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l'auteur
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Le contrôle de la perspective en photographie grand formatL'intérêt principal d'une chambre grand format, qu'elle soit folding ou monorail, réside dans ses capacités de mouvements (décentrements et bascules) des corps avant et arrière. Cette particularité est utilisée pour le contrôle de la profondeur de champ et pour la modification de la perspective du sujet. PrincipeLa distance de projection de l'image, c'est à dire la distance entre l'objectif et le film, est fonction de la distance entre l'objectif et le sujet : plus le sujet est proche et plus la distance de projection est importante, et inversement. Cette distance de projection n'est toutefois pas la même suivant qu'on considère le centre de l'image ou sa périphérie. Cette différence est d'autant plus importante que la focale de l'objectif est courte. Avec un objectif de 90mm de focale réglé sur l'infini, la distance du centre de l'objectif au centre du plan-film est de 90mm, alors que la distance mesurée sur le bord extrême du plan-film est de 110mm. Le rapport 110/90=1,22 explique pourquoi les objets situés en bordure de l'image sont quelque peu distordus par rapport aux objets situés au centre de la scène. Par contre, avec un objectif de plus longue focale, le rapport est proche de 1 (avec un objectif de 210mm il est égal à 1,04) et la distorsion est quasi nulle (Figure 1).
Avec une chambre grand format dont les corps avant et arrière sont indépendants, la distance de projection peut être modifiée volontairement grâce aux décentrements et aux bascules. Cette particularité permet de corriger ou au contraire d'accuser la perspective du sujet. PratiqueLa règle générale est d'utiliser les mouvements du corps
arrière pour modifier la perspective et ceux du corps avant pour
contrôler la mise au point. En effet, une bascule arrière produit une
modification beaucoup plus importante de la distance de projection que
ne le permet une bascule avant. On utilisera plutôt une bascule du corps
avant si l'on cherche à contrôler la profondeur de champ sans altérer
notablement la perspective du sujet (figure 2). Utilisation d’une bascule arrière pour exagérer la perspective entre le haut et le bas de l’image, ou pour accroître la profondeur de champ (règle de Scheimpflug). L’utilisation d’une bascule avant ne modifie pas la perspective du sujet (les distances de projection ne sont pas modifiées) mais elle permet d’accroître les profondeurs de champ (règle de Scheimpflug : Lorsque le plan d’étalement du sujet, le plan de l’objectif et le plan du film se coupent sur une même ligne, alors le sujet sera net sur tout son plan d’étalement (et quel que soit le diaphragme utilisé). Les décentrements permettent aussi de modifier la perspective du sujet, mais dans ce cas un facteur important à considérer est la couverture d'image (ou cercle d'image) de l'objectif utilisé. Alors que les bascules du corps arrière ne modifient pas ou peu la position du centre du plan-film par rapport au centre du cercle d'image, les bascules du corps avant, de même que les décentrements, déplacent le cercle d'image par rapport au centre du plan-film. Ainsi, l'utilisation de tels mouvements nécessite l'emploi d'un objectif dont le diamètre du cercle d'image est supérieur à la diagonale du plan-film. Exemples d'applicationUne application intéressante des capacités d'une chambre à modifier la perspective tout en contrôlant la profondeur de champ est dans ce que les photographes paysagistes américains appellent le " near-far " (proche-lointain). Il s'agit d'exagérer fortement le premier plan du sujet par rapport au lointain tout en conservant une netteté parfaite jusqu'à l'infini. On utilise un objectif de très courte focale placé très près du premier plan du sujet. La mise au point est faite sur le lointain par le corps avant. Une bascule vers l'arrière du corps arrière permet d'exagérer l'importance du premier plan tout en rattrapant sa mise au point. La fermeture du diaphragme uniformise la netteté sur tous les plans du sujet. Une autre application, plus classique, consiste à utiliser le décentrement de l'objectif pour rattraper la convergence de lignes verticales. C'est l'exemple typique lorsqu'on photographie un immeuble en pointant l'appareil photo vers le haut. Avec une chambre, il suffira de maintenir les corps avant et arrière parallèles au sujet et de décentrer l'objectif vers le haut. Malgré une élongation vers le haut de la perspective du sujet, les lignes verticales resteront verticales. Essayez donc d'obtenir les mêmes résultats avec votre 24X36 !
dernière modification de cet article : 2000
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