|
||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
sur l'article
L'original (en anglais) de cet article a été réalisé par
Paul Butzi.
|
Le calibrage d'une tête couleur dichroïque pour le tirage des papiers noir et blanc à contraste variablepar Paul Butzi IntroductionChacun sait qu’il est possible d’utiliser un agrandisseur à tête couleur dichroïque pour modifier le contraste des papiers à grade variable. La plupart des pratiquants de la chambre noire savent qu’on augmente le contraste en ajoutant du Magenta, et qu’on l’adoucit en allant vers le Jaune. Toutefois, peu de tireurs le font de manière rationnelle. Les fabricants de papiers ne sont pas d’une grande aide : empêtrés dans les différences entre marques d’agrandisseurs, voire parmi les agrandisseurs entre eux, ils ne donnent que de vagues recommandations. Même quand ces fabricants proposent des équivalences de tables de filtrage, ils oublient l’essentiel : la préservation d’une exposition constante lors de la modification du contraste. Ce réglage étant aisé à mettre en œuvre, il devrait faire partie de l’agrément d’utilisation d’une tête dichroïque. Il faut avoir essayé de régler le contraste sans avoir à modifier l’exposition pour en comprendre l’intérêt. De petits changements dans le contraste de l’épreuve sont aussi faciles et aussi rapides à réaliser que de petits changements d’exposition. Le papier semblant avoir une rapidité constante, différentes parties de l’image peuvent facilement être exposées avec des valeurs de contraste différentes. De même, on peut affiner le contraste des masquages, et l’exposition de ces masquages sera toujours en relation avec l’ensemble du tirage. Enfin, la possibilité de régler rapidement exposition et contraste permet une bonne compréhension des effets d’une modification globale du contraste. Ce dont les photographes ont besoin, c’est d'un système qui permette le calibrage de la tête dichroïque de telle sorte que celle-ci puisse être utilisée comme une source de lumière à contraste variable et à exposition constante. Comment ça marche ?Beaucoup de tireurs pratiquent de la même façon : ils cherchent d’abord les bonnes valeurs dans les hautes lumières en jouant sur l’exposition, puis ils ajustent le contraste en recherchant les ombres. En suivant l’adage utilisé en négatif "Exposer pour les ombres, développer pour les lumières", cette manière de faire est parfaitement naturelle. Malheureusement, avec les papiers à contraste variable, on rencontre deux difficultés. D’abord, en faisant varier le filtrage de la source lumineuse, on change l’intensité de la lumière. Ensuite, en modifiant le filtrage (donc la couleur de la lumière), la rapidité apparente du papier varie-t-elle aussi. Ces deux effets se combinent pour produire un changement d’exposition du tirage ; ce changement oblige à déterminer à nouveau l’exposition à chaque fois qu’on modifie le contraste. Toutefois deux observations essentielles vont nous permettre de résoudre ce problème. D’abord, la notion de Densité Neutre (DN, qui signifie Magenta et Jaune en quantités égales) va permettre de faire varier l’exposition sans toucher au contraste. Deuxièmement, la valeur de la modification de l’exposition quand on fait varier le contraste est facile à mesurer en utilisant une méthode simple. Ce système élimine les changements d’exposition en mesurant les changements de rapidité dus aux modifications de contraste. L’introduction de la DN va compenser ces changements, de sorte que, quand on va faire varier le contraste, l’exposition restera inchangée. En d’autres termes, on va trouver le bon contraste là où le papier est le plus lent, et on va alors utiliser la DN pour "ralentir" les autres contrastes et les faire s’aligner sur celui recherché. Un tirage en utilisant ce systèmePour illustrer le fonctionnement pratique du système, je vais vous décrire ma procédure de tirage. Je commence par faire des bandes d’essais afin de choisir une exposition qui me donne la densité que je recherche dans les hautes lumières. Une fois que j’ai trouvé cette exposition, je tire soit une épreuve entière, soit un grand morceau de test pour évaluer le contraste d’ensemble. Dans certains cas, j’ajuste le contraste afin d’obtenir une bonne densité dans les ombres ; dans d’autres, j’ajuste le contraste pour obtenir un bon "feeling" dans le tirage. Dans chacun des cas, les modifications du contraste ne modifient pas la densité des hautes lumières. En jouant simplement sur le filtrage en suivant le graphique que j’ai à portée de main, j’obtiens le contraste que je veux, et je n’ai jamais à modifier l’exposition que j’ai choisie. Les paramètres du systèmeVous allez avoir besoin de plusieurs choses si vous voulez employer ma méthode et calibrer la tête dichroïque de votre agrandisseur. D’abord, bien sûr, il faut un agrandisseur à tête à filtrage dichroïque. Ensuite, il vous faut une charte graduée ("step wedge" en anglais). J’en utilise une comprenant 31 zones, graduée en densité de 0.1 en 0.1 (référence T3110, fabriquée par Stouffer Graphic Arts Equipment, 1801 Commerce Avenue, South Bend, IN 46628, 219-234-5023). Ils ont un site Internet où on peut commander (http://www.stouffer.net). Cette bande graduée mesure 3/4" par 8", on l’expose par contact. Strictement parlant, je devrais probablement en utiliser une adaptée à la taille de mon porte négatifs, et la projeter sur le plateau. Toutefois, comme ma tête dichroïque est une source diffusée, cela ne fait que très peu de différence en pratique. Les instructions qui suivent peuvent s’appliquer avec quelques adaptations à des chartes qui présentent d’autres écarts de densité que 0.1. Il vous faudra aussi un posemètre d’agrandissement ou un comparateur. Le mien est un Ilford EM10, il existe de nombreux autres modèles de prix abordable sur le marché, notamment le Jobo Comparator 2. Des instruments plus sophistiqués pour mesurer l’intensité de la lumière sur le plateau, les analyseurs couleur par exemple, fonctionneront aussi bien, puisqu’il suffira de détecter à quel moment la lumière atteindra une intensité préalablement mesurée. Enfin, il vous faudra un stock du papier que vous utilisez, coupé en bandes de la dimension de la charte graduée, et vos matériel et chimie habituels pour traiter le papier. Vous utiliserez votre méthode habituelle de traitement pour les papiers, les changements dans le temps de développement ou le révélateur pouvant altérer rapidité et contraste du papier. La procédure de calibrage est simple et rigoureuse : 1. On fait des contacts de la charte graduée à différentes valeurs de filtrage jaune et magenta. 2. En se servant de ces bandes, on va déterminer la rapidité du papier et l’échelle de contraste (le contraste d’ensemble) du papier à ces valeurs de filtrage. 3. On va déterminer combien de "cc" de DN il va falloir utiliser pour produire une modification donnée de l’exposition. 4. Pour chaque valeur de filtrage, on va calculer combien de Densité Neutre il va falloir ajouter pour "ralentir" le papier et s’aligner sur le filtrage le plus lent (en général le maximum de jaune ou le maximum de magenta). 5. On va alors tracer un graphique, avec l’échelle de contraste sur l’axe horizontal, et les "cc" sur l’axe vertical. Sur ce graphique seront indiqués combien de magenta et combien de jaune il faudra utiliser pour une exposition donnée. En utilisant les combinaisons du graphique, on sera en mesure de modifier à volonté le contraste, l’exposition et les hautes lumières restant inchangées. La figure 2 montre le graphique dressé avec mon agrandisseur et le papier Kodak PolyMax Fine Art que j’utilise. La fabrication du jeu de contactsLa recherche de l’exposition correcteRégler la tête sur le maximum de jaune, le magenta et le cyan à zéro. Maintenant, régler la tête de l’agrandisseur à une hauteur suffisante, et chercher exposition et diaphragme qui vont permettre de centrer l’échelle de gris de la charte de réglage. Il est bon de savoir qu’une modification de densité de 0.1 correspond à 1/3 de diaphragme, et partant, qu’une modification d’un diaphragme fera bouger l’échelle de gris de la charte de 3 gradations (pour une charte graduée par écarts de 0.1). De plus, il est bon d’ouvrir de trois diaphragmes au-dessus de la plus petite ouverture ; ceci donnera plus de marge de manœuvre pour la suite des opérations. Idéalement, il faudrait se retrouver avec une exposition qui donne au moins trois ou quatre blancs de la valeur du blanc du papier à un bout, et au moins trois ou quatre noirs profonds à l’autre bout. Tirer le jeu entier de contactsMaintenant, on va tirer un jeu complet de contacts, en faisant varier le filtrage de 35-70 cc à chaque fois, en partant du maximum de jaune pour arriver à un filtrage zéro, puis de ce filtrage zéro au maximum de magenta. Il n’est pas important que les gradations de la charte ne bougent pas, on interpolera par la suite. Il faut juste veiller à ne pas trop s’éloigner pour que cette interpolation soit la meilleure possible. Toutefois, il est important d’avoir une bande sans aucun filtrage, parce que ce point ne peut être déduit à partir des autres. Au dos de chaque bande contact, noter le type de papier, le filtrage, le temps d’exposition, l’ouverture de l’objectif, et toute modification éventuelle (voir plus loin). Modifier et noter les r������glages d’expositionEn faisant les bandes contact, on va découvrir qu’en réduisant la quantité de jaune, l’échelle de gris ne va pas rester centrée sur la bande. Si elle s’éloigne trop du centre, on va réagir en fermant l’objectif d’un diaphragme. Avec une charte graduée par 0.1, comme nous l’avons vu, l’échelle de gris va bouger de trois graduations par diaph. On peut aussi avoir besoin de régler le diaphragme en allant du filtrage zéro vers le maximum de Magenta. Dans ce cas, on aura probablement besoin d’ouvrir d’un diaph pour garder l’échelle centrée. En notant les modifications d’exposition, on va les indiquer en unités de graduation de la charte. Pour une charte graduée par incréments de 0.1, par exemple, on notera que la fermeture d’un diaph équivaut à 3 graduations (steps). Il n’y a pas besoin de faire une religion du centrage de l’échelle de gris ; il suffit d’avoir quelques blancs purs à un bout, et quelques noirs profonds à l’autre. Sur chaque bande, noter les modifications. Ces informations seront essentielles quand on va tout à l’heure extraire les données. En notant toutes les modifications d’exposition, on va donc les convertir en unités de la charte de réglage qu’on utilise. La première bande contact aura une valeur d’exposition égale à zéro. Tous les changements se feront en fonction d’elle. Par exemple, dans la Figure 1, les bandes correspondant à la seconde et à la dernière ligne du tableau ont reçu chacune une exposition inférieure d’un diaph par rapport à la première bande. Un diaph correspond à 3 graduations de la charte, donc la modification d’exposition est notée comme 3 graduations pour chacune de ces deux bandes.
|
|||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Figure 1 Données et calcul des valeurs |
||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Extraction des informations des bandes contactUne fois les bandes contact lavées et séchées, nous allons pouvoir en extraire les informations dont nous avons besoin pour continuer. La Figure 1 représente le tableau que j’utilise pour noter ces données, rempli avec mes propres données relatives au Polymax Fine Art et à mon agrandisseur Saunders. Les cinq premières colonnes (Magenta (cc), Jaune (cc), Première zone pas noire, Dernière zone pas blanche, Correction d’exposition (en zones)) contiennent les données extraites des bandes contact. Les autres colonnes contiennent les valeurs que nous calculerons plus tard. On trie les bandes dans l’ordre, du filtrage jaune maximum au filtrage magenta maximum, en passant par le filtrage zéro. Les bandes doivent être examinées sous une bonne lumière, celle sous laquelle vous regardez habituellement vos épreuves. Chaque bande présente une succession de zones, d’abord du noir pur, puis une succession de gris, pour finir par plusieurs zones où apparaît le blanc pur du papier. Selon les bandes, la dernière zone qui n’est plus blanc pur va tomber à un endroit différent ; ceci parce que la rapidité apparente du papier a changé à cause des variations de filtrage et d’exposition faites pour garder centrée l’échelle de gris. Après avoir compensé les changements dus à l’exposition, nous saurons donc exactement de combien il va falloir corriger l’exposition pour conserver cette plus légère zone grise au même endroit, tout en faisant varier le filtrage. Nous venons de faire la moitié du chemin de tout le processus ! On remarque que l’échelle de gris est plus ou moins étendue selon les bandes. C’est la preuve visuelle que le filtrage change l’échelle de contraste du papier. Les tirages réalisés sous filtrage jaune ont une échelle de gris plus étendue que ceux réalisés en filtrant en magenta. Comme les grades de papier varient selon les fabricants, je préfère utiliser cette échelle de contraste pour connaître le degré de dureté ou de douceur du papier. On va monter un tableau vide comme celui de la Figure 1, avec une rangée pour chaque bande contact. Pour chaque bande, on note sur le tableau le filtrage utilisé pour cette bande (dans la colonne "Magenta" ou "Jaune" appropriée), le numéro de la première zone qui n'est plus parfaitement noire (dans la colonne "1ère zone pas noire"), le numéro de la dernière zone avant le blanc pur (colonne "Dernière zone pas blanche"), et les corrections d'exposition utilisées pour cette bande (colonne "Correction d'exposition"). Si on remarque que les premières ou dernières zones concernées sont plus claires ou plus sombres qu'à l'habitude, il ne faut pas hésiter à interpréter les valeurs. Je trouve que les résultats sont meilleurs en jouant sur les demi ou les quarts de zone. Les calculsIl va maintenant falloir exécuter une série de calculs pour chaque rangée du tableau. J'ai monté une feuille de calcul Excel qui exécute ces calculs à ma place et simplifie l'ensemble du travail. Toutefois, le faire à la main n'a rien de bien compliqué. Voici les opérations à effectuer dans l'ordre. - 1ère zone pas noire corrigée : cette colonne contient les chiffres de la colonne "1ère zone pas noire", corrigés pour compenser les changements d'exposition qui ont pu être faits pour garder centrée l'échelle de gris. Pour ce faire, on va additionner les entrées de cette colonne avec celles de la colonne "Correction d'exposition". Par exemple, dans la seconde rangée de la Fig. 1, j'ai calculé la " Correction de la 1ère zone pas noire" en ajoutant 6.50 (la dernière Zone pas blanche pour cette rangée) et 3.00 (la correction d'exposition en zones pour cette rangée), pour obtenir 9.50. J'ai noté 9.50 dans la colonne " Correction de la 1ère zone pas noire" de la seconde rangée. - Dernière zone pas blanche corrigée : le calcul s'effectue de la même façon. Là aussi, le but est de produire une colonne qui contient les chiffres de la colonne "Dernière zone pas blanche", corrigés pour compenser les éventuelles modifications d'exposition. Ce qu'on va faire en additionnant les chiffres de "Dernière zone pas blanche" et ceux de "Correction d'exposition", et en notant le résultat dans cette colonne "Dernière zone pas blanche corrigée". - Echelle de contraste : c'est la mesure du contraste général du papier. Dans mon système, l'échelle de contraste est la différence entre l'exposition nécessaire pour aller de la dernière zone pas blanche à la première pas noire, exprimée en nombre de zones de la charte graduée. Pour calculer cette échelle de contraste, on soustrait le chiffre de "1ère zone pas noire corrigée" de "Dernière zone pas blanche corrigée". Par exemple, dans la dernière rangée de la Fig. 1, soustraire 20.50 de 29.00 donne 8.50. - Correction d'exposition à apporter : on cherche la rangée où se trouve la valeur la plus basse pour "Dernière zone pas blanche corrigée", cette rangée représentant le point le plus lent du papier. Nous allons "accorder" l'exposition des différentes échelles d'exposition en ralentissant toutes les valeurs plus rapides (en introduisant de la densité neutre) pour coïncider avec la plus lente. Pour ce faire, on soustrait la valeur la plus basse de la colonne "Dernière zone pas blanche corrigée" de chaque rangée de cette même "Dernière zone pas blanche corrigée", et on note le résultat dans le tableau. Dans la Fig.1, la zone la plus basse est celle de la première rangée, où sa valeur est 27.00. Donc, pour obtenir la valeur de la seconde rangée, on soustrait 27 de la valeur de la seconde rangée (ici, 28.00), ce qui donne 1.00, qu'on va noter dans cette seconde rangée de la colonne "Correction d'exposition". Calibrage de la Densité NeutreAvant de pouvoir calculer les valeurs finales de filtrage, nous devons trouver un moyen de relier la densité neutre que nous obtenons en utilisant des quantités égales de Cyan, Magenta et Jaune aux zones de densité neutre de notre charte de réglage. Pour cela, nous allons mesurer la quantité de densité neutre dont nous aurons besoin pour compenser exactement le changement d'intensité lumineuse que va produire une modification de trois diaphragmes de l'objectif de l'agrandisseur. Comme nous avons combien de zones de la charte graduée équivalent à trois diaphragmes (neuf), nous n'aurons qu'à faire une division pour connaître la quantité de densité neutre qui produira le même effet qu'une zone de notre charte. Avec la tête réglée à zéro, diaphragme fermé au maximum, pas de négatif dans le porte films, on pose le posemètre sur le plateau, et on le règle à zéro. On ouvre alors l'objectif de trois diaphragmes, et en introduit la densité neutre en ajoutant des quantités égales des trois couleurs de filtres, jusqu'à ce que le posemètre revienne à nouveau à zéro. On se souvient qu'un diaph est égal à 0.3 points de densité ; trois diaphs sont donc égaux à 0.9. En divisant par 9 la valeur de filtrage obtenue pour compenser les trois diaphs, nos pouvons déduire quelle valeur de filtrage correspond à une densité de 0.1 (soit une zone de la charte). Dans mon cas 78 cc de densité neutre équivalent à un changement de trois diaphs, donc, pour mon agrandisseur, il me faut 78/9, soit 8.61 cc de densité neutre pour correspondre à une zone de ma charte. Souvenons-nous que les papiers noir et blanc ne sont pas sensibles au rouge. Le filtrage Cyan joue sur la lumière rouge qui atteint le papier (les filtres soustraient leur couleur complémentaire). A cause de cela, le cyan ne sert à rien en noir et blanc, et nous pouvons l'ignorer dans le calcul de la densité neutre. Le cyan ne sert donc à rien dans les calculs finaux. Il est toutefois important de se souvenir que le posemètre est vraisemblablement sensible au rouge, et qu'il est en conséquence important de se servir du cyan pour déterminer la quantité de densité neutre équivalente à une zone de la charte graduée. Calculs finauxMaintenant que nous avons pu établir la relation entre les zones de la charte graduée et la quantité de DN que nous pouvons afficher sur notre tête couleur, nous allons pouvoir calculer les valeurs de filtrage combinées, magenta et jaune mélangés, pour modifier l'échelle de contraste du papier, et la densité neutre nécessaire pour accorder les changements de rapidité du papier. Nous allons faire cela en remplissant les quatre dernières colonnes du tableau 1. - Densité neutre pour la correction d'exposition : pour calculer la valeur de cette colonne, on multiplie "Correction d'exposition (en zones)" par la quantité de densité neutre en cc qu'on doit afficher pour correspondre à une zone. Par exemple, sur mon agrandisseur, 8.61 cc de DN correspondent à une zone de ma charte. Je calcule la valeur de la cinquième rangée en multipliant 6 par 8.61, ce qui me donne 51.66, que je vais arrondir en 52. - Magenta final (cc) : cette valeur est la somme de la colonne d'origine "Magenta (cc)" et de la colonne Densité Neutre. Dans la dernière rangée de la figure 1, j'additionne 170 et 17, qui font 187. - Jaune final (cc) : cette valeur est la somme de la colonne d'origine "Jaune (cc)" et de la colonne Densité Neutre. Dans la seconde rangée de la figure 1, j'additionne 135 et 9, qui font 144. - La figure 2 montre le graphique obtenu pour mon agrandisseur Saunders/LPL4550XL, et le papier Kodak Polymax Fine Art VC. |
||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Figure 2 Tableau de filtrage
|
||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Comment utiliser ce graphique ?Pour faire marcher le système en pratique, supposons qu'on désire faire un tirage en utilisant l'échelle de contraste "normale", celle qui correspond à la majorité des négatifs. En ce qui me concerne, j'ai des négatifs que je tire habituellement avec un rendu qui me satisfait autour du 12 de cette échelle. Ce qui correspond à un tirage sans filtrage avec du PolyMax. Nous allons d'abord régler la tête couleur de l'agrandisseur pour le 12 du tableau. En utilisant la figure 2, on affichera sur la tête 52 points de magenta et de jaune. On remarque que sur l'échelle de contraste, ce point correspond à un filtrage zéro, on affiche seulement de la densité neutre pour garder l'exposition constante. Après avoir trouvé la bonne exposition pour les hautes lumières, on va regarder les ombres du tirage. Si les parties sombres du tirage sont trop noires, on voudra réduire le contraste, c'est à dire allonger l'échelle de contraste du papier. Pour ce faire, on va essayer de changer l'échelle de contraste, par exemple pour une valeur de 15. En regardant le tableau, on voit qu'il faut afficher 16 points de magenta et 92 de jaune, tout en gardant la même exposition. La densité des hautes lumières du nouveau tirage n'aura pas varié. De même, si les ombres ne sont pas assez denses, on va réduire l'échelle, disons vers le 10, en affichant 77 points de magenta et 35 de jaune. Peu importe la valeur qu'on va choisir, dans tous les cas l'exposition pour les hautes lumières restera la même. On peut faire une série de tirages par incréments de contraste successifs sans changements d'exposition. Dans certains cas, on va choisir l'échelle de contraste qui donne au tirage le meilleur sentiment de texture. L'exposition constante pour les lumières ne sera alors pas d'un grand secours, puisque ce sont vraisemblablement ici le contraste et la densité des tons moyens qui vont importer. Toutefois le système offre une manière fiable et répétitive pour prévoir les changements de contraste, puisqu'il est calibré avec une échelle de contraste mesurée, au lieu d'utiliser un système de grades assez vague. Supposons qu'on aime le rendu du tirage, mais qu'on sente qu'une partie de celui-ci pourrait être améliorée par un contraste accru. Dans ce cas, on peut retenir cette partie pendant qu'on expose le tirage à une échelle normale, puis filtrer plus dur ensuite, et refaire une exposition identique à la première en exposant seulement la partie précédemment retenue. Voilà ! Les hautes densités sont les mêmes, mais une partie du tirage est plus contrastée que le reste de l'image, ceci sans faire trente-six mille essais de masquage. VariantesOn peut imaginer des variantes intéressantes à explorer à partir de ce système de base. Extension des limites de filtragePour atteindre les limites extrêmes des papiers modernes à contraste variable, il est parfois nécessaire de disposer de plus de filtrage que la tête dichroïque ne peut en fournir. Dans ce cas, on peut étendre le système en ajoutant à la tête des filtres supplémentaires magenta ou jaunes. Un seul filtre de chaque couleur devrait suffire. On peut facilement produire un autre tableau avec ces filtres supplémentaires. On va refaire un jeu de bandes contact avec la charte graduée, en partant d'un filtrage zéro plus le filtre magenta, pour aller jusqu'au maximum de filtrage magenta plus le filtre magenta supplémentaire. Le tableau qui en résulte augmente la plus courte échelle de contraste (le contraste maximum) que peut donner le papier. On peut faire la même chose pour la plus longue (le contraste minimum). Il faut noter que beaucoup de papiers ont du mal à aller jusqu'au noir intense avec des filtrages extrêmes. On peut le noter sur le tableau, tout en cherchant à éviter ces extrêmes au tirage pour conserver de bons noirs. D'autres valeurs de référence constantes que le blancIl n'y a rien de magique dans le fait de rechercher le blanc le plus léger comme valeur d'exposition à garder constante. C'est seulement la pratique courante d'une majorité de tireurs. On pourrait également calibrer le système pour utiliser les noirs à la place des blancs ou encore choisir un ton moyen. On aurait alors un tableau différent, qui garderait une exposition constante pour la zone choisie. Il suffit d'ajouter une colonne au tableau pour noter la valeur de la zone qu'on veut garder constante. En extrayant les données des bandes contact, on identifie la zone qui correspond à la valeur recherchée, et on la note. On ajoute une autre colonne pour la valeur corrigée. On procède comme on l'a fait pour les colonnes "1ère zone pas noire" et "Dernière zone pas blanche". J'appelle cette nouvelle colonne "Zone de référence corrigée". Au lieu d'utiliser la colonne "Dernière zone pas blanche corrigée" pour calculer les valeurs de "Correction d'exposition", on va utiliser cette nouvelle colonne "Zone de référence corrigée". Le reste des calculs ne change pas. Plus de rapidité, avec une exposition presque constanteQuelques fabricants de papiers à contraste variable offrent une exposition constante sur presque toute la plage de contraste de leurs papiers, mais pour certains filtres (en général les plus durs), il faut augmenter l'exposition d'un diaphragme. Il y a une raison à cela : la différence entre la rapidité des papiers à contraste variable non filtrés et avec le maximum de jaune ou de magenta peut dépasser deux diaphragmes. Le système que nous venons de voir produit sa caractéristique exposition constante en ralentissant l'ensemble pour s'aligner sur le point le plus lent. Mon agrandisseur, un Saunders/LPL 4550xl, est très lumineux, ce ralentissement n'est donc pas un problème pour moi. Pour d'autres, ce peut être un réel inconvénient, particulièrement s'ils se servent rarement des extrêmes de l'échelle de contraste. Dans ce cas, il est peut-être plus intéressant de suivre l'approche des fabricants, en utilisant l'exposition constante dans les parties les plus utilisées de l'échelle, et en augmentant l'exposition d'un diaph ou deux pour les portions les moins utilisées ou les plus lentes. Tout ce qu'il y a à faire est de décider quelle partie du tableau on veut accélérer, et de soustraire l'équivalent d'un diaph de densité neutre des ces valeurs. Rappel : quand on a calculé combien de densité neutre correspondait à une zone de la charte graduée, on a d'abord mesuré la quantité qui correspondait à un changement de trois diaphragmes, un tiers de cette valeur valant donc un diaph. En soustrayant cette DN de toutes les colonnes du tableau qui contiennent au moins cette densité, on va accélérer ces colonnes (et toutes les valeurs qu'on en a déduit en dessinant le graphique) d'exactement un diaph. Par exemple 26 cc de densité neutre sur mon agrandisseur équivalent à un diaph. En regardant le tableau 1, on voit que plusieurs rangées contiennent au moins cette valeur de DN. En la soustrayant des colonnes "Final", on obtient une échelle de contraste qui va 13 à 9.75 (le reste donnant un filtrage négatif impossible), et qui est exactement un diaph plus rapide que l'original. On peut aussi lire plus simplement les valeurs du graphique original et soustraire à la volée 26 cc de chacune de ces valeurs. RemerciementsComme en toutes choses, il faut partager les crédits de ce système. L'article d'Howard Bond "Les variations d'exposition et le contraste des papiers", Darkroom and Creative Camera techniques, Nov./Déc. 1992, décrit la manière d'utiliser une charte graduée pour mesurer les changements de vitesse du papier ainsi que l'échelle de contraste. Cet article m'a donné tous les arguments de base dont j'ai eu besoin pour mettre mon système au point. D'autres clés ont été données par Barry Sherman dans ses excellentes notes postées sur le newsgroup rec.photo. Barry y décrivait comment fabriquer un jeu de réglages de filtrage pour sa tête dichroïque en utilisant un analyseur couleur pour s'aligner sur les filtres Kodak Polymax. Sa contribution m'a fait comprendre qu'il était possible de travailler avec une tête dichroïque, et m'a poussé à approfondir en ce sens. Plusieurs participants à rec.photo m'ont rendu l'inestimable service de lire les brouillons de cet article et m'ont fait d'excellentes suggestions : Barry Sherman, Danny Altschuler et Myron Gochnauer ont travaillé sur les premières versions et m'ont aidé à écrire un meilleur article en me donnant une meilleure vision. Merci à eux. Naturellement, tout ce monde partage les crédits. Mais d'éventuelles erreurs ne sauraient être que de ma faute. Paul ButziTraduction de Jimmy Péguet gali@wanadoo.fr avec l'aimable autorisation de Paul Butzi. Novembre 2001
Email : butzi@nwlink.com N'hésitez pas à lui passer un mot si vous avez des questions, Paul est très serviable et sera heureux d'avoir des retours sur son système. Le site web où figure l'original de cet article : http://www.butzi.net Sur les papiers à contraste variable NB, la couleur et la densité neutre, lire également http://www.butzi.net/articles/colorthe.htm Notes de Jimmysi le système peut sembler complexe à la lecture, il n'en est rien en pratique. Ma plus grosse difficulté a été la bonne compréhension du mode opératoire depuis l'anglais. Ma première série de tests a pris entre 2 et 3 heures, y compris la fabrication de la feuille de calcul et du graphique, le calibrage des papiers suivants ne prend guère plus d'une heure. La charte T3110 de Stouffer Graphic coûtait (en nov. 2001) 13.25$ + 7$ de port pour la France.
dernière modification de cet article : 2000
|
||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
|