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l'artisteDavid Hlynsky |
David HLYNSKY
Entretien avec l'artiste"J’ai élaboré une méthode personnelle de travail pour le Wilderness Camp qui est à dessein néo-romantique et proche de la peinture. Pour constituer essentiellement des tableaux de paysage, je réunis les accessoires, les appareils photo, les projecteurs et les sujets dans des "studios" impromptus dans la forêt ou dans un jardin abandonné derrière ma maison dans ma Petite Italie de Toronto. Je crée de faux détails de paysage sur un dessus de table à l’atelier pendant les mois d’hiver. Les images du Wilderness Camp sont prises sur un film Polaroid de type 55 qui produit en instantané à la fois un positif et un négatif de haute qualité au format 4x5’’. Je traite ce négatif sur le terrain dans un simple bain chimique amené dans un tupperware. Travaillant ainsi je prends une image au travers d’angles et de lumières différents jusqu’à ce que tout d’un coup l’une d’elles me surprenne. En général il faut plus de 20 prises pour que cela arrive. Les idées et les nuances apparaissent au travers des essais et des repentirs ainsi qu’une peinture qui évolue du premier jet à la facture définitive. Comme un peintre du dimanche, j’apprécie l’air frais et le temps qui s’écoule en une calme contemplation. J’utilise souvent des animaux empaillés ou en caoutchouc et des plantes artificielles dans mes tableaux. Je fais fréquemment des références à la vulgarisation, à une cosmologie kitsch, au cinéma hollywoodien de science-fiction, à la mythologie classique et à toute source visuelle qui peut proposer de nous conduire à une compréhension plus profonde de la "nature". Pour achever ces images, j’apporte mes négatifs dans un studio numérique et affine les tons, les contrastes et les textures. J’utilise les impressions "Giclée" pour réaliser les tirages d’exposition. C’est une technique d’impression numérique qui projette des encres permanentes sur du papier Arches. Je recherche intentionnellement des matières et des couleurs retro pour augmenter l’effet de nostalgie inhérent à mes mises en scènes et à mes images.
En tout état de cause, le mirage persistant d’un monde naturel relativisé par la culture humaine insuffle l’ironie post moderne selon laquelle la nature a finalement été dépassée par sa propre réputation. Autrefois, la nature était peuplée de dieux et de démons. Nous avons changé le nom de ce lieu mystérieux et autrefois dangereux de "monde sauvage" en "notre environnement". Dans cet acte d’appropriation sémantique nous replaçons le mythe en quantité calculée. Mes images tentent de réconcilier culture et nature en leur donnant une place égale sur la scène photographique. La nature, par la vertu des langages humains qui l’ont construite est toujours anthropomorphique. Le chemin de retour vers l’Eden est largement enfoui sous la trame embrouillée de l’image et de l’artifice. Le "moi" biologique a la nostalgie des odeurs et des textures naturelles. Je n’ai pas d’autre choix que de relier les fragments de la nature (humaine) qui tournent autour de moi comme des moustiques au long d’une simple promenade dans les bois. Nous ne pouvons plus réellement nous perdre. Partout où nous construisons un camp, nous faisons reculer le monde sauvage. C’est notre nature."
dernière modification de cet article : 2003
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