Tirage de photographies par deux cycles (exposition-développement) dit
biced
Présentation
Définition
Domaine du tirage des négatifs monochromes noir/blanc.
Tirage de photographies par deux cycles (exposition/développement) dit
biced.
Ajustement du Dmax : avantage par rapport au pré-voilage habituel.
Contenu
Motivations et historique du procédé
double-exposition/développement dit biced.
(multi-cycle en cas d'un plus grand nombre de cycles : mced).
Phases de la mise au point du procédé
Ce fut un long cheminement de 30 années, à la mesure de
la fraction de mon temps que je consacrais à la photographie.
Observation, déduction, modification, retirage, etc. J'ai effectué le
parcours habituel d'une résolution de problème.
Pour tirer des négatifs présentant d'importants écarts
de transparences, je n'étais pas convaincu que la méthode de la
pré-exposition (parfois dite pré-lumination) utilisée par les tireurs
soit la meilleure. Je pensais qu'en fait elle générait au développement
un fond gris, où se superposait l'exposition globale du négatif. Ce qui
est similaire à l'action de l'aquarelliste qui pose un lavis sur sa
feuille blanche.
Considérant que le noircissement est proportionnel au
temps d’exposition et à la densité d’argent non-révélé présent,
développer sans fixer après la première exposition a pour conséquence
dans la zone déjà noircie de laisser peu d’argent photo-sensible, mais
d’en conserver beaucoup plus dans la zone vide non-noircie. Donc de
pouvoir pratiquer une seconde phase exposition/développement et, si
nécessaire, une troisième. Cette fois avec fixage.
Mes conditions expérimentales
- des négatifs très durs,
- des papiers divers,
- du révélateur Dektol conditions standard.
Evaluation des durées successives des expositions, un exemple non
limitatif
- les tests locaux d’exposition/développement complet
conduisaient à 10 secondes pour les parties les moins noires du négatif ,
et à 40 secondes pour les plus opaques.
- j'ai procédé à une première exposition de 10 secondes et, après
développement, à une nouvelle exposition de 40 secondes ou plus. Le
papier sensible étant sans doute encore imprégné de révélateur, le
développement commence probablement pendant la seconde exposition.
Si l’effet souhaité n’est pas atteint , une nouvelle exposition de
30 secondes ou plus est possible.
J'ai aussi souvent choisi comme première pose mon évaluation globale
pour l'image projetée sous l'agrandisseur, et après développement/lavage, pour la seconde pose, 20 à 50 pourcents en plus, avant le second
développement total et final .
Exemple de résultats obtenus sur le classique arcade clocheton
Les images 1, 2, 3 sont les tirages d’essai de
l’époque.
- Image 1 : exposition 10 secondes, puis développement complet : le cadre
en pierre est lisible, pas le clocheton
- Image 2 : exposition 30 secondes, puis développement
complet : cadre illisible clocheton lisible
- Image 3 : première exposition 10 secondes,
révélateur 2 min, lavage, seconde exposition 30 secondes,
- Image 4 développement complet : le cadre et le
clocheton sont lisibles
Par ce processus, j'ai pu tirer tous les premiers plans
sous-exposés par rapport aux arrière-plans ou aux cieux inévitablement sur-exposés (sauf à avoir pratiqué à l'ancienne la manip acrobatique du
volet mobile introduit de bas en haut).
Intérêt du procédé
- Je n’ai jamais produit un négatif non-tirable en
raison d'écarts de densité. Aucun Dmax n'est impossible à tirer.
- Sortir les nuages est grandement facilité, pas un clocheton vu sous
arcade qui ne puisse être mis en valeur, aucun des arrière-plans
lointains ne se dérobe.
- Utilisable sur film pour créer un contre-type positif équilibré.
- Une seule lumière non-filtrée, un seul grade de papier, une seule
chimie et basique, tout est simple.
Inconvénients
Perte de piqué si les cotes du papier photosensible ne
sont pas stabilisées par un pré-mouillage à l'eau, si des vibrations
mécaniques déplacent la tête d’agrandisseur, si le ménisque de liquide
résiduel est trop épais au point de remettre en cause la mise au point
(passer dans ce cas une raclette).
Antériorité
La photographie est un domaine abordable avec de
modestes investissements ; il a de ce fait été possible à un très grand
nombre d’hommes d’y exercer leur analyse et leur créativité. Bien que je
n’en aie trouvé aucune trace, il serait surprenant que cette
méthode n’aie jamais été utilisée.
Il est si fréquent que l’on constate que les hommes redécouvrent
perpétuellement les mêmes techniques quelques fois avec des variantes et
adaptations avantageuses.
Pratique
Il est nécessaire d’assurer la position invariable du
papier par rapport à l'agrandisseur, d'une exposition à l'autre. J'ai
envisagé une boîte pouvant être mise en légère dépression, dont le plan
supérieur perforé recevrait le papier sensible. Egalement une planchette
dotée d'une pince pour maintenir le papier.
Les calages et repérages doivent être rigoureux, c'est
évident. L'imagination pratique pour ce faire reste au pouvoir.
Suite
Des variantes encore plus aisées par l'usage de papier
multigrade sont évidentes.
Imaginables également : des combinaisons avec les procédés anciens.
Nota
Pré-mouiller le papier RC afin de stabiliser ses cotes
n'a par définition pas de sens ! Il est imperméable ! Mais pré-mouiller
en ce cas est tout de même indispensable à l'adhérence sur la planchette
par tension superficielle. Sur la tablette je chasse l'eau sans
exercer une grande force avec
- 1 une raclette souple,
- 2 un rouleau pour éliminer ou régulariser les gouttes sous le papier.
Pour information :
les images 1, 2, 3, 4 illustrant la méthode ont été obtenues à partir
d'un négatif saisi par un bi-objectif 6x6 Royer, objectif Flor Berthiot
f3.5 75 mm, film Agfa ISS 21.
Discussion
Discussion en 2005 entre J.GERARD et Mr PHILIPIDIS,
tireur
De M.Philipidis à JG
La technique du pré-voilage est une technique connue des tireurs
professionnels qui l'utilisent pour réduire les hauts contrastes,
notamment pour les contre-jours et les cieux surexposés ; l’avantage de
cette technique est sa maîtrise simple et fiable. Il vous suffit d’exposer une première fois votre tirage normalement sur le grade de votre
choix puis d’enlever votre passe-vue et son négatif de la tête de
l’agrandisseur sans toucher au margeur ni à votre papier. Vous pouvez
dès lors et selon le cas choisir un autre temps de pose (généralement
plus court) et si vous êtes sur du multigrade choisir un grade de
préférence plus doux de zéro à deux.
Développer normalement votre papier exposé dans les conditions
habituelles.
Vous pouvez, bien entendu, inverser l’opération pour commencer par le
pré-voilage puis exposer votre négatif et voir à revenir avec des grades
plus contrastés pour redonner du dessin dans les nuages s’ils existent.
Cette technique s ‘applique aussi à la prise de vue vous pouvez
exposer une première fois votre plan film en photographiant un papier de
gris neutre et ensuite photographier un paysage enneigé en plein soleil.
JG à M.Philipidis
D'une manière simple, on peut penser que le pré- ou le post-voilage est
équivalent au lavis que l'aquarelliste pose sur son papier en vue de
modérer les contrastes voire les ombres. C'est ce qui résulte de l'essai
que vous avez suggéré et que j'ai réalisé. En visant une lisibilité
comparable -obtenue par voilage- à celle obtenue par mon procédé pour
les objets distincts du fond de ciel, le fond de ciel est plus gris.
Cela est cohérent avec le raisonnement simple ci-dessus. Mais peut être
l'explication en est-elle plus profonde et compliquée.
M.Philipidis à JG
Je me suis livré à un petit exercice sur photoshop à partir du
document que vous m' avez envoyé. J'ai remis les 2 images test qui nous
intéressent à la même échelle et en niveau de gris puis, par un calque
de courbe, j’ai équilibré les noirs pour me retrouver sensiblement à la
même densité, sans toucher aux entrées et sorties de cette courbe.
On peux voir d'une façon indéniable que le bâtiment extérieur est
plus contrasté avec votre formule qu'avec le voilage.
Cependant l'écart entre les deux images n'est pas si important
qu'un peu de pratique et d'insistance sur le tirage devrait encore
réduire cette différence.
Pour moi votre test est concluant et met en avant la qualité
de votre procédé et sa supériorité d'un point de vue purement technique.
Je ne vous cacherai pas que je reste persuadé que le procédé du voilage
avec quelques autres artifices tel que rajout de temps poses et masquage, qualité du révélateur en particulier sur du multigrade,
doivent pouvoir arriver à un résultat très approchant (voir
éventuellement à utiliser du ferricyanure très dilué pour rafraîchir les
zones claires).
Donc sur un point de vue pratique et au niveau de l'installation d'un
labo je préfèrerais me rabattre sur la technique voilage, qui reste
moins contraignante et plus simple à mettre en œuvre .
En outre exposer pour les ombres à la prise de vue.
Sans aucune réticence, parce que si le lumineux sur le négatif est un
peu opaque, biced au tirage va y remédier .
Je vous remercie de la confiance que vous me faites en
m'autorisant l'utilisation de votre procédé. En tant que professionnel
nous nous devons d'éviter d'avoir des sous- ou sur-expositions
importantes sur nos négatifs, l'utilisation de filtres pour le ciel, de réflecteurs, de flash ou autres lumières artificielles... pour
l'équilibrage des différents plans.
Je ne sais pas si l' occasion se présentera d'essayer votre méthode mais
si l’occasion s'en présentait je ne manquerais pas de vous en informer,
et d'accompagner ces clichés de la mention de votre procédé, si les
conditions le permettent .
JG à Mr Philipidis
Merci Monsieur.
Interprétation du procédé
Dans les zones illuminées pendant la première
exposition, le développement produit de l’argent métallique naissant,
qui en se fixant sur des amas Ag+ Br-, non déjà insolés, inhibe leur
réactivité photonique.
Tout se passe comme si après le premièr cycle un effet de masque noir
s’opposait localement au passage de la lumière.
Bibliographie : LP CLERC,1957, Ed Montel, pages 512 à 517 traitant du
noircissement direct.
On ne peut pas considérer ce procédé comme équivalent à une pré
exposition. Celle ci va générer au développement un fond de points
noirs, ce qui est alors comparable au lavis noir ou couleur que
l'aquarelliste dispose de manière uniforme sur son papier .
Procédure
1 - Estimer par essai ou mesure la durée nécessaire t1
pour la partie la plus transparente du négatif, en paysage les premiers
plans.
2 - Estimer ou mesurer la durée nécessaire t2 pour la partie la
plus opaque du négatif, en paysage les lointains et les cieux.
3 - Exposer avec t1
4 - Développer laver
5 - Exposer avec t2 pour lisibilité c'est à dire ajuster le Dmax
4 - Développer et fixer complètement
Mémo pratique du tireur biced débutant
Biced
mémo guide tirage |
(indicatif) dmax |
Objet
Ü |
Sombre |
Lumineux |
10 |
Négatif
Ü |
Transparent |
Opaque |
8 |
Si Biced |
Premier cycle |
Second cycle |
Ajuster parts |
Tirage
Ü |
Sombre |
Clair ajusté |
4 |
Article de J.GERARD 18/04/2005 - remanié
2019
dernière modification de cet article
: 2019
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