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l'auteur
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Cadrage et bonne photographie
IntroductionL'art contemporain tient pour acquis qu'une bonne œuvre se fait par collaboration entre artiste et spectateur. C'est qu'il est un art social, basé sur l'expérience sensible du collectif, et non plus un art individuel basé sur la recherche intellectuelle d'un artiste pionnier comme il était considéré depuis la Renaissance. Nous ne voyons aucune raison pour notre part d'adhérer à ce qui n'a jamais été, en art, qu'une proposition de combat d'une génération pour en éliminer une autre, et qui reste, malgré son succès politique, complètement creuse. Par ailleurs nous ne voyons pas d'intérêt à ce que le mystère des églises revienne par la porte artistique, quand cet instrument de pouvoir avait largement reculé devant l'esprit heureux des Lumières. Cet article ne vous dira ainsi pas qu'une bonne photographie est celle qui amène au plus grand mystère possible et au plus grand nombre d'interprétations possible. N'importe quelle photographie mène à un nombre infini d'interprétations, plus exactement à autant d'interprétations qu'il y a d'observateurs, simplement parce que personne n'a la même culture, et donc pas les mêmes outils d'interprétation. L'œuvre n'a pas besoin de chercher cette pluralité des interprétations, puisqu'elle se présente toute seule, et il semble bien naïf de la revendiquer comme un succès. En revanche, je considère qu'il est urgent de tous
se mieux comprendre afin de tous mieux s'entendre. Aussi poserai-je
dans cet article : Donc non, une photographie n'est pas fabriquée par le spectateur. Elle est fabriquée par son auteur, et il doit employer tous les moyens possibles pour être compris. Comme on sait autour de moi que je fais de la
photo, on m'apporte souvent un cliché en me demandant si c'est "une
bonne photo". En conséquence des principes que j'ai posés
ci-dessus, je commence toujours par demander à son auteur ce
qu'il a voulu dire. Ensuite je compare ce que l'auteur a voulu dire
à ce que la photo a l'air de dire. En rapprochant les deux j'arrive
à peu près à dire enfin si la photo est bonne ou ce qui peut être
amélioré. Je propose dans cette page un petit entraînement à cette façon de penser. Nous partirons de trois prises de vue d'une sculpture du parc de château de Rambouillet.(1) Images de départJe présente successivement trois images prises à Rambouillet. Au moment où je suis arrivé sur place, j'ai vécu une grande émotion, que j'ai été incapable d'analyser. Je sais qu'il n'y avait personne ce matin-là, que la lumière fuyait et changeait très vite, que l'immobilité des sculptures tranchait avec la précarité des conditions météorologiques. Mais il y avait autre chose... Tous les photographes me comprendront et connaissent ce premier temps instinctif où l'on sait très sûrement que quelque chose de soi nous attendait déjà dans un lieu que nous ne connaissons pas encore, où nous entrons. J'ai pris une première photographie en me fiant à la fois à des certitudes que je pouvais avoir, acquises de l'expérience, de ce qu'est un cadrage "bien rempli", et une longue acquisition de la tradition du paysage en peinture qui veut que les premiers-plans soient sombres et les lointains lumineux pour tout un tas de bonnes raisons sur lesquelles je passe. Bref, je comptais
sur la sensibilité et la culture pour capturer du premier coup
l'émotion. Un regard sur l'écran, hélas, me fit comprendre que le
miracle n'avait pas eu lieu. De là je prenais deux autres vues, me
rapprochant du groupe sculpté en changeant légèrement l'orientation
du point de vue (jugeant que la hauteur était la bonne). Je me retrouvais finalement avec ces trois vues, que je vous livre d'abord sans commentaire.
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statues-au-parc-du-chateau-de-rambouillet_SDI3876p |
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3874 |
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Sur la 3874, la croix pointe un arbre au-dessus de
l'eau du bassin. En quelque sorte du vide, un endroit creux où
il n'y a rien de spécial à voir. Juste à côté de la croix on trouve
le groupe de personnages. L'un est à terre, l'autre, tournant le dos
au vide, s'occupe de l'épuisé. |
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3875 |
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Partant de là mon attention est attirée par les deux perspectives
proposées au regard : A et B. |
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3876 finale |
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Au fur et à mesure des corrections apportées aux images, monte, bien normalement, avec la clarification de leur sens, une perception accrue de leur contenu. Tenter une mise en mot de ce contenu en respectant au mieux ce que dit réellement l'image est un exercice excellent à la fois pour mieux les apprécier et, à l'avenir, pour trouver plus rapidement le bon cadrage... et éviter de revenir bredouille, comme cela m'était arrivé. C'est ce que je tente maintenant. L'interprétation visée :
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