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Fabian ROUWETTE

 

Fabian, comment êtes-vous venu à la photographie ?

Via la peinture ! C'est d'ailleurs ma formation, suivie dans la section peinture à l'Académie des Beaux-Arts de Liège.

En ce qui concerne la photographie, j'ai acquis assez tôt les bases techniques essentielles lorsque j'ai reçu un boitier Rolleiflex , j'avais 11ans. Je viens d'une pratique de la photo très instinctive. Par exemple, j'ai travaillé sur une série « d'objets lancés » : des photographies d'objets figés dans l'air, au beau milieu du paysage dans lequel ils avaient été trouvés.

Après mes études, j'ai découvert le travail de photographes tel que Bustamante et Candida Höfer. J'ai été définitivement séduit par le travail de ces photographes qui jettent des ponts entre photographie et peinture. Là, j'ai vraiment eu envie de me remettre sérieusement à la photographie et d'approfondir ma démarche. Puis, j'ai commencé à répondre à des commandes, principalement dans les domaines de la photographie d'intérieur et d'architecture. De cette manière, j'ai énormément appris et j'ai vraiment acquis le sentiment que l'image était un langage riche. Un bel outil pour partir à la découverte du monde.

Aujourd'hui la photographie est devenue mon métier, ainsi que le médium privilégié avec lequel je m'exerce à « décrire » une vision du monde.

 


© Fabian Rouwette - #85

l'auteur

Fabian Rouwette

Rue des Vennes 281
4020 Liège
 Tél. :0032 473 25 46 15
e-mail : fabianrouwette(at)gmail.com

 né en 1974

1992 – 1997 : Master, Académie Royale des Beaux-Arts, Liège, Peinture monumentale
1997- 2000 : Professeur d'arts plastiques - Athénée de Welkenraedt - Verviers
2008 : Conférencier - architecture d'intérieur - École Supérieure des Arts Saint-Luc de Liège
2007… : Photographe

 

 

   

 

Où ont été prises ces images ?

Pour réaliser ces images, j'ai exploité le cercle de mes déplacements habituels : Belgique et alentours. Les photos sont prises dans des bâtiments abandonnés. Certains sont voués à disparaitre, d'autres vont faire l'objet de réaffectations. Ils sont également livrés au temps, aux éléments et à toutes sortes de déprédations. Ces espaces sont en état instable et transitoire. J'aime bien ces zones du paysage qui font partie de ce qu'on appelle les « hors-lieux ».

Arpenter ces bâtiments vides procure une sensation particulière. Je me souviens très nettement de mes premières visites, en solitaire, dans ces espaces, c'était comme un baptême ! J'étais vraiment fasciné par ce que je découvrais - à quel point tout pouvait devenir étrange et différent, si près de ce qui est familier.

J'aime beaucoup l'idée d' «accessibilité». Il n'est pas toujours nécessaire d'aller bien loin. C'est surtout une question de regard que l'on porte sur les choses.

Les photographies ne sont pas légendées, mais bien numérotées. J'utilise ces numéros en guise de titre. C'est une manière de dé-contextualiser le sujet. Ainsi les images font plutôt référence à des sentiments, des sensations ou à l'imagination. Ce sont des « images mentales », plus que des documents fidèles de la réalité.

La numérotation permet de conserver la chronologie de la réalisation des photographies. Je garde ainsi un rapport au temps, et d'un autre côté c'est un choix pragmatique de classement des images. La numérotation indique également qu'entre les quelques images montrées, il y a toutes les autres, qui restent dans le tiroir et n'en sont pas moins importante. Elle aussi font intégralement partie du processus.

 


© Fabian Rouwette - #139

     

 

Vous photographiez souvent des fenêtres, pourquoi ?

Pourtant au départ, j'évitais les fenêtres. Surtout à cause du contre-jour. C'est en approfondissant le sujet que mon regard à sensiblement changé.

J'ai passé un certain nombre de journées à errer dans des espaces vides, qui sont en général assez sombre, et j'ai appris à goûter à la lumière. C'est une relation qui c'est créée sur place, par l'expérience sur le terrain. Image après image. Je n'y ai pas vraiment réfléchi, mais c'est en effet devenu comme une nécessité... tout simplement photographier des fenêtres. Je crois que cela parle d'un rapport à l'obscurité et à la lumière.

De plus, les fenêtres convoquent des notions qui me sont chères, telles la dialectique intérieur-extérieur. Une dynamique importante car mes photographies jouent souvent sur la profondeur. Profondeur encore accentuée par la mise en abime que provoque la fenêtre sur l'image photographique. C'est un sujet simple, universel, autour duquel s'articule des relations multiples, liées à l'espace, la lumière...

 

 


© Fabian Rouwette - #156-2

     

 

Diriez-vous que vous êtes un photographe d'intérieur ou un photographe d'extérieur ?

Je n'ai jamais vu les choses de cette façon ! Il est clair que mon intérêt principal, depuis les tout débuts de ma pratique photographique, est focalisé sur l'espace intérieur. Cependant, le rapport particulier à la perception de l'espace que je recherche, je le trouve en intérieur, bien entendu, mais également en plein air. Je pense que ces deux notions - intérieur et extérieur - sont très relatives.

De plus, photographier l'intérieur des bâtiments implique, à mon sens, une démarche supplémentaire. Il faut franchir une limite, pour accéder à ce qui est protégé derrière une enceinte. Donc, c'est une manière de satisfaire une forme de curiosité, finalement.

 


© Fabian Rouwette - #164

     

 

Quel rapport pensez-vous avoir au temps lorsque vous faites de la photographie ?

Le temps est essentiel ! Photographier c'est pour moi un moyen d'essayer d'être tout le temps plus présent.

Je vois la question du temps sous l'angle du rythme. Vitesse ou lenteur peu importe... c'est le bon rythme qui compte ! Toutes les journées et tous les sujet sont différents, il faut chaque fois observer et s'adapter.

 


© Fabian Rouwette - #165

   

 

 

Avec quel matériel travaillez-vous ?

Une chambre technique 4X5. Pour l'instant j'utilise une Shen-Hao. Trois objectifs m'accompagnent généralement. Un 90 mm, un 135 et un 150. J'utilise beaucoup le Nikon 90 mm, c'est une super optique très lumineuse (qui ouvre à 4.5). Mais cela dépend de la distance au sujet (et de la taille de l'espace), car comme je désire éviter les effets de perspectives dus au grand angle, je passe souvent au 135 mm. Je recherche des points de vues assez neutres avec un rendu de l'espace naturel (comme si « on y était ») et je choisis ma focale en fonction.

J'arrive à caser tout ce matériel dans un sac « slingshot ». C'est très pratique. Je garde une entière liberté de mouvement (le trépied s'accroche sur le côté du sac) et je ne dépose rien au sol (utile pour ne rien salir, ou sur des sols pas très stables). Je complète avec quelques châssis, chargés le plus souvent de plans films Fuji 160 NS. En fait tout cela reste assez léger, plus léger que l'ensemble de mon matériel numérique.

Pour ce qui est du travail de post production, j'essaie qu'il soit le plus simple possible. Si l'image s'avère décevante, je trouve plus intéressant d'en faire le deuil, ou de retourner sur les lieux faire une nouvelle tentative. Je scanne mes négatifs sur un Epson. Les images ainsi fournies me servent à prévisualiser les photos ou les partager sur internet. Lorsque je souhaite faire un tirage papier, je travaille avec un labo qui possède un scanner plus conséquent.

 


© Fabian Rouwette - #166-1

   

 

 

Qu'est-ce que la chambre photographique a apporté à votre pratique ?

Ma décision de travailler à la chambre correspond en effet à un réel tournant. Avec la chambre technique je venais de trouver un outil qui me correspondait. Et la qualité est formidable. On y prend vite plaisir !

Dans mon travail en intérieur, je suis souvent confronté à des écarts de lumière importants, le film avec sa dynamique très large s'avère efficace. C'est toujours un problème en numérique lorsqu'on est confronté à des scènes avec des dynamiques étendues. Il faut prévoir des retouches, un montage, ou sacrifier les hautes lumières. Il y a une forme de simplicité dans l'argentique.

Travailler en grand format, demande, à mon avis, beaucoup de concentration et d'implications. Cela engage une attention accrue aux choses et à l'environnement. Tandis qu'en numérique on prends vite l'habitude de n'être pas limité par le nombre de vues qu'on peut faire, avec le 4X5 on part, parfois pour la journée, avec à peine quelques châssis. Ce simple fait, pour moi, est décisif. Je fais trois ou quatre vues sur la journée, voir aucune. Tout devient important. C'est intense mais on peut prendre le temps de bien goûter à ce qu'on fait. Lorsque je reviens de prises de vues, je me souviens de chaque sujet : la façon dont j'ai cadré, mes doutes, mon emballement, le temps de pose...

 

 

dernière modification de cet article : 2012

 

 

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