Erik Vacquier :
portraits d'Afrique
Où ont été prises ces
images?
A Ouagadougou, capitale du Burkina
Faso (littéralement : « Pays des hommes intègres »), en Afrique de
l’Ouest
A quelle occasion?
L’Institut Français de Ouagadougou m’a
proposé une résidence d’artiste en avril 2013, ma 1ère résidence en
fait…
Qu’est-ce qui vous
attire particulièrement en Afrique?
Ce sont réellement ces circonstances
précises qui m’ont amené en Afrique, que je découvrais, et plus
particulièrement au Burkina
La prise de vue
a-t-elle posé des difficultés particulières?
Oh oui ! C’était bien la première fois
en 20 ans de pratique et de voyages que j’ai éprouvé autant de
difficultés à réaliser des photographies… la résidence s’étalait sur
un mois, et je n'ai vraiment commencé à « prendre » (c’est le juste
mot) des photos qu’à partir du 13ième jour.
Je découvrais un rapport à la
photographie que je n’avais jamais rencontré auparavant. Il
s’avérait impossible de sortir l’appareil photo sans me retrouver de
suite agressé verbalement ou sollicité pour donner de l’argent en
contrepartie. J’ai, dans un premier temps, pris des photos, le Leica
autour du coup, ou la lanière posée sur l’épaule, et sans viser, au
jugé. Puis une fois des contacts pris au fil du temps, je demandais
aux personnes de poser pour moi un bref instant. Je réalisais entre 2
et 3 prises de vue en général pour chaque personne, et je faisais
signer une autorisation afin de garantir les droits relatifs à
l'image pour l'un et l'autre..
En fait cette résidence a été réalisée
« à l’arrache » d’un bout à l’autre, de la prise de vue jusqu’aux
tirages de l’expo.
Avec quel appareil ont
été prises ces photographies?
Un Hasselblad 500 CM.
En quoi le format
utilisé a-t-il son importance pour ces photographies ?
On s’accorde toujours à penser que le
format carré est adapté au portrait, mais je n’ai jamais eu ce genre
d’a priori puisque j’ai toujours réalisé des photos avec divers
formats, selon l’humeur du moment et les sensations.
Il se trouve que je souhaitais revenir
à une précédente démarche, en Birmanie notamment, où j’avais réalisé
la plupart des portraits avec cet appareil, car dans ces pays où le
numérique a pris place en tous lieux, ce genre d’engin a quelque
chose d’intemporel, peut être rejoint-il un peu la magie de la
photographie pure... et en plus, côté magie, l’Afrique s’y connaît !
Le sujet de la résidence était « Des
hommes qui marchent »… qui marchent pas seulement d’un point à un
autre, mais surtout dans leur tête, pour tenir debout, affronter le
quotidien, leur passé, le présent, et tenter de construire quelque
chose qui puisse ressembler à un futur.
Je suis donc parti de « La parole des
baobabs », à savoir celle portée par les vieux sages dont
s’inspirent les nouvelles générations, cette parole qui peut,
parfois également, quelque peu brider les désirs des jeunes de vivre
autrement, en raison de la grande déférence qu’ils portent aux
anciens. De là je suis allé vers les jeunes.
Entre les deux il y a tout le
mouvement de la vie et son impermanence, que j’ai tenté de
transcrire par ce filé d’images réalisées au « Leica en mouvement »
(en fait, dans ce cas précis je photographiais ma marche !) ainsi
que par le mouvement de danseurs du centre chorégraphique EDIT,
dirigé par Irène Tassembedo (une élève de Maurice
Béjart).
Il y a de la gravité
et de l’inquiétude dans ces portraits. A quoi pensez-vous en
regardant vous-mêmes ces images?
A l’espoir de tout un peuple qui
devrait surtout être porté par sa jeunesse, qui a besoin de se
trouver une voie pour fleurir le futur proche de belles et bonnes
choses.
Diriez-vous que vous
êtes un photographe humaniste?
Je n’ai jamais su ce que j’étais !
Probablement un peu de ce que les autres me renvoient en voyant mes
photos où en lisant les pages de mon journal de route.
J’essaie de croire en l’homme, bien
qu’il m’arrive aussi de le détester parfois. J'essaie d'abreuver
cette croyance par le biais, entre autre, de la rencontre
photographique.
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