[abonnement gratuit]
l'auteur
votre avis
Vous utilisez un de ces appareils
en êtes satisfait ou pas,
merci de nous envoyer vos
commentaires.
|
|
Impressions couleur et noir & blanc
avec l'Epson 2100 : bilan
Lorsqu'Epson annonça son imprimante photo 2100
à l'automne 2002, il semblait qu'une étape importante ait été
franchie en matière d'imprimante photo : la 2100 devait devenir
« la » référence en matière d'impression photo professionnelle A3+,
du moins c'est ce qu'annonçait Epson. La raison ? de nouvelles
encres pigmentées Ultrachrome et une résolution de 2880x1440dpi qui
devaient permettre une qualité « inégalable ». L'ajout d'une
septième couleur, le gris, devait aussi assurer un rendu des
dégradés parfait, et grâce à deux noirs interchangeables (photo ou
mat) la reproduction de photos noir et blanc serait « parfaite »
quelque soit le papier (mat ou brillant). De plus, cerise sur le
gâteau, la conservation des tirages était annoncée pouvant aller
jusqu'à 80 ans suivant les supports. Difficile de rêver mieux !
Certes, les annonces de ce style sont fréquentes, et la puissance
des messages « marketing » sur les foules n'est plus à démontrer;
mais quand même, comment résister? Qui pourrait ne pas désirer
l'outil « parfait » ? Pas moi, en tout cas ! je ne résistais pas
bien longtemps et passais commande de ma 2100 fin 2002.
Un peu plus de trois ans après, la 2100
a-t-elle été à la hauteur de la réputation qu'on lui promettait ? Je
vous propose un petit bilan.
Impression couleur
Dans ce domaine, les résultats sont à la
hauteur des espérances. Une fois la bête domptée, les paramètres du
pilote assimilés, et la mise en place de profils personnalisés,
pour chaque papier utilisé, les impressions sont d'une grande
qualité. Oui, enfin, presque, car il y a un gros bémol toutefois :
les résultats sont excellents sur les papiers mats (par exemple :
Archival Mat de chez Epson, PhotoRag 188g ou 308g de chez Hahnemühle),
par contre les papiers brillants ou semi-brillants sont décevants.
L'utilisation d'une cartouche noire spécifique pour ces papiers
était pourtant prometteuse, mais il n'en est rien; le problème le
plus criant est un « bronzing » spectaculaire sur les aplats de noir
! Nombre d'amateurs de papier brillants ont été très déçus ; ma
préférence pour les papiers mats me sauve là !
St Martin Vésubie © Joel Pinson 2003
Impression noir et blanc
La première surprise concernant le noir et
blanc fut de constater la présence dans la boite d'un software
appelé Epson GrayBalancer. Une fois installé, ce software
doit être démarré au préalable à toute impression noir et blanc ; la
documentation dit que ce software est censé « affiner la capacité du
pilote de la 2100 à produire des noir et blanc d'une grande
neutralité, et/ou de personnaliser les résultats souhaités ». Je
fronce le sourcil, mais la vue des 120 pages de la documentation du
dit software va carrément me donner la migraine. Heureusement, je
trouve quelques images sur le CD d'installation que je m'empresse
d'imprimer, et qui sortent vraiment très très bien, jolis tirages
noir et blanc, comme annoncés! Encouragé par les résultats entrevus,
je prends donc mon courage à deux mains, et me lance dans l'étude de
GrayBalancer : les étapes sont nombreuses et fastidieuses,
impression de mires de gris, ajustements « software » après
comparaison avec une mire papier (fournie), définition de tonalités,
etc. Mais après une bonne semaine passée à affiner les différents
paramètres, je dois dire que je ne suis pas beaucoup avancé : les
impressions de quelques unes de mes photos ne donnent que des
résultats plus que décevants, une dominante magenta des plus tenaces
et qui semble complètement insensible aux prétendus effets du
GrayBalancer. En tout cas, je suis très loin des belles impressions
des photos de test livrées avec le software. Proche du
découragement, je contacte Epson pour essayer de savoir comment ont
été produites les dites photos de test « qui sortent si bien » ;
réponse sans appel : « pas de détails disponibles » ! Dans un
sourire nerveux, je pense à nos amis américains si furieux
d'apprendre que la 2100 était livrée en Europe avec GrayBalancer,
alors que la 2200 (version américaine) ne l'était pas! « Never mind »
j'avais envie de leur dire : it doesn't work!
S'en suivit une longue période de tâtonnement
et de recherche : comment diable sortir des impressions noir et
blanc dignes de ce nom avec la 2100 ? les beaux tirages des quelques
images de test me faisaient espérer et me disaient que le potentiel
était là, et qu'il suffisait de trouver le « comment ». Mais
voilà... comment ? Je passerais sur les différentes tentatives qui
suivirent, et la succession des espoirs et des déceptions qu'elles
engendrèrent. Sans rentrer dans les détails et les nuances de chaque
piste explorée, je peux simplement dire avoir essayé les choses
suivantes :
–
achat de profils personnalisés pour le noir et blanc
–
utilisation d'un RIP (plusieurs essais) en
remplacement du pilote Epson, et des profils papiers associés
–
panachage des solutions précitées
Rien n'y fit. Les dominantes, du jaune au
magenta, restaient tenaces, et le métamérisme lié aux encres
Ultrachrome omniprésent.
Dans un dernier effort, je décidais d'essayer
de contourner le problème en utilisant les courbes de bichromie
Photoshop pour masquer les dominantes derrière des effets de virage
sépia ou sélénium. Je dois dire que cette solution est restée
longtemps un compromis acceptable. Après ajustements, je réussissais
à définir des courbes simulant plutôt bien un virage sélénium, et
les résultats sur papier PhotoRag étaient vraiment corrects. Et
puis, le passage à Photoshop CS2 me donnait le coup final : mes
courbes de bichromie réagissaient différemment, un nouveau calibrage
s'imposait... je n'en n'avais plus la force ni l'envie.
A ce stade, je ne voyais que deux solutions :
la Piezographie (mais il me fallait acheter une 1290 par exemple
puisque les encres Piezotone n'étaient pas disponibles sur les
modèles Epson récents) ou attendre la nouvelle R2400 que l'on disait
« parfaite » (air connu).
Les encres Piezography Neutral K7
A l'automne 2005, l'annonce d'un nouveau
procédé Piezography, disponible sur l'Epson 2100, me redonnait une
forme d'espoir. Le nouveau procédé utilise non plus 4 mais 7 niveaux
de gris, c'est à dire que la totalité des 7 cartouches d'encres de
la 2100 est remplacée par 7 niveaux de gris. Les encres sont 100%
pur pigment de charbon, chacun des 7 niveaux de gris est absolument
neutre et c’est le choix du papier qui détermine la tonalité du
tirage. La perspective d'encres sans aucun métamérisme, et les 7
niveaux de gris, semblaient plus que prometteurs, surtout que la
qualité des encres Piezo n'était plus à prouver, je savais là que je
n'aurais pas de surprises.
Je décidai de faire un test. Je voulais non
seulement vérifier la qualité des tirages obtenus avec ces nouvelles
encres, mais aussi leur comportement par rapport à un problème
rencontré par certains utilisateurs des encres Piezotone, à savoir
des bouchages de buses après un arrêt prolongé de l'imprimante.
Enfin, les nouvelles encres K7 se disaient plus fluides que les
encres Piezotone, d'une fluidité proche des encres Epson Ultrachrome,
ce qui laissait espérer la possibilité d'une utilisation en
alternance des encres K7 et des Ultrachrome ; c'est à dire de
pouvoir continuer à utiliser l'imprimante pour la couleur, au lieu
de la dédier au noir et blanc comme c'était le cas avec les encres
Piezotone.
Le kit de substitution piézo
Après commande auprès de Taos Photographic,
importateur pour la France des encres Pïezography, je recevais un
jeu de 7 cartouches, et installais sur le champ mes encres K7.
Quelques nettoyages de buses pour éliminer les restes d'encres
Ultrachrome dans les « tuyaux », et les premières impressions noir
et blanc pouvaient sortir.
Une (autre) excellente nouvelle concerne le
pilote d’impression associé aux encres K7. En effet, ces encres ont
été étudiées pour fonctionner avec l’excellent Quad Tone RIP de Roy
Harrington que l’on peut télécharger pour la modique somme de 50
dollars ( http ://harrington.com/QuadToneRIP.html ).
A noter que le RIP est compatible PC et Mac, et que des
profils pour différents papiers avec les encres K7 sont aussi
inclus, notamment pour les excellents PhotoRag d'Hahnemühle.
Le procédé Piezography Neutral K7 est conçu pour travailler sur des
images noir et blanc en gamma 2,2, et comme le RIP n'accepte que
les images en format TIFF, il faut donc attribuer au préalable dans
Photoshop (ou tout autre logiciel de retouche d'image) un profil
gamma 2,2 et sauver son image en TIFF.
Après quelques ajustements, notamment de
contraste, car le profil gamma 2,2 a tendance à assombrir l'image,
les résultats sont à la hauteur de la réputation du système
Piezography. Les 7 cartouches de gris génèrent des dégradés d'une
grande finesse, et... aucun métarisme à l'horizon !
La vie neuve © Joel Pinson 2005
Cohabitation
Restait à vérifier le problème de la fluidité
des encres K7, et la possibilité de les faire cohabiter avec les
encres Ultrachrome sur la même imprimante. Un arrêt d'un mois
complet de mon imprimante (pas de mise sous tension pendant un
mois), me donnait rapidement la réponse sur la fluidité des encres :
aucun problème de bouchage de buses à constater, les encres K7 se
comportent bien comme les Ultrachrome de ce point de vue. En ce qui
concerne, le retour aux encres Ultrachrome après utilisation des
encres K7, un ou deux nettoyages de tête suffisent à retrouver la
pureté des couleurs ; la cohabitation des deux systèmes ne pose donc
pas de problème particulier. Il est toutefois évident, que ça n'est
pas un changement à effectuer trop souvent, sous peine de voir sa
consommation d'encre augmenter sensiblement. A ce jour, je suis très
heureux de pouvoir enfin exploiter pleinement mon Epson 2100, aussi
bien pour la couleur que pour le noir & blanc.
l'Epson 2100
En conclusion
l'Epson 2100 est une excellente imprimante,
mais les seules encres Ultrachrome ne permettent pas une
exploitation couleur et noir & blanc.
De ce point de vue, les annonces lors du lancement de la 2100
étaient largement exagérées, pour le moins. Epson a depuis corrigé
le tir, et les nouvelles encres Ultrachrome K3 (qui équipent entre
autres la nouvelle R2400) sont maintenant à la hauteur de ce
qu'Epson annonçait pour la 2100, trois ans auparavant... il reste
que pour les utilisateurs de la 2100, les encres Piezo neutres K7
permettent enfin d'exploiter pleinement leur imprimante, et de
produire des impressions noir et blanc de grande qualité; celles
qu'on leur promettait il y a trois ans ! Enfin, pour ceux qui
trouvent la nouvelle R2400 un peu chère, acheter une 2100 à moindre
prix et utiliser les encres Piezo K7, leur permettra de produire des
impressions couleur et noir & blanc d'excellente qualité, et pour un
moindre investissement initial.
dernière modification de cet article : 2006
|