visible ou retraçable. Je suis assez fasciné par des paysages de villégiature que j’aime photographier très tôt ou tard le soir avant ou après le passage de la foule. Comme si l’âme des lieux, écrasée par l’homme, se réveillait en son absence. Plus simplement, je n’ai pas forcément recherché cet abandon. La photo de l’« ascenseur pour l’eau » de Trieste, par exemple : j’étais parti un été pour le magazine de mode Jalouse pendant un festival de mode, très animé, très coloré, durant lequel j’ai pris de nombreuses photographies très « habitées ». Puis, j’ai voulu y retourner à la basse saison à l’occasion d’un voyage personnel, car j’avais aimé ce lieu. Je me suis alors retrouvé dans un espace extrêmement différent, en total contraste ; il prenait toute sa dimension, et les images aussi… Mon travail est très simple, assez spontané. Je travaille en argentique au Leica. L’argentique reste aléatoire, il reste toujours un petit décalage avec ce que l’on a voulu photographier, c’est ce que j’aime. Ce moment de flottement, l’espace de la surprise. Je suis autodidacte avec des connaissances techniques très basiques, ce qui me permet peut-être de me focaliser sur ce que je vois, d’oublier tout le reste. Mes photos sont très peu retouchées. J’aime les grands formats minimum 50x70cm. Les 20 tirages de cette exposition ont été réalisés chez Publimod Paris. J’en profite d’ailleurs pour remercier Alain pour sa gentillesse, sa disponibilité et sa compréhension immédiate de mes attentes.
G.-P. : Quels sont les photographes que vous aimez ? J’ai été très influencé par le travail d’artistes comme Thibault Cuisset, Yto Barrada, Massimo Vitali, Eric Baudelaire, Stéphane Couturier, Andreas Gursky, Bernd et Illa Becher. Leur démarche conceptuelle est très forte, au-delà de la beauté de leurs images, de leur qualité. Ce travail conceptuel, cette conscience de l’image, cette construction, cette soumission à l’idée, c’est ce qui fait la grande différence entre des artistes comme eux et un photographe comme moi.
dernière modification de cet article : 2006
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