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A propos d'une image d'Edouard de BlayGalerie-Photo : "Edouard, comment se fait une photographie comme celle-ci ?"E.-B. : pour commencer, je ne travaille pas seul. J'ai une petite
équipe, composée d'un maquilleur, d'un coiffeur et de deux stylistes,
Janela Nunez et Jean-Louis Pinabel.
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l'auteur
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Julie Voisin © Edouard de Blay -2004 G.-P. : la peinture vous intéresse ?E.-B. : La peinture est une base très importante dans la photo, on dit
même que les photographes sont des peintres refoulés (il n'y a qu'à voir
Cartier-Bresson). Je ne suis pas peintre mais il est vrai que j'observe
les peintures avec en prime les commentaires, pour mieux comprendre. A
ce propos je crois que le musée n'est pas une place pour les jeunes
enfants qui n'y voient qu'un cimetière d'œuvres d'art. Il faut un
minimum. G.-P. : quelle lumière employez-vous ?E.-B. : Pour le moment, je travaille avec des lumières artificielles,
non pas par choix mais par nécessité. Je suis dans un studio sans
fenêtre, je n'ai donc pas le choix. Si je l'avais ? je me prendrais un
studio de peintre du côté de la Fourche à Paris. Les ateliers sont face
au cimetière, nord/sud donc pas de lumière directe. Je préfère la
lumière naturelle... on fait ce qu'on peut, pas ce qu'on veut. En
attendant je travaille avec la lumière artificielle et tous les
accessoires des flashs. Le polaroid a une sensibilité de 80 iso ; une
mandarine fait 800W, je suis donc dans des temps de pose de1/2 à 1 s, la
lumière est rarement directe. Actuellement je me fais un parapluie qui
fait 1m50 de diamètre. Pour cela, je prends un octobox et je le
reconstruis en parapluie. G.-P. : pourquoi le grand format ?E.-B. : J'ai une vieille Sinar (l'arrière ne bascule pas), je l'ai
achetée car que je n'étais pas certain du format : le coût, la
continuité des pola etc. Maintenant que cela représente 80 % de mes
photos, j'envisage d'acheter une folding 20*25 pour la beauté de
l'engin. Une Wista ne coûte pas trop cher, beaucoup moins que l'Ebony.
Au début je travaillais au Leica R, très piqué contraste superbe, mais
le Grand format c'est autre chose. On fait la PHOTO. La philosophie est
totalement différente, d'abord l'ambiance : la musique classique,
obligée avec la vitesse lente, le prix du pola, le cadrage font que l'on
réfléchit davantage. Je dis souvent aux stagiaires : en numérique on
fait 200 photos, en argentique 100, en moyen format une petite centaine,
voire 50, et en grand format la première doit être bonne, les 5 autres
sont juste là pour les différentes poses, mais pas plus. En 20*25,on ne
shoote pas, on déclenche. L'avantage de la 20*25 (idem pour le 4x5) est
la profondeur de champ. En numérique tout est net sauf avec des capteurs
de haute voltige... mais qui en a les moyens ? le format assez large
(presque carré) correspond bien au format magazine (un 24*36 doit être
recadré), de plus la photo respire mieux, il y a de la marge... il n'y a
pas beaucoup de tableaux au rapport de format 24*36. G.-P. : vous avez travaillé chez Harcourt, qu'est-ce que cela vous a apporté ?E.-B. : J 'ai travaillé un an chez Harcourt... c'est toujours un
fantasme la technique Harcourt. On y apprend l'éclairage bien sûr mais
aussi une certaine discipline, la façon de voir le bon profil, le fameux
triangle de Rembrandt, s'asseoir sur un tabouret, comment bien mettre
une veste afin d'éviter les plis, rassurer le client. Les gens ont
véritablement la frousse de s'asseoir sur le même tabouret que Johnny
Halliday ou P.Bruel. Les lumières de cinéma et les tirages de 2 mètres,
Edith Piaf pour la musique font que cela crée une ambiance qui
impressionne ENORMEMENT. G.-P. : Beaucoup de jeunes femmes, beaucoup moins de jeunes hommes, pas de personnes âgées dans votre série ; en même temps l'invocation du passé est souvent présente, pas tant d'une façon qui menacerait cette jeunesse mais plutôt comme une manière d'habillement, comme une sorte d'attribut de raffinement... comment voyez-vous l'empreinte du passé : c'est un accessoire ? un élément principal dans votre travail ?E.-B. : Mes photos ont un point commun, les modèles sont assez jeunes.
Ma technique d'éclairage fait que les acteurs n'ont pas la patience, Il
y a donc 2 sortes de photos chez moi : la couleur en polaroid 20*25 et
le noir et blanc au rz. Je vis dans le passé, ce qui est un tort, et j'ai été élevé dans un
milieu aristocratique. Il y a une façon de vivre le vouvoiement des
parents, une certaine tenue chez le grand- père, une façon de parler
sans crier, les choses calmes, la musique classique au lieu de la
techno, ça marque. Je suis le premier de ma famille a être un "artiste",
il n'y a donc pas de repère vis a vis de quelqu'un. Lorsqu'un jeune vient me voir pour avoir des conseils, je lui dis toujours de faire les beaux-arts ou d'étudier les tableaux. Décortiquer un tableau, connaître les lignes de fuites, la signification d'une ligne verticale, oblique ou horizontale est pour moi très important. Il faut connaître les choses pour pouvoir ne plus y penser et les faire naturellement, comme lorsqu'on conduit une voiture. De toute façon la création d'une image se fait avec une image en tête donc déjà existante. Les peintres nous montrent une image dont nous nous inspirons consciemment ou non. Je ne pense pas qu'il y ait de la création pure. Il y a toujours une base, un point de départ, d'où l'importance de connaître le passé. Plus on en connaît sur le passé et plus on aura un éventail d'inspiration. G.-P. : Quelles sont les auteurs que vous aimez en photographie ?E.-B. : Mes photographes préférés sont Paolo Roversi, Sarah Moon, Richard Avedon et Mapplethorpe, cela ne veut pas dire que je n'ai pas de livre de Bettina Rheims, bien au contraire, j'ai du Nigel Parry, Lindberg, Sieff, Annie Leibovitz etc. chaque photographe m'apporte quelque chose, il faut être ouvert, accepter la manière de regarder de chacun. On peut ne pas aimer, mais on peut se dire "tiens, je n'y avais pas pensé". C'est pour cela, encore une fois, que je regarde les oeuvres de chacun, photo ou tableau.
dernière modification de cet article : 2004
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